2. Le rapport d'activité du Bureau et de la Commission permanente (Lundi 24 juin)
A l'issue de l'exposé du rapporteur, l'Assemblée a donné acte du rapport d'activité du Bureau et de la Commission permanente (Doc. 7560 et addenda I, II et IV).
3. La coopération culturelle européenne : les activités de l'Union européenne et les relations avec le Conseil de l'Europe (Mardi 25 juin)
Le rapporteur évalue l'état des relations entre
l'Union européenne et le Conseil de l'Europe, tout en soulignant que
l'Union européenne est devenue l'un des principaux acteurs de la
coopération culturelle européenne. Mais dans nombre de domaines,
remarque-t-il, il y a matière à renforcer la coopération
avec le Conseil de l'Europe, dans le respect du caractère
spécifique, de l'expérience et du potentiel de chacune des deux
institutions.
A l'issue du débat
, la recommandation n° 1299 contenue dans le
rapport 7575 est adoptée
.
4. Les activités de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement en 1995 - Communication de M. Jacques de LAROSIERE, Président de la BERD, et interventions de MM. Claude BIRRAUX, député (UDF), rapporteur pour avis, et Jean BRIANE, député (UDF) (Mardi 25 juin)
Le rapporteur indique que ce débat annuel est
axé sur la poursuite des réformes qui avaient été
entreprises en 1994 à la Banque européenne pour la reconstruction
et le développement, sous la présidence de Jacques de
Larosière.
L'Assemblée se félicite du doublement récent du capital de
la Banque, passé de 10 à 20 milliards d'Ecus, et propose des
mesures pour renforcer l'efficacité des activités et diminuer les
coûts, par exemple en concentrant les premières sur les pays les
moins développés et en réduisant le Conseil
d'administration.
Le rapport souligne le rôle de l'Assemblée comme forum
parlementaire de la Banque.
M. Jacques de LAROSIERE, Président de la Banque
européenne pour la reconstruction et le développement
, est
intervenu dans ces termes :
" Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs les
parlementaires, Monsieur le Président Davis, Monsieur le rapporteur
M. Bogár, je suis très heureux d'être parmi vous
aujourd'hui et je me réjouis de ce dialogue avec l'Assemblée
parlementaire, un dialogue qui a été toujours très
fructueux et qui nous apporte beaucoup, à nous qui sommes chargés
de gérer cette banque.
" En introduction à ce débat, je rappellerai que la BERD a
été réorganisée, comme vous le savez, en 1993-1994
et qu'elle s'est dotée d'une stratégie. Les coûts
administratifs ont été comprimés. Aucune croissance des
dépenses administratives n'a été observée en termes
réels depuis l'année 1993, alors que notre portefeuille a plus
que doublé pendant cette période. Ce qui veut dire que des gains
de productivité importants ont été réalisés.
" Dans le même temps, la Banque européenne pour la
reconstruction et le développement est devenue "profitable", puisque,
l'année dernière, nous avons réalisé un
bénéfice de 83 millions d'Ecus avant provision. Plus de
8 milliards d'Ecus d'opérations ont été
approuvés par notre Conseil d'administration, ce qui représente
80 % de notre base initiale de capital.
" C'est donc avec une grande satisfaction que nous avons accueilli la
décision des actionnaires, prise à l'unanimité, au mois
d'avril dernier à Sofia, de doubler la base en capital de notre banque,
la portant de 10 à 20 milliards d'Ecus. Cela nous permettra de
porter nos engagements, qui sont aujourd'hui de 2 milliards d'Ecus par an
en moyenne, à 2,5 milliards d'Ecus vers la fin des
années 90. Et j'ai le plaisir de vous dire, Mesdames et Messieurs
les parlementaires, que nous n'aurons plus besoin, si Dieu le veut, de recourir
à de nouvelles dotations en capital de notre banque, parce que nous
deviendrons, comme on dit,
self sustainable
.
" Un mot encore relatif à la stratégie, qui est simple. Nous
avons réaffirmé notre désir de promouvoir la transition et
donc le développement du secteur privé. Nous avons dans notre
charte une obligation qui est de travailler avec le secteur privé au
moins à raison de 60 % de notre chiffre d'affaires. C'est chose
faite. Maintenant, nous consacrons à peu près 70 à
75 % de nos opérations annuelles au secteur privé.
" Le deuxième axe de cette politique, c'est de travailler de plus
en plus avec le secteur privé local, c'est-à-dire de ne pas faire
exclusivement des
joint ventures
avec des sociétés
multinationales occidentales, mais de travailler avec le tissu
économique local, en particulier avec les petites et moyennes
entreprises, qui sont créatrices d'emplois. C'est ce que nous faisons.
" Nous avons augmenté notre présence locale. Nous avons
maintenant une vingtaine de bureaux locaux. Nous recrutons des gens sur place,
qui sont d'ailleurs des personnes de très haute qualité, et qui
ont énormément enrichi notre capacité à
générer des projets. Nous développons nos relations avec
le secteur financier local, pour une raison très simple : si nous
voulons être présents dans le tissu économique local, nous
devons le faire non pas à partir de Londres, mais avec les banques qui
ont une clientèle locale. C'est ce qui explique que 25 % de notre
activité est désormais dans le secteur financier.
" Une autre orientation est d'augmenter notre participation en
capital et
de développer nos actions en matière d'environnement. Des signes
encourageants se font jour ; M. Bogár les a cités. Il
s'agit du retour à la croissance de toute une partie de notre zone
d'opérations et de la réduction de l'inflation.
" Il est extrêmement important que la Banque européenne pour
la reconstruction et le développement continue son action, notamment
dans des secteurs qui seront difficiles à couvrir par le secteur
privé, même dans les pays les plus avancés ou dans les pays
qui entrent dans cette gradation dont a parlé M. Bogár. Car,
dans les domaines de l'infrastructure, de l'environnement, de la
restructuration des entreprises qui perdent de l'argent, dans le domaine de la
rénovation du secteur financier, nous ne verrons pas beaucoup de sources
de financement en provenance du marché pendant quelque temps encore. Je
pense donc que, même dans les pays les plus avancés, la BERD a
encore beaucoup à faire.
" Le défi est important, je crois qu'il est devant nous pour
quelque temps encore. M. Bogár a raison, les choses ne se feront
pas du jour au lendemain. Il est important que la BERD puisse contribuer
à la transition et même l'accélérer tout en
minimisant son coût social. "
M. Claude BIRRAUX, député
(UDF)
, rapporteur
pour avis de la Commission de la science et de la technologie, présente
les observations suivantes, au nom de sa Commission :
" Je voudrais en premier lieu, au nom de notre Commission, remercier
chaleureusement le Président de la BERD pour avoir accepté
que notre Sous-commission de la politique technologique et de l'énergie
puisse rencontrer les responsables de la banque en charge du compte
spécial sûreté nucléaire. Les informations
recueillies et les discussions engagées, nous ont permis de
présenter une contribution écrite bien documentée qui
donnera une information complète à notre Assemblée.
" Présentant la contribution orale de notre Commission l'an
dernier, j'avais eu l'impression que notre Assemblée ne connaissait pas
bien l'existence même du compte spécial sûreté
nucléaire. Je rappelle donc que c'est dès 1993 que le G7 a
demandé à la banque de jeter les bases du compte pour la
sûreté nucléaire. Alimenté par des contributions de
pays donateurs, ce compte sert à subventionner l'exécution de
projets de renforcement de la sûreté des centrales
nucléaires dans les PECO et la CEI. A la fin de l'année 1995,
c'était 193 millions d'Ecus qui avaient été
enregistrés.
