Jean-Louis GASSÉE

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Informé de votre mission par la presse, nous souhaiterions pouvoir vous faire part de nos modestes réflexions sur la diffusion d'Internet dans le grand public.

Abonné au réseau WEB depuis maintenant 9 mois, fana d'informatique depuis maintenant 18 ans !! eh, oui !...Depuis les bons vieux Système Occitan, ancêtres des micros dans les années 78-80, il apparaît qu'en ces temps de crises la diffusion de nouvelles technologies se heurte à une inertie considérable.

Mais pourquoi ?

Peut-être que finalement :

1 - l'équipement informatique de base, multimédia, n'est pas à la portée de toutes les bourses: un PC revient à environ 8 à 10 kf; Pour un Mac (PowerMac) ajouter environ de 2 à 4 kf.

2 - L'abonnement à Internet coûte de 50 f mensuel, connexion illimitée, pour les serveurs (Providers) les meilleurs marchés à plus de 150 f mensuel, connexion limitée à 3h mensuel pour les plus arnaqueurs (Type France Telecom avec Wanadoo, mais il y a pire!).

A cet abonnement il convient de rajouter la facture téléphonique, non négligeable : environ 100 à150 f mensuel supplémentaires par rapport à une facture d'un foyer équivalent n'utilisant pas Internet, pour une durée de connexion d'environ 7 à 10 heures par semaine et de nuit (conditions tarifaires les plus intéressantes).

3 - Enfin, à ne pas négliger, le poste logiciel, car si la plupart des ordinateurs sont aujourd'hui livrés avec Netscape, Wanadoo ou tout autre logiciel de connexion à Internet, il n'en demeure pas moins que pour pouvoir exploiter toute les possibilités du WEB il est nécessaire de posséder des logiciels de Traitement d'images, de compression/décompression de données, de conversion de fichiers etc... relativement mauvais marché : Il faut donc ajouter à l'investissement de base de 2 à 10 kf de logiciels!.

J'ai donc la chance d'être 1- Jeune : 30 ans;

2- bien formé : Ingénieur grande école, diplômes complémentaires en Droit et Gestion;

3- bien rémunéré : emploi stable, de Cadre Moyen et Sup. depuis 7 ans.

Malgré cela, je ne vous cache pas qu `Internet coûte cher , pour le peu de services qu'il apporte, essentiellement ludique ou de recherche d'informations.

Comment donc voulez-vous qu'une famille française moyenne, avec deux enfants, une lisibilité mauvaise de l'avenir, une rémunération suffisante mais pas excessive, etc... puisse envisager sereinement d'investir 15 à 25 kf dans un équipement complet et de voir sa facture téléphonique augmenter d'un tiers ?!

Bien Cordialement

HMR

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Monsieur le Sénateur,

Bravo pour votre site Internet, son plus grand mérite est tout simplement d'exister et de donner ainsi la parole aux citoyens, ou plutôt aux internautes dans un premier temps. Bien évidemment je ne peux qu'être d'accord avec tout ce qui est constaté à l'heure actuelle concernant le retard grandissant que la France prend dans l'intégration des N.T.I.C. dans la vie quotidienne et plus particulièrement au niveau des pouvoirs publics.

Concrètement, puisque votre mission est de recueillir entre autre des suggestions pour combler rapidement ce retard et faire en sorte que le déclic se fasse, voici ma proposition :

Puisque les Administrations et les français ne viennent pas à Internet,

qu'Internet aille à eux !

Tout simplement en organisant des "ateliers" composés de micro-ordinateurs connectés à Internet dans des lieux aussi divers et variés que les mairies, les médiathèques, les établissements scolaires, les administrations etc... Ceci pendant un jour, une semaine, un mois ou plus ! La mairie ou l'administration qui loue ces espaces gère uniquement la communication autour de l'événement et la société organisatrice se charge de tout le reste, à savoir la logistique, le matériel, établit les connexions, gère l'animation etc... Par ailleurs des jeunes de la ville pourraient être formés et aider ainsi pour l'accompagnement des visiteurs pour leurs premiers pas sur Internet. Bien évidemment si ce type de projet est mis en place à plus grande échelle il est clair qu'il

peut être également créateur d'emplois.

La proposition que je viens de vous faire est un des projets que ma société Surf'line, jeune société pleine d'énergie, a étudié pour les collectivités locales en l'adaptant pour chaque cas de figure. Nous pensons notamment à des "espaces Internet" sur différents thèmes : recherche d'emploi, tourisme, associations, juniors, culture etc... Nous avons étudié des solutions techniquement fiables du point de vue informatique et télécommunication, modulables et facilement transportables.

Il est temps de populariser l'informatique et les N.T.I.C. en les mettant à la portée de tous les individus y compris ceux qui n'ont jamais touché un ordinateur de leur vie. Il faut que chacun puisse se rendre compte par lui-même du potentiel de ces nouvelles technologies et qu'il puisse être accompagné dans cette démarche.

Nous serions heureux de participer avec vous à cette mission majeure de cette fin de siècle et de mettre toute notre énergie au service d'une campagne de sensibilisation aux nouvelles technologies de l'Information et de la Communication.

Annie VINCENDEAU

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C'est avec plaisir que j'ai signe afin de voir se développer Interneten France

Cependant il me parait utile d'être critique!!!!

INTERNET OUI mais pas n'importe comment et a n'importe quelle condition .

Voilà 3 ans que je dis - que dis je, je hurle - que derrière la présentation faite des avantages offerts par Internet se cache UNE FUMISTERIE .

La télématique est un sujet dans lequel je suis tombe des le début de

ma vie professionnelle. Le mot télématique n'existait pas encore. On ne parlait que de téléinformatique. Nora-Minc ont permis une révolution grâce au message passe auprès des politiques. Cette révolution m'a conduit a faire partie des pionniers du Vidéotex, en particulier dans les secteurs bancaires et agricoles, et de promouvoir les avantages de la solution française a l'étranger avec un certain succès.

Cette connaissance des besoins réels est la cause de cette GRANDE COLERE contre une présentation fallacieuse de l'intérêt d'Internet.

Le premier avantage de Internet est technique. Il a permis d'imposer un protocole de communication (IP) qui était tout sauf une norme et qui avait l'insigne avantage de FONCTIONNER .

Le second avantage est son aspect réseau des réseaux, c'est à dire de permettre l'hétérogénéité des solutions. Ce n'est cependant pas une nouveauté. En 1985, j'avais participe dans le milieu agricole a une expérience similaire utilisant le réseau Transpac. Nous l'avions appelle RESEAU MULTIPOLAIRE . D'autre part la technique du reroutage Teletel permettait également de répondre au problème.

Le troisième avantage visible est l'ergonomie des services. Malgré le Minitel photo, le réseau Teletel n'est pas en mesure de proposer une telle présentation.

Les inconvénients sont pour leur part très difficiles a solutionner :

La bande passante des serveurs ne sera jamais suffisante. L'expérience m'a montre le cote inflationniste de ce type de technologie. Déjà, en 87, pour assurer un service correct d'un centre serveur Teletel grand public, il était nécessaire de penser le nombre d'accès simultané par multiples de 1000 et ... la vitesse de transmission n'est qu'a 1200 bps pour des écrans limites a 1000 caractères (Une page moyenne sur un Minitel est de l'ordre de 600 caractères a transmettre). Dès aujourd'hui, l'utilisation d'Internet " lasse " à cause de sa lenteur d'affichage. Comment résoudre ce problème? alors que les modems sont déjà plus de 30 fois plus rapides que le Minitel.

Le second inconvénient , plus limitant encore est économique. A qui veut-on faire croire que Internet est GRATUIT. Peut-être les communications sont-elles très bon marche cependant la gratuite du VIDE n'est pas très motivante. Bravo pour le Louvre virtuel. quel est son utilité? Combien de services utiles seront gratuits. Je ne m'imagine pas un " data provider " ne pas faire payer la fourniture de ses informations. Les solutions proposée sa ce jour ne sont pas satisfaisantes.

Alors que la technique du kiosque teletel permettait d'affranchir l'utilisateur des contraintes administratives du " Comment régler ", les solution de type carte bleue impliqueront une inflation dans les coûts matériels et impliqueront une déviation économique au seul profit des banques ...sauf a créer une monnaie VIRTUELLE...

