II. LA RENCONTRE DES MONDES DE L'INFORMATIQUE DES TÉLÉCOMMUNICATIONS ET DE L'AUDIOVISUEL : UNE RÉACTION EN CHAÎNE
Ce qui forme aujourd'hui la " trame " de
la
société de l'information est la convergence entre les trois
univers longtemps distincts de l'informatique des
télécommunications et de l'audiovisuel.
A cette dimension vient s'ajouter une tendance très
récente : la diffusion large bande par satellite revêt,
beaucoup plus qu'on ne le pensait il y a seulement un an, une importance
capitale. La France est bien pourvue dans ce domaine avec
l'Aérospatiale, Matra et Alcatel, il lui reste à élaborer
une politique spatiale tournée vers l'avenir.
Cette convergence, qui ouvre des perspectives considérables pour le
développement de la société de l'information, est aussi un
puissant vecteur de changement.
La mise en place de cette société de l'information, s'accompagne
en effet d'un
bouleversement de nombreuses habitudes
et entraîne
la
remise en cause de visions traditionnelles,
voire de situations
acquises.
A moins d'accepter par avance l'échec de l'entrée de la France
dans la société de l'information, les responsables politiques,
économiques ou administratifs de notre pays doivent assumer avec
lucidité et rigueur les exigences de cette ambition.
L'adaptation des structures et l'évolution des mentalités
qu'implique cette ambition appelle une claire conscience des grands principes
de la société de l'information : la diversité, la
concurrence, la liberté et la démocratie.
A. DES UNIVERS EN EFFERVESCENCE
Précédant l'émergence du concept de
société de l'information, l'évolution spectaculaire des
mondes de l'informatique, des télécommunications et de
l'audiovisuel est venue marquer les deux dernières décennies.
Sans prétendre à l'exhaustivité et sans vouloir faire un
historique détaillé de chacun de ces mondes, votre mission
d'information a souhaité mettre en lumière les lignes
maîtresses de ce phénomène.
1. L'explosion informatique
Le développement des ressources informatiques et la démocratisation de l'ordinateur constituait, à n'en pas douter, le " cur du réacteur " de la société de l'information.
a) Le " cur du réacteur " : les supports de stockage et le processeur
La matière première, la source d'énergie,
" l'uranium " de ce réacteur est formée, d'une part,
par les supports de stockage et, d'autre part, par le processeur.
Le développement de l'informatique, souvent définie comme
l'ensemble des processus concourrant au traitement automatisé de
l'information, dépend en effet directement des capacités de
stockage de l'information et de la rapidité du traitement de cette
information.
Or, ces deux fonctions ont connu des progrès considérables.
-
·
Les capacités de stockage
Qu'elles soient magnétiques ou optiques, les capacités de stockage se sont accrues dans des proportions qu'aucun ingénieur des années 1950 n'aurait pu imaginer. Ce phénomène est d'autant plus frappant qu'il s'accompagne d'une formidable miniaturisation des supports physiques de stockage.
à Lorsque la société IBM inaugurait en 1956 le 305 Ramac (random access method of accounting and control), son nouveau système de stockage des informations sur disque dur magnétique, celui-ci permettait de stocker 5 millions de caractères ou octets (un octet correspondant à une séquence de huit bits), soit 2.500 pages de texte, et comportait 50 plateaux de 60 centimètres de diamètres intégrés dans une vaste armoire.
Depuis cette date, la capacité de stockage a été multipliée par plus de 600, tandis que la taille du support physique de stockage passait de celle de l'armoire à celle de la cassette audio. Aujourd'hui on peut en effet stocker plus de 3 milliards de caractères (3 gigaoctets, Go), soit plus de 1,5 million de pages de texte, sur un support qui pèse environ 100 grammes et dont l'épaisseur est légèrement inférieure au centimètre 5( * ) . Cette progression de capacités de stockage s'est en outre accompagnée de celle des caractéristiques d'exploitation des disques durs.
Ainsi, le temps d'accès aux informations inscrites sur le disque dur a été divisé par 60, passant de 600 millisecondes à 10 millisecondes, tandis que la vitesse de rotation des disques durs était multipliée par 6, grimpant de 1.200 tours par minute à 7.200 tours par minute, décuplant ainsi le débit d'information du disque dur qui atteint aujourd'hui 15 mégaoctets par seconde. A cet égard, il convient de remarquer que ces caractéristiques continueront leur progression dans les années à venir.
à La naissance et l'accroissement des capacités de stockage optique des informations viennent ajouter leurs potentialités à celles des disques magnétiques.
Le principe du stockage optique de l'information est fondé sur la lecture par un microscopique faisceau laser des informations inscrites sur la surface d'un disque optique. Ces informations sont gravées sur une face réfléchissante sous la forme de creux et de pleins correspondant au langage binaire de l'informatique, " l'il " laser détectant ces variations par la variation de l'intensité lumineuse réfléchie, lisant ainsi l'information.
Cette technique de stockage a été appelée à un succès planétaire grâce à la naissance du disque compact (CD, compact disc en anglais), disque optique numérique d'un diamètre de 12 centimètres, dont l'exploitation a touché tous les domaines de l'information et dont les facultés ont connu et continuent de connaître des progrès formidables.
