B. UN POTENTIEL NOUVEAU POUR L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET LES COLLECTIVITÉS LOCALES

Le Sénat qui, aux termes de la Constitution, assure la représentation des collectivités territoriales de la République, accorde une attention particulière à l'aménagement du territoire et aux collectivités locales.

La mission d'information de la Commission des Affaires économiques sur l'aménagement du territoire 22( * ) , a d'ailleurs largement contribué à renouveler la réflexion sur son développement.

Souhaitant voir reconnu un véritable " droit à l'aménagement du territoire " comme droit fondamental de la personne humaine, la mission précisait que " l'aménagement du territoire est un facteur essentiel de cohésion sociale. Un État, en effet, ne peut supporter longtemps de graves " cassures " territoriales comme celles qui sont apparues en France depuis quelques années. Les schémas d'une France à " deux vitesses " , de la " France qui gagne " et de la " France qui perd " ne sont pas tolérables. Il n'est pas concevable de se borner à constater cette évolution (...). Le pays, s'il l'acceptait, s'exposerait à des crises violentes ainsi qu'à la résurgence de revendications autonomistes " 23( * ) .

Il serait intolérable de voir se développer, entre les villes et les zones faiblement peuplées, un fossé supplémentaire qui serait celui de l'accès à l'information et aux nouvelles technologies.

Les territoires isolés ne doivent pas devenir les " nouveaux analphabètes " de l'ère du multimédia.

Bien au contraire, il faut faire en sorte que ces technologies nouvelles soient le vecteur d'une égalité territoriale retrouvée.

Votre mission d'information sur l'entrée dans la société de l'information est convaincue que les nouvelles technologies ont un rôle important à jouer pour permettre un développement plus harmonieux de notre territoire. Elle souhaite que les pouvoirs publics mènent à bien l'action qu'ils ont déjà entreprise dans ce domaine, notamment par le vote récent de dispositions législatives favorables à un meilleur équipement en nouvelles technologies des zones faiblement peuplées. Elle se félicite, enfin, du rôle accru des collectivités locales dans ce domaine.

1. Les nouvelles technologies, espoir des zones faiblement peuplées

L'évolution des techniques de communication a profondément transformé l'économie des territoires. Le développement des réseaux a raccourci les distances et multiplié les possibilités d'échanges. Certes, les grands investissements de transports contribuent à l'insertion dans l'espace économique des territoires desservis. Mais ils ne sont plus aujourd'hui une condition suffisante du développement économique des zones de faible densité. Ils peuvent même contribuer à accroître la désertification, sauf si un effort parallèle d'investissement en réseaux télématiques grand débit leur redonne vitalité et attractivité.

Les applications des nouvelles technologies pourront structurer la France de demain, comme l'on fait, hier, les grands équipements.

C'est désormais dans le recours grandissant aux nouvelles technologies que réside l'opportunité la plus prometteuse pour le développement et l'équilibre de notre territoire.

a) Les nouvelles technologies ont "modifié la géographie".

Comme votre rapporteur et nombre de membres de la mission avec lui dans leurs propos, leurs écrits et leurs actions ne cessent de le rappeler, comme l'a en outre affirmé devant votre mission d'information Mme Anita Rosenholc, chargée de mission à la Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale (DATAR), avec la diffusion des nouvelle technologies, la localisation de l'activité économique ne dépend plus que des compétences et de l'attractivité des territoires, et non plus de simples critères géographiques. En effet, les réseaux de communication permettent une gestion à distance des activités.

D'ailleurs, la DATAR élabore, pour les zones les moins peuplées du territoire, des " plans de villes " et des " plans de départements " en vue de promouvoir des réimplantations d'entreprises rendues possibles par l'utilisation des nouvelles technologies. Elle estime qu'il existe une vraie opportunité de développement économique de ces zones, liée aux nouveaux services de télécommunications. Tout réside dans une plus grande " attractivité " des territoires concernés. D'après la DATAR, la desserte en réseaux de télécommunications figure au rang de premier critère de l'attractivité d'un territoire. L'irrigation par les réseaux permet de " gommer " le handicap de l'éloignement géographique.

La couverture des zones les plus faiblement peuplées par la radiotéléphonie mobile est exigée tant par les dispositions des cahiers des charges des trois opérateurs (France Télécom, SFR, Bouygues Telecom) que par la loi n° 96-659 du 26 juillet 1996 de réglementation des télécommunications 24( * ) , qui, à l'initiative de votre Haute Assemblée, a introduit un dispositif incitatif d'exonération à la contribution au financement du service universel pour ceux des opérateurs mobiles qui s'engagent à effectuer une couverture accélérée des zones les moins denses.

Espoir et avenir de l'espace rural, signalons aussi les projets de lancement de satellites de télécommunications en orbite basse, qui offriront une couverture en téléphonie mobile planétaire. Les territoires les plus reculés profiteront, à égalité avec les zones les plus denses, des nouveaux services proposés. Les " zones d'ombre ", non couvertes, vont ainsi disparaître. En effet, véritables " centraux téléphoniques en orbite ", les nuées de satellites qui seront déployées permettront une couverture totale et permanente de la planète. L'égalité de tous, du coeur du Sahara aux zones reculées de notre territoire, devant la communication, sera ainsi assurée. Même si des incertitudes demeurent, sur le plan financier notamment, le lancement le 5 mai 1997 des cinq premiers satellites du réseau Iridium laisse espérer une réalisation prochaine de ces projets de constellations satellitaires.

LES PROJETS DE DÉPLOIEMENTS SATELLITAIRES

IRIDIUM

GLOBALSTAR

ICO

ODISSEY

Caractéristiques

66 satellites, en orbite basse (780 km)

48 satellites, orbite basse

10 satellites, orbite moyenne

12 satellites, orbite moyenne

Lancement

a débuté en mai 1997

automne 1997

2e trimestre 1998

automne 1999

Ouverture du service

septembre 1998

1998

2000

2000

Coût total

3,1 milliards $

2,5 milliards $

3 milliards $

3 milliards $

Leader du projet

Motorola

Local Space & Communications et Qualcomm

Inmarsat

TRW et Teleglobe

Partenaires industriels

Lockheed, Siemens, Raytheon, Com Dev

Aérospatiale, Alcatel, Daimler Benz, Ericsson

NEC, Ericsson, Samsung, Panasonic, Mitsubishi, Wavecom

Mitsubishi, Magellan, Northern Telecom, Panasonic

Opérateurs

O.tel.O, Stet, Sprint, Korea Mobile telecom

France Télécom, Vodaphone, Air Touch, Dacom

Plus de 40 dont De Te Mobil

Source : L'Usine Nouvelle, 30 avril 1997.

b) La baisse du coût des communications a raccourci les distances.

