Jean-Louis GASSÉE
*
Informé de votre mission par la presse, nous
souhaiterions pouvoir vous faire part de nos modestes réflexions sur la
diffusion d'Internet dans le grand public.
Abonné au réseau WEB depuis maintenant 9 mois, fana
d'informatique depuis maintenant 18 ans !! eh, oui !...Depuis les bons vieux
Système Occitan, ancêtres des micros dans les années 78-80,
il apparaît qu'en ces temps de crises la diffusion de nouvelles
technologies se heurte à une inertie considérable.
Mais pourquoi ?
Peut-être que finalement :
1 -
l'équipement informatique de base, multimédia, n'est
pas à la portée de toutes les bourses: un PC revient à
environ 8 à 10 kf; Pour un Mac (PowerMac) ajouter environ de 2 à
4 kf.
2 -
L'abonnement à Internet coûte de 50 f mensuel,
connexion illimitée, pour les serveurs (Providers) les meilleurs
marchés à plus de 150 f mensuel, connexion limitée
à 3h mensuel pour les plus arnaqueurs (Type France Telecom avec Wanadoo,
mais il y a pire!).
A cet abonnement il convient de rajouter la facture téléphonique,
non négligeable : environ 100 à150 f mensuel
supplémentaires par rapport à une facture d'un foyer
équivalent n'utilisant pas Internet, pour une durée de connexion
d'environ 7 à 10 heures par semaine et de nuit (conditions tarifaires
les plus intéressantes).
3 -
Enfin, à ne pas négliger, le poste logiciel, car si la
plupart des ordinateurs sont aujourd'hui livrés avec Netscape, Wanadoo
ou tout autre logiciel de connexion à Internet, il n'en demeure pas
moins que pour pouvoir exploiter toute les possibilités du WEB il est
nécessaire de posséder des logiciels de Traitement d'images, de
compression/décompression de données, de conversion de fichiers
etc... relativement mauvais marché : Il faut donc ajouter à
l'investissement de base de 2 à 10 kf de logiciels!.
J'ai donc la chance d'être
1- Jeune
: 30 ans;
2- bien formé
: Ingénieur grande école,
diplômes complémentaires en Droit et Gestion;
3- bien rémunéré
: emploi stable, de Cadre Moyen et
Sup. depuis 7 ans.
Malgré cela, je ne vous cache pas qu
`Internet coûte cher
,
pour le peu de services qu'il apporte, essentiellement ludique ou de recherche
d'informations.
Comment donc voulez-vous qu'une famille française moyenne, avec deux
enfants, une lisibilité mauvaise de l'avenir, une
rémunération suffisante mais pas excessive, etc... puisse
envisager sereinement d'investir 15 à 25 kf dans un équipement
complet et de voir sa facture téléphonique augmenter d'un tiers ?!
Bien Cordialement
HMR
*
Monsieur le Sénateur,
Bravo pour votre site Internet, son plus grand mérite est tout
simplement d'exister et de donner ainsi la parole aux citoyens, ou plutôt
aux internautes dans un premier temps. Bien évidemment je ne peux
qu'être d'accord avec tout ce qui est constaté à l'heure
actuelle concernant le retard grandissant que la France prend dans
l'intégration des N.T.I.C. dans la vie quotidienne et plus
particulièrement au niveau des pouvoirs publics.
Concrètement, puisque votre mission est de recueillir entre autre des
suggestions pour combler rapidement ce retard et faire en sorte que le
déclic se fasse, voici ma proposition :
Puisque les Administrations et les français ne viennent pas à
Internet,
qu'Internet aille à eux !
Tout simplement en organisant des "ateliers" composés de
micro-ordinateurs connectés à Internet dans des lieux aussi
divers et variés que les mairies, les médiathèques, les
établissements scolaires, les administrations etc... Ceci pendant un
jour, une semaine, un mois ou plus ! La mairie ou l'administration qui loue ces
espaces gère uniquement la communication autour de
l'événement et la société organisatrice se charge
de tout le reste, à savoir la logistique, le matériel,
établit les connexions, gère l'animation etc... Par ailleurs des
jeunes de la ville pourraient être formés et aider ainsi pour
l'accompagnement des visiteurs pour leurs premiers pas sur Internet. Bien
évidemment si ce type de projet est mis en place à plus grande
échelle il est clair qu'il
peut être également créateur d'emplois.
La proposition que je viens de vous faire est un des projets que ma
société Surf'line, jeune société pleine
d'énergie, a étudié pour les collectivités locales
en l'adaptant pour chaque cas de figure. Nous pensons notamment à des
"espaces Internet" sur différents thèmes : recherche d'emploi,
tourisme, associations, juniors, culture etc... Nous avons étudié
des solutions techniquement fiables du point de vue informatique et
télécommunication, modulables et facilement transportables.
Il est temps de populariser l'informatique et les N.T.I.C. en les mettant
à la portée de tous les individus y compris ceux qui n'ont jamais
touché un ordinateur de leur vie. Il faut que chacun puisse se rendre
compte par lui-même du potentiel de ces nouvelles technologies et qu'il
puisse être accompagné dans cette démarche.
Nous serions heureux de participer avec vous à cette mission majeure de
cette fin de siècle et de mettre toute notre énergie au service
d'une campagne de sensibilisation aux nouvelles technologies de l'Information
et de la Communication.
Annie VINCENDEAU
*
C'est avec plaisir que j'ai signe afin de voir se
développer Interneten France
Cependant il me parait utile d'être critique!!!!
INTERNET OUI mais pas n'importe comment et a n'importe quelle condition
.
Voilà 3 ans que je dis - que dis je, je hurle - que derrière la
présentation faite des avantages offerts par Internet se cache
UNE
FUMISTERIE
.
La télématique est un sujet dans lequel je suis tombe des le
début de
ma vie professionnelle. Le mot télématique n'existait pas encore.
On ne parlait que de téléinformatique.
Nora-Minc
ont
permis une révolution grâce au message passe auprès des
politiques. Cette révolution m'a conduit a faire partie des pionniers du
Vidéotex, en particulier dans les secteurs bancaires et agricoles, et de
promouvoir les avantages de la solution française a l'étranger
avec un certain succès.
Cette connaissance des besoins réels est la cause de cette
GRANDE
COLERE
contre une présentation fallacieuse de l'intérêt
d'Internet.
Le
premier avantage
de Internet est technique. Il a permis d'imposer un
protocole de communication (IP) qui était tout sauf une norme et qui
avait l'insigne avantage de
FONCTIONNER
.
Le
second avantage
est son aspect réseau des réseaux,
c'est à dire de permettre
l'hétérogénéité des solutions. Ce n'est
cependant pas une nouveauté. En 1985, j'avais participe dans le milieu
agricole a une expérience similaire utilisant le réseau Transpac.
Nous l'avions appelle
RESEAU MULTIPOLAIRE
. D'autre part la technique du
reroutage Teletel permettait également de répondre au
problème.
Le
troisième avantage
visible est l'ergonomie des services.
Malgré le Minitel photo, le réseau Teletel n'est pas en mesure de
proposer une telle présentation.
Les
inconvénients
sont pour leur part très difficiles a
solutionner :
La
bande passante
des serveurs ne sera jamais suffisante.
L'expérience m'a montre le cote inflationniste de ce type de
technologie. Déjà, en 87, pour assurer un service correct d'un
centre serveur Teletel grand public, il était nécessaire de
penser le nombre d'accès simultané par multiples de 1000 et ...
la vitesse de transmission n'est qu'a 1200 bps pour des écrans limites a
1000 caractères (Une page moyenne sur un Minitel est de l'ordre de 600
caractères a transmettre). Dès aujourd'hui, l'utilisation
d'Internet " lasse " à cause de sa lenteur d'affichage.
Comment résoudre ce problème? alors que les modems sont
déjà plus de 30 fois plus rapides que le Minitel.
Le
second inconvénient
, plus limitant encore est
économique. A qui veut-on faire croire que Internet est GRATUIT.
Peut-être les communications sont-elles très bon marche cependant
la gratuite du VIDE n'est pas très motivante. Bravo pour le Louvre
virtuel. quel est son utilité? Combien de services utiles seront
gratuits. Je ne m'imagine pas un " data provider " ne pas
faire payer
la fourniture de ses informations. Les solutions proposée sa ce jour ne
sont pas satisfaisantes.