Le troisième inconvénient immédiatement visible est la fuite en avant qui apparaît des ce jour. Une mise à jour du logiciel de consultation est a prévoir tous les 2 mois et ce, suite a une absence de norme minimum dans les présentations. Peut-être faut-il penser que Internet est encore en phase de développement et n'a pas encore sa maturité. Cette situation me semble provenir du besoin " d'être toujours le premier " en occupant coûte que coûte le terrain sans réfléchir au delà d'un positionnement en valeur boursière des sociétés éditrices des logiciels. Netscape, Microsoft, Oracle et Sun sont tombés dans cet excès. Doit-on les suivre?

D'autres solutions existent . Certaines ont été testées telles que le " concept d'intelligence repartie " ou les solutions pour rendre interactives les applications accessibles via Internet. Elles sont soit apparues trop tôt, soit elles n'ont jamais su se vendre malgré les appuis qu'ont pu offrir certains ministères et même la CEE. Il me parait important, dans le cadre de votre mission, de rechercher des solutions innovantes par rapport a ce qui est en général propose. Lors de mes missions a l'étranger pour la promotion de Teletel, j'ai eu l'occasion de constater combien l'esprit innovateur français pouvait être influant dans la définition des solutions techniques mises en place dans certains pays, et, ce n'est a mon avis pas sans raisons que certains accords sont aujourd'hui possibles autour d'Internet avec des pays comme l'Australie et la Nouvelle Zélande.

Il ne me parait pas évident que la France soit en retard dans ce domaine. Il me parait plus évident d'affirmer que nous devons utiliser le délai de réactivité que nous a apporte Teletel pour analyser sereinement la situation sur les plans techniques et économiques et éviter les pièges dans lesquels ne manqueront pas de tomber les " accros " des affirmations a " l'emporte pièce ".

A vous lire prochainement

Luc BECKER

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Bonjour,

J'ai signé, car internaute depuis bientôt deux ans, je trouve indispensable que notre pays s'intègre rapidement dans ces nouvelles voies de communication qui sont devenues incontournables. D'après mon expérience (j'ai ouvert un point d'accès Internet dans mon magasin) j'ai pu constater que hormis le coût de l'équipement et des communications, c' était le manque d'information et de formation qui arrêtent la plupart des " internautes potentiels ".

J'ai dans ce domaine quelques suggestions à faire, pour que le plus grand nombre puisse accéder à ces nouvelles technologies.

Il existe au Canada un " programme d'accès communautaire " destiné à doter les " petites " communes (- de 50 000 habitants) de points d'accès Internet , et à offrir aux habitants des dites communes la formation nécessaire pour évoluer sur le net.

Ces " CAC " (centres d'accès communautaires) au départ subventionnés, doivent viser à une autonomie financière dans un délai de deux ans.

J'ai pu constater, par les contacts que j'ai établis avec l'un de ces CAC que cette expérience, est un formidable moteur d'intérêt pour les populations concernées: fréquentation croissante, assiduité aux " cours de navigation ", et surtout, le plus important à mon avis, pénétration auprès de toutes les couches de la population.

Une des grandes forces de cette expérience est de permettre aux visiteurs intéressés, non seulement de pouvoir " naviguer " sur le Web en étant conseillés; mais aussi d'être mis immédiatement en relation avec d'autres personnes dans le même cas qu'eux ( au même niveau) et donc de commencer à communiquer, et ceci sans les tâtonnements (parfois décourageants) inhérents à une première prise de contact avec un " système " que l'on ne maîtrise pas.

J'envisageais de contacter les institutions locales pour leur proposer de tenter une expérience similaire, tout en suggérant, pour en accroître l'intérêt, une sorte de "  jumelage virtuel " avec l'un de ces CAC, mais vu la mission dont vous êtes chargé, il me semble que ce projet pourrait être tenté au niveau national.

Alain BENARD

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Ayant assisté muet aux désastres qu'ont constitué les plans " Câble " et " Informatique pour tous " , j'apprécie particulièrement l'opportunité que vous offrez à tous d'apporter sa contribution à la définition d'un futur plan " Internet ". Je vous soumet donc ci-dessous quelques remarques tirées de mon expérience d' utilisateur professionnel d'Internet. Mon activité sur Internet consiste à rechercher les nouveaux produits susceptibles d'être intégrés dans de grands systèmes de télécommunications ou d'informatique. La recherche d'informations sur ce réseau est devenue tellement efficace, que, comme la plupart de mes collègues, j'ai renoncé à tous les outils que nous avions à notre disposition auparavant et en particulier au Minitel pour ne plus faire appel qu'au " WEB ".

Seul Internet en effet peut nous fournir en une journée de travail la liste de tous les partenaires dans le monde susceptibles de nous fournir les produits que nous recherchons. En général on reçoit la documentation utile dès le premier contact par simple transfert de fichiers informatiques. En quelques heures vous savez " qui fait quoi " dans le monde, dans le domaine qui vous intéresse.

Le malheur est qu'aujourd'hui ne sont présentes de manière professionnelle sur Internet que les sociétés Nord Américaines, Anglaises et Israéliennes! Les sociétés Françaises, comme les Allemandes d'ailleurs, sont pratiquement inaccessibles alors même qu'elles sont le plus souvent présentes sur le réseau. De ce fait je constate que la proportion de produits anglo-saxons ne cesse de croître dans nos projets au détriment des produits français. Je constate que nos clients eux mêmes puisant aux mêmes sources d'informations ne souhaitent pas se voir proposé d'autres produits. Je m'interroge sur le préjudice que cette situation va induire dans l'économie française si cette situation s'aggrave.

Je propose ci-dessous deux explications certainement partielles mais plausibles de cette situation.

1) Lorsque les industriels français sont présents sur Internet, ils le sont pour le prestige et non pour les affaires . Ceci est sans doute un problème de maturité qui se corrigera. Pour le moment les sites sont techniquement mal conçus et commercialement inefficaces.

Mal conçu , cela veut dire en général que l'on a sacrifié l'efficacité au prestige. On conçoit de belles images très longues à afficher, on utilise les dernières trouvailles technologiques qui interdisent à la majorité des gens équipés depuis plus de six mois de lire ces splendides textes. On multiplie des " hyperliens " vers des serveurs qui n'existent plus ou vous éloignent du sujet. Sous prétexte de modernité " Hypertexte ", on découpe un texte en pages individuelles interdisant toute impression globale . L'impression d'un dossier technique conçu sur de tels serveurs prend des heures et impose la présence humaine pour initier l'impression de chaque page.

Ces serveurs ne sont lus que par leurs auteurs. Les autres lecteurs " zappent " encore plus vite que devant leur écran de télévision.

Inefficace , cela découle souvent du fait que l'information présentée est sans intérêt pour un acheteur potentiel. Ce défaut est la marque que l'entreprise n'a pas de stratégie commerciale vis à vis d'Internet et n'a pas compris que le visiteur du site recherche des faits précis, des produits ou services très bien ciblés. Il veut avoir un contact clairement identifié et disponible, si possible via Internet. Ceci oblige en général à revoir les interfaces commerciaux et fait disparaître la notion de territoire. Les petites société sont plus à l'aise en général que les grands groupes pour faire face à ce changement et comprennent plus facilement qu'un responsable commercial soit affecté exclusivement à la relation sur Internet. Celui-ci doit assurer la gestion des contenus et manifester une disponibilité permanente.

2) Les informations présentées sur les serveurs français ne sont pas conçues en fonction des modes de recherche de l'information sur Internet.

La recherche d'information sur Internet passe par des " moteurs " de recherche qui travaillent par mot clé. Les bases de données de ces moteurs se constituent en permanence à la lecture des sites connectés sur Internet. Il est clair que si une société n'indique pas quel produit ou service précis elle peut fournir, elle ne sera jamais répertoriée. En effet, si elle se présente seulement comme une société de mécanique ou d'électronique, les moteurs de recherche la traiteront comme les milliers de ses semblables, n'offrant aucune raison à un " surfer " de s'intéresser à elle. Par contre si elle dit (en anglais) qu'elle est leader dans les vannes hydrauliques, elle risque d'être contactée par les intéressés de ce secteur. Ceci signifie très concrètement que les pages WEB d'une entreprise doivent être conçues en fonction des moteurs de recherche. On en est très loin en France. Par contre on trouve de très petites sociétés israéliennes ou irlandaises très présentes sur le WEB qui savent se donner l'apparence d'être incontournables dans leur domaine grâce à leur parfaite intelligence du réseau!