La fin d'un déséquilibre tarifaire pénalisant les zones reculées du territoire

Traditionnellement, France Télécom demandait des prix relativement élevés pour les communications à longue distance et des prix en-deçà de ceux des autres pays -et inférieurs aux coûts- pour l'abonnement résidentiel ainsi que, dans une moindre mesure, pour les appels locaux.

Une telle situation résultait d'un déséquilibre historique qui était pénalisant pour les zones reculées du territoire puisque le prix des appels interurbains était bien plus élevé que les coûts que ceux-ci engendraient.

Consciente du handicap que représentait, pour les zones défavorisées, cette tarification qui, de surcroît, était inadaptée au monde concurrentiel, votre Haute Assemblée a adopté une disposition législative (l'article 8 de la loi de réglementation des télécommunications du 26 juillet 1996) visant à faire disparaître ce déséquilibre tarifaire :

L'OBLIGATION DE RÉÉQUILIBRAGE DES TARIFS TÉLÉPHONIQUES

Article 8 de la loi n° 96-659 du 26 juillet 1996 de réglementation des télécommunications

Nouvel article L.35-3, II, 3° du code des postes et télécommunications

" Le déséquilibre résultant de la structure actuelle des tarifs téléphoniques au regard du fonctionnement normal du marché sera résorbé progressivement par l'opérateur public avant le 31 décembre 2000, dans le cadre de baisses globales des tarifs pour l'ensemble des catégories d'utilisateurs ".

Une forte baisse des tarifs


Une baisse importante des tarifs a résulté de l'adoption de ces dispositions et de la perspective de l'ouverture totale à la concurrence au 1er janvier 1998.

Au total, en trois ans, le prix des communications nationales aura été divisé par deux . Les principales évolutions tarifaires sont résumées dans le tableau suivant :

ÉVOLUTION DES TARIFS TÉLÉPHONIQUES DE FRANCE TÉLÉCOM

En Francs, toutes taxes comprises

1994

1995

1996
2 mars

1996
9 juillet

1997
4 mars

Abonnement résidentiel

(modéré et principal)

45,76

45,76

52,80

52,80

34 et 68

Communications locales

(3 minutes)

0,73

0,74

0,74

0,74

0,74

Communications nationales

(exemple : Paris-Marseille, prix moyen de la minute)

2,30

2,12

1,98

1,71

1,39

Communications internationales

(exemple : Paris-New-York, 1 minute)

6,69

5,93

4,94

4,45

2,97

Source : France Télécom

Au total, le prix des communications téléphoniques en France s'est largement rapproché de celui observé dans les autres pays, tandis que l'abonnement et le raccordement restent parmi les moins chers au monde :

PRIX DU TÉLÉPHONE : COMPARAISONS INTERNATIONALES

En Francs, prix hors taxes

Abonnement résidentiel

Abonnement professionnel

Communication nationale
Tarif rouge

Communication locale
tarif rouge


Raccordement

France Télécom

28 (modéré)

56 (modéré)

59 et 87

(juillet 1997)

1,15/min

0,21/min

253

British Telecom

63

101

0,6/min

0,27/min

790

Deutsche Telekom

72

72

1,48/min

0,23/min

288

Telia (Suède)

69

107

0,5/min

0,12/min

605

Taux de change au 27 novembre 1996

L'ouverture totale du secteur des télécommunications à la concurrence au 1er janvier 1998 ne fera qu'accentuer le mouvement de chute des prix. L'opérateur a, d'ores et déjà, annoncé de nouvelles baisses de prix d'ici à l'an 2000 à raison de 9 % par an en moyenne en 1997 et 1998 et d'au moins 4,5 % par an pendant les deux années suivantes 25( * ) (en francs constants). En effet, tant les exemples étrangers que le secteur français du téléphone mobile viennent conforter ce postulat traditionnel de la théorie économique : la concurrence exerce une forte pression qui tend à rapprocher le prix des coûts réellement supportés.

Pourtant, la tarification des communications reste toujours un obstacle au développement, notamment en zone rurale, des nouvelles technologies.

Pour ces zones, la mise en place d'une boucle locale à tarification forfaitaire des connexions aux services en ligne faciliterait une utilisation accrue du potentiel que représentent les nouveaux modes de communication.

2. Un effort à poursuivre

Pour pouvoir tirer pleinement profit des opportunités qu'offrent au monde rural les nouvelles technologies, encore faut-il l'appui d'une volonté politique. Or, celle-ci n'est pas toujours avérée.

Il faut même partir en croisade pour convaincre les acteurs économiques et les élus locaux. Ne rien faire est dangereux.

a) Un impact discuté

En effet, comme le soulignait déjà M. Thierry Breton en 1994 dans son rapport sur " Les téléservices en France " : " Lorsqu'il n'y a pas de volonté affichée d'avoir un impact sur l'aménagement du territoire, les téléservices ont au contraire tendance à s'implanter en zones urbaines " 26( * ) . Plusieurs raisons sont invoquées pour expliquer cette tendance naturelle à la concentration géographique : la facilité d'embauche de main d'oeuvre qualifiée que réclament les téléservices ; la facilité d'entretien et de dépannage par des entreprises extérieures ; la plus grande proximité des clients.

M. Michel Matheu, chef de service au Commissariat général du plan, a d'ailleurs dénoncé, devant votre mission d'information, " l'illusion " qui consiste à espérer que les nouvelles technologies puissent contrebalancer, à elles seules, les phénomènes d'urbanisation et de désertification rurale. A son sens, les nouvelles technologies ne peuvent entraîner que quelques délocalisations ponctuelles en milieu rural, mais pas de renversement majeur en faveur de l'aménagement du territoire.

Le Président de la Commission des Affaires économiques du Sénat, M. Jean François-Poncet, a souligné, au cours de la table ronde organisée par votre mission d'information le mercredi 11 juin 1997 sur " les collectivités locales et les nouvelles technologies de l'information ", les difficultés rencontrées dans la tentative d'implantation de téléservices en Lot-et-Garonne. Il a toutefois cité l'exemple d'une implantation réussie dans le domaine du télémarketing téléphonique. D'après M. le Président Jean François-Poncet, le principal obstacle n'est pas d'ordre technologique. Il ne réside pas non plus dans le niveau de formation des hommes et des femmes de territoires les plus isolés. La difficulté vient plutôt du " conservatisme " français : peu de donneurs d'ordre sont en effet prêts à s'engager dans une expérience de téléservices. Ce sont les mentalités qui doivent donc être changées.

