C. LA NATION DOIT L'ACCOMPAGNER
Si l'accord de Dublin, qui a fondé la position commune du Conseil des ministres européens du 18 décembre 1996, constitue l'un des atouts majeurs de La Poste, il convient d'avoir conscience que " l'Histoire ne repasse jamais deux fois les mêmes plats".
1. Elle a déjà commencé : l'accord de Dublin est une chance historique
Votre rapporteur a parfois entendu dire, à l'occasion
des forums de discussion qu'il a organisés avec des postiers dans cinq
départements au cours des derniers mois, que, si La Poste se trouvait
aujourd'hui confrontée à des défis importants, la
responsabilité en revenait aux hommes politiques qui l'avait
engagée dans une voie difficile.
Une telle vision des choses -qui se trouve sans doute parfois encouragée
par des discours vantant les charmes de l'immobilité- n'est pas conforme
à la vérité. Elle est même son exacte inversion. Les
évolutions auxquelles La Poste doit s'adapter résultent
fondamentalement des " révolutions " technologiques et des
mutations économiques du monde occidental.
Si La Poste a aujourd'hui de solides chances de demeurer une grande entreprise
nationale et peut être encore de devenir, au XXIe siècle, un
opérateur international d'envergure, c'est bien parce que les hommes
politiques français -à commencer par le Président de la
République, Jacques Chirac- ont obtenu à l'arraché qu'elle
dispose encore de quelques années pour s'adapter. L'énergie et le
talent qu'ils ont déployés pour sauver notre opérateur
postal ne doivent pas être passés sous silence, ni en aucun cas
être caricaturé.
Il ne faut pas croire que la partie était gagnée d'avance.
Tant s'en faut.
Votre rapporteur se souvient avoir rencontré peu de
temps avant le sommet de Dublin, M. François Fillon qui arpentait
alors les capitales européennes pour rencontrer ses homologues et
défendre un dossier auquel ils étaient dans leur grande
majorité hostiles. Il lui avait alors confié :
"
j'espère que nous arriverons à enrayer le processsus,
mais je n'en suis pas sûr et si nous n'y arrivions pas, cela
entraînerait de sérieux problèmes car nos postiers ne sont
pas encore prêts à affronter une concurrence aussi large que celle
qui est envisagée
".
Ceci étant, les Français dans leur ensemble et les postiers
eux-mêmes doivent aujourd'hui avoir conscience que le répit que
les responsables politiques ont ainsi obtenu ne se prorogera pas au-delà
de 2003.
Il n'y aura pas un deuxième compromis de Dublin
.
En effet, il faut être conscient qu'il s'agissait là " d'un
coup à une balle ". Ne nous leurrons pas : les autres Etats
membres, au premier rang desquels l'Allemagne elle-même, notre partenaire
de Dublin, ne nous donnerons pas une deuxième chance historique. Le
Bundestag ne vient-il pas, en effet, d'aller beaucoup plus loin et beaucoup
plus vite que le projet de directive en adoptant, le
9 octobre dernier, un projet de loi tendant à limiter le
monopole de la Deutsche Post AG aux lettres de moins de 100 grammes et
coûtant moins de 5,5 deustche marks d'affranchissement dès
1998, (hors envois en nombre, qui seraient exclus du monopole dès 1998)
et à supprimer ce monopole le 31 décembre 2002 ?