Quelles actions peut-on recommander pour assurer la présence des produits français sur le WEB? Tel pourrait être le sujet d'un débat dont l'enjeu économique pour la France me semble tout à fait occulté dans les discours actuels. Au delà de cet aspect pratique, je crois qu'il convient de s'interroger sur la mondialisation des échanges qu'engendre Internet et sur les conséquences de cette mondialisation sur les PME qui à cause d'Internet se voient propulsées sur la scène mondiale et obligées de revoir leurs objectifs et leur organisation.

J'espère que ces quelques idées pourront être prises en compte dans votre consultation et je serais heureux de pouvoir poursuivre avec vous la réflexion sur un sujet que je connais bien en tant que enseignant, chercheur et ingénieur en télécommunications.

Philippe CHAILLEY

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D'abord un constat

Une révolution est en cours, qui va bouleverser nos modes de vie de façon au moins aussi importante que la révolution industrielle du dix-neuvième siècle.

Cette révolution se nourrit des formidables progrès opérés dans le domaine des technologies de l'information et s'est appuyée historiquement sur deux axes : d'abord l'invention et le développement de l'ordinateur personnel et maintenant, depuis trois ans, l'extraordinaire évolution du réseau de réseaux communément appelé Internet.

Point n'est besoin d'être économiste pour se rendre compte qu'en la matière, à l'évidence les Etats-Unis mènent le bal . Leur capacité d'innovation technologique a laissé le Japon, star économique des années 60, 70 et 80 loin derrière. Quand à l'Europe qui connaît des difficultés d'adaptation structurelles, elle n'a malheureusement pas jusqu'à présent fait preuve d'une grande créativité dans ce domaine.

Point n'est besoin non plus d'être un spécialiste pour mesurer l'ampleur des enjeux en matière de création de richesses, de croissance et d'emplois pour les pays qui sauront prendre, même en marche, le train de l'histoire . Il suffit justement d'observer les remarquables performances de l'économie américaine dont la croissance actuelle tire son carburant principalement de cette révolution technologique.

La France accuse un retard considérable en la matière, y compris par rapport à ses voisins Européens.

Notre Minitel , une invention que le monde nous enviait il y a 10 ans, s'est rapidement sclérosé .

Victime d'une conception trop centralisatrice qui excluait tout apport créatif extérieur, il n'a pas su être perméable aux évolutions en cours.

D'atout à l'époque, il est devenu un handicap aujourd'hui car, en occupant le terrain, il freine l'équipement du pays en ordinateurs personnels, faisant du parc Français dans ce domaine l'un des plus pauvres d'Europe .

D'aspect peu engageant, d'accès désespérément lent, de coût prohibitif, le réseau Minitel est pour tous ceux qui ont déjà la chance de pouvoir faire des comparaisons, condamné à brève échéance par la déferlante Internet.

Pourtant il ne tient qu'à vous, Monsieur Le Président, de transformer cet échec en réussite.

En effet, si l'outil est obsolète, la technologie, elle, existe bel et bien, et France Télécom possède en l'occurrence un savoir-faire né de cette expérience dont aucun autre groupe de télécommunications ne peut se prévaloir.

A l'instar des Américains qui vont dans les mois à venir, mettre sur le marché les premiers ordinateurs de réseau ou " NC " pour " Network Computer ", sorte de petites consoles de coût modique, permettant d'accéder à toutes les fonctions et services offerts par l'Internet, pourquoi ne pas, nous mêmes, profiter de notre expérience et de notre savoir-faire en la matière pour mettre au point rapidement un Minitel amélioré offrant les mêmes possibilités?

Ces NC Français devraient, comme naguère le Minitel, être mis GRATUITEMENT à la disposition des abonnés, illustrant ainsi magistralement la notion de service public à la Française.

Le coût de l'investissement serait amorti en facturant l'accès au réseau Internet sur la base d'un tarif forfaitaire mensuel, comme cela se pratique actuellement.

France Télécom, qui a l'avantage de fournir aussi les lignes téléphoniques pourrait proposer un coût de communication particulier pour la durée de connexion au réseau qui serait inférieur au coût d'une communication locale, pratiqué actuellement, rendant ainsi l'offre encore plus attractive.

Il paraît raisonnable de penser que, dans ces conditions , la plupart des quinze millions de détenteurs d'un Minitel s'équiperaient d'un tel terminal et que beaucoup d'internautes choisiraient France Télécom pour leur accès à Internet faisant par là même de cette société, l'un des plus importants pourvoyeurs d'accès au monde et lui assurant, au delà d'une prodigieuse rentabilité financière, une place stratégique à l'heure ou tous les grands groupes de télécommunications cherchent à se positionner par rapport aux nouvelles technologies.

L'appel d'air ainsi provoqué stimulerait les énergies créatives, les services présents sur le Minitel se reportant de facto sur Internet, d'autres s'y ajoutant, contribuant à augmenter de façon impressionnante la présence Française sur le réseau de réseaux, et stimulant l'activité économique et la créativité technique de notre pays.

Au delà, c'est la France toute entière qui serait gagnante, car il suffit d'observer les expériences menées ici et là sur le plan local par certains élus visionnaires et l'intérêt croissant qu'elles suscitent chez nos concitoyens, toutes catégories sociales et toutes classes d'âges confondues, pour mesurer le bénéfice que tirerait notre pays au plan de l'éducation, de l'enseignement, de l'exercice de la vie sociale et culturelle, de l'exercice même de la démocratie si une telle initiative était prise.

Hors de nos frontières, une mesure aussi ambitieuse ne pourrait que susciter l'admiration et l'envie. Il n'est que d'écouter le discours d'investiture du Président Clinton et l'importance qu'il accorde à la mise sur réseau de toutes les écoles US pour apprécier le formidable bond en avant que nous nous serions fait faire à nous mêmes.

Monsieur le Président, à l'heure ou la France doute, et ou la tendance dans notre pays est au repli sur soi, il est urgent d'inventer des occasions de lui redonner confiance en elle, en son pouvoir d'innovation et en sa capacité à aller vers les autres.

En voici une.

Bernard GRIMALDI

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L'INTERNET A DEPASSE LE STADE DE LA CURIOSITE

Selon le quotidien USA Today , la Federal Communications Commission (FCC) devrait approuver aujourd'hui une mesure gouvernementale accordant des subventions aux écoles primaires et secondaires américaines, aussi bien publiques que privées, pour réduire leurs coûts d'accès à l'Internet (connexion et frais de câblage). En fonction de la richesse de l'école et de sa localisation géographique, la réduction pourra atteindre 90%. Cette mesure, cheval de bataille du Président Clinton, concerne 110 000 écoles et 50 millions de professeurs et d'étudiants, ainsi que certaines bibliothèques défavorisées. Les quelques 2,25 milliards de dollars annuels que coûtera le projet devraient être financés par une taxe fédérale sur chaque ligne de téléphone, y compris les "  sans fil " . A compter de janvier 1998, un organisme indépendant (la National Exchange Carriers Association) sera chargé de collecter et de distribuer les fonds. Une étude récente, reprise par le SJMN, montre que 20 millions d'américains considèrent que le réseau des réseaux leur est désormais indispensable, mais que 9,3 millions de personnes l'ayant essayé l'année dernière l'ont abandonné, le jugeant trop difficile à utiliser. L'étude dénombre par ailleurs 28 millions (contre 8,4 millions 15 mois plus tôt) d'utilisateurs réguliers. Plus de 59% des utilisateurs de courrier électronique se connectent tous les jours et 40% des surfeurs du Web butinent quotidiennement. Enfin, un sondage laisse apparaître qu'America OnLine (AOL) conforte sa position de numéro un, parmi les fournisseurs d'accès.