En effet, les nouvelles technologies ne modifieront vraiment la répartition géographique du travail que s'il existe une vraie volonté politique de permettre aux zones de faible densité de notre territoire d'exploiter toutes les promesses contenues notamment dans la perspective du développement des téléservices.

Plusieurs dispositions législatives ont récemment été adoptées qui devraient faciliter l'équipement et l'utilisation des nouvelles technologies dans les zones les plus défavorisées du territoire. Cet effort doit être poursuivi. L'impulsion doit venir de l'État qui doit tenir les engagements pris pour mettre les nouvelles technologies au service du désenclavement des parties les plus isolées de notre territoire.

b) Un schéma des télécommunications à élaborer

La politique d'aménagement du territoire a vu ses objectifs redéfinis par la loi n° 95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire. Ce texte, que votre Haute Assemblée 27( * ) a largement inspiré et amendé, définit comme suit les missions de la politique d'aménagement et de développement du territoire :

LES OBJECTIFS DE LA POLITIQUE D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

(article 1 de la loi n° 95-115)

" La politique d'aménagement et de développement du territoire concourt à l'unité et à la solidarité nationales. Elle constitue un objectif d'intérêt général.

Elle a pour but d'assurer, à chaque citoyen, l'égalité des chances sur l'ensemble du territoire et de créer les conditions de leur égal accès au savoir. Elle a pour objet la mise en valeur et le développement équilibré du territoire de la République.

A cet effet, elle corrige les inégalités des conditions de vie des citoyens liées à la situation géographique et à ses conséquences en matière démographique, économique et d'emploi. Elle vise à compenser les handicaps territoriaux. Elle fixe des dispositions dérogatoires modulant les charges imposées à chacun. (...)

L'État assure l'égal accès de chaque citoyen aux services publics. A cet effet, il détermine l'implantation des administrations publiques, les conditions d'accès à distance aux services publics, la localisation des investissements publics qui relèvent de sa compétence, les obligations des établissements, organismes publics et entreprises nationales placés sous sa tutelle et chargés d'un service public. "

La loi prévoit, dans son article 20, qu'un schéma des télécommunications sera établi par décret.

Il doit organiser le développement des réseaux de télécommunications, notamment des réseaux interactifs à haut débit, " de manière à ce que, à l'horizon 2015, ces derniers couvrent la totalité du territoire, qu'ils soient accessibles à l'ensemble de la population, des entreprises et des collectivités territoriales et qu'ils offrent des services équitablement répartis et disponibles, notamment dans les zones rurales " .

Le schéma sectoriel des télécommunications a pour but de préciser le schéma national d'aménagement et de développement du territoire dont l'élaboration est en cours. Le schéma national, dont l'avant-projet a été approuvé par le précédent Gouvernement, sera soumis aux régions, aux départements et aux principales organisations représentatives des communes. Ils devra ensuite être adopté par la voie législative.

Une fois la loi portant approbation du schéma national d'aménagement et de développement du territoire adoptée, votre mission d'information souhaite que le Gouvernement élabore, dans les délais les plus brefs, le schéma sectoriel des télécommunications qui doit préciser les moyens à mettre en oeuvre pour une large diffusion des nouvelles technologies dans les zones les moins peuplées du territoire. L'accès à des réseaux interactifs haut débit doit faire partie du service universel, c'est-à-dire doit pouvoir être proposé au même tarif quel que soit le lieu. En outre, le schéma des télécommunications doit permettre un accès à un tarif de raccordement privilégié des établissements d'enseignement isolés.

c) Des raccordements à privilégier

Les établissements d'enseignement situés dans les zones les plus fragiles du territoire doivent être raccordés à coût faible et si possible nul comme cela existe dans des pays tel que le Canada et les Etats-Unis et comme cela a parfois été négocié en France (exemple du département du Rhône).

Lors de la discussion de la loi n° 96-659 du 26 juillet 1996 de réglementation des télécommunications, votre Haute Assemblée a adopté, sur proposition de la Commission des Affaires économiques, un article additionnel visant à fournir aux établissements d'enseignement situés dans les zones les plus fragiles du territoire ( zones de revitalisation rurale ou de redynamisation urbaine) un accès à tarif préférentiel aux services les plus avancés de télécommunications , comme le réseau numérique à intégration de services, les services en ligne et les services de télécommunication avancés.

L'article 7 de la loi de réglementation des télécommunications dispose que le schéma des télécommunications " détermine les moyens nécessaires et, en particulier, l'équipement requis pour assurer l'accès des établissements d'enseignement, notamment des collèges, lycées et universités, aux services offerts sur le réseau numérique à intégration de services, aux services en lignes et aux services de télécommunications avancés . Dans ce cadre, il évalue les conditions pouvant assurer l'accès auxdits services à un tarif préférentiel pour ceux de ces établissements situés dans une zone de revitalisation rurale ou dans une zone de redynamisation urbaine, ainsi que pour ceux situés dans les départements dont plus de 50 % du territoire est classé en zone de revitalisation rurale ".

Pour que ces dispositions, votées par la représentation nationale, ne demeurent pas des voeux pieux, il convient d'adopter dans le délai le plus bref possible le schéma sectoriel des télécommunications prévu par la loi du 4 février 1995.

Le schéma sectoriel doit donner à la Nation l'occasion de réaffirmer sa volonté d'irriguer toues les zones du territoire en réseaux et services performants afin qu'ils profitent des opportunités de développement offerts par la télémédecine, le télétravail, la promotion des ressources touristiques, le développement du commerce électronique.

d) Une action à mener à terme

Le comité interministériel sur l'aménagement du territoire (CIAT), tenu à Auch le 10 avril 1997, a replacé les nouvelles technologies au coeur de la politique d'aménagement du territoire en affirmant que " les services de télécommunications, leur accessibilité, la promotion de leur usage, sont déterminants pour la réalisation des objectifs d'aménagement du territoire ".

L'avant-projet de schéma national d'aménagement et de développement du territoire, approuvé à cette occasion, affirme que le développement des réseaux et services de télécommunications va " évidemment " transformer les conditions de localisation des activités sur le territoire.