Alors que la technique du kiosque teletel permettait d'affranchir l'utilisateur
des contraintes administratives du " Comment régler ", les
solution de type carte bleue impliqueront une inflation dans les coûts
matériels et impliqueront une déviation économique au seul
profit des banques ...sauf a créer une monnaie VIRTUELLE...
Le
troisième inconvénient
immédiatement visible est
la fuite en avant qui apparaît des ce jour. Une mise à jour du
logiciel de consultation est a prévoir tous les 2 mois et ce, suite a
une absence de norme minimum dans les présentations. Peut-être
faut-il penser que Internet est encore en phase de développement et n'a
pas encore sa maturité. Cette situation me semble provenir du besoin
" d'être toujours le premier " en occupant coûte que
coûte le terrain sans réfléchir au delà d'un
positionnement en valeur boursière des sociétés
éditrices des logiciels. Netscape, Microsoft, Oracle et Sun sont
tombés dans cet excès. Doit-on les suivre?
D'autres solutions existent
. Certaines ont été
testées telles que le " concept d'intelligence repartie " ou
les solutions pour rendre interactives les applications accessibles via
Internet. Elles sont soit apparues trop tôt, soit elles n'ont jamais su
se vendre malgré les appuis qu'ont pu offrir certains ministères
et même la CEE. Il me parait important, dans le cadre de votre mission,
de rechercher des solutions innovantes par rapport a ce qui est en
général propose. Lors de mes missions a l'étranger pour la
promotion de Teletel, j'ai eu l'occasion de constater combien l'esprit
innovateur français pouvait être influant dans la
définition des solutions techniques mises en place dans certains pays,
et, ce n'est a mon avis pas sans raisons que certains accords sont aujourd'hui
possibles autour d'Internet avec des pays comme l'Australie et la Nouvelle
Zélande.
Il ne me parait pas évident que la France soit en retard dans ce
domaine. Il me parait plus évident d'affirmer que nous devons utiliser
le délai de réactivité que nous a apporte Teletel pour
analyser sereinement la situation sur les plans techniques et
économiques et éviter les pièges dans lesquels ne
manqueront pas de tomber les " accros " des affirmations a
" l'emporte pièce ".
A vous lire prochainement
Luc BECKER
*
Bonjour,
J'ai signé, car internaute depuis bientôt deux ans, je trouve
indispensable que notre pays s'intègre rapidement dans ces nouvelles
voies de communication qui sont devenues incontournables. D'après mon
expérience (j'ai ouvert un point d'accès Internet dans mon
magasin) j'ai pu constater que hormis le coût de l'équipement et
des communications, c'
était le manque d'information et de formation
qui arrêtent la plupart des
" internautes potentiels ".
J'ai dans ce domaine quelques
suggestions
à faire, pour que le
plus grand nombre puisse accéder à ces nouvelles technologies.
Il existe au Canada un " programme d'accès communautaire "
destiné à doter les " petites " communes (- de 50 000
habitants)
de points d'accès Internet
, et à offrir aux
habitants des dites communes la formation nécessaire pour évoluer
sur le net.
Ces " CAC " (centres d'accès communautaires) au départ
subventionnés, doivent viser à une autonomie financière
dans un délai de deux ans.
J'ai pu constater, par les contacts que j'ai établis avec l'un de ces
CAC que cette expérience, est un formidable moteur
d'intérêt pour les populations concernées:
fréquentation croissante, assiduité aux " cours de
navigation ", et surtout, le plus important à mon avis,
pénétration auprès de toutes les couches de la population.
Une des grandes forces de cette expérience est de permettre aux
visiteurs intéressés, non seulement de pouvoir
" naviguer " sur le Web en étant conseillés; mais aussi
d'être mis immédiatement en relation avec d'autres personnes dans
le même cas qu'eux ( au même niveau) et donc de commencer à
communiquer, et ceci sans les tâtonnements (parfois décourageants)
inhérents à une première prise de contact avec un
" système " que l'on ne maîtrise pas.
J'envisageais de contacter les institutions locales pour leur proposer de
tenter une expérience similaire, tout en suggérant, pour en
accroître l'intérêt, une sorte de " jumelage
virtuel " avec l'un de ces CAC, mais vu la mission dont vous êtes
chargé, il me semble que ce projet pourrait être tenté au
niveau national.
Alain BENARD
*
Ayant assisté muet aux
désastres
qu'ont
constitué
les plans " Câble " et " Informatique
pour tous "
, j'apprécie particulièrement
l'opportunité que vous offrez à tous d'apporter sa contribution
à la définition d'un futur plan " Internet ". Je vous
soumet donc ci-dessous quelques remarques tirées de mon
expérience d'
utilisateur professionnel
d'Internet. Mon
activité sur Internet consiste à rechercher les nouveaux produits
susceptibles d'être intégrés dans de grands systèmes
de télécommunications ou d'informatique. La recherche
d'informations sur ce réseau est devenue tellement efficace, que, comme
la plupart de mes collègues, j'ai renoncé à tous les
outils que nous avions à notre disposition auparavant et en particulier
au Minitel pour ne plus faire appel qu'au " WEB ".
Seul Internet en effet peut nous fournir en une journée de travail la
liste de tous les partenaires dans le monde susceptibles de nous fournir les
produits que nous recherchons. En général on reçoit la
documentation utile dès le premier contact par simple transfert de
fichiers informatiques. En quelques heures vous savez " qui fait
quoi " dans le monde, dans le domaine qui vous intéresse.
Le malheur est qu'aujourd'hui ne sont présentes de manière
professionnelle sur Internet que les sociétés Nord
Américaines, Anglaises et Israéliennes! Les
sociétés Françaises, comme les Allemandes d'ailleurs, sont
pratiquement inaccessibles alors même qu'elles sont le plus souvent
présentes sur le réseau. De ce fait je constate que la proportion
de produits anglo-saxons ne cesse de croître dans nos projets au
détriment des produits français. Je constate que nos clients eux
mêmes puisant aux mêmes sources d'informations ne souhaitent pas se
voir proposé d'autres produits. Je m'interroge sur le préjudice
que cette situation va induire dans l'économie française si cette
situation s'aggrave.
Je propose ci-dessous deux explications certainement partielles mais plausibles
de cette situation.
1) Lorsque les industriels français sont présents sur
Internet, ils le sont pour le prestige et non pour les affaires
. Ceci est
sans doute un problème de maturité qui se corrigera. Pour le
moment les sites sont techniquement mal conçus et commercialement
inefficaces.
Mal conçu
, cela veut dire en général que l'on a
sacrifié l'efficacité au prestige. On conçoit de belles
images très longues à afficher, on utilise les dernières
trouvailles technologiques qui interdisent à la majorité des gens
équipés depuis plus de six mois de lire ces splendides textes. On
multiplie des " hyperliens " vers des serveurs qui
n'existent plus ou
vous éloignent du sujet. Sous prétexte de modernité
" Hypertexte ", on découpe un texte en pages individuelles
interdisant toute impression globale . L'impression d'un dossier technique
conçu sur de tels serveurs prend des heures et impose la présence
humaine pour initier l'impression de chaque page.
Ces serveurs ne sont lus que par leurs auteurs. Les autres lecteurs
" zappent " encore plus vite que devant leur écran de
télévision.
Inefficace
, cela découle souvent du fait que l'information
présentée est sans intérêt pour un acheteur
potentiel. Ce défaut est la marque que l'entreprise n'a pas de
stratégie commerciale vis à vis d'Internet et n'a pas compris que
le visiteur du site recherche des faits précis, des produits ou services
très bien ciblés. Il veut avoir un contact clairement
identifié et disponible, si possible via Internet. Ceci oblige en
général à revoir les interfaces commerciaux et fait
disparaître la notion de territoire. Les petites société
sont plus à l'aise en général que les grands groupes pour
faire face à ce changement et comprennent plus facilement qu'un
responsable commercial soit affecté exclusivement à la relation
sur Internet. Celui-ci doit assurer la gestion des contenus et manifester une
disponibilité permanente.
2) Les informations présentées sur les serveurs
français ne sont pas conçues en fonction des modes de recherche
de l'information sur Internet.
La recherche d'information sur Internet passe par des
" moteurs " de
recherche qui travaillent par mot clé. Les bases de données de
ces moteurs se constituent en permanence à la lecture des sites
connectés sur Internet. Il est clair que si une société
n'indique pas quel produit ou service précis elle peut fournir, elle ne
sera jamais répertoriée. En effet, si elle se présente
seulement comme une société de mécanique ou
d'électronique, les moteurs de recherche la traiteront comme les
milliers de ses semblables, n'offrant aucune raison à un
" surfer " de s'intéresser à elle. Par contre si elle
dit (en anglais) qu'elle est leader dans les vannes hydrauliques, elle risque
d'être contactée par les intéressés de ce secteur.