Bernard LAMONNIER

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Lors de notre discussion, nous avons été amené à parler de la notion de " prosumers " et j'ai pris l'exemple des musiciens de type RAP. Cet exemple aurait pu être évidemment tout autre. Par contre je reste convaincu que ces exemples marketing au sens socio-économique du terme sont fondamentaux dans l'actuelle évolution de la société de l'information. Les nouveaux métiers , générateurs d'emplois de TOUT niveau, résulteront en grande partie de cette façon de voir. C'est pourquoi je me permets de vous écrire ce jour pour approfondir un tout petit peu ce sujet.

Cet envie de vous écrire m'est venue en lisant les nouvelles mesures européennes concernant l'aide aux PME/PMI de haute technologie et l'évolution du business Internet aux USA.

Il n'est pas rare aujourd'hui d'entendre que le futur business grand public rentable d'Internet sera constitué de la fourniture d'information locale ou d'accès rapide à une information simple, accompagnée de publicités payantes, du type : " quels films passent dans les salles de cinémas les plus proches ce soir ? présentez moi un extrait de ce film ?, quelle est l'agence bancaire/assurance/... la plus proche et ouverte dans l'heure à venir ? etc... "

C'est la ré-invention du Minitel dont l'expansion aux USA (où son avenir était presque évident) n'a été brisée sans doute que par l'intermédiaire de réglementations protectionnistes américaines (qui ne disposait à l'époque que du fax) ! C'est la mise à disposition au grand public d'un réseau déjà vieux ! Ce ne sera sans doute pas un Super-Minitel mais simplement un Minitel multimédia ! Ce qu'il y a de certain en tout cas, c'est que l'Internet, multimédia ou non, engendrera des richesses donc des emplois dès lors qu'il y aura du pratique et du "serviciel". Ce qui n'a rien à voir, n'en déplaise au lobby Wintel, avec la vente forcée de Micro Wintel par l'intermédiaire d'annonces et de discours péremptoires de Gates, Grove, Ellison, Mc Cracken etc... d'après lesquels le retard européen et français proviendraient d'un sous équipement en micros grands publics, discours qui malheureusement semblent porter. Ce n'est essentiellement que du marketing, mais avec quel talent et quelle puissance ! Ils y sont acculés car, sans croissance de leurs ventes, basées essentiellement sur le renouvellement de l'existant et un petit peu d'accroissement, ils sont en réalité très fragiles. Ceci explique la nécessité de ces showbizs d'une part et leur course à la croissance externe (tendance à l'"oligopolisme ") d'autre part.

En fait, tout cela pour dire que le retard de l'utilisation d'Internet en France (et Europe) n'est pas du tout dramatique en soit par rapport à ces annonces. Mais il l'est par contre par rapport à l'isolement que son ignorance peut amener aux niveaux des entrepreneurs et décisionnaires. Je m'explique : est-ce le public ou les entreprises qui sont en retard ? J'ai peur que ce soit surtout les seconds. En effet, Internet s'est diffusé aux USA par le transfert d'une utilisation au travail vers celle à la maison. L'intersection de ces deux populations d'utilisateurs est grande. C'est sans doute la même en France et partout ailleurs mais ce qui " cloche ", c'est que peu d'entreprises utilisent Internet : 65 % sont déjà équipées aux USA alors que 50 % en D, 35 % en F et 30 % en UK l'envisagent seulement. Et là, il faut craindre cet état de fait, car si Internet, ou tout au moins la société de communication (ouverture, dialogue, échange...) qu'elle sous-tend, a changé quelque chose c'est bien cela : l'informatique (traitement de l'information) devient une partie intégrante de la stratégie industrielle, ce qui nécessite que les dirigeants d'entreprise comprennent et s'impliquent dans la technologie afférente pour rester " dans la course ". Le Commerce et la Production va changer au niveau planétaire.

Ceci est peut être dramatique car, si les entrepreneurs existants qui n'évoluent pas vers ce comportement auront sans doute des problèmes, un manque de créateurs d'entreprises ou de métiers possédant ces compétences aura des conséquences énormes sur la nouvelle dynamique économique nécessaire à l'emploi.

Dans ce contexte, que penser des mesures qui visent essentiellement les PME/PMI de hautes technologies, plus communément appelées innovantes ? J'aimerais là reprendre mon exemple de " prosumer ", au risque d'être encore un peu long.

On devrait classer de nos jours (très schématiquement) les acteurs concernés par l'informatique ainsi :

- Les innovants : ils exploitent une idée (ou plus souvent en réalité des résultats de R&D universitaires), la développent et tentent de la commercialiser. Ce sont des professionnels qui élaborent et promeuvent des outils génériques. Ils doivent créer le besoin donc faire du marketing (par opposition à ventes).

- Les créateurs : ils connaissent les clients et tentent de satisfaire leurs besoins avec les moyens techniques les plus adaptés. Ce sont des " prosumers ", qui achètent des outils génériques, les remodèlent selon les besoins de leur clientèles, y ajoutent (remixent) du(es) contenu(s) et les revendent. Ils ouvrent des portes dans des marchés nouveaux ou connus mais croissants. Ils font des ventes.

- Les utilisateurs finals : ils achètent pour leurs besoins propres (entreprises de production ou individus). Ils sont en bout de chaîne, expriment leurs besoins ou subissent l'offre quelquefois. Ils font des achats.

C'est pour moi la chaîne de valeur de la haute technologie et chaque entreprise ou individu d'un de ces types doit se positionner convenablement pour atteindre ses objectifs. Or que se passe-t-il souvent en France ?

- Les innovants n'ont pas trop de problème pour trouver l'argent nécessaire pour faire leur R&D. Il existe de nombreuses filières et les nouvelles mesures vont dans ce sens. C'est l'aide à l'innovation et ceci est très bien.

Par contre, dès que l'on parle de pénétrer les marchés, le financement vient vite à manquer à ces innovateurs, alors que les besoins sont dix fois supérieurs. De plus, il s'agit rarement de nouveaux métiers.

- Les utilisateurs et les innovants trouvent également assez facilement de l'argent pour élaborer ensemble un nouveau produit. Par contre, l'impact sur l'emploi est ici mineur quand il ne s'agit pas tout simplement de réduire les ressources humaines. Il s'agit essentiellement de concurrence sur la qualité et sur la rentabilité d'un produit ou d'un procédé. Ceci est bien sûr essentiel pour conserver les emplois mais très loin d'être suffisant pour une expansion vers de nouveaux métiers ou vers une adaptation des métiers actuels.

- Les créateurs ou " prosumers " sont avant tout des individus qui ont le DESIR d'entreprendre. Pourtant, il leur est très difficile (en Europe et particulièrement en France) de trouver les financements nécessaires au développement de leur entreprise. Ils sont souvent jeunes, ont des idées nouvelles et les banques leur sont inaccessibles. Sinon, ils ne sont pas considérés comme innovants et n'ont pas accès aux subventions habituelles. Ils sont de plus très mal informés.

- Et dans tous les cas, lorsqu'un créateur (innovant ou prosumer) réussit assez bien et qu'il doit passer à la vitesse commerciale supérieure, il se fait racheter par un grand (généralement équipementier en France) pour un prix misérable. Ce n'est pas le cas aux USA, où la motivation est grande de développer une affaire et de se faire acheter au prix fort ou tout au moins correct.

L'enjeu est bien au niveau du créateur et c'est comme cela que cela marche aux US avec un triple effet :

1) la croissance de ces " prosumers ", associé ou non à une innovation, est le meilleur générateur d'emploi nouveaux,

2) le moral entrepreneurial est totalement préservé : c'est le fameux " tout est possible avec un peu d'argent si l'on vend " et

3) ils assurent les débouchés des Innovants car leurs nouvelles idées nécessitent des outils toujours nouveaux qu'ils n'ont pas peur d'employer.
Ma conclusion n'est évidemment pas de minimiser l'intérêt des aides à l'innovation, AU CONTRAIRE , mais d'affirmer qu'il faut simultanément encourager le financement des " prosumers " qui vont assurer le succès des innovateurs auprès des utilisateurs. En fait, en y regardant de près, il s'agit de considérer ces " prosumers " comme des Innovants technico-commerciaux et les traiter comme tels. C'est ce rôle que jouent les américains qui font leur marché aux hautes technologies en Europe. C'est le manque de " prosumers " locaux qui font partir les innovateurs aux USA. Tous savent que ces nouveaux outils ou nouvelles techniques ou nouveaux concepts y seront utilisés par une batterie de " prosumers " qui vont faire l'interface avec le marché. C'est ce que sont capables de faire de très nombreux jeunes plein d'énergie et tellement doués pour comprendre et utiliser toutes sortes de nouvelles techniques.

