Les indicateurs de rentabilité
Il existe plusieurs façons d'apprécier et de
mesurer la rentabilité bancaire (voir encadré ci-après).
S'agissant du cas particulier de la France, cette mesure est rendue difficile
par les changements de méthodologie comptable intervenus depuis 1990 et,
notamment, par la réforme de la collecte des informations comptables
(BAFI) entrée en vigueur au 1
er
janvier 1993, qui introduit
une rupture dans les séries statistiques (voir tableaux ci-après).
On observera qu'il n'existe pas d'analyse globale sur les résultats des
établissements de crédit depuis dix ans. La seule étude
d'envergure dont on ait connaissance a été réalisée
par la Commission bancaire
2(
*
)
,
mais ne porte que sur les seules banques AFB.
L'analyse qui suit a été effectuée à partir des
Analyses comparatives (volumes 1 et 2) produites par la Commission bancaire
depuis 1988. Il en va de même des tableaux décomposant les
différents soldes de gestion établis dans la suite du
présent rapport.
Les résultats
L'analyse des résultats d'ensemble des établissements de crédit fait apparaître un fort ralentissement, voire une diminution du produit net bancaire. Face à cette évolution, la stabilisation des frais généraux ne suffit pas à éviter la chute du résultat d'exploitation et plus encore du résultat net.
Le ralentissement de la croissance du produit net bancaire
Le taux d'augmentation du produit net bancaire est passé
de 7,7 % en 1988 à 3,5 % en 1995, après avoir connu "
pour la
première fois que les statistiques sur les résultats bancaires
sont calculées
"
3(
*
)
une diminution nette de 7,7 % en 1994.
Même si l'on neutralise les
effets du changement de méthode comptable, cette diminution demeure de
l'ordre de 4,6 %.
DÉFINITION ET MESURE DE LA RENTABILITÉ BANCAIRE
Les différentes approches de la rentabilité
bancaire
La rentabilité d'un établissement de crédit
représente son aptitude à dégager de son exploitation des
gains suffisants, après déduction des coûts
nécessaires à cette exploitation, pour poursuivre durablement son
activité. Il existe plusieurs façons d'apprécier la
rentabilité bancaire, selon l'objectif poursuivi.
Pour les actionnaires
, le rapport du résultat net aux fonds
propres (
coefficient de rentabilité
ou
return on equity
ROE
) met en évidence le rendement de leur investissement. Cette
vision peut s'accommoder d'une sous-capitalisation structurelle des
établissements, un bon coefficient de rentabilité pouvant
provenir d'un faible niveau de fonds propres.
Les analystes extérieurs
, notamment les contreparties des
établissements de crédit, prennent également en compte les
autres aspects de la structure financière et en particulier, le
coefficient de rendement
ou
return on assets (ROA)
.
L'inconvénient de cette approche est qu'elle place tous les actifs sur
un même plan, alors que leurs risques sont différents et qu'elle
néglige les activités de hors-bilan qui se sont fort
développées au cours des dernières années.
C'est pourquoi,
les autorités prudentielles
utilisent plusieurs
de ces instruments d'appréciation de la rentabilité. C'est
l'éclairage d'ensemble qui résulte de leur analyse qui permet de
dégager une opinion sur la rentabilité d'un établissement.
Pour une étude plus approfondie de la mesure de la rentabilité
bancaire, le lecteur intéressé pourra se reporter utilement aux
travaux de la Commission bancaire présentés dans son rapport pour
1995 (p. 183 et suivantes).
Les instruments d'analyse de la rentabilité
* Les soldes intermédiaires de gestion
L'équilibre rentabilité/risque ne peut pas toujours être
apprécié par le seul examen du résultat net, qui est un
solde intégrant parfois des produits ou charges non récurrents
qui peuvent masquer la structure de la rentabilité des
établissements. C'est pourquoi l'analyse de celle-ci passe par la mise
en évidence de soldes intermédiaires de gestion qui permettent
d'identifier les éléments ayant concouru à l'obtention du
résultat final.
