3. Des résultats et des perspectives flatteurs
Après avoir reposé sur la rente pétrolière, la politique économique indonésienne s'est infléchie en 1983, à la suite du contre-choc pétrolier. Les réformes structurelles nécessaires à une industrialisation rapide ont été mises en oeuvre avec le recours aux investissements étrangers et une libéralisation progressive des échanges extérieurs. Leurs résultats d'aujourd'hui laissent augurer favorablement de l'avenir.
a) Les choix effectués
Le choix précoce d'une double ouverture, l'ouverture
aux capitaux étrangers et l'ouverture au commerce international, a
indéniablement joué un rôle déterminant dans le
développement économique.
Près du quart des investissements autorisés dans l'archipel de
1967 à 1994 est d'origine étrangère et la part des
exportations dans le produit intérieur brut atteint la même
proportion.
Dans le domaine des
investissements
cette stratégie
a été engagée dès 1967. Elle a été
substantiellement amplifiée en 1994 par un décret
présidentiel qui a supprimé l'obligation de transférer
à terme la majorité des parts du capital à un partenaire
national. Ce décret a, par ailleurs, diminué un certain nombre de
seuils financiers ou d'obligations juridiques à caractère
contraignant.
Ce texte a ouvert à l'investissement international, par le biais de
joint-ventures, des secteurs d'intérêt national tels que
l'électricité, les télécommunications, les
transports maritimes, ferroviaires et aériens, l'approvisionnement en
eau potable et l'énergie nucléaire. Désormais, seuls
demeurent fermés des secteurs comme le commerce de détail et la
restauration. Les activités financières restent, quant à
elles, encadrées.
Ces mesures ont d'ores et déjà assuré à
l'Indonésie de devenir en 1996
l'une des premières
destinations de l'investissement international
17(
*
)
. Elles devraient lui permettre de
bien résister à la concurrence que lui livrent aujourd'hui ses
voisins asiatiques dans le drainage des capitaux.
De fait, l'Indonésie n'est plus le seul pays de sa taille à les
rechercher dans la région. Le Viet-Nam, l'Inde et surtout la Chine se
révèlent des rivaux redoutables au moment où la poursuite
de son développement industriel lui impose des investissements massifs.
Sa politique d'industrialisation qui engendre un besoin permanent
d'équipements, sous-tend également le mouvement d'
abaissement
régulier tant des droits de douane
que des barrières non
tarifaires
qu'elle a entrepris depuis 1985 et dont son ministre de
l'Economie et des Finances a annoncé l'accélération en
1995. L'objectif final qui a ainsi été rendu public est, à
l'horizon 2003, une réduction généralisée des
tarifs douaniers entre 0 et 5 % pour tous les produits en provenance des
autres pays de l'ASEAN, et entre 0 et 10 % pour les importations en
provenance des pays extérieurs à cette zone.
Les résultats de cette volonté d'industrialisation et d'ouverture
sont d'ores et déjà pour le moins encourageants.
b) Les résultats enregistrés
·
Au plan macroéconomique,
la diversification de l'économie indonésienne entreprise il y
a douze ans se révèle un succès. La part de l'industrie
manufacturière dans le PNB est passé de 12 % en 1983 à 23
% en 1994.
Plus globalement, l'archipel connaît des taux de croissance que l'Europe
n'a plus depuis longtemps puisque,
pour la période 1989-1995, la
progression annuelle moyenne du PNB a été supérieure
à 8 %
et qu'elle s'est établie à plus de 6 % pour
l'ensemble de la décennie passée. Depuis 1995, l'Indonésie
est d'ailleurs classée dans le groupe des pays intermédiaires par
la Banque mondiale.
Cette croissance accélérée a creusé des
inégalités sociales parfois criantes, mais elle a aussi permis
une réduction sans précédent de la pauvreté : de 60
%, la fraction de la population en-dessous du seuil de pauvreté est
passée à 15 % en une vingtaine d'années. Ceci constitue un
succès considérable pour un pays qui comptait parmi les plus
pauvres du monde dans les années 60.
Au plan sectoriel
, le volontarisme industriel a conduit,
sous l'impulsion principale du Dr Bacharuddin Jussuf Habibie, ministre d'Etat
à la recherche et à la technologie, à créer une
entreprise nationale de construction aéronautique, l'usine IPTN à
Bandung qui fabrique des appareils légers de 20 à 40 places
(CN 225) ainsi que des hélicoptères sous licence. IPTN
pourrait dans un avenir proche entreprendre la fabrication d'avions de 90
à 150 passagers (CN 250) et accroître ses contrats de
sous-traitance.
Sa réussite apparaît moins flagrante que celle de l'industrie
textile qui, moribonde il y a 20 ans, a exporté en moyenne annuelle pour
quelque 5 milliards de dollars ces derniers temps.
Quoique ne pouvant pas encore élaborer certains produits
intermédiaires, la pétrochimie permet à l'Indonésie
de valoriser ses richesses pétrolières. Par ailleurs, ses usines
sidérurgiques et ses laboratoires chimiques satisfont désormais
à une partie de sa demande intérieure. Il en va de même
pour la fabrication d'automobiles qui demeure toutefois, pour l'essentiel une
activité d'assemblage.
Dans les services, les 4,5 millions de touristes qui ont visité le pays
en 1995 lui ont rapporté 6 milliards de dollars. Ceci conduit les
pouvoirs publics à faire étudier la possibilité
d'aménagement de nouveaux sites touristiques d'une attractivité
équivalente à celle de Bali ou Borobudur.
c) Les perspectives tracées
Selon les prévisions du 6e plan de développement
indonésien, la croissance économique devrait se maintenir
à un rythme supérieur à 7 % par an pour la
période 1994-1999. Les institutions financières internationales
jugent réalistes de tels objectifs.
Aussi, les projections des organismes économiques les plus
sérieux tendent-elles vers les mêmes conclusions : si elle
poursuit sur son élan, l'Indonésie devrait entrer dans les
rangs des nouveaux pays industriels en l'an 2000, devenir membre du groupe
des 7 pays les plus industrialisés en 2010 et la 5ème puissance
économique mondiale en 2020.
Son potentiel est d'autant plus grand qu'elle est remarquablement bien
intégrée à cette région de la planète qui
tire la croissance mondiale vers le haut : l'Asie-Pacifique. Elle y participe,
souvent en jouant un rôle majeur, à toutes les instances de
coopération : APEC et surtout ASEAN/AFTA
18(
*
)
.
La présence accrue de nos entreprises sur le sol indonésien
présente en conséquence, un intérêt d'autant plus
fort que ce cadre est de nature à devenir un pôle de convergence
des petites et moyennes puissances d'Asie et qu'il pourrait, à terme,
équilibrer la montée en puissance de la Chine et de l'Inde.
Il convient toutefois d'avoir présent à l'esprit que le
développement économique du plus grand archipel du monde n'est
pas sans connaître certaines fragilités.