M. CALVET
Résumé : Le prix des communications téléphoniques reste, en France comme, plus généralement en Europe, un frein puissant au développement des diverses formes de télécommunications, y compris Internet; élément positif cependant en France: la marge énorme à la baisse des prix des équipements qui sont proposés; il suffit que les opérateurs répercutent les baisses de prix dont eux-mêmes bénéficient de la part de leurs fournisseurs; Internet, tel qu'il est aujourd'hui, explosera ou implosera tôt ou tard car il utilise des réseaux téléphoniques qui n'ont pas été faits pour cela: donc, le réseau Internet devra un jour ou l'autre être réarchitecturé et doté de capacités à large bande qui, à l'heure actuelle, font défaut; autre frein à son développement: le fait qu'il ne respecte pas les lois normales du business, les différents intervenants ne percevant pas la rémunération qui devrait être le reflet de la valeur ajoutée qu'ils apportent dans le dispositif; de même se pose, en Europe, le problème des contenus; en France, le Minitel offre de ce point de vue une situation plutôt satisfaisante
1. C'est un fait que
, en France en particulier
,
le taux de pénétration du PC dans les ménages et les
écoles est très faible
, par rapport notamment aux
Etats-Unis, et encore plus le nombre des PC connectés; cette
différence s'explique entre autres par
la gratuité des
communications locales
là-bas; cependant les constructeurs ont
considérablement baissé le prix des équipements vendus aux
opérateurs, sans que cette baisse n'ait été
réellement reflétée par les opérateurs sur leurs
propres prix
; il y a donc aujourd'hui une marge énorme à la
baisse
et c'est un élément positif pour la France et
l'Europe, sachant que, et l'expérience américaine le prouve, si
le prix des communications baisse, il y a une demande très importante;
en clair,
le prix des communications est, en France, un frein au
développement d'Internet
;
2. D'une façon plus générale
et de notre point de
vue, Internet tel qu'il est aujourd'hui
explosera ou implosera à
moyen terme
: en effet, les réseaux téléphoniques
qu'il utilise n'ont pas été prévus pour lui; les
communications durent en moyenne 20 minutes (au lieu de 2 min. en moyenne
pour une conversation téléphonique) et, déjà, les
centraux téléphoniques explosent; toutes les semaines, on voit
des services d'accès à Internet aux USA qui sont
déconnectés;
un jour ou l'autre, le réseau Internet
devra être réarchitecturé et doté de
capacités à large bande qui, à l'heure actuelle, font
défaut
;
3. De même
, une raison pour laquelle Internet tel qu'il est
aujourd'hui ne se prolongera pas est que
ce système ne respecte
pas les lois normales du "business"
: les différents
intervenants
dans la chaîne d'Internet ne touchent pas une rémunération
qui devrait être le reflet de la part de valeur ajoutée qu'ils
apportent dans le dispositif; exemple aux Etats-Unis: les communications
étant gratuites et seuls les " access providers " étant
rémunérés, les serveurs sont obligés de
mettre de la publicité
dans leurs informations pour
récupérer le coût du système;
4. Les contenus
: avoir un réseau est déterminant; mais
l'aspect "contenus" est fondamentallui aussi: un des éléments du
succès d'Internet aux USA est justement l'explosion du nombre de
serveurs avec des contenus plus ou moins intéressants et intelligents;
en Europe
(est-ce dû au fait de la multiplicité des
langues
?
)
, il y a un problème au niveau des
contenus
; pour le moment, en France en tout cas, il reste à cet
égard plus intéressant de se connecter au
Minitel
qu'à Internet
;
5. En France
, en tout état de cause, il faut vraiment y
mettre les moyens
si on veut développer les usages
d'Internet et infléchir le phénomène de retard que nous
pouvons constater; mais il faut faire attention à notre démarche
et avoir conscience que la France ne doit
pas mettre en place des
systèmes fermés, propriétaires
: l'époque ne
permet plus de tolérer ça; il ne s'agit pas de refaire un "plan
informatique pour tous": la France doit au contraire
s'insérer
dans le réseau mondial
; sinon, ce serait très grave;
donc, plus particulièrement en ce qui concerne l'Education nationale,
· premièrement, ne pas commettre la bêtise de choisir, si
on veut équiper les écoles par exemple, le mauvais PC;
· deuxièmement, traiter le problème culturel latent,
particulièrement au niveau de l'Education nationale, des rapports aux
NTIC d'une façon générale;
· troisièmement, éviter les investissements inutiles du
genre construire des bâtiments pour mettre à l'abri le
matériel informatique durant les vacances, ou durant l'hiver,...
6. Autres éléments de discussion:
Si vous voulez offrir des télécommunications numériques
à largeur de bande un peu plus grande que ce qui est accessible
aujourd'hui, on a peu de problèmes: dans le réseau de transport
interurbain ou international on a par contre un problème d'accès
qui est le point de savoir comment faire pour que les derniers
kilomètres entre le point de rattachement du réseau
télécom et l'abonné soit de bonne qualité;
Autre problèmede nature similaire : les communications Internet
aujourd'hui passent sur le réseau téléphonique
général; or, ce dernier n'a pas été conçu
pour ce type de trafic; sur le long terme, il va falloir investir dans la
partie "accès"et la partie "commutation d'abonnés";
L'ouverture à la concurrence des télécommunications
laissera en fait les nouveaux opérateurs "entrants" plus
défavorisés que France Télécom: en effet, ils ont
aujourd'hui pour l'essentiel un réseau de transmission, plus un
réseau d'accès, qui, en règle générale, est
un réseau GSM, lequel réseau GSM n'est pas un réseau
à large bande (même si, aujourd'hui on peut mettre des
données sur un terminal GSM); mais les choses devraient bouger
très vite de ce côté là;
Le coût des transmissions va baisser: pour éviter le
phénomène de saturation/encombrement, comme ce qui se passe aux
Etats-Unis, les opérateurs, si le développement d'Internet devait
se confirmer, vont devoir investir tant dans la partie "accès" que la
partie "commutation": France Télécom en a conscience d'autant
qu'ils savent qu'ils ne seront pas les maîtres du jeu puisque les
offreurs d'accès Internet vont se développer spontanément;
les opérateurs seront donc bien obligés d'investir: le
problème est d'éviter d'investir trop tard, par exemple au moment
où il y aura de tels goulots d'étranglement et une telle
saturation que l'ensemble du système ne fonctionnera pas; les techniques
existent aujourd'hui: celles qui tendent à prévaloir sont l'ADSL
et l'ATM parce que ce sont des techniques modulaires permettant à
l'opérateur d'offrir à la demande des accès large bande
à ceux qui le demandent;
ALCATEL-ALSTHOM a un réseau interne de télécommunications
qui s'appelle ALCANET et qui relie toutes les filiales que nous avons à
travers le monde et notamment nos centres de recherche/développement:
c'est un réseau sécurisé car nous avons besoin d'assurer
la sécurité des informations que nous échangeons; de ce
point de vue là, Internet n'est pas la panacée;