Né en 1982 , après la signature d'un accord entre les quatre sociétés conceptrices -Philips, Hitachi, JVC et Sony- le " CD " constituait tout d'abord une révolution dans le domaine du stockage de l'information musicale, où il a très rapidement supplanté son concurrent analogique, le disque vinyle.
Les possibilités offertes par ce nouveau support ont très rapidement ouvert des perspectives pour le stockage des autres types d'informations. Ainsi, dès 1985, apparaissait le CD-ROM (Compact disc read only memory, disque compact optique informatique accessible uniquement en lecture), extension informatique du disque compact audio. Le CD-ROM, ou cédérom, permet pour sa part de stocker plus de 600 millions de caractères (600 mégaoctets), soit plus de 250.000 pages de textes. Cette très forte capacité a très rapidement fait du cédérom un support privilégié de stockage tant dans le domaine de la documentation technique (souvent volumineuse dans sa version papier) que dans le domaine des logiciels comportant du son et des images.
Le Sénat s'engage activement dans l'ère du multimédia avec le lancement en septembre 1997 d'un cédérom exclusivement consacré à l'institution sénatoriale. Présentant à la fois l'histoire et le rôle du Sénat, ce cédérom permet aussi de découvrir en images le Palais du Luxembourg.
Parmi d'autres utilisations du disque compact il convient, par ailleurs, de signaler le CDI -compact disc interactive- destiné à la vidéo et le CD-photo qui permet le stockage en haute définition d'une centaine de photos sur un disque optique.
Ce petit disque optique de 12 centimètres de diamètres est actuellement en train de devenir le support d'une nouvelle gamme de produits, portant le nom générique de DVD-digital versatile disc. Reposant sur une nouvelle norme d'inscription des informations, le DVD possède des facultés de stockage très supérieures à celles des disques compacts actuels.
Ce disque est dit versatile dans la mesure où il permettra la mise en uvre de cinq formats différents correspondant chacun à un format spécifique, sachant que chacun d'entre eux sera très supérieur à son équivalent actuel.
La capacité de stockage du DVD s'étagera entre 4,7 et 17 milliards de caractères (4,7 à 17 gigaoctets) selon que soit utilisée une ou deux faces du disque et que ces faces comportent une ou deux couches d'inscription.
Cette nouvelle technologie touchera tous les domaines avec le DVD-Rom pour succéder au cédérom, le DVD-vidéo -qui permet de stocker 133 minutes de film par face- le DVD-audio, le DVD-R qui constitue une version inscriptible du DVD-Rom et le DVD-Ram qui sera pour sa part inscriptible, effaçable et réinscriptible.
· Le second élément essentiel de l'explosion informatique est constitué par les processeurs
Véritable " cerveau " de l'ordinateur, le processeur (ou le microprocesseur) est un circuit électronique muni d'un jeu d'instructions comprenant les principales opérations arithmétiques et logiques, dont la fonction est de lire les séquences d'instructions qui composent un programme informatique et de les exécuter.
La puissance du processeur détermine donc directement la capacité d'un ordinateur à traiter l'information. Or, cette puissance s'est considérablement accrue, selon une tendance correspondant à un doublement de sa capacité de traitement tous les 18 mois, ce rythme de progression a été qualifié de loi de Moore 6( * ) .
Il est de fait que depuis le processeur 4004 de 1971, la puissance de cette composante vitale de l'ordinateur ne cesse de croître ainsi qu'il ressort du tableau ci-après.
PUISSANCE DES PROCESSEURS INTEL DEPUIS 1971 |
|||
Processeurs |
Date de sortie |
Nombre de transistors |
Vitesse d'horloge |
4004 |
1971 |
2 300 | 0,1 MHz |
8088 |
1979 |
29 000 | 5 à 8 MHz |
80286 |
1982 |
134 000 | 8 à 12 MHz |
386 DX |
1985 |
275 000 | 16 à 33 MHz |
486 DX |
1989 |
1 200 000 | 20 à 50 MHz |
Pentium |
1993 |
3 100 000 | 60 à 166 MHz |
Pentium Pro |
1995 |
5 500 000 | 150 à 200 MHz |
Pentium MMX |
1997 |
4 500 000 | 150 à 233 MHz |
Pentium II |
1997 |
7 500 000 | 233 à 450 MHz |
Suivant des principes d'évaluation comparables à ceux qui ont marqué les capacités de stockage de l'informatique, les composants du processeur ont aussi été caractérisés par un extraordinaire phénomène de miniaturisation. Ainsi, pour le processeur Pentium, le circuit de millions de transistors intégré sur la puce de silicium de quelques centimètres carrés du processeur aurait exigé une surface de plus de 100 mètres carrés avec l'utilisation de transistors classiques.
MICROPROCESSEURS : Intel n'est plus seul
Le numéro un mondial des microprocesseurs, conserve avec
85 % des ventes mondiales une position plus que dominante sur ce marché.
Les résultats de la société restent exceptionnels puisque
avec une croissance annuelle moyenne de 30 % ils atteignent un chiffre
d'affaires de près de 21 milliards de dollars en 1996 et
dégageant un bénéfice net de 5,1 milliards de dollars,
soit une rentabilité nette de 25 %.
L'émergence des concurrents sur ce marché est néanmoins
un phénomène incontestable. Les deux principaux concurrents sont
les sociétés AMD et Cyrix dont le potentiel est
considérable.
