Audition de Jean-François TOURNU
Conseil régional de BOURGOGNE
Résumé : La région Bourgogne, constatant les besoins des unités de recherche régionales, ainsi que ceux exprimés par les établissements scolaires, a lancé le réseau CLONYS pour la recherche et l'enseignement supérieur, et le réseau INDUNET permettant de relier tous les lycées et de leur donner l'accès à INTERNET via le serveur du Rectorat ; malgré quelques inerties constatées du côté du corps enseignant, les choses avancent, essentiellement sous la poussée des élèves ; le secteur de la santé fait également l'objet de programmes, essentiellement autour de l'imagerie médicale ;
1. Le Conseil régional de Bourgogne
a
lancé un projet éducatif dans cette région, qui s'appelle
INDUNET
: on s'est aperçu qu'il n'y avait rien dans
les régions et que ces dernières pouvaient jouer un rôle
dans le domaine des NTIC ; il n'y avait qu'un seul acteur : France
Télécom, mais il n'y avait pas d'intermédiation entre
cette entreprise et ce que pouvait être la démarche des
élus ; d'où, dans un premier temps, la
nécessité d'écouter, de savoir quels étaient les
besoins, de les identifier ; puis, s'inspirer des rapports publiés
sur ce sujet ; les premiers besoins à satisfaire concernaient
la recherche
: il fallait que nos unités de recherche
s'ouvrent sur l'extérieur; pour cela, on a créé un
réseau qui s'appelle
Clonys
; il a permis
d'identifier des sites de recherche, comme les Universités, et de les
relier; deuxième besoin : l
'Education
: le but
est de construire un réseau éducatif qui réponde aux
attentes; au départ, il s'agit simplement d'être sur le
réseau et pour certains lycées parmi les plus motivés de
trouver les premières applications ;
2. Un premier
réseau expérimental appelé
INDUNET
a donc été lancé, qui a permis à
huit lycées de s'interconnecter sur le Net ; les premières
expérimentations ont consisté à faire travailler des
groupes sur la messagerie, des cours de langues (par exemple, des
élèves du lycée du Creusot peuvent suivre des cours de
polonais diffusés par visio-conférence depuis Dijon)
;
le coût de l'interconnexion étant un handicap très fort en
France, la région nous a aidé
;
3.
Il fallait bien
donner un cadre
à ces
expérimentations: on a donc " normé " les choses, en
offrant à chaque établissement
trois heures d'utilisation
par jour ouvrable
; de plus, l'accès à INTERNET se
faisant par le serveur de l'Académie, il est possible d'interdire
l'accès des élèves à certains sites ;
4. De par la conception du réseau INDUNET
, on a réussi
à interconnecter nos
lycées au coût des
communications locales
; il était important que des
régions reculées, telles que la Nièvre, aient accès
au même coût que Dijon au réseau ; pour celà,
ont été créés des
lieux d'interconnexion dans
chaque département
, dans un site choisi de la " zone pour
les télécommunications locales élargies ", sorte de
centre de gravité permettant à tous les lycées, autour de
celui qui contient le site d'interconnexion, d'être en communication
locale ; c'est important car le raccordement pour trois heures de
connexion pour un lycée de Dijon revenait normalement à
500 francs, coût passant à 7.000 francs dans certaines
zones rurales ;
5.
La région n'a pas pour mission de s'occuper des
contenus
; son rôle est de dire : " donnez nous des
programmes intéressants qu'on soutiendra " ; elle est donc en
quelque sorte juge de l'intérêt des programmes, mais c'est au
corps enseignant
de fournir les projets ; aujourd'hui, on a
quelques lycées très pointus, développant par exemple des
applications dans le domaine technique : par exemple, l'utilisation des
nouvelles technologies de l'image, dans un lycée de
Chalon-sur-Saône, pour l'étude et le réglage de
moteurs ;
6.
Même si nous avançons, il y a encore quelques
inerties
inhérentes à
l'Education
nationale
; des prérogatives jalousement défendues;
l'Education reste donc encore fermée; ainsi, nous voulons lancer la
" visio-Université ", en clair des Universités qui
pourraient mettre en relation leurs compétences et faire quelques cours
généralisés pour l'ensemble des Universités; on a
donc équipé l'Université de Dijon : finalement, les
professeurs ne s'en servent pas vraiment ; la poussée viendrait
plutôt des étudiants; surtout quand ils ont des équipements
personnels chez eux ; mon expérience m'amène à
dégager des
axes de travail forts
dans ce domaine :
Il faut éviter des dépenses inutiles et lourdes quand on sait
qu'avec le réseau on peut faire de la simulation numérique, c'est
à dire travailler sur un calculateur à distance, et ainsi faire
des " économies importantes sur des achats notamment dans le
domaine informatique " ;
L'avenir est à la " formation à la carte " :
l'unité de valeur à acquérir pour un quelconque
étudiant est bien constituée de connaissances ; puis il
s'agit de passer un diplôme ; or, l'acquisition des connaissances,
sur le réseau, va permettre de tout changer, notamment de lutter contre
la surpopulation des amphys des Universités ;
7. La santé
: il faut rester pragmatique ; tout d'abord
nous avons mis en place un réseau de télé-diagnostic
(images fixes) pour les anatomo-pathologistes, puis nous avons lancé
un programme de télé-cardiologie
retenu dans le
cadre de l'appel à projet pour les autoroutes de l'information et
labellisé depuis ; malgré quelques réticences du
monde médical, les choses ont évolué car tout le monde est
d'accord pour dire que la santé coûte cher ; on a maintenant
des systèmes de diagnostics distants qui intéressent les
spécialistes, les structures administratives,... Nos projets concernent
tout ce qui touche
l'animation de l'image,
l'échographie
; je pense d'ailleurs que de nouveaux
métiers vont se développer autour de
l'imagerie
médicale
; pour l'instant, on fait tout celà à
très haut débit (34 mégabits par seconde) en local et
en temps réel ; on va maitenant tenter de mettre en place des
liaisons sur des distances entre deux sites hospitaliers sur lesquelles on
pourra faire en temps réel des diagnostics avec de l'image ; avec
d'autres standards (comme ATM,...) ;
8.
On peut constater dans le domaine
un certain retard
français
, qui de plus continue à se creuser; les
américains sont en train de mettre au point un grand programme:
l'Internet next generation
: ils vont se servir des grandes
universités, de la recherche, en créant des
expérimentations sur des liaisons entre les grands sites, pour ensuite
généraliser dans l'industrie ; nous devons y penser ;