c) Une demande sociale incontournable en faveur des études supérieures
Après les années des trente glorieuses qui ont
vu la majorité des Français accéder à la
société de consommation, les dernières décennies se
sont caractérisées par l'afflux de nouvelles populations de
bacheliers qui ont découvert l'enseignement supérieur, ce
mouvement correspondant à une forte demande sociale des familles.
Cette aspiration aux études supérieures et à l'obtention
d'un statut étudiant qui reste auréolé d'un certain
prestige, est particulièrement vive et s'explique d'abord par le souci
légitime de promotion sociale des familles pour leurs enfants.
Elle traduit aussi leurs inquiétudes devant l'avenir, du fait des
sombres perspectives en matière d'emploi des jeunes ; l'allongement des
études supérieures qui est aujourd'hui observé traduit
à la fois à une position d'attente, et la conviction que le
diplôme universitaire, mais aussi le passage dans l'enseignement
supérieur, restent, quoi qu'on en dise, les meilleurs passeports pour
trouver un emploi.
Une même demande sociale peut s'observer dans la plupart des pays
comparables au nôtre où, peu ou prou, la moitié d'une
génération accède désormais à l'enseignement
supérieur sans être confrontée d'ailleurs à une
sélection plus rigoureuse que dans notre système universitaire.
En effet, si chacun s'accorde à reconnaître les mérites de
l'université américaine, celle-ci apparaît, contrairement
à une opinion trop répandue moins sélective que notre
système d'enseignement supérieur entendu au sens large. A
l'exception de quelques établissements prestigieux, le plus souvent
privés (Princeton, Harvard, Yale, Stanford, MIT...) ou
d'université d'Etat (Indiana, Wisconsin, Californie, Texas...), il
n'existe pas de véritable sélection dans les quelque
3.600 autres collèges ou universités.
S'agissant de l'Allemagne, le déplacement effectué par une
délégation de la mission à l'université
d'Heidelberg, qui reste l'une des plus prestigieuses du pays, a permis de
constater que le libre accès à l'enseignement supérieur,
qui ne comporte pas de grandes écoles, était la règle, que
les taux d'échec n'étaient pas éloignés des
nôtres et que l'absence de motivation, voire d'assiduité des
étudiants se traduisaient même par une entrée plus tardive
à l'université et par une durée des études qui est
sensiblement plus longue.