" La Banque se constitue en secrétariat du compte spécial
nucléaire et fournit des services techniques de management, financiers,
juridiques et administratifs. Elle fait rapport aux donateurs par
l'intermédiaire de l'Assemblée des contributeurs qui exerce un
contrôle général de la gestion du compte.
" Les actions concrètes concernent les centrales de Kozloduy,
d'Ignalina, de Léningrad et de Novovoronezh et Kola. Un montant de
140 millions d'Ecus a été engagé fin 1995, auquel
s'ajoute un engagement de principe d'environ 100 millions d'Ecus pour
Tchernobyl.
" Si l'on compare les différentes estimations du coût des
travaux urgents de mise à niveau qui vont de 6,4 milliards d'Ecus
à 16 milliards d'Ecus -il s'agit là d'une estimation du G7- pour
les seules centrales de Russie et d'Ukraine, il est bien clair que le compte
spécial nucléaire ne suffit pas à couvrir les besoins les
plus urgents.
" La comparaison de ces deux chiffres montre à l'évidence
toute la difficulté qu'il y a à mettre en œuvre une action
concrète, rapide et efficace, faute de trouver une instance politique
décisionnelle de haut niveau capable d'imposer des choix aux pays
bénéficiaires. Il est clair que des problèmes
éminemment politiques se posent en termes de souveraineté des
Etats.
" Néanmoins dans les discussions internationales, lorsque les Etats
ont réalisé un consensus, une attitude très ferme et
contraignante peut voir le jour. Dans le domaine de la sûreté
nucléaire, cela présupposerait qu'une sourdine soit mise à
l'appel à la concurrence au bénéfice d'un partage des
tâches et des fardeaux.
" De plus, la problématique amélioration de
sûreté ou fermeture de la centrale nucléaire doit
être replacée dans le contexte plus large de la
problématique de la politique énergétique et de
l'utilisation rationnelle de l'énergie.
" Cette problématique de la politique énergétique est
un élément de la politique économique. Il est clair que le
développement économique ne peut être suspendu aux
"incertitudes" de fonctionnement d'une centrale nucléaire.
" Si nous voulons être cohérents avec nos cris d'alarme, nos
inquiétudes exprimées haut et fort, nos priorités et nos
urgences déclarées, il nous faut une pratique différente
où la sûreté nucléaire devienne la première
préoccupation -à défaut d'en être le
préalable- dans notre coopération avec les pays de l'ex-bloc
soviétique. Cette attention à la sûreté porte en
elle-même le changement d'échelle de valeur et par là,
mesure la rupture avec les schémas culturels des régimes
communistes. "
M. Jean BRIANE, député
(UDF)
, prend
la
parole à son tour en ces termes :
" Monsieur le Président, mes chers collègues, la discussion
du rapport d'activité de la BERD confirme le rôle joué par
l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe en tant que base
parlementaire des grandes institutions économiques et financières.
" Le dialogue ainsi instauré se révèle fructueux, non
seulement pour les parlementaires qui confortent ainsi leurs informations, mais
aussi pour les institutions -en l'occurrence, la BERD- qui recueillent avec
profit les avis des hommes de terrain que sont les élus.
" La conférence sur les progrès des réformes
économiques dans les pays d'Europe centrale et orientale, qui s'est
tenue à Varsovie du 22 au 24 mai à l'initiative de la
Commission des questions économiques, a été l'occasion de
dresser le bilan des progrès accomplis, et ils sont importants, mais
aussi de dégager les zones d'ombre, en particulier le coût social
de la transition et la nécessité de renforcer l'aide à ces
pays.
" La Commission économique pour l'Europe des Nations Unies, qui
était partenaire du Conseil de l'Europe lors de cette conférence,
doit également jouer un rôle accru et renforcer son aide et ses
expertises. Elle apparaît comme le véritable pilier
économique paneuropéen, et nous ne voyons que des avantages
à renforcer son partenariat, non seulement avec le Conseil de l'Europe,
mais également avec l'OSCE, ainsi qu'avec les autres institutions
économiques et financières telles que la BERD et l'OCDE.
"
M. Jean Valleix
a d'ailleurs déposé une
proposition de directive afin que la Commission économique pour l'Europe
puisse chaque année présenter devant notre Assemblée un
rapport d'activité et bénéficier, elle aussi, d'un
dialogue au niveau parlementaire.
" S'agissant plus particulièrement de la BERD, l'excellent rapport
de notre collègue, M. Bogár, me dispensera de trop entrer
dans les détails. Ce rapport est enrichi de la contribution de notre
collègue Claude Birraux sur les activités de la BERD dans le
domaine de la sûreté nucléaire.
" Comme le rapporteur, je me réjouis des remarquables efforts
entrepris sous l'autorité du Président de Larosière pour
assainir l'institution, réduire ses coûts et mieux cibler ses
interventions. La volonté de la BERD de coopérer avec le Conseil
de l'Europe est très positive, tant il est vrai que le
développement économique et la promotion de l'économie de
marché vont de pair avec le renforcement de la démocratie et de
l'Etat de droit, domaine d'excellence de notre Organisation.
" Si nous nous félicitons que la Banque accorde au secteur
privé 60 % de ses prêts, nous appelons toutefois son
attention sur l'importance du secteur public.
" Nous devons être conscients du fait que les pays d'Europe centrale
et orientale sont aujourd'hui confrontés à la
nécessité de maintenir un niveau suffisant de protection sociale
dans un contexte d'ultra-libéralisme et de mondialisation
accéléré des échanges et des communications.
" Or cette orientation passe par le maintien du service public que
nous
devons veiller à ne pas négliger. En outre, nous devons
accroître nos expertises afin d'aider les Pays d'Europe centrale et
orientale à mettre en place les nouvelles législations sociales,
à résoudre en particulier l'épineuse question des
retraites.
" Bien entendu, l'impact des réformes n'est pas le même d'un
pays à l'autre. Certains pays sont plus avancés que d'autres et
pourraient utilement faire bénéficier les autres de leur propre
expérience.
" La priorité d'aujourd'hui est d'inscrire les réformes dans
la durée et de réduire le décalage existant entre les
espoirs soulevés et la réalité quotidienne. Les
consultations électorales qui se succèdent à l'Est
montrent que se développe dans bien des secteurs de la
société la nostalgie de l'ordre ancien.
" Si nous voulons que la transition réussisse, il est
impératif que les peuples aient confiance dans l'avenir et
adhèrent au nouveau projet qui leur est proposé.
" Dans la maîtrise de la lutte que nous devons tous engager pour
garantir la cohésion sociale et la maîtrise de l'environnement, un
nouveau partenariat est à mettre en place entre toutes les institutions
concernées, y compris celle qui, comme la BERD, constituent un
précieux outil d'intervention sur le terrain.
" La réforme en profondeur de la BERD, entreprise avec
succès, nous conduit à envisager l'avenir avec confiance. Nous
appuyons énergiquement la demande de M. de Larosière pour un
accroissement du capital qui permettrait à la BERD de répondre
aux nouvelles demandes et aux nouveaux défis. Car la Banque intervient
dans un cadre géographique de plus en plus vaste et doit faire face
à des interventions de grande ampleur, par exemple en Russie.
