AVANT-PROPOS
La Commission des Affaires économiques du Sénat
a envoyé en Inde, en février 1996, une mission d'information
qu'elle a chargée d'étudier l'économie de ce pays, ainsi
que ses relations économiques, commerciales et financières avec
la France.
Lors de la présentation du rapport faisant suite à cette mission
d'information, la Commission des Affaires économiques, sur proposition
de son Président M. Jean François-Poncet qui conduisait la
délégation en Inde, a souhaité, ainsi qu'elle l'avait fait
l'année précédente pour la Chine, organiser au
Sénat un Colloque consacré aux Investissements étrangers
en Inde et aux enjeux qu'ils représentent pour la France.
Ce Colloque, placé sous le haut patronage de M. René Monory,
Président du Sénat, s'est tenu au Palais du Luxembourg, le
2 juillet 1996, devant une assistance nombreuse composée
d'hommes politiques, de chefs d'entreprises français et indiens, de
responsables économiques, ainsi que de spécialistes de l'Inde et
de journalistes.
Compte tenu de l'intérêt suscité par le Colloque, la
Commission des Affaires économiques a estimé souhaitable qu'un
large écho puisse lui être donné. Aussi a-t-elle
décidé d'en publier les Actes. Tel est l'objet du présent
rapport qui s'inscrit dans le prolongement des réflexions de la mission
d'information.
I. ALLOCUTIONS D'OUVERTURE
1. Allocution de M. René Monory, Président du Sénat
Je tiens à vous dire tout d'abord le plaisir que j'ai
à voir se développer au Sénat des colloques de cette
nature. Quand je suis arrivé à la présidence du
Sénat, j'ai voulu ouvrir cette assemblée à la fois
à la prospective et à l'international. Désormais,
l'habitude est prise, en particulier sous l'impulsion de Jean Francois-Poncet.
Ainsi, lorsqu'une commission du Sénat effectue une mission, elle la
conforte et la prolonge par un colloque. Il est important, je crois, que le
Sénat soit à l'avant-garde des relations que nous nouons avec
d'autres pays.
Nous avons toujours un peu de difficultés, en France, à nous
lancer sur les marchés extérieurs. Je dirai que nous ne sommes
pas assez " aventuriers ", dans le bon sens du terme. Si en
effet
nous commençons à être beaucoup plus présents dans
le sud-est asiatique ou en Chine, ce n'est pas encore le cas s'agissant de
l'Inde qui, pourtant, recèle à la fois des trésors de
civilisation, un extraordinaire potentiel de développement et des
réserves considérables d'augmentation de la richesse.
Ce pays formidable que certains d'entre vous connaissent bien, est en pleine
transformation. Il a maîtrisé son inflation au cours de ces
dernières années, la démocratie y est en route depuis
longtemps. Mais alors que d'évidence, les investissements
étrangers et en particulier ceux des Etats-Unis, y ont été
extrêmement nombreux ces derniers temps, les nôtres sont en baisse.
Je crois que des colloques comme celui d'aujourd'hui peuvent tracer la voie de
la nouvelle conquête de l'Inde, à la fois pour les hommes
politiques et les responsables économiques.
M. l'Ambassadeur de l'Inde en France, qui est avec nous aujourd'hui, est venu
me voir bien souvent ; il me demande toujours : " Pourquoi
n'êtes-vous pas plus présents dans notre pays ? ".
Grâce à l'impulsion de la Commission des affaires
économiques du Sénat et de son président, nous allons peu
à peu - je l'espère - contribuer à inverser cette
tendance.
Je me propose moi-même, sans doute en 1997, d'aller en visite officielle
en Inde avec quelques collègues pour bien marquer l'intérêt
de la France. Je le ferai en plein accord avec le président de la
République française, qui souhaite, lui aussi, que nos
entreprises soient plus nombreuses dans un pays qui ne demande qu'à nous
accueillir.
J'espère que ce colloque témoignera de la conviction de notre
démarche et apportera des idées sur la façon d'être
plus présent et, surtout, d'accroître nos investissements.
L'Europe, c'est clair, traverse aujourd'hui une période de stagnation ou
de stabilisation alors que pendant quarante ans, elle a connu une forte
progression de sa croissance. Aujourd'hui, fort heureusement, beaucoup de pays
dans le monde se développent, ce qui a entraîné une
nouvelle répartition de la croissance mondiale. En conséquence,
notre part de richesses - celle de la France, celle de l'étranger - est
moins importante que par le passé.
Notre seule chance, pour nous Français, de régler nos
problèmes d'emploi et de croissance, est donc d'être offensifs sur
les nouveaux marchés qui sont demandeurs d'investissements, de
richesses, de culture, de formation... Intensifier nos échanges avec ces
pays nous permettra de maintenir une croissance plus soutenue et de
créer des emplois, ce qui est une des préoccupations
premières des gouvernements, comme des parlementaires.
Je n'en dirai pas plus pour ne pas retarder vos travaux qui promettent
d'être intéressants. Je laisse la parole à notre
Président de la Commission des affaires économiques, qui a eu
l'idée et l'impulsion de ce colloque. Merci de votre attention.