Audition de M. Christian Leyrit, Directeur des routes au ministère de l'Equipement, du Logement, des Transports et du Tourisme (19 février 1997)
M. Jean François-Poncet, Président
-
Mes chers collègues, Madame le sénateur, nous avons le
privilège d'entendre M. Leyrit, Directeur des routes au ministère
de l'équipement. Il fait la pluie et le beau temps -en ce qui me
concerne, davantage la pluie que le beau temps- et il va donc nous parler de
ses projets et de ses perspectives. Nos auditions d'aujourd'hui sont le
résultat d'une demande que l'un de nos collègues, le
sénateur Boyer, a faite à la commission. Elles se situent
naturellement aussi dans le contexte du prochain schéma national
d'aménagement du territoire.
Ce que j'ai vu du pré-projet est extraordinairement loin de ce que nous
avons dans l'esprit. Les quelques généralités que j'ai
vues, dans ce schéma, ne sont absolument pas susceptibles de satisfaire,
à mon avis, le Parlement, en tous les cas le Sénat, qui demandera
à en savoir beaucoup plus, et probablement, à voir le
schéma directeur. Faute de quoi les quelques
généralités que peut contenir le schéma national ne
donneront pas le sentiment que le Sénat peut peser sur ce qui est quand
même au coeur de l'aménagement du territoire. Qui n'a pas
d'infrastructures, qui est isolé, est condamné. Le
désenclavement, c'est déjà le développement.
Par conséquent, attendez-vous à ce que l'on vous demande de
revenir.
M. Christian Leyrit
. -
Merci, Monsieur le Président. Je
dirai simplement, avant de commencer mon exposé, que le schéma
national, si nous y collaborons, n'est pas de la responsabilité du
ministère de l'équipement, du logement, des transports et du
tourisme, mais du ministère de l'aménagement du territoire. Je
crois que cette question s'adresse essentiellement à la DATAR.
Bien entendu, je serai tout à fait prêt à répondre
à vos questions.
Je vous propose de traiter quatre ou cinq grands points : la
réalisation du schéma directeur autoroutier actuel, la place du
réseau concédée dans le réseau national, la
situation financière du secteur autoroutier à péage, les
perspectives et la révision du schéma directeur routier national.
Au préalable, je voulais dire quelques mots sur la réalisation du
schéma directeur routier national. Vous voyez ici la carte du
schéma qui a été publié le 1er avril 1992 et qui
est en cours d'exécution. Je rappelle que ce schéma actuel
prévoit, à l'horizon 2005, la réalisation de
12.000 kilomètres d'autoroutes, au total, en France, dont à
peu près 9.000 kilomètres d'autoroutes à
péages. Les trois-quarts du réseau autoroutier seront à
péage, ce qui est une particularité française.
Quelle est la situation ? En 1993, 1994, le Gouvernement a
décidé d'accélérer la réalisation de ce
schéma autoroutier. Il a aussi décidé de passer des
contrats de plan entre l'Etat et le secteur autoroutier. Sur cette carte, ce
qui figure en vert est l'ensemble des autoroutes lancées entre 1995 et
1999, c'est-à-dire les opérations du contrat signé entre
l'Etat et les différentes sociétés. Vous voyez quelle sera
la situation à l'horizon 2000. Ce qui est en noir est tout ce qui est
concédé, ce qui est en bleu représente les infrastructures
en cours d'aménagement progressif, donc réalisées
progressivement sous forme d'autoroutes gratuites.
Entre la situation d'aujourd'hui et celle de l'an 2000, il y aura une
différence très importante et qui commence à peine
à apparaître : aujourd'hui encore, tout est radial vers Paris
et vous voyez que commencent à se dessiner de grandes transversales
est-ouest, comme Le Havre-Amiens-Saint-Quentin qui sera achevée à
l'horizon 2000, comme Nantes-Angers-Tours-Vierzon qui sera en voie
d'achèvement, et la transversale Bordeaux/Clermont-Ferrand qui sera bien
amorcée en l'an 2000. Vous voyez apparaître de grands
itinéraires qui contournent la région Ile-de-France avec la route
des estuaires qui sera pratiquement achevée à l'horizon 2000, et
également un grand itinéraire
Rouen-Alençon-Le Mans-Tours.