" L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe apportera
aujourd'hui encore son soutien à la BERD, instrument essentiel pour la
réussite de la transition à l'Est et pour l'ancrage des pays
d'Europe centrale et orientale à l'Europe libérale et
démocratique. "
M. de LAROSIÈRE
, prenant la parole pour répondre aux
orateurs, évoque d'abord les modalités d'un retrait progressif de
la BERD de certains PECO.
Par définition, la transition n'est pas un état permanent. Les
choses s'améliorent peu à peu et l'économie de
marché finira par s'imposer, ce qui permettra aux différents pays
concernés de lever sur les marchés internationaux les capitaux
nécessaires au financement de leurs projets. C'est ainsi que pourra se
faire le retrait progressif de la BERD. Mais, comme l'a dit
M. Bogár, ce n'est pas pour demain et la Banque devra financer
pendant un certain temps encore les projets d'infrastructure, notamment pour la
préservation de l'environnement.
Le thème des économies d'énergie a été
abordé à différentes reprises au cours du débat
ainsi que tout ce qui a rapport à l'eau : purification et
adduction, par exemple, domaines essentiels qui ne peuvent actuellement
être financés par un simple appel au marché.
De même, la BERD aura pendant un certain temps encore un rôle
à jouer dans la reconversion des grandes entreprises. Les pays d'Europe
centrale et orientale ont "hérité" de grandes entreprises pour
lesquelles la notion de "bénéfice" était tout bonnement
inconnue. Beaucoup d'entre elles, bien que privatisées, n'ont pas encore
un fonctionnement assez rationnel pour pouvoir en appeler au marché des
capitaux.
Le troisième champ d'action à long terme de la BERD sera
précisément la création de véritables
marchés financiers dans les nouvelles démocraties.
Un document est en cours d'élaboration sur les modalités du
retrait progressif de la Banque. Son conseil d'administration l'examinera
à la fin de l'année mais, une fois encore, ce retrait n'est pas
pour demain. Quant à définir quels sont les projets qui devront
sortir du champ d'action de la BERD, c'est au marché de le dire !
La Banque n'a pas à être dirigiste ni à entrer en
concurrence avec les établissements financiers traditionnels. Elle doit
s'en tenir à son rôle de catalyseur et offrir des
possibilités que les autres n'ont pas.
En tout état de cause, M. de Larosière ne pense pas que
les modalités du retrait seront telles que tout appui sera retiré
à un pays donné du jour au lendemain. Les choses ne se passeront
pas de cette manière : la Banque reverra ses critères
d'intervention au cas par cas, et elle évaluera si le marché est
en mesure de prendre le relais.
Plusieurs interventions ont porté sur le secteur de l'énergie et
donc sur l'efficacité énergétique.
M. de Larosière a écouté avec un grand
intérêt les différentes recommandations formulées et
il s'en fera l'interprète auprès du conseil d'administration de
la Banque. Certains pensent que les économies d'énergie et la
recherche de l'efficacité énergétique doivent être
des éléments essentiels de l'action de la BERD. Il ne pense pas,
quant à lui, qu'il faille systématiquement développer
l'offre de remplacement des installations existantes, car le système en
place conduisait à des gaspillages considérables. Il
considère pour sa part qu'un kilowatt économisé est
beaucoup plus rentable qu'un kilowatt produit : c'est à la fois
beaucoup moins cher et beaucoup moins polluant !
Une unité spécifique a été créée
récemment au sein de la Banque, chargée de se pencher tout
particulièrement sur les possibilités d'économie
d'énergie dans les pays d'Europe centrale et orientale. Elle est
déjà intervenue pour un projet hongrois. La BERD finance en effet
une société de service qui traite avec de grandes administrations
tels que les organismes de HLM, gros consommateurs d'énergie et dont le
potentiel d'économies est considérable. Le développement
du concept dit "ESCO" est, pour M. de Larosière, une
priorité mais il suppose l'établissement de contacts
privilégiés avec les autorités locales, qui doivent avoir
le courage de tenter l'expérience et de bien vouloir admettre que les
économies d'énergie amortissent le coût des projets
proposés.
Certaines inquiétudes se sont manifestées à propos de la
sûreté nucléaire. Dans ce domaine aussi, la BERD
espère parvenir à réduire les besoins en favorisant les
économies d'énergie par l'isolation des bâtiments ou
l'installation de compteurs individuels. Dans l'intervalle, plusieurs pays ont
pris des initiatives visant à améliorer la sécurité
à court terme. La BERD a mis au point avec eux une sorte de politique du
"donnant-donnant" : ceux qui veulent bénéficier d'une
intervention de la Banque doivent en contrepartie accepter que certaines
installations désuètes soient fermées. Malheureusement,
cet échange est souvent mal compris. Il est vrai qu'un grave
problème se pose, non seulement en Ukraine, mais aussi dans d'autres
pays, dont la Russie. Pour l'Ukraine, l'ampleur des sommes en cause est telle
que la BERD ne pourra résoudre la question à elle seule.
Sur le plan général, la politique de la Banque en matière
de sûreté nucléaire a été très
clairement énoncée par ses actionnaires et elle est tenue de la
respecter. Elle se doit donc, si elle participe aux travaux de finition de
certains réacteurs en construction selon des techniques russes, de
veiller à ce que les projets qu'elle finance garantissent le plus haut
niveau de sécurité possible. Elle doit aussi, si elle
achève un chantier, choisir la solution la moins coûteuse parmi
toutes les options qui lui sont proposées, ce qui suppose des
études solidement argumentées.
Actuellement, il est demandé à la BERD de terminer
deux centrales en cours d'édification. Si elle le fait, cela
pourrait contribuer à accélérer la fermeture de la
centrale de Tchernobyl. Mais la Banque attend de disposer des rapports
circonstanciés d'experts impartiaux pour choisir la meilleure solution.
Enfin, si des financements sont octroyés, les opérateurs doivent
s'engager à respecter les normes de sécurité les plus
strictes et à choisir un mode de gestion qui rende l'opération
rentable.
Telles sont les options qui ont été retenues par le conseil
d'administration de la BERD, et son Président entend tout mettre en
œuvre pour que l'ensemble de ces conditions soit parfaitement
respecté, sans céder à aucune des pressions qui pourraient
s'exercer pour le faire s'écarter de ce qui lui a été
demandé. Revenant plus particulièrement sur le cas de l'Ukraine,
M. de Larosière souligne que l'on ne peut se limiter à
comparer l'énergie nucléaire au gaz ou à
l'électricité. Il faut quantifier les besoins pour évaluer
comment éviter tout gaspillage ; inutile de dire que cette
évaluation est très difficile. Quoi qu'il en soit, la BERD, en
coopération avec la Banque mondiale, fera des propositions en ce sens
à l'Ukraine.
D'autres orateurs ont évoqué l'action à mener en faveur
des PME. La BERD a décidé d'ouvrir des lignes de crédit
à des institutions financières traditionnelles, à charge
pour elles d'octroyer ce qui, à l'échelle de la Banque, ne peut
que correspondre à des micro-crédits. C'est ainsi que plusieurs
centaines de prêts de 50 000 dollars ont été
accordés à des PME implantées dans différentes
provinces russes. L'expérience a été
particulièrement fructueuse puisque l'on a enregistré 98 %
de réussite et seulement 2 % de défauts de remboursement, ce
qui, à l'heure actuelle, constitue une proportion d'échecs
inédite. Le délégué de l'Estonie a dit que la BERD
devait consentir des prêts aux PME parce que les banques locales ne sont
pas en mesure de le faire. Mais les choses vont changer !
