IV. DÉVELOPPER LA CULTURE INTRANET DANS LES ENTREPRISES
La première partie du rapport de la mission a permis de
brosser les perspectives que les nouvelles technologies de l'information
ouvrent à la croissance de l'économie. Encore faut-il, pour que
les entreprises profitent de ces virtualités et améliorent leur
capacité d'innover, de conquérir de nouveaux marchés de
créer des emplois, qu'elles s'adaptent à une logique nouvelle qui
implique la rupture avec les modes d'organisation et de fonctionnement
hérités d'une culture d'entreprise aujourd'hui
dépassée.
Le développement de la culture Intranet dans les entreprises
apparaît comme la première étape des évolutions
nécessaires, comme un test déterminant de la capacité
d'adaptation de l'économie française.
Le mot Intranet a été forgé au début de 1996 pour
désigner l'emploi des technologies Internet à l'intérieur
des entreprises. Internet permet à celles-ci de disposer d'une
infrastructure unique qui permet à tous les utilisateurs
d'accéder à toutes les applications existant à
l'intérieur de l'entreprise et à l'extérieur. Le
progrès est sensible par rapport à la situation dans laquelle les
entreprises devaient installer un réseau pour chaque type d'application
informatique désiré ou pour chaque type d'ordinateur
utilisé. Elles devaient ainsi traiter séparément leur
messagerie, les applications internes, les applications bureautiques, de la
même manière que les ménages installent un fil ou un
terminal différents pour le téléphone, la
télévision, le fax, l'ordinateur, le magnétoscope ...
L'interconnexion des différents réseaux d'entreprise est
coûteuse et donc partielle. Internet permet de substituer à ces
solutions une infrastructure unique et peu coûteuse. En effet, les
ordinateurs et réseaux locaux sont déjà disponibles dans
la plupart des cas, par ailleurs le logiciel nécessaire est livré
gratuitement par la plupart des fournisseurs. Le coût d'interconnexion se
réduit à l'achat d'un routeur reliant les machines en
réseau : environ 15 000 F.
Par ailleurs, les technologies d'Internet permettent la mise en service
immédiate de nouvelles applications sur des " postes
clients "
légers, ce qui représente un progrès notable par rapport
à la situation actuelle dans laquelle la plupart des applications en
réseau sont conçues en fonction de l'informatique
" client-serveur " suivant laquelle le logiciel
d'application est
réparti entre le poste serveur et les postes clients. Chaque nouvelle
application nécessite ainsi actuellement l'installation d'un nouveau
logiciel sur les postes clients, la formation des utilisateurs au nouveau
logiciel, la maintenance éclatée de celui-ci.
L'Intranet permet au contraire la mise en service instantanée d'une
nouvelle application grâce à l'installation du logiciel sur un
serveur. Il peut en résulter, quand les postes clients sont très
nombreux, de sensibles économies de coûts et de délais.
En résumé, "
l'introduction de l'Intranet dans
l'entreprise permet à la fois d'installer très rapidement de
nouvelles applications et de démultiplier les possibilités des
applications existantes en les faisant communiquer. Les nouvelles
possibilités offertes par l'Intranet dans l'entreprise sont multiples.
L'amélioration de la communication, la mise en commun de ressources
dispersées géographiquement pour réaliser une tâche,
la possibilité de combiner à la fois une présence locale
en profitant de l'accès à l'expertise globale de l'entreprise, la
création d'équipes virtuelles, sans augmenter les charges de
structures, la possibilité d'offrir un service vingt-quatre heures sur
vingt-quatre, un nouveau jour débutant chaque heure dans le
monde
"
49(
*
)
.
Une enquête récente auprès de 500 entreprises
1
a
montré que les premiers services mis en place sur un Intranet sont dans
l'ordre : le courrier électronique (un message électronique
est de trois à dix fois moins cher qu'une télécopie, selon
la distance), l'accès à l'Internet public (qui fournit à
toutes les entreprises une visibilité identique sur le Web mondial),
l'accès aux données de l'entreprises (avec une interconnexion
globale qui permet la création de groupes de travail virtuels), la
distribution et la publication d'informations (à ces coûts
très réduits quand elles existent déjà sous une
forme électronique).
Ces avancées supposent la diffusion préalable d'une culture
d'échange et de réutilisation des informations existantes qui
n'est guère encore répandue en France. De nombreuses initiatives
sont toutefois lancées afin de contribuer au lancement de la dynamique
Intranet, comme l'a montré, entre autres, l'audition de membres de
l'Association française des utilisateurs d'Unix et des systèmes
ouverts (AFUU) par la mission d'information (cf. compte rendu de
l'audition en annexe).
En mettant l'accent sur la nécessité que se développe la
culture Intranet dans les entreprises, la mission du Sénat souhaite
contribuer au déclenchement d'un processus cumulatif au terme duquel le
monde de l'entreprise aura épousé le XXIème siècle.