L'ETAT DOIT SE RETIRER DU SECTEUR CONCURRENTIEL ET NE CONSERVER QUE DES MISSIONS DE SERVICE PUBLIC DÉFINIES DANS LA TRANSPARENCE

Privatiser ce qui peut l'être

Le groupe de travail reprend à son compte une proposition déjà émise par notre commission dans le rapport de nos collègues Jean Arthuis, Claude Belot et Philippe Marini :

" Il apparaît avec évidence que l'Etat n'a pas vocation à détenir des entreprises du secteur concurrentiel pour lesquelles le sort le plus normal doit être la privatisation. " 124( * )

Cela signifie que l'Etat doit se retirer complètement de toutes les entreprises dont les métiers sont également pratiqués par des établissements privés selon des règles de concurrence.


Il ne doit donc pas seulement privatiser les banques nationalisées telles que la Société Marseillaise de Crédit, le CIC, la Banque Hervet, la banque Laydernier, le Crédit Lyonnais... Il doit aussi s'interroger sur la conservation d'éléments de son patrimoine qui, tout en faisant partie d'un groupe à vocation de service public, exercent des métiers concurrentiels.

Cela implique enfin que l'Etat abandonne tout pouvoir de nomination, et même d'influence sur les nominations, dans les établissements de crédit privés, tels que le Crédit foncier. La privatisation n'a en effet pas de sens si l'osmose entre la haute administration financière et le secteur bancaire est perpétuée 125( * ) . Il est nécessaire de laisser se développer peu à peu une tradition entrepreneuriale dans ce secteur .

Étatiser ce qui doit l'être

Inversement, un retrait aussi complet que possible du secteur concurrentiel doit s'accompagner d'une identification précise et transparente des missions de service public que l'Etat continuerait à exercer, par la voie de subventions, de garanties, ou d'établissements publics de place . Cette identification doit se faire de façon transparente après débat de place auquel tous les acteurs prendraient part, de façon à définir les tâches que le secteur concurrentiel n'est pas prêt à assumer.

Le groupe de travail ne se prononce pas sur le contenu de ces missions, qui peut être évolutif et devra être renégocié fréquemment. Traditionnellement, l'Etat intervient sur plusieurs créneaux : le financement du logement social (le PLA, le PLI, le prêt à taux zéro, le 1 % logement) ; les engagements à long terme sur les PME (par les SDR, le CEPME, la SOFARIS); l'épargne populaire (l'exonération des intérêts du livret A), ou l'épargne-logement (l'exonération et la prime sur les intérêts des comptes et plans)... Il demande également au système bancaire de garantir des droits : droit au compte, procédures de surendettement, etc...

Le débat de place est indispensable pour éviter l'apparition de l'Etat sur des secteurs en situation de concurrence . Ainsi, la nouvelle banque des PME devra prendre la précaution de ne pas empiéter sur les relations entre banques et PME ressortissant au secteur concurrentiel (crédits à court et moyen terme notamment), et veiller à n'intervenir qu'en partenariat avec les autres établissements, comme la SOFARIS aujourd'hui 126( * ) .

Rien n'est plus détestable que l'ambiguïté dans ces différents domaines. L'intervention de la puissance publique dans les secteurs gérés convenablement par l'économie de marché fausse l'allocation des ressources.

Dans les différents domaines d'intérêt général ainsi définis, l'action de l'Etat devra être prévisible de façon à constituer un socle solide sur lequel l'ensemble du secteur pourra s'appuyer . Ainsi il conviendra, entre autres, que l'Etat gère enfin de façon appropriée le niveau des taux de l'épargne administrée, afin de ne pas introduire de perturbation aussi bien dans le volume des ressources affectées à des missions d'intérêt général que dans l'allocation de l'épargne entre les différents produits.

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