- Le produit net bancaire (PNB)
est calculé par différence
entre les produits bancaires et les charges bancaires (activité de
prêt et d'emprunt ; opérations sur titres, change, marchés
dérivés,...). Il mesure la contribution spécifique des
banques à l'augmentation de la richesse nationale et peut en cela
être rapproché de la valeur ajoutée dégagée
par les entreprises non financières. Depuis 1993, le calcul du PNB
intègre les dotations ou reprises de provisions sur titres de placement.
En revanche, les intérêts sur créances douteuses en sont
désormais déduits.
-
Le produit global d'exploitation (PGE),
calculé depuis 1993,
est un solde intermédiaire qui ajoute au PNB, les produits accessoires
et divers, les plus-values nettes de cession sur immobilisations corporelles ou
incorporelles, les plus values nettes de cession sur immobilisations
financières et les dotations nettes aux provisions sur immobilisations
financières.
- Le résultat brut d'exploitation (RBE)
s'obtient en retranchant
du PNB, majoré des produits accessoires, le volume des frais
généraux et des dotations aux amortissements. Il permet
d'apprécier la capacité d'un établissement de
crédit à générer une marge après imputation
du coût des ressources et des charges de fonctionnement.
- Le résultat d'exploitation (RE)
correspond au RBE
diminué des dotations nettes aux provisions d'exploitation. C'est
à ce niveau que la notion de risque est prise en compte. Depuis 1993, ce
solde a été remplacé par le résultat courant avant
impôt.
- Le résultat net (RN)
intègre, outre le résultat
d'exploitation, les autres produits et charges de caractère le plus
souvent exceptionnel, les dotations au fonds pour risques bancaires
généraux et l'impôt sur les sociétés.
* Les coûts, rendements et marges
L'évaluation de la rentabilité est le fruit des variations de
taux et de volume qu'il importe de pouvoir dissocier dans l'appréciation
de la situation d'un établissement de crédit. La mesure de
l'effet prix et de l'effet volume passe par l'analyse des coûts et des
rendements, obtenus en rapprochant le montant des intérêts
perçus et versés sur celui des prêts et des emprunts
correspondants. Un calcul de marge peut dès lors être
réalisé sur les différentes activités
d'intermédiation (opérations avec la clientèle,
opérations de trésorerie) et donner lieu en définitive
à une évaluation de la
marge globale
d'intermédiation
.
Depuis 1993, ce ratio a fait place à celui de
marge bancaire globale
dont la création a été motivée, d'une part, par
la nécessité d'avoir un ratio prenant en compte l'ensemble de
l'activité bancaire, y compris les activités de service et de
hors-bilan (la distinction entre intermédiation et non
intermédiation tendant à devenir plus imprécise), et,
d'autre part, le souci de calculer un indicateur simple facilement utilisable
dans les comparaisons internationales. Elle résulte du rapport du PGE
sur le total de bilan et "l'équivalent crédit sur instruments
financiers à terme".
Compte tenu du fort développement des opérations bancaires hors
intermédiation (services de conseil, opérations sur
marchés dérivés...) il est souhaitable de tenir compte
dans l'analyse des produits et charges qu'elles génèrent et de
rapporter l'ensemble des gains nets ainsi obtenus au total des fonds
utilisés, qui sont constitués des fonds empruntés et des
capitaux propres. Le taux ainsi calculé est un indicateur du
rendement global
d'un établissement de crédit. Cet
indicateur est resté inchangé par la réforme de 1993.
* Les ratios d'exploitation
Plusieurs ratios peuvent être calculés afin de mettre en
évidence les structures d'exploitation. Les plus utilisés sont :
- le coefficient global d'exploitation -
rapport des frais
généraux au PGE. Il montre de façon synthétique la
part des gains réalisés qui est absorbée par les
coûts fixes.
- le coefficient de rentabilité :
rapport du résultat net
aux fonds propres (capital, réserves et éléments
assimilés, report à nouveau), autrement appelé
return on equity ROE
.
- le coefficient de rendement :
rapport du résultat net au total
du bilan, autrement appelé
return on assets (ROA)
.