B. UNE LENTE ÉVOLUTION VERS LE MONOPOLE ADMINISTRATIF
1. Vers la constitution d'un monopole concédé : les choix de la monarchie
a) La poste interurbaine
A compter de 1638 -l'année de naissance de
Louis XIV ; tout un symbole !- le surintendant des Postes commence
à s'attacher à étendre le monopole de la poste royale.
Avec le soutien des maîtres des courriers, le pouvoir royal engage la
lutte contre les messageries concurrentes, notamment celles de
l'université, avec laquelle il soutient de nombreux procès. Dans
ces conflits, la messagerie de l'université reçoit l'appui de
plusieurs Parlements, d'autant plus aisément que les tarifs qu'elle
pratique sont inférieurs à ceux de la poste royale. La
compétition est donc vive entre les deux services.
Colbert organise la suppression progressive des offices liés à
l'exploitation des postes autres que la poste royale. Un arrêt de 1681
interdit, en outre, aux "
messagers, fermiers, loueurs de
carrosses,
coches, conducteurs de carrioles et charrettes, muletiers, rouliers,
voituriers, coquetiers, poulaillers, beurriers, mariniers, gens de pieds et
marchands de toile de se charger des lettres et paquets, sous peine d'une
sévère amende
".
Puis, Louvois, chargé des questions postales, à compter de 1668,
entame l'unification des services royaux
A partir de 1672, au lieu d'être éparpillés entre plusieurs
dizaines de maîtres des courriers, installés dans les diverses
généralités du royaume, les services postaux sont
placés sous le contrôle direct du surintendant qui supervise les
activités du fermier général et fixe les tarifs.
S'étant acquitté du prix de la ferme, le fermier
général est libre de contracter avec des sous-traitants qu'il
choisit pour effectuer le service qui est donc, en pratique,
concédé à des intermédiaires. Le monopole est alors
davantage un moyen d'assurer au roi l'exclusivité du revenu de la vente
de la ferme qu'un biais destiné à créer une administration
publique.
Cependant, le système postal est loin d'être unifié.
Le
tarif auquel sont soumis les envois, fixé par l'autorité royale,
demeure fonction du poids et surtout de la distance.
Par ailleurs, des
messageries régionales subsistent (notamment en Auvergne) jusqu'au
début du règne de Louis XVI.