Ceci signifie très concrètement que les pages WEB d'une
entreprise doivent être conçues en fonction des moteurs de
recherche. On en est très loin en France. Par contre on trouve de
très petites sociétés israéliennes ou irlandaises
très présentes sur le WEB qui savent se donner l'apparence
d'être incontournables dans leur domaine grâce à leur
parfaite intelligence du réseau!
Quelles actions peut-on recommander pour assurer la présence des
produits français sur le WEB? Tel pourrait être le sujet d'un
débat dont l'enjeu économique pour la France me semble tout
à fait occulté dans les discours actuels. Au delà de cet
aspect pratique, je crois qu'il convient de s'interroger sur la mondialisation
des échanges qu'engendre Internet et sur les conséquences de
cette mondialisation sur les PME qui à cause d'Internet se voient
propulsées sur la scène mondiale et obligées de revoir
leurs objectifs et leur organisation.
J'espère que ces quelques idées pourront être prises en
compte dans votre consultation et je serais heureux de pouvoir poursuivre avec
vous la réflexion sur un sujet que je connais bien en tant que
enseignant, chercheur et ingénieur en télécommunications.
Philippe CHAILLEY
*
D'abord un constat
Une révolution est en cours, qui va bouleverser nos modes de vie de
façon au moins aussi importante que la révolution industrielle du
dix-neuvième siècle.
Cette révolution se nourrit des formidables progrès
opérés dans le domaine des technologies de l'information et s'est
appuyée historiquement sur deux axes : d'abord l'invention et le
développement de l'ordinateur personnel et maintenant, depuis trois ans,
l'extraordinaire évolution du réseau de réseaux
communément appelé Internet.
Point n'est besoin d'être économiste pour se rendre compte qu'en
la matière, à l'évidence
les Etats-Unis mènent
le bal
. Leur capacité d'innovation technologique a laissé le
Japon, star économique des années 60, 70 et 80 loin
derrière. Quand à
l'Europe
qui connaît des
difficultés d'adaptation structurelles, elle n'a malheureusement pas
jusqu'à présent fait preuve d'une grande créativité
dans ce domaine.
Point n'est besoin non plus d'être un spécialiste pour mesurer
l'ampleur des enjeux en matière de création de richesses, de
croissance et d'emplois pour les pays qui sauront prendre, même en
marche, le train de l'histoire . Il suffit justement d'observer les
remarquables performances de l'économie américaine dont la
croissance actuelle tire son carburant principalement de cette
révolution technologique.
La France accuse un retard considérable en la matière, y compris
par rapport à ses voisins Européens.
Notre
Minitel
, une invention que le monde nous enviait il y a 10 ans,
s'est rapidement sclérosé .
Victime d'une conception trop centralisatrice qui excluait tout apport
créatif extérieur, il n'a pas su être perméable aux
évolutions en cours.
D'atout à l'époque, il est devenu un handicap aujourd'hui car, en
occupant le terrain, il freine l'équipement du pays en ordinateurs
personnels, faisant du parc Français dans ce domaine l'un des plus
pauvres d'Europe .
D'aspect peu engageant, d'accès désespérément lent,
de coût prohibitif, le réseau Minitel est pour tous ceux qui ont
déjà la chance de pouvoir faire des comparaisons, condamné
à brève échéance par la déferlante Internet.
Pourtant il ne tient qu'à vous, Monsieur Le Président, de
transformer cet échec en réussite.
En effet, si l'outil est obsolète, la technologie, elle, existe bel et
bien, et France Télécom possède en l'occurrence un
savoir-faire né de cette expérience dont aucun autre groupe de
télécommunications ne peut se prévaloir.
A l'instar des Américains qui vont dans les mois à venir, mettre
sur le marché les premiers ordinateurs de réseau ou
" NC " pour " Network Computer ", sorte
de petites consoles
de coût modique, permettant d'accéder à toutes les
fonctions et services offerts par l'Internet, pourquoi ne pas, nous
mêmes, profiter de notre expérience et de notre savoir-faire en la
matière pour mettre au point rapidement un Minitel
amélioré offrant les mêmes possibilités?
Ces NC Français devraient, comme naguère le Minitel, être
mis
GRATUITEMENT
à la disposition des abonnés, illustrant
ainsi magistralement la notion de service public à la Française.
Le coût de l'investissement serait amorti en facturant l'accès au
réseau Internet sur la base d'un tarif forfaitaire mensuel, comme cela
se pratique actuellement.
France Télécom, qui a l'avantage de fournir aussi les lignes
téléphoniques pourrait proposer un coût de communication
particulier pour la durée de connexion au réseau qui serait
inférieur au coût d'une communication locale, pratiqué
actuellement, rendant ainsi l'offre encore plus attractive.
Il paraît raisonnable de penser que, dans ces conditions
, la plupart
des
quinze millions de détenteurs d'un Minitel s'équiperaient
d'un tel terminal et que beaucoup d'internautes choisiraient France
Télécom pour leur accès à Internet faisant par
là même de cette société, l'un des plus importants
pourvoyeurs d'accès au monde et lui assurant, au delà d'une
prodigieuse rentabilité financière, une place stratégique
à l'heure ou tous les grands groupes de télécommunications
cherchent à se positionner par rapport aux nouvelles technologies.
L'appel d'air ainsi provoqué stimulerait les énergies
créatives, les services présents sur le Minitel se reportant de
facto sur Internet, d'autres s'y ajoutant, contribuant à augmenter de
façon impressionnante la présence Française sur le
réseau de réseaux, et stimulant l'activité
économique et la créativité technique de notre pays.
Au delà, c'est la France toute entière qui serait gagnante, car
il suffit d'observer les expériences menées ici et là sur
le plan local par certains élus visionnaires et l'intérêt
croissant qu'elles suscitent chez nos concitoyens, toutes catégories
sociales et toutes classes d'âges confondues, pour mesurer le
bénéfice que tirerait notre pays au plan de l'éducation,
de l'enseignement, de l'exercice de la vie sociale et culturelle, de l'exercice
même de la démocratie si une telle initiative était prise.
Hors de nos frontières, une mesure aussi ambitieuse ne pourrait que
susciter l'admiration et l'envie. Il n'est que d'écouter le discours
d'investiture du Président Clinton et l'importance qu'il accorde
à la mise sur réseau de toutes les écoles US pour
apprécier le formidable bond en avant que nous nous serions fait faire
à nous mêmes.
Monsieur le Président, à l'heure ou la France doute, et ou la
tendance dans notre pays est au repli sur soi, il est urgent d'inventer des
occasions de lui redonner confiance en elle, en son pouvoir d'innovation et en
sa capacité à aller vers les autres.
En voici une.
Bernard
GRIMALDI
*
L'INTERNET A DEPASSE LE STADE DE LA CURIOSITE
Selon le quotidien
USA Today
, la Federal Communications Commission (FCC)
devrait approuver aujourd'hui une mesure gouvernementale accordant des
subventions aux écoles primaires et secondaires américaines,
aussi bien publiques que privées, pour réduire leurs coûts
d'accès à l'Internet (connexion et frais de câblage). En
fonction de la richesse de l'école et de sa localisation
géographique, la réduction pourra atteindre 90%. Cette mesure,
cheval de bataille du Président Clinton,
concerne
110 000 écoles et
50 millions de professeurs et
d'étudiants, ainsi que certaines bibliothèques
défavorisées. Les quelques 2,25 milliards de dollars annuels que
coûtera le projet devraient être financés par une taxe
fédérale sur chaque ligne de téléphone, y compris
les " sans fil " . A compter de janvier 1998, un organisme
indépendant (la National Exchange Carriers Association) sera
chargé de collecter et de distribuer les fonds. Une étude
récente, reprise par le SJMN, montre que 20 millions d'américains
considèrent que le réseau des réseaux leur est
désormais indispensable, mais que 9,3 millions de personnes l'ayant
essayé l'année dernière l'ont abandonné, le jugeant
trop difficile à utiliser. L'étude dénombre par ailleurs
28 millions (contre 8,4 millions 15 mois plus tôt) d'utilisateurs
réguliers. Plus de 59% des utilisateurs de courrier électronique
se connectent tous les jours et 40% des surfeurs du Web butinent
quotidiennement. Enfin, un sondage laisse apparaître qu'America OnLine
(AOL) conforte sa position de numéro un, parmi les fournisseurs
d'accès.