M. de Larosière a été interpellé par le
porte-parole de la Commission des affaires sociales, qui a souhaité un
bilan de l'emploi dans le rapport annuel de la BERD, et il va transmettre cette
requête à ses services, tout en faisant remarquer que la Banque
procède déjà à une étude d'impact social des
projets. Il devrait être possible cependant de retracer dans une
synthèse les projets qui ont permis de créer des emplois et
notamment ceux qui sont venus en aide aux PME, irriguant tout le tissu social.
M. de Larosière observe qu'on adresse des demandes
contradictoires à son établissement, ce qui ne fait que
refléter la complexité de la transition. L'essentiel demeure
cependant que la BERD respecte les exigences de son mandat : suivre les
bonnes pratiques bancaires, aider les projets qui favorisent la transition et
apporter quelque chose de plus par rapport aux institutions financières
ordinaires.
M. de Larosière se fera un devoir de rapporter à son
conseil d'administration la teneur des propos qu'il a entendus aujourd'hui et
il se réjouit du dialogue qui s'est instauré avec
l'Assemblée parlementaire.
M. Claude BIRRAUX, député
(UDF)
, a repris la
parole au terme du débat, en sa qualité de rapporteur de la
Commission :
" Tout à l'heure, j'ai mis en évidence le décalage
flagrant qui existe entre les sommes disponibles au compte "sûreté
nucléaire" et l'estimation des besoins les plus urgents faite par le G7
et par une institution privée, à savoir Siemens.
" Il n'existe aucun sommet mondial ou européen où l'on ne
souligne l'urgence d'une amélioration de la sûreté et
où l'on ne demande la fermeture de Tchernobyl. Cette urgence est
réaffirmée depuis le cri d'alarme du sommet de Munich en 1991, et
nous attendons avec patience depuis cette date.
" Notre amendement propose des pistes pour mettre en conformité les
déclarations et les actions et donc vise à augmenter le volume de
la ressource, dans le droit-fil d'ailleurs de l'augmentation de capital
décidée par la Banque à Sofia, il vise aussi à
rechercher des procédures plus rapides et plus efficaces et enfin
à assurer ce monitoring, si je puis m'exprimer ainsi, des engagements
des pays bénéficiaires.
" Notre Assemblée, qui a inventé ce système et qui
lui est très attachée pour l'évolution de la
législation des pays qui viennent d'adhérer au Conseil de
l'Europe, devrait être sensible à ce dernier aspect. Il me semble
que ce suivi peut être étendu sans difficulté au respect
des engagements internationaux que sont les accords signés par les pays
bénéficiaires avec la Banque.
" Le donnant-donnant dont a parlé M. de Larosière
est un préalable. Le suivi me paraît de bon sens. Et s'il n'y pas
respect de ce suivi, il faut bien qu'il y ait, à un moment, des
procédures qui sanctionnent ces pays. Sinon, il n'y aurait plus
d'accords internationaux. Il n'y aurait même plus de prêts,
puisqu'il suffirait qu'un pays décide qu'il ne veut pas rembourser pour
que la Banque transforme son prêt en don, sans que personne aie quoi que
ce soit à dire. Il faut donc assurer, pas à pas, ce suivi du
respect des engagements signé par les différents contractants.
" M. le Président de Larosière nous a affirmé
solennellement que le donnant-donnant était un préalable aux
engagements de la Banque. L'intervention sur l'achèvement
éventuel de centrales nucléaires en Ukraine se fera en
échange de la fermeture de Tchernobyl. Le Président nous a
affirmé qu'il allait insister pour qu'une politique d'économie
d'énergie soit mise en place. Nous interviendrons donc que dans la
mesure où il y aura un préalable au respect de ces engagements.
" Si, en cours d'évolution, vous ne contrôlez pas ce qui se
passe, cela signifie qu'il n'y a plus d'engagements internationaux, que les
accords qui auront été signés avec la BERD, sont chiffons
de papier, qu'ils ne servent à rien. Il ne sert à rien non plus
à M. de Larosière de négocier pied à pied avec les
bénéficiaires puisque, de toute façon, vous n'assurerez
pas le suivi. Comme je le disais tout à l'heure il n'y a plus aucune
raison pour que le prêt ne se transforme pas en don. "
La résolution n° 1094 contenue dans le rapport 7564 est
adoptée à l'unanimité, telle qu'amendée.
5. La protection des droits des minorités - Intervention de M. Bernard SCHREINER, député (RPR) (Mardi 25 juin)
Le rapporteur indique que ce rapport contient une série
de propositions pratiques pour la création d'un mécanisme de mise
en oeuvre de la convention-cadre du Conseil de l'Europe pour la protection des
minorités.
Selon le rapport, l'efficacité de la protection offerte aux
minorités par la convention-cadre repose pour l'essentiel sur ce
mécanisme à créer, en particulier, création d'un
Comité consultatif devant assister le Comité des ministres. C'est
pourquoi le projet de recommandation propose une liste de principes qui
garantiront l'indépendance, l'efficacité et la transparence du
Comité consultatif, et notamment :
- la compétence de ses membres alliée à de hautes
qualités morales,
- un mode d'élections conçu selon le modèle de ceux de la
Commission européenne des Droits de l'Homme ou du Comité
européen de la prévention de la torture,
- un dialogue avec les Gouvernements en cause et des auditions avec des
minorités nationales et des ONG,
- la rédaction de rapports et recommandations adressées au
Comité des ministres,
- la publication de ces rapports et recommandations.
Le rapport préconise en outre que l'Assemblée continue de
souscrire pleinement à la recommandation 1201 et à
l'élaboration d'un protocole additionnel à la Convention
européenne des Droits de l'Homme.
Dans le débat qui s'instaure sur ce rapport,
M. Bernard
SCHREINER, député
(RPR)
, intervient dans ces
termes :
" Monsieur le Président, mes chers collègues, je
voudrais vous exposer pour quelles raisons il importe de privilégier une
approche politique du problème des minorités. La convention-cadre
pour la protection des minorités nationales a été
conçue comme une convention ouverte, c'est-à-dire susceptible
d'être signée par des Etats alors non membres du Conseil de
l'Europe ; il s'agissait donc initialement d'un texte alternatif par
rapport à la Convention européenne des Droits de l'Homme ;
il s'agissait de favoriser une transition provisoire vers
l'établissement d'un Etat de droit, garanti par la Convention des Droits
de l'Homme, idéal qui paraissait alors très lointain.
" Or désormais, tous les Etats appartenant au continent
européen sont membres du Conseil de l'Europe ou en instance de
l'être et adhèrent donc à la Convention. L'application
simultanée de deux textes conçus comme alternatifs pourrait
en particulier aboutir à faire prévaloir des conceptions, propres
à telle ou telle communauté, de leur "identité ethnique,
culturelle ou religieuse", sur des droits aussi essentiels que la
liberté d'expression, l'égalité devant la loi, la
laïcité des autorités publiques ou encore
l'égalité entre les hommes et les femmes.
" Au surplus, la notion de "minorité nationale" n'est
nullement
définie dans la convention-cadre sur les minorités nationales.
" Seuls quatre Etats, on l'a rappelé, ont ratifié cette
convention-cadre et deux Etats signataires ont assorti leur engagement de
déclarations qui en limitent singulièrement la portée.