La décision prise en 1993, 1994 porte sur l'engagement en travaux sur 10
années, c'est-à-dire d'ici 2003, des 2.600 kilomètres
d'autoroutes concédées dans le schéma directeur actuel, ce
qui représente 140 milliards de francs. Vous voyez le diagramme, depuis
1980, de tous les lancements des nouvelles autoroutes concédées.
Ceci s'est situé entre 100 et 300 kilomètres. En 1997, c'est
un record absolu : plus de 400 kilomètres d'autoroutes
concédées nouvelles seront engagées en travaux.
Vous voyez les investissements des sociétés concessionnaires
d'autoroutes, depuis 1980. Ce qui est en violet est le montant total des
investissements qui était de l'ordre de 9 milliards de francs en 1980,
qui est descendu à 5 milliards dans les années 1983, 1984, et qui
augmente de manière importante depuis les années 1990,
1992 : entre 1988 et 1993, nous étions sur un rythme de l'ordre de
10 à 11 milliards de francs, en 1996, nous étions à
près de 20 milliards, et en 1997, nous serons à près de 22
milliards de francs. C'est un record absolu qui montre l'effort et la place
pris par le secteur autoroutier dans le développement du réseau
routier dans sa globalité.
Les contrats de plan signés entre l'Etat et les sociétés
concessionnaires sont parfaitement respectés. En 1997, nous sommes au
rythme qui devrait rester stable jusqu'en 1999. Nous avons eu une forte
croissance sur 1995, 1996, 1997. Pour respecter ces contrats, nous devons
atteindre un palier aux alentours de 22 milliards de francs. Sur le lancement
des opérations nouvelles, nous sommes sur un rythme parfaitement
cohérent avec les décisions prises par le gouvernement.
J'en viens aux zones d'ombre du schéma directeur actuel. A gauche,
figurent les zones à plus d'une demi-heure d'une autoroute ou d'une
route express. Vous voyez à droite quelle serait la situation, à
l'issue du schéma directeur actuel. Vous voyez qu'il y a encore un
certain nombre de zones d'ombre, notamment dans le sud-ouest.
Pour illustrer l'importance de ce schéma directeur en cours de
réalisation, j'ai pris l'exemple de la desserte du port du Havre. Cette
carte montre la modification du temps d'acheminement des marchandises, pour le
port du Havre, à l'horizon 2005 par rapport à 1995. Ce qui est en
blanc représente les zones où il n'y a aucun gain de temps parce
que le réseau existe déjà, ce qui est en rose pâle
est entre un quart d'heure et 1 heure 30, en rouge plus foncé entre 1
heure 30 et 3 heures 15, et ce qui est en violet est un gain de plus de 9
heures. Au-delà de 9 heures, cela veut dire que l'on passe d'un jour
à deux jours.
Vous voyez l'importance, pour une majeure partie de la France, de
l'efficacité du schéma directeur pour le port du Havre.
Je m'empresse de dire qu'il faut voir l'attractivité nouvelle de
certaines liaisons que l'on pourrait envisager d'inscrire au schéma
directeur pour améliorer, par exemple, la desserte de Hambourg, ou de
ports étrangers dont on sait que les pays en cause prennent des mesures
importantes pour étendre l'hinterland de ces grands ports.
On avait un retard très important dans le domaine de la desserte des
ports en France. Il faut aussi veiller à ne pas privilégier la
desserte d'autres grands ports.
En 1960, il y avait, en France, 60 kilomètres d'autoroutes, alors qu'il
y en avait plusieurs milliers en Allemagne, en Italie, et en Angleterre. Vous
voyez le réseau autoroutier en 1970, 1980, 1990, et à l'horizon
2005. Le système français à péages a permis de
rattraper une partie très importante du retard. C'est un système
autoroutier qui suscite beaucoup d'intérêt de la part de tous les
pays du monde. Nous recevons des délégations aussi bien
d'Amérique du Sud, d'Amérique du Nord, que d'Extrême-Orient
ou d'ailleurs. Dans la plupart des pays, seul le financement par l'usager
permettra de répondre à ces grands investissements, alors que
dans tous les pays, les problèmes de déficit public et
d'impôts se posent comme chez nous.