L'esprit d'entreprise ne s'acquiert pas, mais c'est une qualité qui doit être encouragée ; alors que l'innovation (différent de la découverte pour moi) résulte le plus souvent d'une éducation et d'opportunité.

Je pense que ce raisonnement est particulièrement vrai dans le multimédia où des créateurs de contenus, de remixage de contenus, d'interfaces interactives, de dispositifs conviviaux etc... vont émerger, grâce à des outils et des concepts innovants, et vont accéder aux utilisateurs finals. Ils seront demandeurs de matériels parfaitement adaptés. Un exemple très particulier mais fondamental, est le couple (professeur et élèves) en environnement multimédia, qui va en plus faire poser quelques questions sur les revenus engendrés par leur créativité. En fait, la chaîne de valeur multimédia calque exactement celle donnée ci-dessus. Il me semble donc évident que, pour préserver notre culture, exploiter notre patrimoine (au sens large, donc celle et celui qui concourrent à l'économie), il faille aider au développement de ces " prosumers " de toute nature, en leur donnant accès aux financements classiques au même titre que les professionnels innovants, car en retour ils utiliseront les technologies développées et concourront aux adaptations nécessaires à leurs besoins qui sont ceux des utilisateurs finals. Et ces derniers auront de plus en plus leur mot à dire dans une société communicante. Leur diversité (origine nationale, raciale et sociale) devra être prise en compte. Dans ce contexte, la notion de standard va changer, la localisation va devenir primordiale et toute opportunité pourra alors se présenter pour des entreprises innovantes de fournitures high tech pour l'Internet et le multimédia, relayées par des " prosumers " actifs et en prise directe avec leurs clients.

C'est de cette manière également que l'élargissement du marché avec l'Europe permettra de mettre sur un même pied d'égalité les entreprises innovantes. Dans le cas inverse, cet élargissement profitera essentiellement aux américains à nouveau et les entreprises françaises devront au mieux localiser sans réelle valeur ajoutée.

Alain ROSSET

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Je voudrais vous faire part de l'intérêt que je porte a votre mission et vous apportez quelques éléments de réflexion et d'information, du point de vue de l'informatique, susceptibles de vous apporter de l'aide.

Vous posez trois questions principales comme support de votre réflexion.

Question 1

Les NTIC s'appuient très fortement sur l'informatique en tant que science (on dit couramment que l'informatique représente 70% des réseaux. Il me semble donc qu'un facteur de déblocage réside dans la mise en place d'un corps spécifique d'enseignants en informatique dans l'enseignement secondaire. Des réflexions sont actuellement menées en ce sens par divers partenaires de l'Education nationale qui aboutissent a la demande d'un capes et d'une agrégation d'informatique. Bien évidemment, cela ne suffira pas, il conviendrait de réfléchir très soigneusement a des contenus de programme qui aillent dans le sens de l'émergence, dans le secondaire, de l'informatique en tant que discipline d'une part et de la mise en place de l'informatique comme outil et technique pour l'ensemble des enseignants. Je suis convaincu que l'informatique peut et doit jouer un rôle essentiel en ce domaine du fait de sa triple nature :

science : elle s'étudie elle-même, a ses propres problèmes et génère ses propres solutions

outil : elle apporte par ses méthodes des moyens d'analyse nouveaux aux autres disciplines, technologie : elle offre les supports matériels nécessaires a la mise en oeuvre des méthodologies nouvelles d'apprentissage.

Question 2

Deux catégories de mesures
pourraient être envisagées :

- Une catégorie pour préparer culturellement le pays a cette révolution technologique de manière a ce qu'il soit apte a en comprendre les enjeux et a utiliser ces technologies. Souvenons nous de l'échec cuisant du plan " informatique pour tous " , du principalement a ce manque de préparation culturel. Cela implique des moyens consolides pour la recherche en informatique, pédagogie,... et une très forte interaction entre les divers partenaires impliques. L'éducation Nationale a un rôle capital a jouer dans ce domaine, sa responsabilité pleine et entière doit être engagée sur une telle action.

- Une catégorie pour offrir les supports matériels indispensables au bon fonctionnement de l'ensemble. De ce point de vue, le problème est complexe, compte tenu de l'état de dépendance vis a vis des Etats-Unis dans lequel est l'Europe pour les matériels informatiques. Un plan d'une telle ampleur ne supportera pas du matériel dépasse et pose en outre le problème bien français du Minitel. Des réflexions sont menées au sein d'associations comme SPECIF (Société Professionnelle des Enseignants Chercheurs en Informatique de France), présidée par mon collègue Max Dauchet, professeur a l'Université Lille 1.

Question 3

Sur ce point, les recherche récentes en informatique (Data Mining, KDD, SIAD,...) apportent une réponse évidente aux entreprises pour ce qui est de les aider a consolider leurs parts de marche et a former leur personnel. Là encore, me semble-t-il, nous sommes confrontes a un problème culturel, particulièrement en ce qui concerne les PME/PMI. J'ai a ce sujet une ou deux expériences qui me font dire qu'il faut mettre en place tout ce qui peut accélérer les transferts de savoir, de savoir-faire et de technologie entre le monde de la recherche et celui de l'entreprise. Certaines mesures récentes prises par le gouvernement vont d'ailleurs dans ce sens.

Professeur M. LAMURE

Président section informatique
Conseil national des Universités

AH!!!
Enfin un question intéressante!!! Il est en effet grand temps de se demander si l'Internet doit être utiliser plus en France!!! Je suis Française actuellement aux States(!) et je peux vous en parler, de l'Internet! C'est tout simplement génial!!! J'en suis folle! Et ici, ce n'est pas cher du tout!! Je fais des tas de choses avec, c'est incroyable! J'envoie quelques e-mail a mon oncle (seul dans ma famille ayant accès au net), j'écris a des amis aux USA, et croyez moi, ça vdix fois plus vite qu'une lettre ici (ca peut mettre deux jours à une semaine pour une lettre, une seconde pour un e-mail!!!). Et ça ne coûte rien, c'est compris dans l'abonnement! Je peux avoir des renseignements sur la France, je peux parler avec des gens en France en direct (dans des chat rooms!), je peux avoir les résultats de foot de Rennes (ma ville!) ainsi que ceux de n'importe quel sport!

Dans une de mes classe, on utilise le net pour faire des recherches très poussées sur l'Indonésie et l'on va simuler un débat, me classe étant l'Indonésie, d'autres classes dans le monde étant d'autre pays!

Et tout ca toujours en direct!! L'Internet est un engin de recherche et d'apprentissage intarissable! Je peux passer des heures dessus!!! Mais ce que je regrette le plus, c'est de ne pas pouvoir écrire a mes parents de cette façon, car tout cela est trop cher, trop abstrait pour les Français! J'ai appris tellement de choses et je m'amuse tellement avec ca! Et surtout je peux vous dire que bientôt qui n'aura pas l'Internet sera laisse derrière par les américains! Tous le monde a ca ici! Tout le monde l'utilise pour tout: loisirs, communication, travail, infos, etc! C'est de cette façon que je sais ce qui ce passe a peu près en France!

Et enfin, la seule chose que je peux dire est que tout cela va énormément me manquer quand je rentrerais en France! Je pense que l'Internet devrais être dans toutes les écoles!

Legrand MARIE

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J'étais mardi soir à l'Arche , où j'ai eu le bonheur de vous écouter.

Je viens de passer 10 ans aux USA. J'y ai travaillé dans différentes entreprises américaines, où j'étais le seul français, à différents postes de responsabilités.

J'ai vécu deux ans dans le Michigan, six ans au Texas, deux ans à Washington DC. J'ai été immergé dans la culture oui, la culture américaine. J'ai assisté, et sans doute participé à l'explosion INTERNET.

Je suis convaincu qu'il se passe quelque chose d'aussi important pour l'humanité que la découverte de l'imprimerie.