Ainsi AMD, avec un chiffre d'affaires de 2 milliards de dollars -soit 10 fois
inférieur à celui d'Intel- vient de lancer son processeur K6,
plus puissant et moins cher que le Pentium II d'Intel.
Pour sa part, la société Cyrix, dont le chiffre d'affaires est
de 200 millions de dollars, a mis sur le marché un processeur 6 x 86 MX
équivalent au Pentium II, mais vendu à un prix deux fois
inférieur.
Source : Figaro-Economique du 16 juin 1997
Progression de la puissance et miniaturisation font du processeur un
élément de calcul surpuissant facile à intégrer
dans les micro ordinateurs destinés au public.
LA PUISSANCE DE LA MACHINE :
la victoire de
" Deeper Blue " sur Garry Kasparov
Un an après sa victoire sur " Deep
Blue ",
Garry Kasparov, champion du monde d'échecs, a été battu
par " Deeper Blue "
au terme de six parties qui se sont
déroulées à New-York du 3 au 10 mai 1997.
Deux fois plus rapide que son prédécesseur,
" Deeper
Blue " possède une puissance de calcul lui permettant d'examiner
près de 200 millions de positions par seconde.
C'est cette puissance qui, pour la première fois a permis la victoire
de la machine sur un champion du monde d'échecs.
Bien que le détail de la technologie utilisée par IBM pour
" Deeper Blue " n'ait pas été
révélé, les aspects principaux de ce
" supercalculateur " dédié sont connus.
Il ne s'agit en effet pas d'un ordinateur classique, mais d'une machine
spécifique mettant en uvre le système parallèle RS/6000 SP
d'IBM, formant une
armoire de près de 2 mètres de haut et
pesant 1,4 tonne.
Au sein de cette machine figurent, notamment,
256
processeurs spécifiquement développés pour les
échecs, eux-mêmes " pilotés " par 32 processeurs
" généralistes "
du type P2 SC.
Au-delà d'une démonstration de la suprématie de la
puissance de calcul de la machine sur l'intelligence humaine, cette
opération permet à IBM d'appeler l'attention de divers secteurs
d'activité ayant à gérer de grandes masses d'informations
sur l'intérêt de ce type de supercalculateurs.
b) La démocratisation de l'ordinateur
Ce formidable développement des capacités de stockage et de traitement de l'information a permis l'émergence d'un phénomène déterminant pour l'avénement de la société de l'information : la démocratisation de l'ordinateur.
-
·
Le concept
L'accès du grand public aux micro-ordinateurs constitue la traduction concrète de la vision de Bill Gates , président et fondateur de la société Microsoft : un ordinateur sur chaque bureau et dans chaque maison. Sachant qu'il se vend dans le monde environ 100 millions d'ordinateurs par an, et que les perspectives de croissance du secteur restent fortes, force est de constater que cette vision s'est déjà très largement transformée en réalité.
Votre mission d'information souligne l'importance du phénomène de l'acquisition par le grand public d'un matériel dont ce dernier était encore largement ignorant au début des années 1980.
La demande, voire le désir, de posséder un ordinateur sont en effet le fruit d'une extraordinaire adaptation des moyens d'accès à une machine, qui il y a vingt ans à peine restait encore hermétique et peu attractive. A cette époque l'ordinateur offre un visage austère, puisque son utilisation exigeait la connaissance d'un langage de commandes informatiques permettant de faire exécuter certains traitements ou certaines opérations par la machine. L'homme ne communiquait alors avec l'ordinateur qu'au moyen du clavier et dans le langage de la machine.
· Les moyens
Dans le domaine des logiciels , la " révolution " provient de la définition d'une " interface graphique ", qui vient s'interposer entre l'homme et l'ordinateur. L'utilisateur ne se trouve alors plus devant un écran noir, mais face à un cadre d'accueil graphique dans lequel il peut sélectionner les commandes qu'il souhaite utiliser au moyen d'options dans des "menus"ou icônes.
Cette novation s'est accompagnée sur le plan matériel de l'arrivée de la "souris" . Ce nouvel instrument, dont l'appellation imagée a contribué à forger la popularité, complète le cadre graphique d'accès à l'ordinateur en permettant à l'utilisateur de "pointer", à l'aide du "pointeur" graphique situé sur l'écran, la fonction qu'il souhaite utiliser, cette dernière étant activée au moyen d'un "clic" sur un des "boutons" de la souris.
L'accès de l'utilisateur aux fonctions de l'ordinateur se trouve ainsi considérablement facilitée et n'exige, pour ainsi dire, qu'une formation minimale.
Facilitée par la baisse des prix, l'explosion du marché des micro-ordinateurs est allée de pair avec celle des logiciels. Ces derniers, de plus en plus variés, ont en effet connu un très large développement, facilité par les progrès des différentes techniques de stockage déjà évoqué dans le présent rapport.
C'est ainsi que se sont développés de nouveaux logiciels, dits " multimédia " , c'est-à-dire regroupant à la fois du texte du son et de l'image.
Donnant une dimension supplémentaire à l'ordinateur, ces logiciels ouvrent de larges perspectives aux utilisateurs qui peuvent maintenant accéder à d'impressionnantes collections de cédéroms culturels, pédagogiques ou ludiques.
