CONCLUSION
A l'issue de son bref séjour en Albanie et des contacts
qu'elle a pu établir à cette occasion, votre
délégation retient un double sentiment d'inquiétude mais
aussi d'espoir pour l'avenir de ce pays.
L'inquiétude demeure incontestablement le sentiment dominant
, au
moment où l'Albanie se trouve confrontée à de
multiples
défis
:
-
maintenir l'ordre public et la paix civile,
aujourd'hui apparemment
rétablis, alors que l'armée et la police sont très
affaiblies et qu'un nombre considérable d'armes restent aux mains de la
population, mais aussi de bandes criminelles et d'organisations mafieuses, si
bien que le risque de nouvelles violences, après celles qui ont
marqué l'année 1997, ne peut être écarté,
-
assurer le bon fonctionnement des institutions dans le cadre des
règles d'une démocratie pluraliste
, ce qui implique tout
à la fois le bon déroulement des élections et
l'acceptation de leur verdict, le respect de l'équilibre des pouvoirs
dans le cadre d'une nouvelle constitution recueillant l'assentiment de
l'ensemble des forces politiques, l'indépendance de la justice,
l'impartialité de l'administration et l'accès de l 'opposition
aux moyens de communication, l'apaisement d'un débat politique
dominé par les passions ; force est de constater que malgré le
relatif détachement dont semble désormais faire preuve une partie
de la population à l'égard des polémiques partisanes, les
conditions d'une normalisation ne sont pas encore réunies,
-
redresser une économie qui dispose d'atouts incontestables
mais qui est durement affaiblie par la crise financière
et les
destructions opérées lors des émeutes,
- enfin,
préserver la stabilité de la région
alors
qu'en dépit de la volonté des dirigeants albanais de ne pas
attiser les tensions, la situation au Kosovo et en Macédoine reste
porteuse de graves risques de conflits.
Aux côtés de ces motifs d'inquiétudes subsistent des
sources d'espoir. Elles tiennent aux réelles potentialités de
l'économie albanaise et à la qualité et aux
capacités de la population, ainsi qu'à la farouche volonté
de s'arrimer à l'ensemble européen, avec l'aide de la
communauté internationale qui a confirmé son assistance
financière.
Vos rapporteurs considèrent que dans la période difficile que
traverse l'Albanie, la France ne peut que souhaiter son retour sur la voie de
la paix civile et du développement économique, tant pour la
région des Balkans, qui n'a pas besoin de facteurs
supplémentaires d'instabilité, que pour le pays lui-même,
auquel de multiples liens nous rattachent.
La France doit avoir conscience du capital remarquable que représente le
fait francophone en Albanie
et doit le préserver. A ce titre,
un renforcement de nos relations culturelles paraît absolument
indispensable
, étant précisé que quelques moyens
supplémentaires permettraient sans doute d'obtenir des résultats
rapides et importants, compte tenu de l'influence déjà forte de
la culture française dans ce pays.
Pour cet ensemble de raisons, vos rapporteurs, à l'issue de cette
mission, concluent à la nécessité de renforcer la prise en
compte de l'Albanie par la politique française dans les Balkans.