Avant de vous entendre hier au soir, je désespérais de rencontrer un responsable français qui perçoive l'importance de ce que nous vivons. L'imprimerie, même s'ils n'en ont jamais bien pris conscience, a provoqué chez six petites tribus européennes de tels remous qu'en trois siècles à peine, et sans cesser de s'affronter entre elles, elles se sont imposées sur les cinq continents.

Que provoquera INTERNET? Pour qui? Et pour Quoi? Nous sommes à l'orée de quelque chose de fondamental. Je crois vous avoir entendu mentionner le concile de Trente et la Réforme. C' est bien de cela qu'il s'agit. Il ne faut pas que votre rapport soit oublié dans le brouhaha . Quoiqu'il arrive, il faudra continuer le travail commencé.

Merci encore, monsieur le sénateur, pour cette soirée passionnante.

Arnaud D'AVEZAC DE CASTERA.

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Un bel exemple

Message Voici un bel exemple de démocratie directe. Un homme politique chargé d'une mission que je considère comme extrêmement importante, choisit de demander son avis à une population concernée et compétente (au moins en partie). Il est vrai que ne pas utiliser Internet pour glaner des informations sur Internet serait une hérésie. Mais cette méthode a le mérite d'exister. Je suis certain que des idées intéressantes sortiront de ce forum. A charge de l'état, du gouvernement et de l'Assemblée Nationale, en particulier, d'en tirer les conclusions qui s'imposeront. Cela étant dit, j'aimerais que l'on s'interroge sur les apports d'Internet à la Démocratie, à son fonctionnement. Quels sont aussi les risques encourus ? Quels changements dans les pratiques politiques, Internet peut-il amener ?

Marc

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Un bel exemple : c'est normal ! Je vous lis et m'interroge : Parlons démocratie donc. Internet est accessible à tous et vous pouvez y trouver ce que vous voulez ou ne voulez pas, d'ailleurs, ce qui peut vous enrichir infiniment. Or avec Internet, on ne maîtrise pas celui qui laisse dans un quasi anonymat des messages. Dans la réalité, chacun se doit de prouver ce qu'il dit, d'où la démarche de M. Trégouët, qui paraît être évidente. Je ne comprends pas que vous louangiez ce qui est banal ! et qui devrait être systématique : demander un avis à ceux qui savent, au moins un peu, ce qui touche un domaine novateur et qui annonce une révolution à l'échelle mondial. Meilleures salutations DUPONT

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Internet permet d'échanger et de communiquer .

Internet facilite les relations, Internet facilite le débat, mais Internet ne rend pas les gens plus intelligents. Les News, par exemple, c'est formidable comme outil de débat/discussion, mais on n'y lit que ce que les gens y écrivent. Et on y trouvera toujours des argument bidons, des réflexions non fondées... donc Internet offre la " possibilité " mais c'est aux gens d'en faire le bon usage. Et les gens ne sont pas prêt et pas assez mature pour vivre une " révolution citoyenne "... Cordialement.

HEURTAUD

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Nous pensons que l'essor d'Internet doit passer en priorité par un développement de proximité. Les collectivités locales se doivent aujourd'hui d'équiper leur ville de cet outil d'aménagement indispensable. L'intérêt du citoyen internaute commence par l'information et la communication de PROXIMITE . Seul le CONTENU fera le développement d'Internet.

Raphaël HERTZOG

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Démocratie de proximité Pourquoi pas...

- La prise de contact dès l'école primaire (encadrée pour éviter les dérapages) ; c'est le moyen de former les enfants tôt, et on sait d'autre part que les enfants sont de plus en plus décideurs en matière d'achats :

" Papa, c'est quand qu'on achète Internet ? Emilie l'a déjà, et tu sais, j'pourrai aussi faire mes devoirs dessus.

"  On fait même une bonne action en créant un marche pour Bull !

La prime au PC ou a l'abonnement Internet (une jospinette ?)

- inciter les projets lies a Internet, dans le cadre de l'école et aussi pour les particuliers (ex: au collège, une recherche a faire sur un sujet, a l'aide uniquement d'Internet)

- une société de téléviseurs français (cherchez bien, si si, il en reste une) pourrait avoir la bonne idée de s'inspirer de ses homologues japonais qui ont démocratise Internet : Internet sans PC, directement intègre au téléviseur

- aider au financement de séries d'émissions TV qui montrent pour tout un chacun l'intérêt qu'il peut retirer d'Internet (pour les enfants, les ados, les actifs, les chômeurs, le 3 e âge...)

- rendre Internet concret (qu'est-ce que ca peut m'apporter) plutôt que de le critiquer => passe par une formation des journalistes Le problème de la législation est un autre débat. Qu'il ne faut pas occulter, certes. Mais je pense qu'on ne doit pas attendre qu'il soit résolu pour enfin entrer dans l'ère Internet.

Stricher Philippe

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Idées pour développer l'accès :

-Favoriser au maximum l'accès à Internet dans les écoles (pour les enfants) et dans les bibliothèques pour les adultes.

- Mettre en place une politique d'achat de matériel avec renouvellement régulier.

- Créer un poste dans chaque école ou groupe d'écoles pour assurer la formation (maîtres et élèves) et aussi la maintenance (budget annuel).

- Pourquoi ne pas se faire équiper gratuitement par les marques ????

Attention prévoir plusieurs machines (1 pour 2 élèves).

- Dans les bibliothèques : 3 à 4 machines.

- Demander à France Télécom un tarif préférentiel pour les communications.

Et bientôt il y aura d'autres opérateurs ( concurrence ). Tous ceux qui y toucheront sont de futurs clients !

Olivier, 25 ans, Japon

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Quelques humbles pistes :

Baisser le prix des communications locales

- Favoriser : multiplication des sites français, tribune d'essais pour les jeunes informaticiens, ...

- Accès Web dans les écoles , il y aura des volontaires pour former gratuitement les profs (je suis volontaire!)

- Arrêter de parler d'autres réseau qu'Internet et croire que le MINITEL rebondira, ou essayer de faire un réseau Franco-Français

- Former (Informer?) les journalistes TV aux services que peut rendre le WEB pour qu'ils arrêtent de ne parler que du côté Pedo-nazi-narco qui me parait d'ailleurs proportionnellement bien moindre que ce que voit à la TV ou ailleurs.

- Financer des sites de service public rendant des services publics:

- toute la paperasse administrative. A vous de compléter la liste

Pour favoriser le développement d'Internet en France, l'Etat pourrait, sans gros Coûts :

- aider les personnes handicapés moteurs, sensoriel et visuel, à acquérir du matériel informatique à coups réduits,(ou) et un abonnement plus avantageux,

- favoriser l'expansion du télétravail (cela aidera les chômeurs)

- faire comprendre à France Télécom qu'il ne faut pas remplir les caisse avec des lignes amortie (mais le maintenir en bonne état, et les rendre plus performantes. IL est possible d'allonger cette liste/....

B. MICHEL

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Dans quel pays 60 % des petits écoliers rêvent de devenir fonctionnaire. Dans quel pays, lorsque l'on pose la question a des lycéens : " êtes-vous prêt a travailler dans une usine ? " aucune main ne se lève ? Dans quel pays pense-t-on que c'est en travaillant moins (retraite a 55 ans, 35 heures de travail...) que l'on produira plus de richesse pour le pays et donc plus d'emploi ? Dans quel pays pense-t-on naïvement que c'est en ayant l'emploi comme obsession première que l'on parviendra a le développer ? Cela fait maintenant plus de 7 mois que je suis expatrié en Allemagne pour mes études (a ce titre, je suis parfaitement conscient de ma situation privilégiée) et voir de l'extérieur le triste spectacle auquel se livrent mes compatriotes me fait mal au coeur. Alors j'ai envie de dire a ceux qui rechignent a faire l'Europe : Que la France se réveille ! Le monde ne l'attendra pas !

BONELLI

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Comment faire découvrir aux enfants Internet et le multimédia si les instituteurs ne sont pas intéressés ? J'ai proposé des initiations Internet et multimédia à des instituteurs mais ces derniers sont pas ou peut passionner par ces sujets. Si les enfants des milieu ruraux passent à côté des nouvelles technologies, ils auront des gros problème dans leurs vie actives. De plus il ne semble que l'école est le lieu où la découverte d'Internet est le plus approprié

Raphaël CHAMEROY

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INTERNET : Bientôt 30 ans ...