Enfin, l'ordinateur est devenu " communiquant ", soit en étant raccroché à un réseau informatique, soit en utilisant les lignes téléphoniques au moyen d'un " modem ".
Cette démocratisation de l'ordinateur est cependant encore inégale et reste insuffisante en France. Ainsi d'après M. Bernard Vergnes, président de Microsoft Europe, entendu par votre mission d'information, le taux de pénétration des micro-ordinateurs reste encore faible en Europe et, notamment, en France. S'agissant de l'équipement professionnel, aux Etats-Unis, ce taux atteint 90 % parmi les employés à " cols blancs ", tandis qu'il reste inférieur à 50 % en Europe et en France. S'agissant de l'équipement familial, ce taux qui s'élève à 33 % aux Etats-Unis, descend à 11 % en France, alors qu'il représente 14 % en Grande-Bretagne et 20 % en Suède...
Votre mission d'information considère qu'un tel retard exige que des mesures déterminantes soient prises, dans ce domaine, pour résorber ce retard.
2. L'ébullition des télécommunications et de l'audiovisuel
Le développement fulgurant de l'informatique
s'accompagne d'évolutions majeures dans le domaine des
télécommunications et de l'audiovisuel.
Contrairement à l'informatique, ces deux univers, pourtant eux-aussi
assez récents,
se caractérisent par le poids important des
réglementations et le rôle déterminant des pouvoirs publics.
De nombreuses novations ont entraîné et entraîneront encore
d'importantes adaptations.
a) La télévision décuplée par l'arrivée du câble et du satellite
L'histoire française de la télévision est
caractérisée par une singulière accélération
à partir du milieu des années 1980. Avant cette date, en effet,
la télévision en France avait déjà
été marquée par une grande étape, passant ainsi de
la chaîne publique unique aux trois chaînes publiques nationales.
Mais, à partir des années 1980, cette situation amorce une
évolution déterminante avec la multiplication du nombre de
chaînes hertziennes nationales.
Aux trois chaînes existantes viennent en effet s'ajouter Canal +,
chaîne hertzienne cryptée payante, et deux chaînes
"généralistes", la 5 et M6.
Cet accroissement de l'offre hertzienne nationale a par ailleurs
été complété avec le développement du
câble et du satellite.
Le câble
L'implantation du câble en France a désormais plus de dix ans,
puisque les premiers réseaux ont été ouverts en
février 1987. L'ancienneté moyenne du réseau
câblé n'est cependant que de quatre ans.
Le câble connaît son plus fort développement en milieu
urbain, les taux de câblage les plus importants étant atteints
dans les zones où la densité de population est la plus forte.
Dans son exposé présenté en mai 1997 dans la cadre de
"Médiaville", M. Hervé Bourges, président du Conseil
supérieur de l'audiovisuel (CSA) a dressé un bilan de la
pénétration du câble en France, qui reste encore faible par
rapport à certains pays étrangers.
Le président du CSA a souligné que l'ensemble des
617 réseaux câblés
français avait
représenté, en 1996, un
chiffre d'affaires de plus de
2,5 milliards de francs
, faisant du câble un support de
diffusion significatif.
Il a remarqué la taille extrêmement variable de ces
réseaux, 10 % des sites représentant près de
78 % des prises raccordables et comptant plus de 33.000 prises
chacun. A cet égard, il a relevé que
les trois principaux
"câblo-opérateurs"
-Lyonnaise Câble, Compagnie
générale de vidéocommunication (CGE) et France
Télécom Câble-
représentaient à eux seuls
82 % des prises raccordables et 81 % des abonnés
, alors
qu'ils n'exploitent que 15 % des sites. Les autres opérateurs se
partagent le solde, soit 18 % du marché.
RÉPARTITION DU MARCHÉ DU CÂBLE EN 1996
Prises raccordables |
Abonnés |
Taux de pénétration
Total
abonnés/
|
|
Lyonnaise Câble |
31 % |
26 % |
25,18 % |
CGV (filiale CGE) |
28 % |
25 % |
27,9 % |
France Télécom Câble/TDF |
28 % |
30 % |
34, % |
ANOC |
9 % |
10 % |
34,1 % |
Divers |
5 % |
9 % |
56,3 % |
Source : CSA
S'agissant de la structure de ce marché, et notamment dans la
perspective du désengagement annoncé de la Compagnie
générale des Eaux (CGV), il apparaît que ce paysage est
encore susceptible de connaître d'importantes évolutions.
En termes de pénétration, près d'
un tiers des foyers
TV
(31 %) sont
raccordables
à un réseau
câblé, mais seulement
10 % des foyers TV sont
effectivement
abonnés
au câble, soit plus de 30 %
des foyers raccordables, dont 22 % sont abonnés au service de base.