Ainsi, l'Allemagne reconnaît que seuls les citoyens allemands peuvent
avoir des droits et le Luxembourg, quant à lui, a dit, dans sa
déclaration, avoir été "amené à constater
qu'il n'existe pas de "minorité nationale" sur son territoire".
" A ce compte-là, on comprend mieux une signature qui n'oblige
à rien !
" La faculté ainsi ouverte à chaque Etat de désigner
arbitrairement les groupes qu'il qualifie de "minorité nationale" et
qui, seuls, bénéficieraient des garanties de la convention-cadre,
tandis que les autres en seraient écartés, introduit une
distinction choquante entre les personnes résidant sur le territoire des
Etats membres du Conseil de l'Europe.
" Cette distinction est contraire à tous les principes qui
inspirent, depuis son origine, l'action du Conseil de l'Europe et contraire aux
principes constitutionnels des Etats démocratiques.
" Dès lors, je considère qu'il y a lieu de réaffirmer
la primauté de la Convention européenne des Droits de l'Homme et
l'unicité du mécanisme de contrôle des droits qu'elle
garantit, avec les pouvoirs juridictionnels de la Commission et de la Cour
européennes des Droits de l'Homme. Ainsi, nous devons écarter
tout conflit de loi et tout conflit de compétence avec un "comité
d'experts" sans légitimité, ni politique, ni judiciaire.
" Nous devons mettre en œuvre pleinement les trois
instruments de
l'Etat de droit : la Convention des Droits de l'Homme, la Directive
Halonen et, enfin, des accords régionaux du Pacte de stabilité,
qui ont pour premier objectif la protection des minorités.
" J'estime donc que les propositions contenues dans le projet de
recommandation qui nous est soumis ne vont pas dans le bon sens. Elles
affaiblissent la Convention européenne des Droits de l'Homme et peuvent
provoquer des conflits d'interprétation de droits repris dans deux
textes différents et jugés par deux organes concurrents.
" L'universalité des droits de l'homme et le principe
d'égalité des citoyens ne doivent pas être remis en cause.
" Le "communautarisme juridique" sera exploité demain par
les pires
extrémistes qui, au nom même des droits individuels,
étendront la domination obscurantiste de l'intégrisme, sur leurs
propres communautés d'abord, avant de déstabiliser les
démocraties.
" Aussi, à regret, je ne voterai pas le projet de recommandation,
parce que je suis conscient d'un risque politique majeur pour l'avenir de nos
Etats démocratiques. "
La recommandation n° 1300 contenue dans le rapport 7572 est
adoptée telle qu'amendée.
6. La situation des jeunes en Europe : les jeunes marginalisés - Intervention de M. Jean-Claude MIGNON, député (RPR) (Mercredi 26 juin)
Le rapporteur attire l'attention sur l'exclusion sociale et
la
marginalisation de la jeunesse. De nouvelles solidarités et une nouvelle
conception du travail dans nos sociétés, souligne le rapporteur,
pourraient prévenir ces problèmes fondamentaux de la jeunesse que
ce soit à l'Est ou à l'Ouest du continent. Il propose par
ailleurs que ces problèmes soient repris, après consultation des
représentants de la jeunesse, dans le débat sur une politique
sociale et d'éducation globale qui aura lieu en septembre.
M. Jean-Claude MIGNON
,
député (RPR),
fait les
observations suivantes :
" Monsieur le Président, mes chers collègues, dans le
rapport de notre collègue Elo, je lis ces phrases : " Les
jeunes qui n'ont pas de vision claire des valeurs fondamentales, n'ont pas de
bases solides pour fonder leur propres valeurs."
"L'absence d'autorité conduit à la violence dans les
écoles et à la délinquance en milieu urbain."
" Excellentes observations ! Mais ce rapport est accompagné,
sous forme d'addendum, par des extraits du "Livre blanc sur l'exclusion
sociale" du Fonds européen pour la jeunesse, où je lis les
recommandations suivantes :
" Les Etats devraient repenser leurs lois sur la famille afin de
réduire les avantages accordés aux couples mariés."
" Les jeunes lesbiennes, homosexuels et bisexuels devraient avoir des
droits égaux à ceux des hétérosexuels : le
droit au mariage pour un couple de même sexe, le droit à
l'adoption et à la garde conjointe."
" Voilà ce qu'on lit dans ce Livre blanc, rédigé par
un organisme qui dépend du Conseil de l'Europe, que nous
finançons donc tous.
" Quelle logique y a-t-il à déplorer, d'une part,
l'effondrement des valeurs, le manque de repères qui déboussolent
les jeunes et, d'autre part, à se faire l'écho d'un catalogue de
revendications inqualifiables ? Le législateur est-il là
pour tenir un supermarché d'où chacun pourrait tirer la
reconnaissance légale de ses caprices et recevoir les subventions
nécessaires ?
" Mes chers collègues, les psychanalystes nous disent que l'enfant
sans limite est guetté par la régression et l'agressivité.
Il ne s'agit pas de faire de la répression pour la répression,
mais d'enseigner la loi de la démocratie : les règles de la
vie commune sont fixées par ceux qui en ont reçu mandat du
suffrage universel et sont responsables devant lui. Elles s'imposent à
tous.
" Dès lors que nous avons démocratiquement fixé les
règles minimales qui permettent la vie en commun, nous sommes
fondés à en demander le respect, y compris par les jeunes.
" Ce n'est pas en abolissant tous les repères, mais bien en les
éclairant, en expliquant leur sens, que nous ferons reculer
l'agressivité. Dès dix-huit ans, les jeunes peuvent, par leur
vote, influer sur la définition des normes sociales.
" Dénoncer les lacunes de la société comme le
suggère le rapport ? Soit, mais pas pour, démagogiquement,
participer à la destruction des bases mêmes de nos
démocraties.
" J'aurais souhaité participer à ce débat en
évoquant les mesures en faveur des jeunes en France :
développement de l'apprentissage combinant formation technique et
enseignement général, création de dizaines de milliers
"d'emplois de ville" pour répondre aux besoins sociaux encore
insuffisamment couverts. J'aurais voulu exposer encore l'évolution de la
politique pénale, distinguant, d'une part, les jeunes qui se heurtent
à la loi par des provocations d'adolescents appelant des mesures
d'encadrement et d'éducation à la citoyenneté ;
d'autre part, quelques caïds, qui tentent d'imposer la loi des gangs dans
les banlieues. Pour ceux-ci, nulle complaisance : il faut leur rappeler la
force de la loi, par des mesures au besoin coercitives. C'est le sens de la
nouvelle loi votée par le Parlement français.
" Non, mes chers collègues, l'autorité ne se retrouve pas
"totalement compromise" comme le soutient le rapport. Institution
humaine, elle
est certes imparfaite, et nous devons œuvrer à son
amélioration. Le mandat de nos électeurs n'est pas de subvertir
tout l'ordre social. Un monde sans lois, c'est un monde où dominent les
plus forts.