Bernard LAMONNIER
*
Lors de notre discussion, nous avons été
amené à parler de la notion de " prosumers " et j'ai
pris l'exemple des musiciens de type RAP. Cet exemple aurait pu être
évidemment tout autre. Par contre je reste convaincu que ces exemples
marketing au sens socio-économique du terme sont fondamentaux dans
l'actuelle évolution de la société de l'information. Les
nouveaux métiers
, générateurs d'emplois de TOUT
niveau, résulteront en grande partie de cette façon de voir.
C'est pourquoi je me permets de vous écrire ce jour pour approfondir un
tout petit peu ce sujet.
Cet envie de vous écrire m'est venue en lisant les nouvelles mesures
européennes concernant l'aide aux PME/PMI de haute technologie et
l'évolution du business Internet aux USA.
Il n'est pas rare aujourd'hui d'entendre que le futur
business
grand
public rentable d'Internet sera constitué de la fourniture d'information
locale ou d'accès rapide à une information simple,
accompagnée de publicités payantes, du type : " quels films
passent dans les salles de cinémas les plus proches ce soir ?
présentez moi un extrait de ce film ?, quelle est l'agence
bancaire/assurance/... la plus proche et ouverte dans l'heure à venir ?
etc... "
C'est la ré-invention du Minitel dont l'expansion aux USA (où son
avenir était presque évident) n'a été brisée
sans doute que par l'intermédiaire de réglementations
protectionnistes américaines (qui ne disposait à l'époque
que du fax) ! C'est la mise à disposition au grand public d'un
réseau déjà vieux ! Ce ne sera sans doute pas un
Super-Minitel mais simplement un
Minitel multimédia
! Ce qu'il y
a de certain en tout cas, c'est que l'Internet, multimédia ou non,
engendrera des richesses donc des emplois dès lors qu'il y aura du
pratique et du "serviciel". Ce qui n'a rien à voir, n'en déplaise
au lobby Wintel, avec la vente forcée de Micro Wintel par
l'intermédiaire d'annonces et de discours péremptoires de Gates,
Grove, Ellison, Mc Cracken etc... d'après lesquels le retard
européen et français proviendraient d'un sous équipement
en micros grands publics, discours qui malheureusement semblent porter. Ce
n'est essentiellement que du marketing, mais avec quel talent et quelle
puissance ! Ils y sont acculés car, sans croissance de leurs ventes,
basées essentiellement sur le renouvellement de l'existant et un petit
peu d'accroissement, ils sont en réalité très fragiles.
Ceci explique la nécessité de ces showbizs d'une part et leur
course à la croissance externe (tendance à
l'"oligopolisme ") d'autre part.
En fait, tout cela pour dire
que le retard de l'utilisation d'Internet en
France (et Europe) n'est pas du tout dramatique en soit
par rapport
à ces annonces. Mais il l'est par contre par rapport à
l'isolement que son ignorance peut amener aux niveaux des entrepreneurs et
décisionnaires. Je m'explique : est-ce le public ou les entreprises qui
sont en retard ? J'ai peur que ce soit surtout les seconds. En effet, Internet
s'est diffusé aux USA par le transfert d'une utilisation au travail vers
celle à la maison. L'intersection de ces deux populations d'utilisateurs
est grande. C'est sans doute la même en France et partout ailleurs mais
ce qui " cloche ", c'est que peu d'entreprises utilisent
Internet :
65 % sont déjà équipées aux USA alors que 50 % en
D, 35 % en F et 30 % en UK l'envisagent seulement. Et là, il faut
craindre cet état de fait, car si Internet, ou tout au moins la
société de communication (ouverture, dialogue, échange...)
qu'elle sous-tend, a changé quelque chose c'est bien cela :
l'informatique (traitement de l'information) devient une partie
intégrante de la stratégie industrielle, ce qui nécessite
que les dirigeants d'entreprise comprennent et s'impliquent dans la technologie
afférente pour rester " dans la course ". Le Commerce et la
Production va changer au niveau planétaire.
Ceci est peut être dramatique car, si les entrepreneurs existants qui
n'évoluent pas vers ce comportement auront sans doute des
problèmes, un manque de créateurs d'entreprises ou de
métiers possédant ces compétences aura des
conséquences énormes sur la nouvelle dynamique économique
nécessaire à l'emploi.
Dans ce contexte, que penser des mesures qui visent essentiellement les PME/PMI
de hautes technologies, plus communément appelées innovantes ?
J'aimerais là reprendre mon exemple de " prosumer ", au
risque
d'être encore un peu long.
On devrait classer de nos jours (très schématiquement) les
acteurs concernés par l'informatique ainsi :
- Les
innovants :
ils exploitent une idée (ou plus souvent en
réalité des résultats de R&D universitaires), la
développent et tentent de la commercialiser. Ce sont des professionnels
qui élaborent et promeuvent des outils génériques. Ils
doivent créer le besoin donc faire du marketing (par opposition à
ventes).
- Les
créateurs :
ils connaissent les clients et tentent de
satisfaire leurs besoins avec les moyens techniques les plus adaptés. Ce
sont des " prosumers ", qui achètent des outils
génériques, les remodèlent selon les besoins de leur
clientèles, y ajoutent (remixent) du(es) contenu(s) et les revendent.
Ils ouvrent des portes dans des marchés nouveaux ou connus mais
croissants. Ils font des ventes.
- Les
utilisateurs finals :
ils achètent pour leurs besoins
propres (entreprises de production ou individus). Ils sont en bout de
chaîne, expriment leurs besoins ou subissent l'offre quelquefois. Ils
font des achats.
C'est pour moi la chaîne de valeur de la haute technologie et chaque
entreprise ou individu d'un de ces types doit se positionner convenablement
pour atteindre ses objectifs. Or que se passe-t-il souvent en France ?
- Les
innovants
n'ont pas trop de problème pour trouver l'argent
nécessaire pour faire leur R&D. Il existe de nombreuses
filières et les nouvelles mesures vont dans ce sens. C'est l'aide
à l'innovation et ceci est très bien.
Par contre, dès que l'on parle de pénétrer les
marchés, le financement vient vite à manquer à ces
innovateurs, alors que les besoins sont dix fois supérieurs. De plus, il
s'agit rarement de nouveaux métiers.
- Les
utilisateurs
et les
innovants
trouvent également
assez facilement de l'argent pour élaborer ensemble un nouveau produit.
Par contre, l'impact sur l'emploi est ici mineur quand il ne s'agit pas tout
simplement de réduire les ressources humaines. Il s'agit essentiellement
de concurrence sur la qualité et sur la rentabilité d'un produit
ou d'un procédé. Ceci est bien sûr essentiel pour conserver
les emplois mais très loin d'être suffisant pour une expansion
vers de nouveaux métiers ou vers une adaptation des métiers
actuels.
- Les
créateurs
ou " prosumers " sont avant tout des
individus qui ont le DESIR d'entreprendre. Pourtant, il leur est très
difficile (en Europe et particulièrement en France) de trouver les
financements nécessaires au développement de leur entreprise. Ils
sont souvent jeunes, ont des idées nouvelles et les banques leur sont
inaccessibles. Sinon, ils ne sont pas considérés comme innovants
et n'ont pas accès aux subventions habituelles. Ils sont de plus
très mal informés.
- Et dans tous les cas, lorsqu'un créateur (innovant ou prosumer)
réussit assez bien et qu'il doit passer à la vitesse commerciale
supérieure, il se fait racheter par un grand (généralement
équipementier en France) pour un prix misérable. Ce n'est pas le
cas aux USA, où la motivation est grande de développer une
affaire et de se faire acheter au prix fort ou tout au moins correct.
L'enjeu est bien au niveau du créateur et c'est comme cela que cela
marche aux US avec un
triple
effet :
-
1) la croissance de ces " prosumers ", associé ou non
à une innovation, est le meilleur générateur d'emploi
nouveaux,
2) le moral entrepreneurial est totalement préservé : c'est le fameux " tout est possible avec un peu d'argent si l'on vend " et
3) ils assurent les débouchés des Innovants car leurs nouvelles idées nécessitent des outils toujours nouveaux qu'ils n'ont pas peur d'employer.
