C) LE PASSAGE DE L'ÉCRIT À L'ORAL

Que l'on se place, à l'instar de Peyreffite, dans la perspective d'une histoire des mentalités ou dans celle d'une histoire des techniques, à l'instar de Debray, une évidence s'impose : avec l'invention de l'imprimerie, on assiste au passage d'une civilisation de l'oral à une civilisation de l'écrit.

Les conséquences d'un tel bouleversement sont incalculables et il serait vain, bien entendu, d'en prétendre faire ici le compte exhaustif, à supposer d'ailleurs que cela fut possible. Pour la suite de notre démonstration, on retiendra néanmoins, de manière très schématique, deux séries de mutations consécutives à l'invention de l'imprimerie.

Sont en effet corollaires du passage à l'écrit :

-- l'esprit analytique, les structures logiques, la distanciation critique, ainsi que certaines formes éthiques de comportement, en particulier l'individualisme ;

-- mais également la possibilité de conserver le savoir et de le substituer à la tradition orale, pré-rationnelle, fort empreinte de croyances et de superstitions.

Il importe de retenir ces deux facteurs dans la mesure où l'articulation de cette rationalité et de ces structures nouvelles s'inscrit par ailleurs dans un contexte historique, économique et politique en tout point favorable au développement de l'imprimerie.