ÉVOLUTION DU CÂBLE DE 1990 A 1996
Evolution de la pénétration industrielle
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
|
Total abonnés/
|
|
|
|
|
|
|
|
Prises
raccordables/
|
|
|
|
|
|
|
|
Evolution de la pénétration commerciale
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
|
Abonnés basique/
|
|
|
|
|
|
|
|
Total
abonnés/
|
|
|
|
|
|
|
|
Evolution des taux de progression
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
|
Abonnés |
112 % |
48 % |
37 % |
23 % |
25 % |
15 % |
15 % |
Prises raccordables |
44 % |
35 % |
24 % |
13 % |
10 % |
8 % |
6 % |
Source : CSA/AVICA
Ces pourcentages correspondent en valeur absolue à
6,7 millions
de foyers susceptibles d'être raccordés au câble et à
plus de 2,2 millions de foyers effectivement raccordés,
dont
700.000 accédant à un service antenne et 1,5 million au
service de base. A cet égard, il convient de rappeler que les objectifs
du Plan câble fixés par le gouvernement en novembre 1982
prévoyaient l'installation de 1,4 million de prises entre 1983 et
1985, cette implantation devant ensuite se poursuivre au rythme d'un million de
prises par an pour atteindre 10 millions de prises.
Se situant en deçà des objectifs initiaux et moins
développé que dans de nombreux pays comparables, le
câble en France a été handicapé
par plusieurs
facteurs. Outre le choix prématuré de la fibre optique multimode
et les divergences d'intérêt entre certains investisseurs et
certains câblo-opérateurs,
l'importance de l'offre de
chaînes hertziennes généralistes a été un
véritable handicap pour le câble
. Face à six
chaînes,
dont une chaîne à péage qui a connu un
large succès (Canal +),
le câble n'a pendant longtemps
pas possédé de contenu spécifique, ce qui a
incontestablement diminué son attractivité, d'autant plus que de
nombreux "consommateurs" potentiels "épuisaient" le montant
du budget
qu'ils acceptaient de consacrer aux services télévisés en
s'abonnant à Canal +.
En comparaison, il convient de noter qu'aux Etats-Unis 91 % des
95,2 millions de foyers TV sont raccordables à un réseau et
que le taux de pénétration (abonnement effectif au câble)
s'élève à plus de 65 %, soit près de
60 millions de foyers TV. En Allemagne, ce taux atteint plus de 52 %.
Le satellite
Dernier arrivé dans le domaine des supports de diffusion
télévisés, le satellite connaît une rapide
progression. A peine un an après le lancement par Canal + du
"bouquet"
7(
*
)
de
programmes
CanalSatellite, fin avril 1996, la
télévision payante par
satellite dessert plus de 500.000 foyers TV
. Ce marché est donc
susceptible de connaître une évolution rapide et importante. Ainsi
TF1, France Télévision, CLT, M6 et la Lyonnaise des Eaux se sont
associées dans le projet "Télévision par satellite" (TPS),
destiné à lancer des programmes numériques en France. La
diffusion des premiers programmes de ce nouveau "bouquet" a
débuté à la mi-décembre 1996, l'objectif de TPS
étant de 35 à 40 % de part de marché en 1997, soit
240.000 abonnés fin 1997.
Il convient enfin de mentionner l'offre numérique lancée par
AB Sat, filiale de la société AB Procuctions.
L'univers de l'audiovisuel se trouve donc profondément modifié
par l'émergence de nouveaux supports de diffusion, qui accroissent
considérablement le volume et la qualité de l'offre
télévisée.
Pour sa part, le secteur des télécommunications ne reste pas
à l'abri de profondes mutations.
b) La libéralisation du secteur des télécommunications
Après plus d'un siècle de monopole public,
la
date du 1er janvier 1998 marquera l'entrée en vigueur de la
libéralisation du marché français des
télécommunications,
prévue par la loi
n° 96-659 du 26 juillet 1996 de réglementation des
télécommunications. Cette loi met fin au monopole de France
Télécom pour l'établissement des infrastructures filiaires
publiques et la fourniture au public du service téléphonique
fixe. Par ailleurs, elle institue l'Autorité de régulation de
télécommunications (ART) et l'Agence nationale des
fréquences (ANF).
Tirant les conséquences de la résolution du Conseil
européen arrêtée le 17 novembre 1994, la France a donc
mis en oeuvre le cadre juridique dans lequel s'exercera la concurrence dans le
domaine des télécommunications.
Ce domaine était déjà marqué depuis plusieurs
années par une très forte évolution provoquée par
les développements technologiques.
Sans prétendre analyser en détail ce phénomène, il
convient cependant d'en faire ressortir les traits les plus saillants.
Les développements de la technologie ont en effet
accéléré le processus de transformation des
télécommunications en multipliant les possibilités de
contournement des barrières réglementaires
. Il s'agit
notamment des systèmes de rappel automatique qui permettent de
contourner le monopole national pour les appels internationaux, des cartes
d'appel, des réseaux privés internationaux ou du
développement des télécommunications par satellite.
L'aspect le plus évident de cette évolution concerne les
réseaux de
radiotéléphonie mobile
qui disposent de
leur propre infrastructure de transport et qui peuvent en conséquence
contourner en grande partie le réseau public commuté fixe. La
progression du radiotéléphone mobile s'avère en effet
spectaculaire, à tel point qu'elle se trouve aujourd'hui au coeur de la
croissance du
marché mondial des télécommunications.
Selon l'Observatoire mondial des systèmes de communication,
ce
marché -services et équipements- devrait s'élever en 1997
à plus de
745 milliards de dollars
, poursuivant sa forte
croissance depuis 1991 avec une moyenne annuelle de + 5,6 %.