" Le recours grandissant au multimédia, stratégique en toute hypothèse pour de nombreuses activités, est sans doute l'évolution qui, au cours des deux prochaines décennies, influera le plus sur l'équilibre du territoire ".

Plusieurs mesures ont été proposées pour promouvoir l'utilisation de nouvelles technologies au service d'un développement harmonieux du territoire, comme le détaille l'encadré ci-dessous :

COMITÉ INTERMINISTÉRIEL D'AUCH :

L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET LES NOUVELLES TECHNOLOGIES

PRINCIPALES MESURES

Raccordement des établissements d'enseignement

Le CIAT a décidé que tous les établissements du second degré et une partie des écoles devront s'équiper de micro-ordinateurs communicants, à raison, dans un premier temps, d'un poste pour 30 élèves dans le primaire, un pour 15 au collège et un pour 10 au lycée. Les élèves utiliseront les nouvelles technologies de l'information au moins une heure par semaine pendant les 4 années du collège. Les établissements devront disposer d'un accès à un réseau académique et aux réseaux externes via Internet. Renater sera étendu pour permettre le raccordement des établissements scolaires. L'État financera cette extension en 1998 et 1999.

Mise en réseau des bibliothèques universitaires

Cet objectif devait être atteint grâce à un engagement de l'État de 50 millions de francs par an pendant 3 ans.

Constitution de bibliothèques universitaires

Un plan de numérisation des catalogues et des ressources documentaires doit bénéficier, pour sa mise en oeuvre, de 30 millions de francs par an pendant 3 ans.

Forfaitisation des coûts

L'État s'engage à négocier avec les fournisseurs d'accès, au profit des établissements scolaires et universitaires, des conditions tarifaires permettant la forfaitisation des coûts.

Développement des téléservices dans le secteur public

Les schémas départementaux d'organisation et de modernisation des services publics identifieront toutes les possibilités offertes par les téléservices et le télétravail. La généralisation du traitement informatique des dossiers dans les services administratifs devra permettre de nouvelles localisations d'emplois.

Les services de télémédecine, de télé-enseignement, de téléculture seront généralisés.

Ces mesures constituent une amorce crédible de " mise à niveau " du territoire français dans le domaine des NTIC. En outre, elle rappelle que la loi du 26 juillet 1996 de réglementation des télécommunications prévoit que sera périodiquement réexaminé le contenu du service universel.

Votre mission d'information souhaite que soient, à cette occasion, inscrites dans la loi nombre de ces mesures favorables à l'aménagement du territoire.

3. Les collectivités locales : vitrines ou laboratoires ?

Camembert (Orne) - Lancement en octobre 1995 d'un site Internet " un village, un fromage ".

Saint-Agrève (Ardèche) - Création en 1996 d'un syndicat intercommunal à vocation unique " les inforoutes de l'Ardèche ", permettant à l'ensemble des communes membres de se connecter au réseau mondial Internet pour le prix d'une communication locale.

Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) - Lancement dans les locaux de la mairie d'un " espace cyber jeunes " permettant depuis septembre 1996 l'utilisation de dix ordinateurs destinés à rechercher des emplois sur Internet ou à réaliser des curriculum vitae ou encore à interroger des banques de données.

Le Mans (Sarthe) - L'ouverture, à titre expérimental, d'un accès Internet sur le réseau câblé dès le mois d'octobre 1996 fait de cette ville la première en Europe à offrir cette faculté.

Marly-le-Roi (Yvelines) - Transmission immédiate par Internet, à titre expérimental, à partir de décembre 1996 des délibérations du conseil municipal à la sous-préfecture de Saint-Germain-en-Laye.

Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) - Diffusion en direct, en janvier 1997, de la réunion du conseil municipal sur le réseau câblé de la ville permettant aux habitants d'interroger directement les élus.

A la vigilance traditionnelle du Sénat en matière d'aménagement du territoire, s'ajoute, conformément à sa vocation constitutionnelle 28( * ) , la volonté de veiller aux intérêts des collectivités territoriales. Il était donc "naturel" que votre mission d'information puisse analyser l'action des collectivités territoriales, afin de mettre en perspective leur rôle dans ce domaine. Tel était, notamment, l'objectif de la table ronde relative aux expériences locales organisées par votre mission d'information le mercredi 11 juin 1997 et dont le compte rendu figure en annexe du présent rapport.

D'une façon générale, votre mission d'information tient à appeler l'attention -déjà fortement développée- des collectivités locales sur le potentiel des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC), mais aussi sur leurs limites, voire sur leurs risques ou leurs contraintes, notamment sur le plan financier.

Sans qu'il soit un seul instant question de dicter une marche à suivre, -la multiplicité des actions et des expériences menées rendrait d'ailleurs une telle démarche absurde- il s'agit de recommander la recherche d'une voie médiane entre un "activisme" local potentiellement très coûteux pour les budgets locaux et un "passéisme" dommageable où ce nouvel univers serait ignoré.

Les collectivités locales doivent en effet, chacune en fonction de ses besoins réels , rechercher la meilleure valorisation possible des NTIC, en sachant conjuguer -autant que possible- leurs initiatives avec l'expérience de partenaires publics ou privés spécialisés.

A cet égard, il convient en particulier d'analyser la position des collectivités locales face au phénomène Internet, avant de présenter leur situation dans le contexte de libéralisation de l'audiovisuel et des télécommunications.

a) Internet : un passage obligé ?

Les collectivités locales entrent depuis quelques années dans un "deuxième âge" de l'informatique . D'importants investissements ont en effet déjà permis aux collectivités locales d'atteindre un niveau d'équipement satisfaisant en "informatique de production" destinée aux tâches de gestion.

A cette étape succède celle de l'entrée dans "l'informatique communicante". L'aspect le plus "médiatique" de cette nouvelle ère tient aux développements liés à Internet.

(1) L'accès à Internet

L'étude de l'Observatoire des Télécommunications dans la Ville (OTV) 29( * ) réalisée en 1996 sur "les taux d'équipement des collectivités locales en informatique et en télécommunications" mettait en évidence la très forte progression de l'équipement en micro ordinateurs et de l'utilisation des ressources d'Internet et du courrier électronique.