Internet est né en 1969 pour les besoins du Département Américain de la Défense. Appelé alors ARPANET , ce nouveau réseau permettait de relier les 4 grands sites informatiques avec pour objectif : " créer un système de communication qui puisse résister aux dégâts potentiels d'une attaque nucléaire ". Quelques années plus tard, ce réseau est cédé aux civils, c'est-à-dire aux universitaires qui avaient contribué à sa naissance, l'armée se créant un réseau réservé aux militaires.

Pendant 20 ans, ce réseau se développe avec pour utilisateurs les universités américaines et les grandes administrations (musées, bibliothèques,...). Quelques étapes clés : 1982, l'expérimentation du protocole TCP/IP; 1986, création du réseau NSFnet avec une structure plus solide.

La vraie révolution commence lorsque ce réseau devient facilement accessible au grand public : 1989 avec l'apparition du WWW (World Wide Web) et surtout 1993 avec le premier navigateur : Mosaïc.

Et c'est l'explosion. Arrive maintenant la nouvelle étape avec Java qui va accroître encore l'impact d'Internet, en permettant l'émergence du Net Computer .

Internet est donc né par hasard. Surprenant pour beaucoup de nos esprits scientifiques et rationnels ! Mais finalement c'est probablement le lot de toutes les vraies innovations, c'est-à-dire celles qui créent des ruptures majeures.

Ce développement explosif aux Etats-Unis s'est accompagné pendant longtemps d'un profond scepticisme en Europe et notamment en France. Après une longue période d'ignorance pure et simple du phénomène, on n'a ensuite disserté que sur les limites et les problèmes, en ignorant la dynamique en cours et la puissance des énergies focalisées sur Internet.

LES " FAUSSES " LIMITES D'INTERNET

1.L'argent


L'argent. Que n'a-t-on pas écrit ou dit à ce sujet ! L'essentiel tient en deux phrases : " Internet est un réseau d'amateurs sans moyens, sans ressources. On peut l'utiliser sans payer, donc il n'y aura pas d'argent pour son développement. " Et pourtant il se développe, se professionnalise tous les jours. Des grands groupes - pour lesquels le mécénat n'est pas dans les moeurs - investissent. Alors que se passe-t-il ? D'où vient et viendra l'argent ?

Première ressource : la publicité. Au fur et à mesure de son développement Internet est devenu un media de plus en plus important. Pensez à ce réseau comme à celui de nos routes, en virtuel bien sûr. Et bien comme sur les routes, on installe des panneaux publicitaires. Avantage supplémentaire c'est un media interactif, atout pour la communication institutionnelle comme commerciale.

Deuxième ressource : l'argent économisé. Il s'agit là d'une ressource paradoxale, puisque l'on va investir non pas pour l'argent gagné sur Internet, mais celui économisé par ailleurs. C'est un outil plus performant de mise en relation avec ses fournisseurs ou ses clients. Un exemple caractéristique : utiliser des E-mail à la place de télécopies permet de payer une communication locale pour communiquer mondialement. Certaines entreprises vont beaucoup plus loin. Par exemple, ouvrir un site WEB accessible aux clients qui ont envoyé un paquet express permet de les informer en temps réel de la position exacte de leur colis tout en désengorgeant le central téléphonique : amélioration du service et diminution des coûts. Enfin, rendue jusqu'à présent impossible pour des raisons de sécurité - voir ci-après -, la vente via Internet se développe très rapidement aujourd'hui aux Etats-Unis.

Troisième ressource : le paiement à l'utilisation. D'abord le coût d'abonnement à un fournisseur de service : de 66 F à 100 F par mois minimum en France, 20$ aux US, soit un prix du même ordre que celui d'un abonnement au câble. Jusqu'à présent l'accès à un site WEB était gratuit. C'était d'ailleurs un des principes fondateurs du réseau. Aujourd'hui ce principe s'effondre et on voit fleurir des sites fournissant des informations payantes. La méthode est simple : la ou les premières pages d'accès sont gratuites - elles fonctionnent comme un produit d'appel. Si vous voulez plus d'informations - par exemple un rapport détaillé -, vous devez entrer un code, code fourni moyennant paiement d'un abonnement. La plupart des grands media américains ont ouvert de tels sites.

La sécurité

Deuxième source de tous les maux : Internet n'est pas sûr, on peut intercepter le contenu de votre communication.

C'est - ou plutôt c'était - vrai. Mais que dire du téléphone, du fax ou du courrier. Combien de personnes donnent en confiance leur numéro de carte bleue par téléphone pour réserver une place de cinéma ou de théâtre ? Quand on envoie un fax, qui se soucie de savoir où se trouve le fax récepteur ? Est-il dans le bureau du destinataire ou dans un couloir ?

Avant de parler du cryptage , réfléchissons un instant sur le risque réel lié à Internet. L'envoi est effectué dans une adresse E-mail identifiée, protégée par mot de passe. Cet envoi est, dans la plupart des cas, aléatoire en terme d'origine - je peux envoyer mon message depuis mon bureau, mon domicile, une chambre d'hôtel,... - et de date. Intercepter dès lors son contenu suppose de déployer des moyens considérables. De plus, la sécurité sur Internet a fait des progrès significatifs : protection par " firewall ", signature électronique, chiffrement, ... Mon propos n'est pas de dire que Internet présente des caractéristiques de sécurité absolue, mais qu'elles sont supérieures à celles observées dans les modes de communication classique. Bien sûr en cas de flux de données réguliers et stratégiques - par exemple les échanges à l'intérieur d'un réseau bancaire -, Internet est inadapté.

LES " ENCORE VRAIES " LIMITES

WWW = World Wide Waiting


- Tout utilisateur d'Internet a eu la sensation de passer son temps à attendre, surtout s'il a eu la " stupide " idée de chercher à utiliser les nouvelles possibilités multimedia ouvertes. Sensation mélangée de frustration et d'énervement à regarder l'indicateur qui, sur l'écran, indique le temps restant à attendre. Ce phénomène est tellement connu qu'aux Etats-Unis le World Wide Web a été rebaptisé en World Wide Waiting (" Le monde entier attend ") !

D'où vient cette lenteur ? Trois origines : la vitesse des modems, le site contacté, la performance des réseaux empruntés.

Les deux premiers problèmes sont aujourd'hui résolus : les modems sont de plus en plus rapides, les sites sont professionnels. Restent les réseaux. Le problème ne vient pas tant du manque de capacité que d'une inadéquation des réseaux empruntés. Imaginez que tout le trafic automobile soit orienté sur les chemins vicinaux, délaissant les autoroutes. Quel embouteillage ! Et pourtant les autoroutes seraient vides. C'est la situation actuelle d'Internet. Le trafic ne transite que par les voies secondaires, la croissance ayant pris tout le monde de court. Or les grandes artères sont loin d'être saturées. Conscient de l'importance de ce marché, la professionnalisation du réseau, c'est-à-dire l'utilisation des grandes artères, est en cours. Côté marché Entreprises via les réseaux privés, le problème n'existe déjà presque plus. De grands opérateurs comme Concert (British Telecom + MCI) ou Global One (France Telecom + Deutsche Telecom + Sprint) ont lancé des investissements pour ces grands clients. Côté grand public, les solutions via le câble (cf. le test réalisé par la Lyonnaise de Communications à Paris) ou des lignes de type Numeris vont se développer.

Dernier élément concernant l'engorgement des réseaux : l'impact de Java . Cette nouvelle approche permet de diminuer le temps de connexion : les données étant rapatriées avec une micro-application - l'applet -, le travail peut se faire en local.

L'équipement des particuliers en terminaux connectés Internet

On ne pourra vraiment développer des applications grand public que quand le parc de terminaux sera suffisant. Qu'en est-il aujourd'hui ? Difficile de répondre en l'absence de statistiques vraiment fiables (plusieurs utilisateurs pour un abonnement, réseaux d'entreprises connectés à Internet, ...). Le nombre total d'Internautes est estimé entre 35 et 50 Millions, dont 15 à 20 Millions aux US et moins de 300 000 en France.