L'Observatoire note que la croissance de ce marché est très
largement due aux télécommunications mobiles, qu'il s'agisse de
terminaux ou d'infrastructures. Ainsi, depuis 1991,
la part des
"mobiles"
est passée de 5,1 % à 21,9 % (prévision 1997),
soit 134 milliards de dollars, avec un parc de téléphones
mobiles de l'ordre de 175 millions
. Dans cet ensemble, le
marché français des télécommunications se situe
au quatrième rang au niveau mondial (4,5 % du marché) et au
deuxième rang au niveau européen,
après l'Allemagne,
avec un montant estimé de 5,34 milliards de dollars pour les
équipements et de 29,4 milliards de dollars pour les services.
La France se caractérise cependant par la faible
pénétration du téléphone mobile. Ce retard est
cependant en train d'être rattrapé grâce au fort
développement des ventes. A cet égard, Itinéris, le
service de téléphonie mobile de l'opérateur public France
Télécom -qui détient près de 58 % du
marché français- a passé la barre des 2 millions
d'abonnés en juillet 1997. De fait, cet opérateur a vendu
700.000 abonnements depuis le début de l'année 1997,
soit une quantité supérieure à l'ensemble des ventes de
l'année 1996 (600.000). Cette tendance se vérifie très
largement chez les autres opérateurs que sont SFR ou Bouygues
Télécom.
Les évolutions de ces deux mondes "classiques" du
téléphone et de la télévision viennent ainsi
à la rencontre du monde "nouveau" de l'informatique provoquant
dès lors une puissante réaction en chaîne porteuse de
modernité.
B. DES CONJONCTIONS "IRRADIANTES"
Ce grand mouvement se caractérise par la multiplication
des moyens techniques de diffusion de l'information. C'est dans un monde fait
de diversité et de concurrence que naît la société
de l'information.
Cette réalité aux multiples facettes constitue un
véritable "éloge de la complexité"
, qu'il serait
vain de vouloir réglementer selon des visions traditionnelles, voire
conservatrices.
L'observation, l'analyse et l'évaluation de ce monde de l'information,
en constante évolution, exigent donc un grand pragmatisme.
Certains pensent à une unification future des réseaux et des
terminaux. D'autres, au contraire, pensent à des réseaux
spécifiques avec des terminaux spécifiques correspondant à
des fonctions ludiques, des fonctions de gestion, des fonctions
éducatives ou plus spécialisées.
1. Les réseaux : artères d'un monde unifié
a) Les différents types de réseaux et de supports
Les réseaux
Quelle que soit leur nature, les réseaux constituent le lien par lequel
circulent les informations transmises d'un point à un autre. Cette
circulation ou cet échange d'information peut s'effectuer sur plusieurs
types de réseaux dont les principaux sont le réseau
téléphonique, le réseau câblé, le
réseau mobile, les réseaux de télédiffusion
satellitaire ou hertzien.
- S'agissant du
réseau téléphonique
, celui-ci
permet de "transporter" la voix, mais aussi des informations
numériques
qu'il achemine vers des télécopieurs ou des ordinateurs.
Au sein de ce réseau, on distingue le réseau commuté
traditionnel et le réseau numérique à intégration
de services (RNIS -en France, il s'agit de NUMERIS-), ce dernier permettant de
véhiculer une plus grande quantité d'information à une
vitesse bien supérieure à celle du réseau commuté
analogique.
- Viennent ensuite les
réseaux câblés
. Ces
réseaux, strictement locaux, sont en général
constitués d'une tête de réseau (le plus souvent
alimentée par satellite) et d'un réseau en fibre optique reliant
cette tête de réseau à ces centres de distribution
eux-mêmes reliés aux utilisateurs par un réseau de
raccordement en câble coaxial. Ces réseaux câbles sont en
principe caractérisés par leur architecture arborescente -et non
en étoile comme le réseau téléphonique- et peuvent,
au prix de légères adaptations, supporter une "voie de retour",
c'est-à-dire une circulation de l'information du récepteur vers
l'émetteur qui autorise ce qu'il est convenu d'appeler
l'interactivité
8(
*
)
.
- Le
réseau de la téléphonie mobile
est, quant
à lui, dit
cellulaire
. La norme GSM (Global System for Mobile),
associée au réseau cellulaire, est un système de
radiocommunications numériques -désormais mondial- mis au point
par l'Institut européen de normes de télécommunications
(ETSI, European telecommunication standard institute) siégeant à
Sophia Antipolis. Ce réseau est dit cellulaire en raison de son principe
de fonctionnement, fondé sur une division du territoire en une
série de zones -appelées
cellules
- dotées chacune
d'un dispositif d'émission-réception, un système de
localisation des appels et de changement automatique des fréquences,
généralement relayé par satellite, permet de maintenir la
transmission en dépit du mouvement du récepteur.
L'augmentation du débit de ce réseau et la compression des
données le rend compatible avec la transmission de tous les types
d'informations numérisées.
- Il s'agit enfin des
réseaux hertziens
dont les faisceaux
-analogiques ou numériques- sont utilisés en particulier par la
télévision.
Ces faisceaux sont formés d'ondes concentrées par des
réflecteurs paraboliques et/ou des satellites.
- Les
satellites
peuvent intervenir comme support de transmission pour
divers types de réseau. Leur importance risque de devenir croissante
dans l'avenir par suite des projets de satellites en batterie
interconnectés. Des antennes paraboliques constituent les liaisons
montantes ou descendantes.