L'esprit d'entreprise ne s'acquiert pas, mais c'est une qualité qui doit être encouragée ; alors que l'innovation (différent de la découverte pour moi) résulte le plus souvent d'une éducation et d'opportunité.
Je pense que ce raisonnement est particulièrement vrai dans le multimédia où des créateurs de contenus, de remixage de contenus, d'interfaces interactives, de dispositifs conviviaux etc... vont émerger, grâce à des outils et des concepts innovants, et vont accéder aux utilisateurs finals. Ils seront demandeurs de matériels parfaitement adaptés. Un exemple très particulier mais fondamental, est le couple (professeur et élèves) en environnement multimédia, qui va en plus faire poser quelques questions sur les revenus engendrés par leur créativité. En fait, la chaîne de valeur multimédia calque exactement celle donnée ci-dessus. Il me semble donc évident que, pour préserver notre culture, exploiter notre patrimoine (au sens large, donc celle et celui qui concourrent à l'économie), il faille aider au développement de ces " prosumers " de toute nature, en leur donnant accès aux financements classiques au même titre que les professionnels innovants, car en retour ils utiliseront les technologies développées et concourront aux adaptations nécessaires à leurs besoins qui sont ceux des utilisateurs finals. Et ces derniers auront de plus en plus leur mot à dire dans une société communicante. Leur diversité (origine nationale, raciale et sociale) devra être prise en compte. Dans ce contexte, la notion de standard va changer, la localisation va devenir primordiale et toute opportunité pourra alors se présenter pour des entreprises innovantes de fournitures high tech pour l'Internet et le multimédia, relayées par des " prosumers " actifs et en prise directe avec leurs clients.
C'est de cette manière également que l'élargissement du marché avec l'Europe permettra de mettre sur un même pied d'égalité les entreprises innovantes. Dans le cas inverse, cet élargissement profitera essentiellement aux américains à nouveau et les entreprises françaises devront au mieux localiser sans réelle valeur ajoutée.
Alain ROSSET
*
Je voudrais vous faire part de l'intérêt que je
porte a votre mission et vous apportez quelques éléments de
réflexion et d'information, du point de vue de l'informatique,
susceptibles de vous apporter de l'aide.
Vous posez trois questions principales comme support de votre réflexion.
Question 1
Les NTIC s'appuient très fortement sur l'informatique en tant que
science (on dit couramment que l'informatique représente 70% des
réseaux. Il me semble donc qu'un facteur de déblocage
réside dans la mise en place d'un corps spécifique d'enseignants
en informatique dans l'enseignement secondaire. Des réflexions sont
actuellement menées en ce sens par divers partenaires de l'Education
nationale qui aboutissent a la demande d'un capes et d'une agrégation
d'informatique. Bien évidemment, cela ne suffira pas, il conviendrait de
réfléchir très soigneusement a des contenus de programme
qui aillent dans le sens de l'émergence, dans le secondaire, de
l'informatique en tant que discipline d'une part et de la mise en place de
l'informatique comme outil et technique pour l'ensemble des enseignants. Je
suis convaincu que l'informatique peut et doit jouer un rôle essentiel en
ce domaine du fait de sa triple nature :
science :
elle s'étudie elle-même, a ses propres
problèmes et génère ses propres solutions
outil :
elle apporte par ses méthodes des moyens d'analyse
nouveaux aux autres disciplines, technologie : elle offre les supports
matériels nécessaires a la mise en oeuvre des
méthodologies nouvelles d'apprentissage.
Question 2
Deux catégories de mesures
pourraient être envisagées :
- Une
catégorie
pour préparer culturellement le pays a
cette révolution technologique de manière a ce qu'il soit apte a
en comprendre les enjeux et a utiliser ces technologies. Souvenons nous de
l'échec cuisant du plan " informatique pour tous " , du
principalement a ce manque de préparation culturel. Cela implique des
moyens consolides pour la recherche en informatique, pédagogie,... et
une très forte interaction entre les divers partenaires impliques.
L'éducation Nationale a un rôle capital a jouer dans ce domaine,
sa responsabilité pleine et entière doit être
engagée sur une telle action.
- Une
catégorie
pour offrir les supports matériels
indispensables au bon fonctionnement de l'ensemble. De ce point de vue, le
problème est complexe, compte tenu de l'état de dépendance
vis a vis des Etats-Unis dans lequel est l'Europe pour les matériels
informatiques. Un plan d'une telle ampleur ne supportera pas du matériel
dépasse et pose en outre le problème bien français du
Minitel. Des réflexions sont menées au sein d'associations comme
SPECIF (Société Professionnelle des Enseignants Chercheurs en
Informatique de France), présidée par mon collègue Max
Dauchet, professeur a l'Université Lille 1.
Question 3
Sur ce point, les recherche récentes en informatique (Data Mining, KDD,
SIAD,...) apportent une réponse évidente aux entreprises pour ce
qui est de les aider a consolider leurs parts de marche et a former leur
personnel. Là encore, me semble-t-il, nous sommes confrontes a un
problème culturel, particulièrement en ce qui concerne les
PME/PMI. J'ai a ce sujet une ou deux expériences qui me font dire qu'il
faut mettre en place tout ce qui peut accélérer les transferts de
savoir, de savoir-faire et de technologie entre le monde de la recherche et
celui de l'entreprise. Certaines mesures récentes prises par le
gouvernement vont d'ailleurs dans ce sens.
Professeur M. LAMURE
Président section informatique
Conseil national des Universités
AH!!!
Enfin un question intéressante!!! Il est en effet grand temps
de se demander si l'Internet doit être utiliser plus en France!!! Je suis
Française actuellement aux States(!) et je peux vous en parler, de
l'Internet! C'est tout simplement génial!!! J'en suis folle! Et ici, ce
n'est pas cher du tout!! Je fais des tas de choses avec, c'est incroyable!
J'envoie quelques e-mail a mon oncle (seul dans ma famille ayant accès
au net), j'écris a des amis aux USA, et croyez moi, ça vdix fois
plus vite qu'une lettre ici (ca peut mettre deux jours à une semaine
pour une lettre, une seconde pour un e-mail!!!). Et ça ne coûte
rien, c'est compris dans l'abonnement! Je peux avoir des renseignements sur la
France, je peux parler avec des gens en France en direct (dans des chat
rooms!), je peux avoir les résultats de foot de Rennes (ma ville!) ainsi
que ceux de n'importe quel sport!
Dans une de mes classe, on utilise le net pour faire des recherches très
poussées sur l'Indonésie et l'on va simuler un débat, me
classe étant l'Indonésie, d'autres classes dans le monde
étant d'autre pays!
Et tout ca toujours en direct!! L'Internet est un engin de recherche et
d'apprentissage intarissable! Je peux passer des heures dessus!!! Mais ce que
je regrette le plus, c'est de ne pas pouvoir écrire a mes parents de
cette façon, car tout cela est trop cher, trop abstrait pour les
Français! J'ai appris tellement de choses et je m'amuse tellement avec
ca! Et surtout je peux vous dire que bientôt qui n'aura pas l'Internet
sera laisse derrière par les américains! Tous le monde a ca ici!
Tout le monde l'utilise pour tout: loisirs, communication, travail, infos, etc!
C'est de cette façon que je sais ce qui ce passe a peu près en
France!
Et enfin, la seule chose que je peux dire est que tout cela va
énormément me manquer quand je rentrerais en France! Je pense que
l'Internet devrais être dans toutes les écoles!
Legrand MARIE
*
J'étais mardi soir à
l'Arche
, où
j'ai eu le bonheur de vous écouter.
Je viens de passer 10 ans aux USA. J'y ai travaillé dans
différentes entreprises américaines, où j'étais le
seul français, à différents postes de
responsabilités.
J'ai vécu deux ans dans le Michigan, six ans au Texas, deux ans à
Washington DC. J'ai été immergé dans la culture
oui, la
culture
américaine. J'ai assisté, et sans doute
participé à l'explosion INTERNET.
Je suis convaincu qu'il se passe quelque chose d'aussi important pour
l'humanité que la découverte de l'imprimerie.
Avant de vous entendre hier au soir, je désespérais de rencontrer
un responsable français qui perçoive l'importance de ce que nous
vivons. L'imprimerie, même s'ils n'en ont jamais bien pris conscience, a
provoqué chez six petites tribus européennes de tels remous qu'en
trois siècles à peine, et sans cesser de s'affronter entre elles,
elles se sont imposées sur les cinq continents.
