Audition de Gilles BREGANT
Responsable du groupement " Régulation
nationale
Direction des Relations extérieures France
TELECOM
Résumé : Il y a une différence sensible entre l'ATM et le TCP/IP : l'un fonctionne en mode " circuit " et garantit des transmissions en temps réel, l'autre fonctionne en mode " datagramme " et se contente d'infrastructures plus légères. La question est de savoir quelle solution prédominera à cinq ans. L'utilisation intensive du câble pour la téléphonie soulève également des interrogations.
1. L'Internet et l'ATM
: L'Internet repose sur
des
artères à haut débit ; or, le protocole ATM est de
plus en plus utilisé par les opérateurs de
télécommunications pour leurs artères à haut
débit, car il est très flexible. Mais l'ATM peut aussi être
traité par les terminaux multimédia : on parle alors d'ATM
" natif " et cette technique est actuellement
expérimentée en plusieurs endroits en France, notamment à
la Cité des Sciences et de l'Industrie.
Un débat est donc apparu sur les mérites respectifs de l'ATM et
du protocole TCP/IP utilisé par l'Internet. Les deux protocoles sont
différents : alors que TCP/IP fonctionne en
mode datagramme
(chaque paquet de données trouve seul son chemin à travers le
réseau), l'ATM utilise un
mode circuit
(chaque paquet suit un
circuit pré-établi, ce qui permet de garantir le débit).
Les deux protocoles peuvent se combiner : l'ATM peut transporter des
données en TCP/IP, mais c'est alors TCP/IP qui dicte sa loi et lon
perd la garantie de temps-réel.
Actuellement, les opérateurs introduisent des équipements ATM
pour faciliter l'exploitation, mais sans délivrer l'ATM jusqu'aux
terminaux. Parallèlement, avec le développement d'applications
téléphoniques ou graphiques sur Internet, les exigences de
temps-réel se font plus fortes et, de ce fait, des évolutions de
TCP/IP apparaissent et améliorent la garantie du débit. La
question est donc de savoir laquelle des solutions " tout
ATM " ou
" TCP/IP amélioré " prédominera au moment
où les applications multimédia rendront nécessaires des
garanties de débit. Cette question a des implications de politique
industrielle, puisque les cartes de raccordement des terminaux - mais
aussi les logiciels - dépendent du protocole retenu.
2. Le câble
: le câble, ça marche un peu comme,
en chimie, la théorie des
solutions diluées
:
tant que les messages transmis par le câble sont dilués par
rapport à la
bande passante
disponible, c'est parfait ;
dès qu'on arrive à des concentrations très fortes, les
lois classiques ne s'appliquent plus aussi bien et le câble sature ;
donc, il faudrait déterminer quelle bande passante est réellement
disponible en regard des applications qu'on y prévoit.
En fait, les limites apparaissent non pas dans la " voie
descendante " (des serveurs vers les abonnés), mais dans la
" voie de retour ". Cette dernière est assez étroite,
et la configuration en arbre de la plupart des réseaux
câblés provoque des concentrations qui en limiteront la
capacité. Au-delà d'une certaine proportion d'abonnés au
câble utilisant des applications interactives (Internet, mais surtout
téléphone), des problèmes risquent d'apparaître.