La croissance est explosive : aux US, le nombre a plus que doublé entre 95 et 96. En France, le boom a vraiment débuté en 96. Dans les mois et années qui viennent vont arriver sur le marché des produits qui vont accélérer cette pénétration : baisse de prix et simplification de l'utilisation (le Netcomputer), fonctionnalité à l'intérieur de produits mass market (téléphone mobile et TV Set intégrant la technologie Java). Vraisemblablement, dans peu d'années, les ménages seront multi-équipés, un peu comme pour les horloges : qui est capable de dire rapidement de combien d'appareils il dispose susceptibles de lui donner l'heure ? Elle se trouve partout : cuisinière, chaîne hifi, voiture, ordinateur, ...... et bien sûr montre et réveil !

ET DEMAIN ?

Alors Internet va être une déferlante venant tout bousculer à la vitesse de l'éclair ? Oui en théorie, car les problèmes techniques vont être résolus. Non en pratique, car l'inertie des systèmes, des organisations, des habitudes va venir freiner ce mouvement. Changer de monde, sortir de sa caverne (nous sommes face à cette rupture un peu comme l'homme de Cromagnon avec la roue !) ne peut se faire en jour. Le management et l'organisation des entreprises sont à réinventer, de nouveaux usages sont à imaginer et à diffuser.

La portée de la rupture est en effet considérable : instantanéité des échanges, richesse du contenu possible (voix, data, image), ouverture du système (tout est compatible et décentralisé ou décentralisable), coût de transaction tendant vers zéro. Le monde dans lequel nous entrons est un monde global. Les Etats-Nation sont et seront de plus en plus déstabilisés. Les entreprises risquent aussi de se trouver face à des groupements mondiaux formels ou informels de consommateurs. Des secteurs entiers sont bouleversés, voire menacés dans leur existence même : disparition des écrits (banque), diagnostic à distance (médecine, dépannage,...), transmission directe des informations numérisées en supprimant l'étape du support physique (distribution des software, des disques, des films,...), téléphone via Internet (opérateurs de télécommunications classiques), ...

Deux histoires illustrent bien, je crois, ce qui nous attend et l'attitude à adopter.

Les surfeurs et le raz de marée Imaginez-vous un instant sur une plage de Floride, près de Miami, un jour de tempête. Les vagues sont impressionnantes et pourtant une dizaine de surfeurs sont à l'ouvrage. Les quelques passants les regardent admiratifs, cherchant à deviner celui qui va réussir à rester debout. Difficile tant pour ceux qui sont sur l'eau - performance sportive - que sur la plage - performance d'observation -. Nous sommes aujourd'hui un peu comme ces passants quand on regarde les entreprises essayer de résister aux mouvements en cours. Bien. Mais un esprit un peu plus curieux vient d'apprendre qu'un raz-de-marée est annoncé pour dans une heure ! Bientôt la situation va donc être bouleversée. Ceux qui n'ont aucune chance sont soit sur l'eau debout sur leur planche, soit sur la plage se pensant à l'abri : les 2 vont être balayés. Le plus sage est pour ceux qui sont dans l'eau d'être allongé sur leur planche et de s'y agripper, pour les autres de cesser d'être spectateur. Je crois que pour nous aussi le raz-de-marée arrive : attention aux situations acquises et apparemment courageuses; attention à ceux qui ne se croient pas concernés.

Le bébé dans son landau

Autre petite histoire. Un bébé de 9 mois dans son landau. Un bébé surdoué, qui a parfaitement analysé tous les risques liés à l'apprentissage de la marche et ses conséquences : tomber au début et se faire mal; ensuite pouvoir se faire écraser en traversant une rue ou agresser; ... Il fait alors le choix raisonné : rester dans son landau, lieu infiniment plus sûr, lieu qu'il connaît et où il a déjà ses habitudes. Drôle de choix, non ? Stupide. Ce bébé va passer à côté de la vie, rester isolé et finalement dépendant des autres. Maintenant pensez aux propos si souvent tenus concernant Internet et plus largement les nouvelles technologies de l'information. Combien, au nom des risques, affirment qu'il faut rester dans son landau ! Comme le bébé, ceux qui n'auront pas la vraie lucidité, c'est-à-dire celle de saisir les opportunités et d'affronter pragmatiquement ce nouveau monde, se trouveront marginalisés.

Sébastien Patoret,
chargé de la logistique à l'université coopérative
sans distance du Roannais

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Dans les années 60 le téléphone en France était archaïque ( 22 à
Asnières
) par rapport à ses collègues étrangers. Paradoxalement ce fut sa grande chance. Parce que lorsqu'il fut contraint de se moderniser, il est passé directement aux centraux numériques, prenant ainsi une génération d'avance et ouvrant la porte au Minitel, 1 er succès mondial de télématique grand public.

Aujourd'hui l'administration française EST archaïque, toute sa culture date des années 50-60. Un exemple navrant : j'ai reçu il y a quelques semaines, un courrier de l'URSSAFF, où une même phrase contenait des caractères d'imprimerie et des mentions manuscrites. Façon de dire " J'ai tellement peu de respect pour vous que je ne prend pas la peine de rédiger une phrase en bon français. Ceci vous suffira bien. " Qu'une secrétaire envoie un tel courrier à un client dans le secteur concurrentiel et c'est le licenciement justifié- pour incompétence professionnelle flagrante.

L'administration doit faire sa révolution.

Ce serait le meilleur service (public) qu'elle pourrait rendre à la nation. Alors, tant qu'à faire, autant qu'elle saute directement une génération et passe immédiatement à la Fonction Publique du XXI e siècle. Dans la grande vague de mondialisation et de désengagement de l'Etat, l'administration est la seule activité où celui - ci reste largement majoritaire en influence.

Ce serait tout à l'honneur des responsables politiques actuels d'initier cette grande réforme. On pourrait même s'offrir le luxe, sur un tel sujet qui devrait être consensuel, de confier à la droite au chômage le soin de concevoir une réforme réellement intelligente, sérieuse et à long terme et à la gauche au gouvernement le soin de motiver les fonctionnaires pour qu'ils réclament eux-mêmes cette modernisation.

Naturellement les technologies de l'information seront au coeur de ce grand changement.

Comme les instituteurs du siècle dernier, en charge d'alphabétiser tout un peuple et fabriquer une génération d'ingénieurs, les fonctionnaires doivent être les hussards de la société de l'information. Mais on ne peut pas espérer une information complète de la part de l'administration. Bien au contraire, elle est non seulement souhaitable pour la démocratie mais elle devient nécessaire. Dans le Monde, plus ou moins régi par les principes libéraux (au sens économique strict), les Etats qui ont compétence dans des domaines régis, théoriquement, par le marché sont eux aussi en concurrence économique. A charge pour les gouvernements d'améliorer leur efficacité. Or l'une des règles de l'efficacité libérale est l'accès immédiat et complet à l'information, indispensable pour que la concurrence s'exerce en toute transparence.

Robert BRANCHE

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Alors qu'il devient enfantin de mettre sur le web n'importe quel document . Il devient impératif pour le gouvernement d'imposer aux administrations la diffusion d'informations relevants de l'état et gratuitement : la loi, le journal officiel, les annonces légales, les supports d'enquête d'utilité publique etc ... (liste surtout pas exhaustive) Internet doit être un lieu obligé pour les informations légales La démocratie l'exige . merci

Alain LACHON

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L'avenir d'Internet pour les communications entre administration, transfert de document, les textes de lois et réglementation ?

Communication entre fonctionnaires :

Je considère que tous les textes administratifs devraient être accessibles sur Internet. Il devrait en être ainsi des codes, lois et règlements. Or, le Secrétariat général du gouvernement vient de signer la reconduction de l'exclusivité de la publication des codes en faveur d'une société privée qui les publient exclusivement sur papier. Il faut modifier ces procédures archaïques. D'ailleurs, le Ministère des Finances et plusieurs autres institutions viennent de les outrepasser parce que la demande et la logique l'exigent et ont mis à la disposition des Français plusieurs serveurs où l'on trouve la réglementation. Aujourd'hui, pour disposer du code des communes, il faut interroger un serveur japonais ou un serveur allemand! L'Etat doit se réformer. Internet doit l'y aider . Amicalement.

ALTERNET