Les supports
Les supports physiques utilisés,de façon spécifique ou
combinée au sein de ces réseaux, sont, par leurs
caractéristiques propres, déterminants pour l'acheminement de
l'information. Le moins performant de ces supports est la traditionnelle
"
paire torsadée
", constituée par des fils de cuivre.
Celle-ci n'est plus utilisée que pour relier les postes
téléphoniques des domiciles des utilisateurs aux centraux
téléphoniques.
Vient ensuite, pour les circuits à longue et moyenne distance, le
câble coaxial
-câble en cuivre, entouré d'une couche
d'isolant, elle-même blindée d'une tresse en cuivre, l'ensemble
étant coulé dans une gaine en plastique. Ayant très
largement servi de support pour le développement de la
télévision câblée, ce support possède une
capacité supérieure de près de 300 fois à
celle de la paire torsadée ; il permet de transporter entre 15 et
30 canaux de télévision en diffusion analogique. Cette
capacité peut donc croître fortement en fonction de la compression
des données permise par une diffusion numérique.
Vient enfin le câble à
fibre (s) optique (s)
qui permet de
multiplier par 1.000 la capacité de diffusion par rapport au câble
coaxial. Ce câble en fibre optique, généralement
composé en silice, permet de véhiculer les signaux sous forme
lumineuse, ce qui rend ces derniers insensibles aux perturbations
électromagnétiques ou électrostatiques. Ce mode de
transmission présente en outre l'avantage de ne nécessiter aucune
amplification ou régénération sur longue distance,
à la différence des signaux électriques diffusés
sur support métallique.
Les réseaux hertziens et satellitaires n'ont pas besoin de supports
physiques au sol autres que les antennes. Le débit transporté
peut être fonction du nombre de canaux et des fréquences
affectées.
b) L'unification tendancielle des réseaux : le phénomène Internet
Utilisant potentiellement tous les types de supports, le
phénomène Internet (Interconnected Networks - réseaux
interconnectés) préfigure l'avènement d'un monde
unifié de l'information.
Reliant en 1997 environ 60 millions
d'utilisateurs, ce "réseau des réseaux" constitue l'aboutissement
grand public d'un concept déjà ancien.
L'origine d'Internet remonte en effet à 1969, date à laquelle le
ministère de la défense des Etats-Unis créa un
réseau destiné à fédérer les organismes
travaillant pour ce ministère. Ce dernier fut baptisé ARPANET,
par référence à l'Advanced research projects agency (ARPA)
du ministère de la défense qui l'avait conçu.
Ce réseau était caractérisé par un mode
d'interconnexion de réseaux et d'ordinateurs le rendant peu
vulnérable en cas de dégâts causés -par un conflit
militaire en l'espèce- sur une partie de ces réseaux.
Le principe de ce nouveau réseau s'est ensuite très largement
ouvert à l'ensemble de la communauté scientifique et
universitaire américaine et mondiale. Jusqu'à la fin des
années 1980, c'était pour l'essentiel un outil de communications
entre chercheurs, dont le coût était partiellement pris en charge
par les organismes publics.
La philosophie initiale d'Internet se
définissait par un souci de mise en commun et de partage de ressources
intellectuelles.
La plupart des " internantes "
chevronnés
sont hostiles à tout développement commercial sur le
réseau des réseaux.
Depuis cette période, Internet a connu une évolution
spectaculaire, tant quantitative que qualitative. Sans rentrer dans une analyse
détaillée et technique d'Internet
9(
*
)
, il convient de noter qu'Internet n'a
pas d'existence physique. Il s'agit d'une
sorte de "galaxie" dans
laquelle
sont interconnectés des centaines de milliers de réseaux et
d'ordinateurs
. La majorité des utilisateurs y accède au moyen
du réseau téléphonique classique, les différents
sous-réseaux étant en revanche reliés par des lignes
à haut débit. Internet ne propose aucun service ; il ouvre
l'accès à de multiples services tels que des bases de
données ou le courrier électronique qui sont chacun
géré par un opérateur dont la fiabilité peut
être de niveau élevé lorsqu'il s'agit d'un centre de
recherche ou d'une bonne université par exemple, mais dont certains
opérateurs sont moins crédibles.
Les connexions à Internet se font grâce aux liaisons
assurées par des sociétés commerciales appelées
prestataires ou fournisseurs d'accès. De ce fait, l'utilisation
d'Internet ne constitue pas une opération gratuite, puisque le
"consommateur" doit s'abonner auprès d'un fournisseur d'accès
acquittant ainsi en général une somme forfaitaire (de l'ordre de
100 francs par mois) correspondant à une certaine durée de
connexion autorisée, le principe étant souvent en France celui
d'une tarification au tarif d'une communication locale -quelle que soit la
localisation du serveur consulté. Dans d'autres cas, la tarification
peut être nulle ou dépendant d'un abonnement fixé en
fonction du débit garanti.
La facturation du seul abonnement national sans limitation de la durée
de connexion constitue cependant une pratique de plus en plus courante,
notamment aux Etats-Unis. Cette tendance est susceptible de se
développer en France avec la libéralisation du secteur des
télécommunications. Ainsi, au-delà des premières
expériences de
commercialisation d'Internet sur le câble
au
Mans, à Strasbourg et dans le 7e arrondissement de Paris,
l'arbitrage, rendu par l'Autorité de régulation des
télécommunications le 11 juillet 1997, devrait ouvrir la
voie à une généralisation de cette pratique.
