PREMIÈRE PARTIE : APPRENDRE LES USAGES DU
NUMÉRIQUE.
POURQUOI ? OÙ ? QUAND ? COMMENT ?
« L'insuccès scolaire n'est pas une fatalité ! Le vrai problème, c'est que certaines fonctions s'effondrent : si un enfant n'a pas appris à parler à 10 ans, il ne parlera jamais. Donc il ne faut pas attendre, il faut agir. Un grand pas sera fait en éducation quand tout éducateur regardera tout éduqué comme capable de peindre la Sixtine, composer le Requiem, et inventer la radioactivité. »
Albert JACQUARD .
Cité par Rachel Cohen.
Quand l'ordinateur parle ...
PUF. 1992.
CHAPITRE PREMIER : LE MATÉRIEL DISPONIBLE
INTRODUCTION
Apprendre les usages du numérique ? La première réponse, spontanée, suggère les moments d'enseignements, ceux de l'instruction et de l'éducation. Pour les uns, l'école maternelle paraît fournir le temps du meilleur départ ; trop de chances sont ratées, si, dès la prime enfance, des initiatives adaptées ne suscitent pas l'éveil des capacités en attente et indispensables pour les étapes suivantes. Pour d'autres, il est préférable de retarder la rencontre avec ces nouvelles techniques d'information et de communication à la fin de l'étape primaire, voire au tout début du collège ; certains attendraient même le lycée.
Les nombreuses auditions d'enseignants à tous ces niveaux, de responsables syndicaux, de chercheurs, ou de personnes qualifiées en ces domaines, amènent à retenir sûrement le temps de l'école comme le temps nécessaire et indispensable des apprentissages aux NTIC, ne serait-ce qu'en référence aux pratiques observées dans tous les pays : la formation de l'adolescent, de l'adulte, passe par ses trajets scolaires qu'il s'agisse de sa formation professionnelle, civique ou personnelle.
En France, l'école maternelle -accueillant à partir de 2 ans et jusqu'à 5 ans, fin du premier cycle- a une telle notoriété, son efficacité est tellement reconnue, que les premiers apprentissages, les premières rencontres et découvertes avec l'ordinateur doivent être envisagées, organisées en ces lieux, en ces âges. Ceux qui proposent des époques plus tardives, admettent aussi cette hypothèse précoce, leurs choix étant dictés par le souci de raccourcir les délais entre les élèves en cours de formation, élèves qui vont arriver à leur maturité et à leurs responsabilités professionnelles et citoyennes dans peu d'années.
L'ordinateur est un nouveau stylo : on peut écrire, dessiner, faire des mathématiques, de l'algèbre comme de la géographie à condition d'avoir les logiciels ou cédéroms correspondants. On peut faire cela non seulement plus vite, mais surtout bien mieux, au moins d'un point de vue formel : l'écriture est plus régulière, la page finie est plus propre, les corrections ont pu être faites sans laisser de traces, des changements de place de paragraphes ou de membres de phrases sont possibles sans refaire toute une rédaction. La convivialité développée par les constructeurs - et en premier lieu par Apple - a contribué à rendre plus attractive et plus facile l'utilisation des ordinateurs pour en faire de plus en plus un outil quotidien. Un « super stylo » ! Ce schéma d'analyse permet d'ailleurs de rappeler que le passage du porte-plume au stylo bille ne s'est pas fait sans heurts... Combien d'enseignants ont-ils d'abord interdit l'usage de ce dernier pour se rendre compte de son caractère inéluctable, même si - et on peut le déplorer - une conséquence certaine s'est faite sentir sur la qualité calligraphique des élèves.
Quel souci précautionneux faudra-t-il avoir envers l'ordinateur quand on pense qu'à l'écran de l'ordinateur, on peut faire apparaître les pages du cahier de texte ; il est facile de réaliser des documents que l'on classe ensuite dans un dossier ad hoc ; on peut les rendre visibles sur l'écran quand on veut, comme on veut, par pages ou demi-pages, comme si on tournait les feuilles d'un livre.
Ce stylo est presque magique à côté de notre stylo actuel qui permet, sans avoir besoin d'encrier, de nombreux usages, mais sans les qualités de l'ordinateur.
Pour réussir à préciser les meilleures façons, la bonne pédagogie permettant d'atteindre une bonne connaissance et d'avoir recours et usage facile des nouveaux outils techniques, il est utile de connaître, succinctement, et les outils et ce qu'ils rendent possible (voir en annexe la présentation des matériels et de leurs usages).