" Je ne voterai donc pas, à regret, pour un projet de directive qui
avalise les orientations du
Livre blanc du Centre européen de la
jeunesse
, catalogue de caprices irresponsables et démagogiques. Si
notre Commission de la culture doit poursuivre ses travaux, je souhaite qu'elle
le fasse en tenant compte de l'intérêt général de
nos sociétés sur le long terme, et, en particulier, qu'elle
prenne en considération la proposition de recommandation sur l'emploi
des jeunes présentée par M. Hunault et par un certain nombre de
nos collègues, toutes tendances politiques confondues, qui
siègent au sein de cette Assemblée. On retrouve dans cette
proposition nombre d'éléments s'inscrivant dans la ligne du bon
sens. Je vous remercie. "
La directive n° 523 contenue dans le rapport 7574 est
adoptée
, après que plusieurs orateurs ont
précisé que le vote de l'Assemblée ne portait que sur la
proposition de directive contenue dans le rapport, mais nullement sur
l'
addendum
rédigé par des consultants du Centre
européen de la jeunesse, et qui ne saurait donc engager
l'Assemblée ni prétendre refléter l'opinion des
délégués.
7. Les élections en Albanie (Mercredi 26 juin)
Le rapport expose que les élections albanaises ont
été truffées d'irrégularités. Le rapport de
l'OSCE l'a clairement souligné sans toutefois mettre en cause la
légalité du parlement.
Le rapporteur indique qu'il a assisté à l'audition
organisée par la Commission des questions politiques et trouve dommage
que les intervenants se soient bornés à ressasser les erreurs du
passé plutôt que de chercher à construire l'avenir.
Des élections locales doivent avoir bientôt lieu en Albanie. Des
représentants de l'Assemblée parlementaire et la CPLRE y
assisteront. Le Gouvernement albanais devra assurer une mise en œuvre
équitable de ces élections et le respect strict de l'opposition.
Les responsables des violations du droit auront des comptes à rendre.
L'opposition doit pouvoir occuper les sièges qui lui reviennent au
parlement.
Au lieu d'écraser l'opposition, le Gouvernement albanais a tout
intérêt à entamer un dialogue avec elle,
éventuellement en présence d'un médiateur, rôle dont
le Conseil de l'Europe pourrait se charger.
Après cinquante ans de tyrannie et d'isolement, l'Albanie a
réalisé une avancée étonnante vers l'Etat de droit
mais il reste encore beaucoup à faire. Si les élections
s'étaient déroulées équitablement, elle entrerait
aujourd'hui dans une seconde ère de progrès. Il faut donc que le
processus démocratique soit relancé sans tarder. Le Conseil de
l'Europe peut y apporter son concours mais il ne peut rien faire sans bonne
volonté dans les deux camps.
L'aide à apporter à l'Albanie concerne essentiellement la
formation de la police et celle des juges. Ces objectifs, déjà
mis en évidence par le Conseil de l'Europe, n'ont pas été
suffisamment concrétisés. La loi électorale
nécessite également un remaniement en profondeur.
Assortie de plusieurs amendements,
la résolution n° 1095
contenue dans le rapport 7587 est adoptée, ainsi que la directive
n° 524
.
8. Les mesures de démantèlement de l'héritage des anciens régimes totalitaires communistes (Jeudi 27 juin)
Selon le rapporteur, ces mesures de
démantèlement visent à instaurer une société
démocratique et pluraliste, fondée sur la
prééminence du droit et le respect des droits de l'homme. La base
de ce processus doit être la restructuration des anciens systèmes
juridique et institutionnel en tenant compte des principes suivants :
- démilitarisation
- décentralisation
- démantèlement des monopoles
- débureaucratisation.
Ce processus doit aller de pair avec la transformation des mentalités,
rappelle le rapporteur. Il recommande que les personnes, ayant commis des
crimes sous les régimes totalitaires communistes, soient jugées
et punies conformément au Code pénal en vigueur. En même
temps, il faut que les lois d'épuration et les mesures administratives
analogues soient conformes aux exigences d'un Etat de droit, garantissant
spécialement le droit de défense, la présomption
d'innocence jusqu'à preuve de la culpabilité et la
possibilité d'un recours judiciaire régulier contre toute
décision. Les principes directeurs concrets sont proposés
à cet effet.
A l'issue du débat,
la résolution n° 1096 contenue
dans le rapport 7568, amendée, est adoptée.
9. La situation en Tchétchénie (Jeudi 27 juin)
Le rapport fait suite aux visites de la Commission
ad
hoc
sur la Tchétchénie qui s'est rendue à Moscou les
30 et 31 mai 1996 et à Moscou, Grozny, Urus Martan et Nazran
(Ingouchie) du 8 au 10 juin 1996.
Le rapporteur en tire un certain nombre de conclusions :
- Les perspectives de stabilisation de la situation en
Tchétchénie sont meilleures, mais depuis la mort de
Doudaïev, les dirigeants tchétchènes sont partagés
entre une certaine autonomie et une indépendance politique totale.
- La signature des accords de cessez-le-feu a montré l'importance des
efforts de l'OSCE et de sa présence dans la capitale
tchétchène. L'OSCE doit poursuivre son action pour parvenir
à un règlement politique du conflit.
- Le Conseil de l'Europe peut lui apporter son aide pour le maintien du
cessez-le-feu, pour exercer des pressions sur les parties au conflit et pour la
question du respect des droits de l'homme.
- Les engagements pris par la Russie lors de son adhésion au Conseil de
l'Europe seront systématiquement surveillés avec l'aide de la
délégation russe à l'Assemblée.
La Commission
ad hoc
propose un dialogue à Strasbourg entre
toutes les parties au conflit et des représentants des victimes afin
d'arriver à un règlement acceptable par tous. Elle ajoute que les
violations des droits de l'homme et du droit humanitaire en
Tchétchénie devraient faire l'objet d'une large publicité,
ce qui implique la libre circulation des médias et des garanties
d'accès aux diverses autorités et institutions.
Une délégation d l'Assemblée a observé le premier
tour des élections présidentielles en Russie. Un
addendum
au rapport pourrait en tirer quelques conclusions.
A l'issue du débat, l'Assemblée a donné acte de l'addendum
III du rapport d'activité du Bureau et de la Commission permanente,
document 7560, qui portait sur la situation en Tchétchénie.
10. Avis sur les dépenses relatives à l'Assemblée pour l'exercice budgétaire 1997 - Intervention de M. Bernard SCHREINER, député (RPR) (Jeudi 27 juin)
Chaque année, l'Assemblée présente un
avis au Comité des ministres sur son budget-programme. En raison de
l'augmentation du nombre de pays-membres du Conseil de l'Europe (cinq nouveaux
membres depuis mai 1995, y compris la Russie) et de l'accroissement de ses
activités et responsabilités, notamment en ce qui concerne le
suivi des engagements, le rapporteur propose de demander plus de personnel et
un financement accru.
Dans le débat,
M. Bernard SCHREINER, député
(RPR)
, Président de la Commission, fait les observations
suivantes :
" Je remercie très chaleureusement notre rapporteur, M. Theis,
pour son excellent rapport, fouillé et détaillé, que j'ai
d'ailleurs eu le plaisir d'élaborer avec lui en tant que
Président de la Commission.
" J'ai écouté avec beaucoup d'attention toutes les
interventions. Comme l'a dit le rapporteur, elles vont dans le même sens.
" Je remercie également les membres de la Commission qui ont fait
les propositions que nous a présentées M. Theis et que, eu
égard à l'accroissement des tâches, nous jugeons tout
à fait raisonnables.
" Dans le cadre de notre Commission, qui se veut dynamique et active,
il y
aura peut-être lieu de revoir quelques points afin de mieux utiliser
certains fonds. Encore faut-il que nous puissions répondre aux besoins
formulés par les différents pays, compte tenu notamment de
l'élargissement.