Ainsi, le parc des micro-ordinateurs détenus par les collectivités locales a connu une progression de 90 % entre 1993 et 1995, passant ainsi de 154.000 à 294.000 unités. En ce qui concerne Internet et la messagerie électronique, le "taux d'équipement" constitue une fonction croissante de la taille des collectivités locales. Au sein des communes, en effet, ce taux atteint 65 % pour l'accès à Internet (55 % pour la messagerie électronique) pour les communes de plus de 100.000 habitants ; ces taux descendant respectivement à 38 % et 31 % pour les communes de 30.000 à 100.000 habitants, à 14 % et 10 % pour les communes de 5.000 à 30.000 habitants. En deçà de ce seuil de population, les chiffres ne sont plus significatifs.

S'agissant des départements, le taux de raccordement à Internet dépasse 52 % (42 % pour la messagerie électronique), ces taux atteignant 65 % pour les régions et plus de 10 % pour les structures intercommunales.

Ces chiffres, déjà anciens, traduisent à la fois l'entrée incontestable des collectivités locales dans le monde d'Internet ainsi que le caractère inégal de cet accès.

En effet, si la proportion des collectivités accédant à Internet et à la messagerie électronique continue à croître, il s'avère que les petites communes restent encore largement à l'écart de ce phénomène. A cet égard, le dépouillement des réponses au questionnaire adressé par votre mission d'information aux collectivités locales au sujet des NTIC a très largement mis en évidence la perception dubitative, pour ne pas dire méfiante, d'un grand nombre d'élus de petites communes vis-à-vis d'Internet et des NTIC en général. Sur ce point, votre mission d'information a relevé le caractère récurrent de l'argument financier, beaucoup d'élus considérant un investissement de leur commune dans ce domaine comme incompatible avec les ressources limitées de leur budget.

Les économies que procurent au contraire la messagerie électronique par rapport aux envois par voie postale ou par fax sont le plus souvent ignorées. Compte tenu du taux de raccordement déjà existant la plupart des correspondances administratives devrait désormais être obligatoirement des correspondances par messageries électroniques. Des propositions de loi seront rédigées en ce sens par le Président et les rapporteurs.

Votre mission d'information souligne que les conditions tarifaires de la consultation d'Internet connaissent une importante évolution avec le principe du forfait.

En effet, après avoir vu l'avènement du principe de la tarification au prix de la communication locale, quel que soit l'emplacement du serveur consulté (en France ou à l'étranger), les fournisseurs d'accès à Internet s'orientent de plus en plus vers les forfaits qu'ils soient à durée de consultation limitée ou -de plus en plus- à durée illimitée. En outre, une collectivité locale et, a fortiori un groupement de collectivités locales, peut aujourd'hui négocier les conditions de son abonnement avec le fournisseur d'accès.

Il s'agit aussi d'exploiter les possibilités ouvertes par le phénomène Intranet . Ce dernier constitue une utilisation de l'ensemble des outils et des facultés d'Internet au profit d'un groupe d'utilisateurs précis. Ce phénomène, analysé dans la seconde partie du présent rapport, doit être exploité. Intranet fournit l'occasion, d'une part, de moderniser l'organisation administrative et la communication interne d'une collectivité et , d'autre part, de contribuer à renforcer les échanges entre collectivités locales, voire entre les collectivités locales et l'Etat , l'ensemble de ces échanges s'effectuant à un coût réduit et une rapidité accrue.

(2) Les sites Internet des collectivités locales

Au-delà de la simple "consommation" d'Internet, les collectivités locales sont aujourd'hui actives et présentes sur ce réseau mondial .

Ce phénomène connaît une véritable expansion depuis quelques années, votre mission d'information ayant relevé (au 30 juillet 1997) que près de 200 communes, environ 30 départements et près de 20 régions étaient aujourd'hui présentes sur le "Web" avec des sites "officiels". Avant de tenter une présentation typologique de ces initiatives et de formuler quelques recommandations dans ce domaine , votre mission d'information tient à saluer l'initiative prise par M. le Président du Sénat et le service informatique du Sénat, de présenter en bonne place sur son serveur "Web" une rubrique "collectivités locales" dont la vocation est de recenser et de permettre l'accès aux sites des collectivités 30( * ) .

Traduction informatique du rôle constitutionnel du Sénat , cette initiative présente l'intérêt de regrouper, en un seul point, l'ensemble de "l'offre" locale présente sur Internet.

A cet égard, si le site du Sénat n'est pas le seul à jouer ce rôle (les autres sites qu'il convient de mentionner étant ceux du Crédit local de France et la page " Towns, Regions, Departments ", d'Adminet-France), il convient de noter que la structure du serveur du Sénat prévoit la totalité des régions et des départements, ces "rubriques" ayant vocation à se "remplir" progressivement au fur et à mesure où de nouveaux sites apparaissent et signalent leur existence au Sénat. Un " tour de France " des sites Internet des collectivités locales peut donc être effectué à partir du serveur du Sénat.

Les principaux types de sites

Au sein de cet ensemble en croissance, et après "exploration" d'une cinquantaine de ces sites, votre mission d'information a noté qu'il existait au moins trois grandes catégories : le site institutionnel, le site de développement économique du territoire et le site de démocratie locale ; ces différentes catégories se recoupant souvent au sein d'un même serveur.

La première catégorie, le site institutionnel , a pour vocation de présenter la collectivité, ses élus, ainsi que la structure, le rôle et les actions de la collectivité. Cette catégorie "vitrine" correspond en général à la première génération des serveurs locaux et ne constitue souvent plus qu'une composante des serveurs des collectivités locales. Cette évolution est positive dans la mesure où la "vie" d'un serveur et son attractivité ne peuvent reposer sur ce seul aspect.

La deuxième catégorie , le site de développement économique du territoire , constitue une utilisation plus "active" du site Internet. Il s'agit ici d'effectuer la "promotion" d'un territoire, que ce soit à destination d'investisseurs potentiels en assurant une présentation dynamique des atouts locaux ou que ce soit à l'attention de touristes qu'il s'agit de séduire. Ce type de site, ou cette facette d'un site, constitue indéniablement un aspect essentiel de l'utilisation d'Internet par les collectivités locales.

S'agissant du tourisme, il convient de noter qu'un nombre croissant de personnes préparent leurs voyages et leurs déplacements au moyen d'Internet. Le Président de la mission a indiqué que dès 1996 plus de 50 % des Californiens choisissent leurs vacances en fonction du contenu des sites Internet proposés. M. Bernard Vergnes, président de Microsoft Europe, a indiqué, lors de son audition par votre mission d'information que plus de 30 % de l'ensemble des touristes américains agissaient ainsi. Le site de Grasse dans les Alpes-Maritimes a conduit à draîner une nouvelle population touristique vers les hôtels des 12 communes associées et cette donnée permet de mesurer l'importance des retombées potentielles d'un serveur bien conçu dans le domaine du tourisme. L'augmentation massive des touristes étrangers sur la Côte d'Azur est liée à la qualité des sites (Nice-Matin, CAD news, ...).