Cette décision comporte, en tout état de cause, une orientation
essentielle pour favoriser la "remise à niveau" du nombre
d'abonnés à Internet en France, qui ne s'élève
qu'à environ 400.000, contre 60 millions dans le monde. En outre,
l'utilisation de ce support permettrait aux utilisateurs de disposer d'une
qualité d'accès et d'une rapidité très
supérieure à celles que permet la ligne
téléphonique traditionnelle.
Internet permet, en effet, dans ses principales composantes la messagerie
électronique, les forums de discussion et le World Wide Web (WWW, W3 ou
tout simplement "le" Web
10(
*
)
)
l'accès à un nombre considérable de serveurs offrant une
très large gamme de services. Les fonctionnalités sont
variées (par rapport aux fax et téléphone) :
correspondance très économique, discussion de groupes
interactifs, bases de données type cédérom, etc.
Les fonctionnalités graphiques, sonores ou visuelles du Web exigent
d'importantes ressources de transmission en raison du volume de l'information.
C'est pourquoi, l'accès par une simple ligne téléphonique
exige souvent de longs temps d'attente, correspondant au "chargement"
de
l'information. Cet inconvénient est marqué si le volume global du
"trafic" de l'information est dense. Ainsi, les "heures de
pointes" que
constitue, aux Etats-Unis (principal utilisateur d'Internet) la matinée,
rendent souvent laborieux les accès au réseau en Europe vers les
serveurs localisés aux USA aux heures correspondantes, soit entre
15 heures et 17 heures en particulier.
Une solution de plus en plus pratiquée est l'utilisation de serveurs
miroirs (c'est-à-dire de la réplique en Europe ou au Japon du
contenu informationnel d'un serveur placé aux USA ou au Canada.
2. La "longue marche" vers un terminal unique
Cet univers technologique en constante expansion se
caractérise donc par une "interpénétration" croissante des
différents modes de communication, qu'il s'agisse de l'informatique, des
télécommunications ou de l'audiovisuel, et des supports de
diffusion, qu'il s'agisse du réseau téléphonique, du
câble, du faisceau hertzien ou de la fibre optique. Cette unité
des différentes composantes de la société de l'information
se trouve scellée par la possibilité de traduire chacune d'entre
elles en un langage unique, le numérique.
L'évolution vers un terminal unique, rassemblant à la fois les
fonctions du téléphone, de la télévision, de la
chaîne audio et de l'ordinateur est parfois envisagé. Ainsi, cet
univers fait de complexité pourrait se résumer, du point de vue
du consommateur, à une seule machine universelle fournissant
l'accès à toutes les fonctions de la société de
l'information.
Cette vision reste encore largement utopique au regard de la tendance actuelle,
qui tendrait plutôt vers une multiplication des terminaux qui peut
correspondre à des usages spécifiques, y compris dans le grand
public (salle de séjour, bureau à domicile, domaine des enfants
pour pédagogie et jeux, etc.).
Les indices d'unité sont cependant nombreux, comme le montrent les
quelques exemples suivants.
L'imbrication potentielle de la télévision et de
l'ordinateur
est illustrée concrètement de plusieurs
façons. Ainsi, dans le cadre de Canal Satellité, l'offre
télévisée par satellite de Canal +, le
décodeur raccordé à l'ordinateur permet de
télécharger des logiciels et des jeux vidéos sur un disque
dur. Ce système permet aussi de regarder des programmes informatiques
sur le téléviseur.
Par ailleurs, ainsi qu'il a déjà été dit,
l'accès des ordinateurs à Internet au moyen des réseaux
câblés de télévision
, rapproche aussi ces deux
terminaux.
Enfin, il faut préciser que
le téléphone peut
être traité par l'ordinateur au moyen d'Internet
, et compte
tenu de la possible gratuité du service, cette fonction est suceptible
de se développer assez rapidement.
Il est difficile pourtant, dans ce monde changeant, de produire toute autre
évolution que l'expansion rapide.
*
* *
Au regard de ces mondes en mouvement, notre mission
d'information souligne la nécessité d'éviter qu'un
décalage ne puisse se faire jour entre la tendance à
l'unification des grandes composantes de la société de
l'information (télécommunications, audiovisuel, informatique) et
le cadre juridique auquel chacune d'elle est soumise.
De ce point de vue, la législation française a déjà
accompli de très importants progrès au cours des dernières
années.
Cet effort de rationalisation du droit doit cependant être poursuivi.
Dans le même esprit, votre mission d'information souhaite que les trois
autorités respectivement compétentes dans les domaines de
l'audiovisuel (le Conseil supérieur de l'Audiovisuel, CSA), des
télécommunications (l'autorité de régulation des
télécommunications, ART) et des fréquences (Agence
nationale des fréquences, ANF) se rencontrent de façon
périodique pour coordonner leur action en faveur de
l'intérêt général.
Une telle démarche constitue, dans l'esprit de la mission d'information,
une nécessité impérieuse. Si, d'aventure, cette voie
devait être négligée, il serait alors nécessaire
d'envisager une transposition du modèle prévalant aux Etats-Unis
d'Amérique et au Canada.