Que provoquera INTERNET? Pour qui? Et pour Quoi? Nous sommes à
l'orée de quelque chose de fondamental. Je crois vous avoir entendu
mentionner le concile de Trente et la Réforme. C' est bien de cela qu'il
s'agit. Il ne faut pas que votre rapport soit oublié dans le brouhaha .
Quoiqu'il arrive, il faudra continuer le travail commencé.
Merci encore, monsieur le sénateur, pour cette soirée
passionnante.
Arnaud
D'AVEZAC DE CASTERA.
*
Un bel exemple
Message Voici un bel exemple de démocratie directe. Un homme politique
chargé d'une mission que je considère comme extrêmement
importante, choisit de demander son avis à une population
concernée et compétente (au moins en partie). Il est vrai que ne
pas utiliser Internet pour glaner des informations sur Internet serait une
hérésie. Mais cette méthode a le mérite d'exister.
Je suis certain que des idées intéressantes sortiront de ce
forum. A charge de l'état, du gouvernement et de l'Assemblée
Nationale, en particulier, d'en tirer les conclusions qui s'imposeront. Cela
étant dit, j'aimerais que l'on s'interroge sur les apports d'Internet
à la Démocratie, à son fonctionnement. Quels sont aussi
les risques encourus ? Quels changements dans les pratiques politiques,
Internet peut-il amener ?
Marc
*
Un bel exemple : c'est normal ! Je vous lis et m'interroge : Parlons démocratie donc. Internet est accessible à tous et vous pouvez y trouver ce que vous voulez ou ne voulez pas, d'ailleurs, ce qui peut vous enrichir infiniment. Or avec Internet, on ne maîtrise pas celui qui laisse dans un quasi anonymat des messages. Dans la réalité, chacun se doit de prouver ce qu'il dit, d'où la démarche de M. Trégouët, qui paraît être évidente. Je ne comprends pas que vous louangiez ce qui est banal ! et qui devrait être systématique : demander un avis à ceux qui savent, au moins un peu, ce qui touche un domaine novateur et qui annonce une révolution à l'échelle mondial. Meilleures salutations DUPONT
*
Internet permet d'échanger et de communiquer
.
Internet facilite les relations, Internet facilite le débat, mais
Internet ne rend pas les gens plus intelligents. Les News, par exemple, c'est
formidable comme outil de débat/discussion, mais on n'y lit que ce que
les gens y écrivent. Et on y trouvera toujours des argument bidons, des
réflexions non fondées... donc Internet offre la
" possibilité " mais c'est aux gens d'en faire le bon usage.
Et les gens ne sont pas prêt et pas assez mature pour vivre une
" révolution citoyenne "... Cordialement.
HEURTAUD
*
Nous pensons que l'essor d'Internet doit passer en
priorité par un développement de proximité. Les
collectivités locales se doivent aujourd'hui d'équiper leur ville
de cet outil d'aménagement indispensable. L'intérêt du
citoyen internaute commence par l'information et la communication de
PROXIMITE
. Seul le
CONTENU
fera le développement
d'Internet.
Raphaël HERTZOG
*
Démocratie de proximité
Pourquoi pas...
- La prise de contact dès l'école primaire
(encadrée pour éviter les dérapages) ; c'est le moyen de
former les enfants tôt, et on sait d'autre part que les enfants sont de
plus en plus décideurs en matière d'achats :
"
Papa, c'est quand qu'on achète Internet ? Emilie l'a
déjà, et tu sais, j'pourrai aussi faire mes devoirs dessus.
" On fait même une bonne action en créant un marche pour
Bull !
La prime au PC
ou a l'abonnement Internet (une
jospinette
?)
- inciter les projets
lies a Internet, dans le cadre de l'école
et aussi pour les particuliers (ex: au collège, une recherche a faire
sur un sujet, a l'aide uniquement d'Internet)
- une société de téléviseurs français
(cherchez bien, si si, il en reste une) pourrait avoir la bonne idée de
s'inspirer de ses homologues japonais qui ont démocratise Internet :
Internet sans PC, directement intègre au téléviseur
-
aider
au financement de séries d'émissions TV qui
montrent pour tout un chacun l'intérêt qu'il peut retirer
d'Internet (pour les enfants, les ados, les actifs, les chômeurs, le
3
e
âge...)
-
rendre
Internet concret (qu'est-ce que ca peut m'apporter)
plutôt que de le critiquer => passe par une formation des journalistes
Le problème de la
législation
est un autre débat.
Qu'il ne faut pas occulter, certes. Mais je pense qu'on ne doit pas attendre
qu'il soit résolu pour enfin entrer dans l'ère Internet.
Stricher Philippe
*
Idées pour développer
l'accès
:
-Favoriser
au maximum l'accès à Internet dans les
écoles (pour les enfants) et dans les bibliothèques pour les
adultes.
- Mettre en place une politique d'achat de matériel avec renouvellement
régulier.
-
Créer
un poste dans chaque école ou groupe
d'écoles pour assurer la formation (maîtres et
élèves) et aussi la maintenance (budget annuel).
- Pourquoi ne pas
se faire équiper
gratuitement par les
marques ????
Attention prévoir plusieurs machines (1 pour 2 élèves).
- Dans les
bibliothèques
: 3 à 4 machines.
- Demander à France Télécom un
tarif
préférentiel
pour les communications.
Et bientôt il y aura d'autres opérateurs ( concurrence ). Tous
ceux qui y toucheront sont de futurs clients !
Olivier, 25 ans, Japon
*
Quelques humbles pistes :
Baisser
le prix des communications locales
-
Favoriser :
multiplication des sites français, tribune
d'essais pour les jeunes informaticiens, ...
-
Accès Web dans les écoles
, il y aura des volontaires
pour former gratuitement les profs (je suis volontaire!)
-
Arrêter
de parler d'autres réseau qu'Internet et croire
que le
MINITEL
rebondira, ou essayer de faire un réseau
Franco-Français
-
Former (Informer?)
les journalistes TV aux services que peut rendre le
WEB pour qu'ils arrêtent de ne parler que du côté
Pedo-nazi-narco qui me parait d'ailleurs proportionnellement bien moindre que
ce que voit à la TV ou ailleurs.
-
Financer
des sites de service public rendant des services publics:
- toute la paperasse administrative. A vous de compléter la liste
Pour favoriser le développement d'Internet en France, l'Etat pourrait,
sans gros Coûts :
-
aider
les personnes handicapés moteurs, sensoriel et visuel,
à acquérir du matériel informatique à coups
réduits,(ou) et un abonnement plus avantageux,
-
favoriser
l'expansion du télétravail (cela aidera les
chômeurs)
-
faire comprendre
à France Télécom qu'il ne faut
pas remplir les caisse avec des lignes amortie (mais le maintenir en bonne
état, et les rendre plus performantes. IL est possible d'allonger cette
liste/....
B. MICHEL
*
Dans quel pays 60 % des petits écoliers rêvent de
devenir fonctionnaire. Dans quel pays, lorsque l'on pose la question a des
lycéens : " êtes-vous prêt a travailler dans une usine
? " aucune main ne se lève ? Dans quel pays pense-t-on que c'est
en travaillant moins
(retraite a 55 ans, 35 heures de travail...) que
l'on produira plus de richesse pour le pays et donc plus d'emploi ? Dans quel
pays pense-t-on naïvement que c'est en ayant l'emploi comme obsession
première que l'on parviendra a le développer ? Cela fait
maintenant plus de 7 mois que je suis
expatrié en Allemagne
pour mes études (a ce titre, je suis parfaitement conscient de ma
situation privilégiée) et voir de l'extérieur le triste
spectacle auquel se livrent mes compatriotes me fait mal au coeur. Alors j'ai
envie de dire a ceux qui rechignent a faire l'Europe :
Que la France se
réveille ! Le monde ne l'attendra pas !
BONELLI
*
Comment faire découvrir aux enfants
Internet
et
le
multimédia
si les
instituteurs
ne sont pas
intéressés ? J'ai proposé des initiations Internet et
multimédia à des instituteurs mais ces derniers sont pas ou peut
passionner par ces sujets. Si les enfants des milieu ruraux passent à
côté des nouvelles technologies, ils auront des gros
problème dans leurs vie actives. De plus il ne semble que
l'école est le lieu
où la découverte d'Internet est
le plus approprié
Raphaël CHAMEROY
*
INTERNET : Bientôt 30 ans ...