La troisième catégorie, le site de démocratie locale , est, quant à lui, principalement destiné aux habitants du territoire concerné. A cet égard, il convient de remarquer que cette "catégorie" de site a, d'une certaine façon, été précédée ou amorcée par la volonté d'améliorer les services rendus aux citoyens qu'il s'agisse de leur information administrative, de la délivrance de documents ou de leur accès aux services des médiathèques/bibliothèques. Les expériences d'Issy-les-Moulineaux de Metz et des autres villes qui se sont lancées sont démonstratives.

La "démocratie locale" peut en effet trouver à se renforcer en exploitant les capacités d'interactivité offertes par Internet, qu'il s'agisse de lieux de débats ("forum, newsgroups") ou de courrier électronique (E-mail). Plus largement, une collectivité peut héberger sur son serveur des rubriques gérées par des associations locales, permettant ainsi une participation active des citoyens au sein de la communication locale.

Quelques conseils...

Sans prétendre donner une recette miracle, qui n'existe d'ailleurs pas, votre mission d'information souhaite formuler quelques recommandations à l'attention des gestionnaires -effectifs et surtout potentiels- de sites "Web" locaux.

- Identifier les objectifs et définir les moyens

Il ne s'agit pas de céder à un effet de mode en "montant" à tout prix son site Web sans avoir défini sa vocation et évalué les moyens humains et financiers que la collectivité envisage d'y consacrer en notant qu'un site qui n'évolue pas est un site qui meurt.

Ainsi, il convient de savoir que le coût de la réalisation de quelques pages pour un site simple et modeste s'élève à environ 15.000-20.000 francs, tandis que le développement d'un site plus élaboré conduit à prévoir un investissement de 150.000 à 200.000 francs. Il faut toujours prévoir les moyens nécessaires à une mise à jour régulière, sans laquelle un site n'est pas " vivant ", n'est plus consulté et devient donc inutile.

- Etre aisément localisable

Pour trouver un public, un site Internet exige, en dehors d'une publicité à destination du public local, d'être identifié par les utilisateurs potentiels qui, le plus souvent, utilisent des moteurs de recherche disponibles sur Internet pour trouver les informations qu'ils souhaitent recueillir. A cette fin, il est nécessaire de choisir avec précision les mots-clés représentatifs de la page d'accueil du site, dans la mesure où ce sont ces mots qui permettront au moteur de recherche, et donc à l'utilisateur, de "repérer" le site.

- Etre utile

Après avoir été localisé, le site doit éviter de décevoir le public en lui permettant de trouver une satisfaction dans le contenu du site et en lui donnant envie d'y revenir.

A cet égard, la qualité intrinsèque des informations du site et leur mise à jour régulière jouent un grand rôle. Les internautes par ailleurs n'aiment pas les longues phrases, les textes compacts, les formules complexes. Le ton doit être direct, bref, simple. Des croquis, dessins ou photos valent mieux qu'une liste de chefs de service...

Plus encore, il s'agit d'offrir au public le plus grand nombre de liens possibles avec d'autres serveurs ou services . A cet égard et par exemple, de belles pages descriptives sur le tourisme doivent être accompagnées de possibilités pour l'utilisateur de se "connecter" sur des serveurs d'hôtels, de musées, de sites de loisirs ou d'événements prévus . Le gestionnaire du site doit ainsi rechercher dans toute la mesure du possible les divers partenariats permettant de prévoir le plus grand nombre de liens avec d'autres serveurs ou services.

Au total, sans être un passage obligé, Internet représente pour les collectivités locales une occasion de se faire connaître, sans qu'il s'agisse pour autant d'un investissement risqué.

Cette dernière remarque est d'autant plus vraie que les petites collectivités peuvent rechercher un "hébergement" de leur site sur celui d'une collectivité plus importante ou bien mettre à profit des structures intercommunales pour participer à des réalisations communes. Par ailleurs, il convient de rechercher des partenariats actifs -et donc un partage des coûts- avec d'autres structures (chambres consulaires, fondations, associations, universités, ...).

Ni tambour de ville, ni miroir aux alouettes, Internet ne doit pas échapper aux collectivités locales, dont la culture de décentralisation concorde avec la philosophie décentralisée du "réseau des réseaux".

Les Trophées MultiMédiaville 1997

Ces Trophées MultiMédiaville concernent 3 catégories non cumulables destinées à récompenser les sites Web des villes selon 3 critères :

- contenu : meilleur contenu en termes d'information , de diversité, de qualité de rédaction, d'intérêt des textes et des images...

- interactivité : site le plus interactif de manière interne (mécanique du site, ergonomie, technicité des pages, multiplicité des liens...) et externe (participation citoyenne, échanges avec le public, forums...).

- esthétique : qualité du graphisme de l'habillage, de la typographie, des couleurs, fonds de page, boutons...

Les membres du jury qui ont eu à visionner les sites ouverts par les villes de France ont constaté une très grande qualité de la plupart des sites et ont éprouvé de grandes difficultés à faire leur choix. En effet, selon l'expression du Président du Jury, les sites Web des villes sont "l'expression de la culture urbaine française". Le plus souvent riches en information et accordant une grande place à l'esthétique, ils n'oublient pas qu'Internet est un réseau de communication et que seule l'interactivité donne aux sites leur plein potentiel relationnel. Une petite cyberpromenade à travers ces sites permets de s'en rendre compte rapidement.

Esthétique

Prix : Nantes

Prix remis à Patrick Mareschal, premier adjoint au maire de Nantes

Nominé : Chantilly, Corinne Serec, conseiller municipal

Interactivité

Prix : Issy-les-Moulineaux

Prix remis à Eric Legale, directeur du Cabinet du maire

Nominés : Parthenay, Claude Poggioli, premier adjoint au maire

Montigny-le-Bretonneux, Pierre Leguerinel, adjoint au maire et Michel Laugier, directeur de Cabinet du maire

Contenu

Prix : Aubagne

Pris remis à Jean Tardito, maire d'Aubagne

Nominés : La Rochelle, Denis Leroy adjoint au maire

Strasbourg, Virginie Galez, chargée de mission

Composition du jury des Trophées MultiMédiaville

Président : Olivir-René Veillon , directeur du développement de la Sept-Arte

Membres : Michel Berenguer, rédacteur en chef de Décision Locale

René Escalle, directeur adjoint à l'Association des Maires de Grandes Villes de France

Philippe Parmantier, rédacteur en chef de Autoroutes de l'Information et Territoires

Christophe Pouilly, directeur de la création Agence Singapour.