" N'oublions pas que ce projet de budget représente à peine
douze heures de fonctionnement des Communautés européennes.
Je ne crois donc pas que les demandes soient exorbitantes et que nous ne soyons
pas raisonnables. Il importe de veiller à ce que cet argent soit bien
utilisé en fonction de notre objectif. Le Conseil de l'Europe a pour
mandat de veiller à la sécurité et à la
stabilité démocratiques dans nos pays.
" Madame la Présidente, mes chers collègues, je
vous demande d'approuver le rapport présenté par notre
collègue Theis et surtout de répercuter ses demandes
auprès de nos Gouvernements et de nos parlements, de sorte que des
moyens puissent nous être donnés afin que nous puissions continuer
à répondre aux besoins et surtout à œuvrer pour la
démocratie dans l'ensemble des pays d'Europe. "
Au terme de ce débat,
l'avis n° 197 contenu dans le rapport
7579
est adopté à l'unanimité.
11. Les aspects civils des accords de Dayton et d'Erdut : besoins urgents - Intervention de M. Pierre LACOUR, Sénateur (Rat. RDSE), rapporteur pour avis de la Commission de l'agriculture et du développement rural (Vendredi 28 juin)
Pour le rapporteur, il faut tout faire pour que les
élections en Bosnie et Herzégovine se déroulent dans des
conditions satisfaisantes, y compris exclure de la vie politique les personnes
accusées de crimes de guerre et les traduire devant le Tribunal
international de La Haye, souligne le rapporteur.
Vivement préoccupé par les retards pris dans l'application des
dispositions civiles de l'Accord de Dayton, notamment en ce qui concerne le
retour des réfugiés, le rapporteur demande aux Etats du Conseil
de l'Europe de donner la priorité absolue aux projets de
réhabilitation et de construction de logements. L'état
désastreux des infrastructures et le taux de chômage -entre 60 et
90 % de la population active- découragent en effet un grand nombre
de candidats au retour.
Dans ce contexte, il demande au Fonds de développement social du Conseil
de l'Europe d'augmenter sa capacité d'intervention en Bosnie et
Herzégovine et en Croatie et aux Etats membres de contribuer à la
garantie et au co-financement de projets en leur faveur.
Le rapport préconise également l'extension du mandat de l'IFOR
jusqu'à ce que la situation politique se soit stabilisée et que
tout danger de reprise des combats soit écarté.
Enfin, le rapport demande aux Etats européens de ne pas rapatrier les
personnes de Bosnie et Herzégovine actuellement en protection
temporaire, tant que les conditions acceptables pour leur retour ne seront pas
remplies.
M. Pierre LACOUR, sénateur (Rat. RDSE)
, formule les observations
suivantes en sa qualité de rapporteur pour avis de la Commission de
l'agriculture et du développement rural :
" Il est inutile de rappeler les difficultés d'application des
accords de Dayton pour la paix en Bosnie-Herzégovine, de même
qu'en Slavonie orientale, autour des accords d'Erdut. Le Président et
rapporteur de la Commission des migrations, M. Iwinski, vient de le faire avec
force détails objectifs. Et l'on ne peut que le féliciter et
approuver ses conclusions.
" Une chose est sûre : si l'on veut rétablir la
confiance des populations et l'espoir dans une vie démocratique et
tolérante qui s'impose, il est urgent de mettre en œuvre, comme
l'ont déjà indiqué mes prédécesseurs, le
processus de restauration d'une économie pratiquement détruite.
Mme Verspaget, dans son rapport, donne une description très
exhaustive des diverses possibilités d'aides de l'Europe en ce sens, et
j'y souscris totalement.
" Dans le secteur agro-alimentaire et forestier, nous avons pu
observer,
sur le terrain, que l'agriculture et le développement rural
représentaient dans tous les territoires de l'Ex-Yougoslavie un facteur
important de paix civile, propre à favoriser une restauration rapide de
la confiance et à recoudre le tissu social.
" L'agriculture et la sylviculture, avec le bois au service de la
reconstruction des logements, demeurent, en effet, riches de
potentialités de développement économique, pouvant
rapidement apporter un remède efficace à l'exode rural qui
sévit, suite à la guerre barbare qui, ici et là, a
détruit de nombreuses petites fermes où travaillaient, pour
beaucoup à mi-temps, une majorité d'ouvriers désormais
totalement désœuvrés, dans des villes plus ou moins mortes.
Déjà s'est mis en place une
task force
entre donateurs
d'aide au secteur agro-alimentaire et forestier, pour répondre à
l'attente des 2 à 3 millions de nécessiteux.
" Au terme de la mission préalable que nous avons effectuée
près de la FAO à Rome, nous avons pu apprécier
l'objectivité et la priorité donnée à certains
projets dans ce domaine par la Banque mondiale, qui s'efforce d'en assurer
l'application locale : 50 millions de dollars US pour la
reconstruction des fermes ; 30 millions pour le secteur forestier et
30 millions pour le secteur agro-alimentaire font partie des urgences.
" De toutes les organisations des Nations Unies, le Fonds
international de
développement agricole (FIDA), semble être, de son
côté, celle qui a fait le plus preuve d'innovation, en se
concentrant sur de petits projets sous forme d'envoi, au printemps prochain,
d'un nombre important d'ovins et de bovins, et cela tandis que l'Union
européenne accordait, elle, aux Serbes de Bosnie, première aide
de 2 millions de dollars à des fins de reconstruction des complexes
agricoles et de renouvellement du cheptel.
" Une priorité s'impose, bien entendu, dans certains secteurs
à vocation agricole : une vaste opération de
déminage. S'impose également une information préalable et
surtout une coordination indispensable entre tous les donateurs et
responsables. C'est pourquoi, notre Commission de l'agriculture et du
développement rural, consciente du rôle majeur que l'Europe peut
et se doit de jouer, afin que soient mis rapidement en œuvre des
projets
de rénovation dans le domaine agro-alimentaire et artisanal, avec la
reconstruction des fermes en toile de fond, prévoit dès à
présent l'organisation, en octobre prochain, d'une audition
parlementaire, pour faire le point dans ce domaine prioritaire et relativement
facile de mise en œuvre -mais surtout efficace en matière d'emploi.
" Telles sont, Monsieur le Président, chers collègues, les
conclusions que le rapporteur vous soumet, au terme de sa mission. "
M. Pierre LACOUR, sénateur (Rat. RDSE
), au nom de la
Commission de l'agriculture et du développement rural, a
déposé, sur le projet de recommandation, un amendement tendant
à ajouter la phrase suivante :
"
Les secteurs agro-alimentaire et forestier peuvent jouer un
rôle majeur pour améliorer la sécurité alimentaire,
pour fournir des matériaux (bois de construction) pour la
réparation et la construction de logements et pour la création de
l'emploi et de ce fait sont parmi les priorités de la
reconstruction
."
M. Pierre LACOUR
a défendu son amendement en ces termes :
" Autant nous paraît difficile la relance de l'économie
générale, que nous souhaitons tous, bien entendu, notamment en ce
qui concerne les petites et moyennes entreprises dont le tissu a
été, çà et là, détruit, et les
marchés perdus qu'il faudra retrouver, autant il est un domaine dont le
développement nous paraît actuellement tout à fait
possible : celui de l'agriculture et du monde rural. C'est la raison pour
laquelle nous avons présenté cet amendement. "
Au terme de cette explication, l'amendement est adopté par
l'Assemblée.