Internet est né en 1969 pour les besoins du Département
Américain de la Défense. Appelé alors
ARPANET
, ce
nouveau réseau permettait de relier les 4 grands sites informatiques
avec pour objectif : " créer un système de communication qui
puisse résister aux dégâts potentiels d'une attaque
nucléaire ". Quelques années plus tard, ce réseau est
cédé aux civils, c'est-à-dire aux universitaires qui
avaient contribué à sa naissance, l'armée se créant
un réseau réservé aux militaires.
Pendant 20 ans, ce réseau se développe avec pour utilisateurs les
universités américaines et les grandes administrations
(musées, bibliothèques,...). Quelques étapes clés :
1982, l'expérimentation du protocole TCP/IP; 1986, création du
réseau NSFnet avec une structure plus solide.
La vraie révolution commence lorsque ce réseau devient facilement
accessible au grand public : 1989 avec l'apparition du
WWW
(World Wide
Web) et surtout 1993 avec le premier navigateur : Mosaïc.
Et c'est l'explosion. Arrive maintenant la nouvelle étape avec
Java
qui va accroître encore l'impact d'Internet, en permettant
l'émergence du
Net Computer
.
Internet est donc né par hasard. Surprenant pour beaucoup de nos esprits
scientifiques et rationnels ! Mais finalement c'est probablement le lot de
toutes les vraies innovations, c'est-à-dire celles qui créent des
ruptures majeures.
Ce développement explosif aux Etats-Unis s'est accompagné pendant
longtemps d'un profond scepticisme en Europe et notamment en France.
Après une longue période d'ignorance pure et simple du
phénomène, on n'a ensuite disserté que sur les limites et
les problèmes, en ignorant la dynamique en cours et la puissance des
énergies focalisées sur Internet.
LES " FAUSSES " LIMITES D'INTERNET
1.L'argent
L'argent. Que n'a-t-on pas écrit ou dit à ce sujet ! L'essentiel
tient en deux phrases : " Internet est un réseau d'amateurs sans
moyens, sans ressources. On peut l'utiliser sans payer, donc il n'y aura pas
d'argent pour son développement. " Et pourtant il se
développe, se professionnalise tous les jours. Des grands groupes - pour
lesquels le mécénat n'est pas dans les moeurs - investissent.
Alors que se passe-t-il ? D'où vient et viendra l'argent ?
Première ressource
: la publicité. Au fur et
à mesure de son développement Internet est devenu un media de
plus en plus important. Pensez à ce réseau comme à celui
de nos routes, en virtuel bien sûr. Et bien comme sur les routes, on
installe des panneaux publicitaires. Avantage supplémentaire c'est un
media interactif, atout pour la communication institutionnelle comme
commerciale.
Deuxième ressource
: l'argent économisé. Il
s'agit là d'une ressource paradoxale, puisque l'on va investir non pas
pour l'argent gagné sur Internet, mais celui économisé par
ailleurs. C'est un outil plus performant de mise en relation avec ses
fournisseurs ou ses clients. Un exemple caractéristique : utiliser des
E-mail à la place de télécopies permet de payer une
communication locale pour communiquer mondialement. Certaines entreprises vont
beaucoup plus loin. Par exemple, ouvrir un site WEB accessible aux clients qui
ont envoyé un paquet express permet de les informer en temps réel
de la position exacte de leur colis tout en désengorgeant le central
téléphonique : amélioration du service et diminution des
coûts. Enfin, rendue jusqu'à présent impossible pour des
raisons de sécurité - voir ci-après -, la vente via
Internet se développe très rapidement aujourd'hui aux Etats-Unis.
Troisième ressource
: le paiement à l'utilisation.
D'abord le coût d'abonnement à un fournisseur de service : de 66 F
à 100 F par mois minimum en France, 20$ aux US, soit un prix du
même ordre que celui d'un abonnement au câble. Jusqu'à
présent l'accès à un site WEB était gratuit.
C'était d'ailleurs un des principes fondateurs du réseau.
Aujourd'hui ce principe s'effondre et on voit fleurir des sites fournissant des
informations payantes. La méthode est simple : la ou les
premières pages d'accès sont gratuites - elles fonctionnent comme
un produit d'appel. Si vous voulez plus d'informations - par exemple un rapport
détaillé -, vous devez entrer un code, code fourni moyennant
paiement d'un abonnement. La plupart des grands media américains ont
ouvert de tels sites.
La sécurité
Deuxième source de tous les maux : Internet n'est pas sûr, on peut
intercepter le contenu de votre communication.
C'est - ou plutôt c'était - vrai. Mais que dire du
téléphone, du fax ou du courrier. Combien de personnes donnent en
confiance leur numéro de carte bleue par téléphone pour
réserver une place de cinéma ou de théâtre ? Quand
on envoie un fax, qui se soucie de savoir où se trouve le fax
récepteur ? Est-il dans le bureau du destinataire ou dans un couloir ?
Avant de parler du
cryptage
, réfléchissons un instant sur
le risque réel lié à Internet. L'envoi est effectué
dans une adresse E-mail identifiée, protégée par mot de
passe. Cet envoi est, dans la plupart des cas, aléatoire en terme
d'origine - je peux envoyer mon message depuis mon bureau, mon domicile, une
chambre d'hôtel,... - et de date. Intercepter dès lors son contenu
suppose de déployer des moyens considérables. De plus, la
sécurité sur Internet a fait des progrès significatifs :
protection par " firewall ", signature électronique,
chiffrement, ... Mon propos n'est pas de dire que Internet présente des
caractéristiques de sécurité absolue, mais qu'elles sont
supérieures à celles observées dans les modes de
communication classique. Bien sûr en cas de flux de données
réguliers et stratégiques - par exemple les échanges
à l'intérieur d'un réseau bancaire -, Internet est
inadapté.
LES " ENCORE VRAIES " LIMITES
WWW = World Wide Waiting
- Tout utilisateur d'Internet a eu la sensation de passer son temps à
attendre, surtout s'il a eu la " stupide " idée de chercher
à utiliser les nouvelles possibilités multimedia ouvertes.
Sensation mélangée de frustration et d'énervement à
regarder l'indicateur qui, sur l'écran, indique le temps restant
à attendre. Ce phénomène est tellement connu qu'aux
Etats-Unis le World Wide Web a été rebaptisé en World Wide
Waiting (" Le monde entier attend ") !
D'où vient cette
lenteur
?
Trois origines : la vitesse des
modems, le site contacté, la performance des réseaux
empruntés.
Les deux premiers problèmes sont aujourd'hui résolus : les modems
sont de plus en plus rapides, les sites sont professionnels. Restent les
réseaux. Le problème ne vient pas tant du manque de
capacité que d'une inadéquation des réseaux
empruntés. Imaginez que tout le trafic automobile soit orienté
sur les chemins vicinaux, délaissant les autoroutes. Quel embouteillage
! Et pourtant les autoroutes seraient vides. C'est la situation actuelle
d'Internet. Le trafic ne transite que par les voies secondaires, la croissance
ayant pris tout le monde de court. Or les grandes artères sont loin
d'être saturées. Conscient de l'importance de ce marché, la
professionnalisation du réseau, c'est-à-dire l'utilisation des
grandes artères, est en cours. Côté marché
Entreprises via les réseaux privés, le problème n'existe
déjà presque plus. De grands opérateurs comme Concert
(British Telecom + MCI) ou Global One (France Telecom + Deutsche Telecom +
Sprint) ont lancé des investissements pour ces grands clients.
Côté grand public, les solutions via le câble (cf. le test
réalisé par la Lyonnaise de Communications à Paris) ou des
lignes de type Numeris vont se développer.
Dernier élément concernant l'engorgement des réseaux :
l'impact de Java
. Cette nouvelle approche permet de diminuer le temps de
connexion : les données étant rapatriées avec une
micro-application - l'applet -, le travail peut se faire en local.
L'équipement des particuliers en terminaux connectés
Internet
On ne pourra vraiment développer des applications grand public que quand
le parc de terminaux sera suffisant. Qu'en est-il aujourd'hui ? Difficile de
répondre en l'absence de statistiques vraiment fiables (plusieurs
utilisateurs pour un abonnement, réseaux d'entreprises connectés
à Internet, ...). Le nombre total d'Internautes est estimé entre
35 et 50 Millions, dont 15 à 20 Millions aux US et moins de 300 000
en France.
