Audition de Monsieur Bernard CORNU
Directeur de l'IUFM de Grenoble,
Maître de
Conférences de mathématiques, Ancien président de la
Conférence des Directeurs d'IUFM, Membre de l'IFIP, élu d'une
petite commune de la périphérie grenobloise.
I - Réflexions sur le système
éducatif
Le développement concomitant des techniques de l'information et des
technologies de la communication (multimédia, réseaux) nous
oblige à engager une réflexion approfondie sur l'enseignement et
les pratiques pédagogiques. La France a trop longtemps
négligé la recherche dans le domaine de l'éducation ; une
politique en ce domaine est pourtant nécessaire.
Vient de se créer un " comité national de coordination de la
recherche en éducation ", dont M. CORNU est membre.
Les nouvelles technologies ne sont pas simplement un outil
supplémentaire pour l'enseignement. Elles influent sur les savoirs
eux-mêmes, sur les disciplines elles-mêmes. On est en train de
passer :
· d'un savoir papier à un savoir numérisé,
· d'un savoir statique à un savoir dynamique, évolutif.
Cette évolution va bousculer les hiérarchies, dans la
société et dans le système éducatif.
Le système éducatif ne doit pas rater ce virage et la
réflexion engagée est du même type dans tous les pays :
· le métier d'enseignant va évoluer : de distributeur de
savoir, l'enseignant va devenir conseil, tuteur,
· l'élève change lui aussi bien sûr,
· au sein des établissements d'enseignement, il faudra sans
doute un meilleur partage des responsabilités et des compétences
avec d'autres métiers (ingénieurs, techniciens) ; l'enseignant ne
peut pas être chargé de toutes les compétences,
· l'établissement scolaire devra s'adapter à toutes ces
évolutions : nouvelle organisation, nouveaux modes de travail (plus de
flexibilité, plus de travail en équipe,....).
Il n'y aura sans doute pas un modèle unique d'établissement.
II - IUFM de Grenoble
L'IUFM, c'est 2 600 étudiant, 200 formateurs, 5 sites
éloignés reliés actuellement par un réseau interne.
3 des centres vont être prochainement raccordés à
Rénater, grâce à l'aide de la région. Se pose
cependant le problème du câblage interne, l'IUFM n'ayant pas pour
l'instant de crédits suffisants pour cette opération.
L'IUFM a été le premier à inclure dans son contrat
d'établissement (1995-1996) un volet nouvelles technologies.
Les deux maîtres-mots sont généralisation et
intégration :
· généralisation : il y eu jusqu'à présent
de nombreuses expériences sophistiquées et de nombreux
enseignants volontaires, il s'agit désormais de
généraliser à toute la communauté, quitte à
viser moins haut,
· intégration : les nouvelles technologies ne sont pas à
traiter comme une discipline supplémentaire dans les programmes, un
chapitre de plus dans les livres, une salle en plus dans les
établissements ; elles doivent être intégrées
totalement dans toutes leurs dimensions à l'ensemble des disciplines et
à l'ensemble des composantes de la formation.
L'effort principal à l'IUFM doit porter d'abord sur les 200
formateurs : ceux-ci ont plus besoin d'une pratique
régulière et réelle que de cours sur les nouvelles
technologies.
Pour M. CORNU, il y a 4 niveaux dans l'introduction des nouvelles technologies
à l'IUFM :
· 1
er
niveau : introduction de l'outil bureautique
(équipement en ordinateurs et logiciels de traitement de texte)
· 2
e
niveau : intégration des nouvelles technologies
dans les disciplines
· 3
e
niveau : réseaux
· 4
e
niveau : production d'outils (CD-Rom, outils
multimédia)
L'IUFM de Grenoble mène une expérience intéressante de
suivi de stage à distance, par courrier électronique et par
visioconférence, avec France Télécom et dans le cadre d'un
projet européen SOCRATES et cette expérience est
extrêmement positive. De plus, elle évite nombre de
déplacements pour les maîtres de stage.
Des équipes de recherche se penchent également sur les nouvelles
technologies et leur influence sur l'enseignement.
A la question de M. TREGOUET " comment généraliser ? ",
M. CORNU pense qu'on ne peut pas répondre simplement par la
contrainte. Pour que chaque futur enseignant utilise les nouvelles
technologies, il faut d'abord que chaque formateur d'IUFM les utilise dans la
formation, il faut également changer la " culture ", changer
la conception du métier même d'enseignant. Et il faut bien
sûr que les formateurs et les établissements soient
équipés de matériels adaptés. Compte tenu de
l'héritage de l'IUFM, compte tenu de la culture enseignante, il ne lui
parait pas possible dès à présent de contraindre chaque
étudiant à s'équiper d'un micro, lors de son entrée
à l'IUFM. Ce devra pourtant être le cas dans quelques
années !