Source : http://www.sarthe.com/multimediaville/lalettre261.htm

b) Le câble ressuscité ?

L'évolution des nouvelles technologies, la tendance à l'universalisation du langage numérique et l'imbrication croissante des domaines de l'informatique des télécommunications et de l'audiovisuel (analysées dans le premier chapitre de cette partie) sont autant de facteurs dont les collectivités locales peuvent tenter de tirer profit. Dans ce domaine cependant, notre mission d'information incite toutefois à une action prudente et mesurée au regard des conséquences financières que peuvent comporter "certains grands projets".

La déréglementation des télécommunications constitue en effet une source potentielle d'économies et d'action pour les collectivités locales. A partir de la date du 1er janvier 1998, chaque collectivité locale pourra choisir librement et "acheter" ses télécommunications à l'opérateur de son choix, qu'il soit national ou non, qu'il soit public ou privé.

Les collectivités locales peuvent aussi jouer un rôle d'aiguillon, voire d'accélérateur pour l'entrée dans la société de l'information. Les régions Alsace, Aquitaine, PACA, département de la Vienne, du Rhône, de la Somme, des Alpes-Maritimes et de bien d'autres (cf. documents auditions du 11 juin 1997 en annexe).

L'implication des collectivités locales dans la société de l'information et potentiellement d'autant plus forte que les réseaux câblés sont en passe de connaître une véritable résurrection .

La numérisation et la libéralisation des télécommunications ouvrent en effet au câble d'importantes perspectives d'avenir. L'échec relatif du câble en France qui, jusqu'à une date récente, était quasi exclusivement consacré à la télévision, trouve pour l'essentiel son origine dans l'importante concurrence de l'offre de la télévision hertzienne et de l'existence d'une chaîne payante. Cette absence de spécificité ou de plus value décisive du câble est aujourd'hui en train d'être dépassée .

Le premier aspect de la résurrection du câble est lié à Internet. Le câble constitue en effet un vecteur privilégié pour accéder au réseau mondial dans la mesure où, d'une part, il autorise un accès à débit élevé (environ mille fois plus rapide que l'accès par une ligne téléphonique classique) et où, d'autre part, il permet une facturation strictement forfaitaire totalement indépendante de la durée d'utilisation.

Les expériences conduites dans le cadre de cybercâble sur les réseaux câblés du Mans, d'Annecy, de Strasbourg et du 7° arrondissement de Paris préfigurent une généralisation potentielle de ce mode d'accès à Internet, qui est en lui même un puissant moyen de relancer le câble. A cet égard, l'arbitrage rendu le 11 juillet 1997 par l'Autorité de régulation des télécommunications (ART), prônant une installation rapide d'Internet sur le câble et exigeant de France Télécom la mise aux normes des sites du plan câble, doit être salué 31( * ) .

Les perspectives de rentabilisation du câble sont d'autant plus fortes que ce dernier constitue un vecteur de qualité pour les services de télécommunications, y compris la téléphonie vocale.

Les collectivités locales peuvent et doivent tirer partie de ces évolutions que ce soit en tant que "consommateurs", en tant que gestionnaires ou en tant qu'opérateurs. Le "terrain" local constitue en effet un "laboratoire" pour la concrétisation de la société de l'information , tel est d'ailleurs l'esprit de la loi n° 96-299 du 10 avril 1996, relative aux expérimentations dans le domaine des technologies de l'information. Ainsi comme l'affirme M. Jean-Charles Vignot, ancien chargé de mission au CSA: " Tout porte à croire que le législateur désire octroyer aux acteurs sur le terrain, et en premier lieu aux collectivités territoriales, les compétences permettant de réaliser la jonction technologique et juridique entre réseaux audiovisuels et réseaux de télécommunications et ainsi adapter au mieux les services proposés aux besoins d'une ville, voire d'un quartier. Il est clair que le législateur s'est (enfin !) soucié de la place prépondérante que doivent occuper les collectivités étant donné leur implication directe, souvent financière dans le développement des réseaux câblés".

Les collectivités locales possèdent donc un véritable rôle de décideur sur leur territoire pour l'aménagement des réseaux filaires et l'exploitation des services, rôle qu'est venue confirmer la loi n° 96-659 de réglementation des télécommunications du 26 juillet 1996.

Le cadre juridique étant désormais propice au développement des nouvelles technologies et à l'expérimentation des supports les plus variés, il appartient aux collections locales d'utiliser les moyens mis à leur disposition. Pour ce faire, des réflexions doivent être menées de façon à évaluer leurs besoins en la matière et à s'inspirer des expérimentations déjà menées dans d'autres départements.

Votre mission incite donc les décideurs locaux à se renseigner sur le sujet, à ne pas hésiter à se regrouper entre eux pour mener à bien une réflexion, des projets.

Le développement des nouvelles technologies de l'information peut ainsi se révéler fédérateur d'énergies et permettre aux communes fortement enclavées de lutter pour le désenclavement rural : il s'agit là d'un véritable outil pour l'aménagement du territoire qui devrait permettre de rompre avec cette fâcheuse tendance naturelle qui a vu depuis quelques décennies des régions se développer au détriment du reste de la France.

Dans cet ensemble, votre mission d'information tient enfin à insister en particulier sur les importantes potentialités de la technique de diffusion dite MMDS (Microwave Multiwave Distribution System/distribution multiplexée sur canal micro-ondes).

Le MMDS (Microwave Multiwave Distribution System)

Testées depuis longtemps aux Etats-Unis en analogique et déjà utilisées en transmission par France Telecom ("faisceaux hertziens" à 140 Mbits), les micro-ondes présentent de nombreux avantages potentiels pour la diffusion de données numériques : installation économique, débit élevé permettant de distribuer jusqu'à une centaine (trente-trois en analogique, le système permettant de multiplexer plusieurs voies à bas ou moyen débit sur une voie à haut débit) de chaînes de télévision. La portée des émetteurs est inversement proportionnelle à la longue d'ondes.