La résolution n° 1301 contenue dans le rapport 7588 est
adoptée, telle qu'amendée.
12. Abolition de la peine de mort en Europe - Intervention de M. Nicolas ABOUT, sénateur (Ap. RI), prononcée par M. Pierre LACOUR, sénateur (Rat. RDSE) (Vendredi 28 juin)
Le rapporteur de la Commission des questions juridiques
rappelle que l'Assemblée, en 1994, sur la proposition de M. Franck,
avait adopté différents documents concernant la peine de mort et
elle juge qu'il est bon aujourd'hui de faire le point. A l'époque un
projet de recommandation invitait les pays membres à abolir la
peine de mort et à adopter le 6ème protocole à la
Convention européenne des Droits de l'Homme. Les nouveaux Etats membres
quant à eux ont signé des engagements qui prévoient soit
la ratification de ce protocole, soit des mesures destinées à
empêcher l'application effective de la peine de mort comme un moratoire
ou des grâces. La Commission avait préconisé quant à
elle l'élaboration d'une nouvelle convention prévoyant
l'abolition irréversible de la peine de mort en temps de paix et un
mécanisme de contrôle.
Depuis cette date, certains pays ont aboli la peine de mort comme la Moldova,
peu de temps après son adhésion, ainsi que l'Italie, l'Espagne et
la Belgique. Mais, à côté de ces bonnes nouvelles, on peut
observer que des Etats refusent d'appliquer le moratoire. La Lituanie qui, il
est vrai, n'avait pris aucun engagement, a fait procéder à trois
exécutions, dont la dernière remonte à juillet 1995,
et considère que le moratoire ne peut être décidé
que par voie législative. La Lettonie, qui s'était engagée
à ratifier le protocole, a fait exécuter deux personnes et le
Code pénal nouveau qui est en cours d'élaboration ne semble pas
pour l'instant prévoir l'abolition de la peine de mort. Des
exécutions ont eu lieu en Estonie et des demandes de grâce ont
été rejetées en Russie, selon les informations
données par M. Bindig. Mme le rapporteur veut faire
preuve d'optimisme mais craint que des exécutions n'aient lieu
prochainement. Une mise au point s'impose.
Elle se déclare favorable à une abolition inconditionnelle de la
peine de mort, mais considère que les pays doivent au moins appliquer un
moratoire. La Lituanie, l'Estonie, l'Ukraine et la Russie doivent mettre un
terme aux exécutions et les Etats membres qui ont renoncé
à appliquer la peine de mort doivent l'abroger de jure en ratifiant le
6ème protocole. Le Conseil de l'Europe peut apporter une assistance aux
Etats qui veulent adapter leur législation.
La Commission demande au Comité des ministres de veiller à
l'application de la recommandation de 1994 et d'appuyer ses initiatives, en
organisant éventuellement une conférence et en vérifiant
que les engagements souscrits ont été tenus. Aucun argument ne
peut justifier aux yeux d'un chrétien la peine capitale.
M. Pierre LACOUR, Sénateur (Rat. RDSE)
, intervient dans le
débat en ces termes :
" Monsieur le Président, mes chers collègues, en l'absence
de notre collègue
M. Nicolas ABOUT
, qui a dû brutalement
s'absenter, je me ferai un devoir de reprendre son intervention.
" Nous avons lu attentivement le rapport de notre collègue ainsi
que les projets de résolution, de recommandation et de directive soumis
à notre Assemblée. Nous ne pouvons qu'approuver pour notre part
l'invitation adressée aux Etats membres du Conseil de l'Europe, et aux
Etats candidats à l'adhésion, de décider un moratoire des
exécutions capitales, ainsi que l'inscription formelle dans leur
législation de l'abolition de la peine de mort.
" Tout en réaffirmant ces principes, je voudrais observer que les
rumeurs d'exécution qui auraient eu lieu en Lettonie, en Lituanie, en
Ukraine et en Russie, pour déplorables qu'elles soient, ne semblent
avoir concerné que des coupables de crimes de droit commun et non pas,
fort heureusement, des délits politiques.
" Nous savons tous, mes chers collègues, qu'avec l'effondrement des
dictatures communistes, toutes les forces qui se sont
déchaînées, dans les Etats d'Europe centrale et orientale,
ne sont pas également bénéfiques.
" Nous ne pouvons pas ignorer que dans la phase de reconstitution d'un
appareil d'Etat cette fois démocratique, des phénomènes de
grand banditisme se sont développés.
" Le rétablissement de la sécurité des personnes est
un enjeu décisif pour l'enracinement de l'Etat de droit sur tout notre
continent. Nous savons trop à qui peut profiter l'inquiétude des
citoyens devant la montée de l'insécurité. A l'Ouest,
comme à l'Est d'ailleurs, de mauvais bergers sont prêts à
récupérer les peurs de la population.
" En tenant compte de ce contexte, je souhaite néanmoins que tous
les Etats du Conseil de l'Europe abolissent effectivement la peine capitale.
J'approuve donc le fait que nous invitions les Etats membres comme les Etats
candidats à l'adhésion à s'engager dans ce sens.
Cependant, je souhaiterais également que notre Assemblée fasse
preuve de l'impartialité nécessaire pour être
écoutée.
" Ainsi, j'aurais souhaité que dans le projet de résolution
à la fin du paragraphe 2, nous étendions l'observation aux
Etats ayant obtenu ou demandant le statut d'observateur auprès de notre
Organisation.
" De même, après le paragraphe 6 du projet de
résolution, j'aurais voulu que la recommandation d'introduire un
moratoire et d'abolir la peine de mort s'adressât également aux
Etats bénéficiant du statut d'observateur.
" Enfin, la même observation vaut pour le projet de recommandation.
Il me semble que dans le paragraphe 4, l'alinéa iv aurait dû
être suivi d'un alinéa supplémentaire recommandant au
Comité des ministres la prise en compte de la situation dans les Etats
ayant obtenu ou demandant le statut d'observateur.
" Dois-je rappeler que les Etats-Unis d'Amérique, que nous avons
unanimement accueillis au début de cette année comme
observateurs, ont procédé à 56 exécutions
capitales l'année dernière et que quelque
3.000 condamnés attendent actuellement dans les couloirs de la
mort ? Ce nombre est à rapprocher des 46 prisonniers qui se
trouveraient actuellement dans la même situation en Russie selon le
paragraphe 3 du projet de résolution.
" Le rapport n'en qualifie pas moins les Etats-Unis de "pays qui
a une
tradition démocratique et d'Etat de droit".
" Personne ne comprendrait que notre invitation s'adresse aux Etats
membres, aux invités spéciaux et aux candidats à
l'adhésion, tout en passant complètement sous silence la
situation dans un Etat admis au statut d'observateur et où les
condamnations à mort, comme les exécutions, sont à la fois
les plus nombreuses et en nette augmentation.
" Il y aurait là une sorte de double langage auquel, pour ma part,
je ne peux souscrire et je subordonnerai mon vote favorable des projets de
résolution, de recommandation et de directive, à la prise en
compte -si le rapporteur en était d'accord- de la situation dans les
Etats admis au statut d'observateur. ".
La résolution n° 1097, la recommandation n° 1302
et la directive n° 525 contenues dans le rapport 7589, sont
adoptées sans modification
.