La croissance est explosive
: aux US, le nombre a plus que doublé
entre 95 et 96. En France, le boom a vraiment débuté en 96. Dans
les mois et années qui viennent vont arriver sur le marché des
produits qui vont accélérer cette pénétration :
baisse de prix et simplification de l'utilisation (le Netcomputer),
fonctionnalité à l'intérieur de produits mass market
(téléphone mobile et TV Set intégrant la technologie
Java). Vraisemblablement, dans peu d'années, les ménages seront
multi-équipés, un peu comme pour les horloges : qui est capable
de dire rapidement de combien d'appareils il dispose susceptibles de lui donner
l'heure ? Elle se trouve partout : cuisinière, chaîne hifi,
voiture, ordinateur, ...... et bien sûr montre et réveil !
ET DEMAIN ?
Alors Internet va être une déferlante venant tout bousculer
à la vitesse de l'éclair ? Oui en théorie, car les
problèmes techniques vont être résolus. Non en pratique,
car l'inertie des systèmes, des organisations, des habitudes va venir
freiner ce mouvement. Changer de monde, sortir de sa caverne (nous sommes face
à cette rupture un peu comme l'homme de Cromagnon avec la roue !) ne
peut se faire en jour. Le management et l'organisation des entreprises sont
à réinventer, de nouveaux usages sont à imaginer et
à diffuser.
La portée de la rupture est en effet considérable
:
instantanéité des échanges, richesse du contenu possible
(voix, data, image), ouverture du système (tout est compatible et
décentralisé ou décentralisable), coût de
transaction tendant vers zéro. Le monde dans lequel nous entrons est un
monde global. Les Etats-Nation sont et seront de plus en plus
déstabilisés. Les entreprises risquent aussi de se trouver face
à des groupements mondiaux formels ou informels de consommateurs. Des
secteurs entiers sont bouleversés, voire menacés dans leur
existence même : disparition des écrits (banque), diagnostic
à distance (médecine, dépannage,...), transmission directe
des informations numérisées en supprimant l'étape du
support physique (distribution des software, des disques, des films,...),
téléphone via Internet (opérateurs de
télécommunications classiques), ...
Deux
histoires
illustrent bien, je crois, ce qui nous attend et
l'attitude à adopter.
Les surfeurs et le raz de marée Imaginez-vous un instant sur une plage
de Floride, près de Miami, un jour de tempête. Les vagues sont
impressionnantes et pourtant une dizaine de surfeurs sont à l'ouvrage.
Les quelques passants les regardent admiratifs, cherchant à deviner
celui qui va réussir à rester debout. Difficile tant pour ceux
qui sont sur l'eau - performance sportive - que sur la plage - performance
d'observation -. Nous sommes aujourd'hui un peu comme ces passants quand on
regarde les entreprises essayer de résister aux mouvements en cours.
Bien. Mais un esprit un peu plus curieux vient d'apprendre qu'un
raz-de-marée est annoncé pour dans une heure ! Bientôt la
situation va donc être bouleversée. Ceux qui n'ont aucune chance
sont soit sur l'eau debout sur leur planche, soit sur la plage se pensant
à l'abri : les 2 vont être balayés. Le plus sage est pour
ceux qui sont dans l'eau d'être allongé sur leur planche et de s'y
agripper, pour les autres de cesser d'être spectateur. Je crois que pour
nous aussi le raz-de-marée arrive : attention aux situations acquises et
apparemment courageuses; attention à ceux qui ne se croient pas
concernés.
Le bébé dans son landau
Autre petite histoire. Un bébé de 9 mois dans son landau. Un
bébé surdoué, qui a parfaitement analysé tous les
risques liés à l'apprentissage de la marche et ses
conséquences : tomber au début et se faire mal; ensuite pouvoir
se faire écraser en traversant une rue ou agresser; ... Il fait alors le
choix raisonné : rester dans son landau, lieu infiniment plus sûr,
lieu qu'il connaît et où il a déjà ses habitudes.
Drôle de choix, non ? Stupide. Ce bébé va passer à
côté de la vie, rester isolé et finalement dépendant
des autres. Maintenant pensez aux propos si souvent tenus concernant Internet
et plus largement les nouvelles technologies de l'information. Combien, au nom
des risques, affirment qu'il faut rester dans son landau ! Comme le
bébé, ceux qui n'auront pas la vraie lucidité,
c'est-à-dire celle de saisir les opportunités et d'affronter
pragmatiquement ce nouveau monde, se trouveront marginalisés.
Sébastien Patoret,
chargé de la logistique à
l'université coopérative
sans distance du Roannais
*
Dans les années 60 le téléphone en France
était archaïque (
22 à
Asnières
) par rapport
à ses collègues étrangers. Paradoxalement ce fut sa grande
chance. Parce que lorsqu'il fut contraint de se moderniser, il est passé
directement aux centraux numériques, prenant ainsi une
génération d'avance et ouvrant la porte au Minitel,
1
er
succès mondial de télématique grand public.
Aujourd'hui l'administration française EST archaïque, toute sa
culture date des années 50-60. Un exemple navrant : j'ai reçu il
y a quelques semaines, un courrier de l'URSSAFF, où une même
phrase contenait des caractères d'imprimerie et des mentions
manuscrites. Façon de dire " J'ai tellement peu de respect pour
vous que je ne prend pas la peine de rédiger une phrase en bon
français. Ceci vous suffira bien. " Qu'une secrétaire envoie
un tel courrier à un client dans le secteur concurrentiel et c'est le
licenciement justifié- pour incompétence professionnelle
flagrante.
L'administration doit faire sa révolution.
Ce serait le meilleur service (public) qu'elle pourrait rendre à la
nation. Alors, tant qu'à faire, autant qu'elle saute directement une
génération et passe immédiatement à la Fonction
Publique du XXI
e
siècle. Dans la grande vague de
mondialisation et de désengagement de l'Etat, l'administration est la
seule activité où celui - ci reste largement majoritaire en
influence.
Ce serait tout à l'honneur des responsables politiques actuels
d'initier cette grande réforme.
On pourrait même s'offrir le
luxe, sur un tel sujet qui devrait être consensuel, de confier à
la droite au chômage le soin de concevoir une réforme
réellement intelligente, sérieuse et à long terme et
à la gauche au gouvernement le soin de motiver les fonctionnaires pour
qu'ils réclament eux-mêmes cette modernisation.
Naturellement les technologies de l'information seront au coeur de ce grand
changement.
Comme les instituteurs du siècle dernier, en charge
d'alphabétiser tout un peuple et fabriquer une génération
d'ingénieurs, les fonctionnaires doivent être les hussards de la
société de l'information. Mais on ne peut pas espérer une
information complète de la part de l'administration. Bien au contraire,
elle est non seulement souhaitable pour la démocratie mais elle devient
nécessaire. Dans le Monde, plus ou moins régi par les principes
libéraux (au sens économique strict), les Etats qui ont
compétence dans des domaines régis, théoriquement, par le
marché sont eux aussi en concurrence économique. A charge pour
les gouvernements d'améliorer leur efficacité. Or l'une des
règles de l'efficacité libérale est l'accès
immédiat et complet à l'information, indispensable pour que la
concurrence s'exerce en toute transparence.
Robert BRANCHE
*
Alors qu'il devient enfantin de mettre sur le web n'importe
quel document . Il devient impératif pour le gouvernement d'imposer aux
administrations la diffusion d'informations relevants de l'état et
gratuitement : la loi, le journal officiel, les annonces légales, les
supports d'enquête d'utilité publique etc ... (liste surtout pas
exhaustive) Internet doit être un lieu obligé pour les
informations légales La démocratie l'exige . merci
Alain LACHON
*
L'avenir d'Internet pour les communications entre
administration, transfert de document, les textes de lois et
réglementation ?
Communication entre fonctionnaires
:
Je considère que tous
les textes administratifs devraient
être accessibles sur Internet. Il devrait en être ainsi des codes,
lois et règlements. Or, le Secrétariat général du
gouvernement vient de signer la reconduction de l'exclusivité de la
publication des codes en faveur d'une société privée qui
les publient exclusivement sur papier. Il faut modifier ces procédures
archaïques. D'ailleurs, le Ministère des Finances et plusieurs
autres institutions viennent de les outrepasser parce que la demande et la
logique l'exigent et ont mis à la disposition des Français
plusieurs serveurs où l'on trouve la réglementation. Aujourd'hui,
pour disposer du code des communes, il faut interroger un serveur japonais ou
un serveur allemand!
L'Etat doit se réformer. Internet doit l'y
aider
. Amicalement.
ALTERNET