Les Etats-Unis et certains pays européens envisagent d'utiliser la bande de 2,5 Gigahertz (employée en France métropolitaine par la gendarmerie mais dans laquelle vont être effectués des tests dans l'île de la Réunion). Des expériences sont en cours ou envisagées notamment au Mans, dans la Vienne ou en Ariège, dans l'intervalle des 10 à 12 Gigahertz. Cette gamme de fréquences étant déjà mise à contribution pour la réception des émissions par satellite, offre ainsi l'avantage de permettre de recourir aux mêmes décodeurs (mais les antennes doivent être suffisamment sélectives).

Thomson Multimédia (qui a remporté aux Etats-Unis un important contrat dans le cadre du projet MMDS "Tele T.V." ) cherche pour sa part à exploiter la bande des 3,6/3,8 Gigahertz que TDF serait prêt à lui concéder. Cette gamme de fréquences, elle, se prêterait à une utilisation des décodeurs des réseaux câblés mais nécessiterait de grandes antennes "en râteau".

Il est tout à fait envisageable, par ailleurs, de monter en fréquence pour aller dans la bande, vierge, des 20/40 Gigahertz qui intéresse plusieurs pays. Mais la portée des émetteurs serait, dans ce cas, beaucoup plus réduite (5 à 10 km), ce qui impliquerait une structure de réseaux cellulaire ainsi qu'une implantation en milieu urbain, donc une concurrence vis-à-vis des réseaux câblés.

C'est dans cette gamme d'hyperfréquences qu'est proposée une variante évoluée du MMDS, le LMDS offrant aux abonnés une véritable palette de services multimédias véritablement interactifs. Le LMDS comporterait, en effet, la voie de retour qui fait défaut au MMDS dont l'interactivité se limite à l'utilisation d'une voie téléphonique.

La loi du 30 septembre 1986, relative à la liberté de communication considère la transmission d'émissions télévisées par micro-ondes comme des infrastructures de télécommunications, autorisées par le ministre compétent (après accord du CSA pour certaines fréquences) et conçues comme une extension, réservée aux zones d'habitat dispersé, des réseaux câblés (qu'il n'est pas question de concurrencer).

La loi d'avril 1996, relative aux expérimentations dans le domaine des technologies et services d'information, est venue assouplir ce régime.

Le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) peut, en effet, autoriser l'usage d'hyperfréquences sur des parties limitées du territoire, sans passer par un appel à candidatures, mais à condition qu'il ne soit pas porté préjudice à un réseau câblé existant.

Les opérateurs, candidats aux expérimentations concernées, se plaignent parfois néanmoins de certaines dispositions de cette loi, notamment celles qui prévoient :

·  le conventionnement par le CSA, un par un, de chacun des services de communication audiovisuelle composant les bouquets prévus,

·  l'application, même globalisée, des obligations de quotas et de contribution au développement de la production cinématographique et audiovisuelle.
Les intéressés jugent ces contraintes lourdes et souhaiteraient, en ce qui concerne les contenus, être alignés sur le régime des cablo-opérateurs (le MMDS n'est-il pas appelé "câble hertzien" ?). Ces derniers s'estimant, pour leur part, victimes d'une discrimination par rapport aux chaînes télédiffusées directement par satellite.

La bande des 3,6/3,8 Gigahertz qui intéresse Thomson relève, de son côté, non du CSA mais de la DGPT -Direction générale des Postes et Télécommunications), au motif que sa réglementation toucherait au droit international. Selon l'industriel, l'exploitation de cette gamme de fréquences est techniquement la plus avantageuse (zone de couverture étendue...) et la plus facile à mettre en oeuvre (puissance limitée des émetteurs...). Thomson estime aussi que l'utilisation du MMDS diminue l'urgence de la numérisation de la télévision hertzienne terrestre dans les fréquences moins élevées actuelles (VHF et UHF).

Par souplesse, ses possibilités d'interconnexion, ses débits et son économie, le MMDS peut donc accélérer le déploiement des autoroutes de l'information. Il souffre cependant, en l'état actuel des techniques, d'un manque d'interactivité.

Source : Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques. Rapport P. Laffitte sur" la France et la société de l'information" n° 213 (1996-1997).

Les qualités de ce mode de diffusion ont retenu l'attention de votre mission d'information, dans la mesure où celle-ci paraît en mesure d'apporter aux territoires non câblés un certain nombre des avantages du câble. A cet égard, la loi précitée du 10 avril 1996 donne au CSA la faculté d'autoriser cette technique de diffusion sur des parties limitées du territoire, sans passer par un appel à candidatures, mais à condition qu'il ne soit pas porté préjudice à un réseau câblé existant.

On peut d'ailleurs se demander si les restrictions vis-à-vis des réseaux câblés existants ont une justification théorique dans un domaine où l'on souhaite que la concurrence conduise à des diminutions de coûts pour l'usager.

Certes la technique de ce mode de diffusion reste encore à parfaire, au moyen de l'adjonction d'une "voie de retour" permettant l'interactivité, mais il paraît certain que ce "câble sans fil" constitue un espoir formidable notamment pour les parties du territoire national qui ne bénéficient pas du câble.

Dans cette perspective, votre mission d'information souhaite, qu'au terme des expérimentations actuellement en cours, cette technologie bénéficie d'une attention particulière des pouvoirs publics.

A cet égard votre mission d'information demande que soit engagée, d'ores et déjà, une réflexion sur la bande de fréquence qui pourrait être réservée au "câble sans fil", afin que celle-ci soit compatible avec les matériels de diffusion et de réception existants, afin de ne pas alourdir les coûts de développement de cette technique . Votre mission d'information a en effet noté, au cours de l'audition des responsables de Télédiffusion de France (TDF) que la bande de fréquence correspondant aux matériels "standards" était actuellement employée en France métropolitaine par la gendarmerie. Or, il convient en la matière d'éviter (essentiellement pour des motifs de rentabilité) le développement d'une gamme de matériels spécifiques à la France.

*

* *

Au total, en France comme dans d'autres pays, les collectivités locales sont donc, très largement, à la fois des acteurs et des vecteurs essentiels de l'entrée dans la société d'information. Elles contribuent par leurs actions à associer un grand nombre de français à l'indispensable marche de notre pays vers la modernité. Qu'il s'agisse de l'enseignement de la citoyenneté, de la cohésion sociale, de la sensibilisation des diverses catégories professionnelles, des actions de démonstration, les collectivités locales sont et doivent être à la pointe de la croisade pour la modernisation de la société française par un usage intelligent des NTIC.

Telle est la raison profonde pour laquelle tant de sénateurs se sont engagés dans cette croisade.

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