Quelques éléments factuels sur l'évolution des longueurs
et des trafics. On voit apparaître que les routes nationales, depuis
1975, ont tendance à être réduites : près de
30.000 en 1975, 27.000 aujourd'hui. En revanche, les autoroutes
concédées se développent de manière assez rapide.
Voici l'évolution des parcours sur l'ensemble des autoroutes et des
routes nationales, depuis 1970 jusqu'en 1995. La courbe du bas, qui
représente le total des kilomètres parcourus sur autoroutes, est
à un niveau très faible. En 1995, pour la première fois,
le nombre de kilomètres parcourus sur autoroute est supérieur et
dépasse le nombre de véhicules/kilomètres parcourus sur
les 30.000 kilomètres de routes nationales.
Vous voyez la relation entre le PIB et le trafic concédé. On peut
superposer à cette courbe, l'évolution du trafic sur le
réseau à péages. Depuis 1981, vous voyez une
corrélation très nette, notamment dans la période
1987-1990, où il y avait une forte progression du PIB et une forte
progression du trafic.
Une autre hausse importante, en 1995, s'est traduite par une hausse plus
modérée des trafics sur autoroute. En 1986-1988, 9 % par an
d'augmentation du trafic. En 1996, cette hausse a été très
réduite, puisqu'elle était seulement de l'ordre de 1 ou 2 %.
Tout ceci pour montrer que sur une longue période, on peut tout de
même penser que le PIB va évoluer. Beaucoup prédisent que
la hausse du trafic sur le réseau autoroutier va chuter. Je pense que
cette corrélation montre de manière assez claire que sur une
longue période, on peut s'attendre à des hausses de trafic
importantes, d'ici 2015, sur le réseau autoroutier.
Concernant l'évolution des moyens financiers consacrés à
l'ensemble des routes et des autoroutes, vous avez deux courbes depuis 1972. Ce
sont des chiffres en volume. La courbe en rouge est l'ensemble des budgets
exécutés par l'Etat : indice 100 en 1972, indice 75 en 1997.
L'état, globalement, dépense aujourd'hui un quart de moins qu'il
ne dépensait en 1972 pour les routes. La courbe bleue est l'ensemble des
moyens consacrés au réseau autoroutier national qui est
extrêmement important puisque 1997 sera le plus haut niveau jamais
atteint. Cela tient aux participations des collectivités dans le cadre
des contrats Etat-région qui ont augmenté de façon
importante depuis 1985, et surtout au développement formidable du
réseau autoroutier concédé, puisque les investissements
ont augmenté dans des proportions très importantes.
D'autres intervenants, dans la journée, vont indiquer qu'il y a des
problèmes d'emplois dans le BTP. On ne peut pas dire que ce soit
globalement le fait de l'Etat, dans son ensemble, puisque les moyens financiers
globaux consacrés n'ont jamais était aussi forts qu'ils le sont
depuis 2 ou 3 ans.
Sur le diagramme suivant, on voit apparaître, de 1989 à 1997,
comment se décompose l'ensemble de ces moyens. Tout ce qui est en jaune
représente les autoroutes concédées. Elles
représentaient, en 1989, 40 % de l'ensemble de ces moyens, et
représentent aujourd'hui presque les deux tiers de l'ensemble de ces
moyens. Ce qui est en vert représente les fonds de concours des
collectivités locales qui tournent entre 5 et 7 milliards, bon an mal
an, depuis 7 ou 8 ans. Vous voyez le budget de l'Etat investissement, et les
crédits d'entretien du budget de l'Etat qui restent à peu
près stables, aux alentours de 3 milliards de francs. Vous constatez
donc la montée en puissance du secteur autoroutier.
J'en viens maintenant à la situation financière de ce secteur
autoroutier concédé. Après la réforme du secteur
autoroutier de 1994, six sociétés autoroutières se sont
regroupées en 3 pôles, sociétés publiques dont
l'Etat détient entre 95 et 99 % du capital. Il y a une
société privée, Cofiroute, et deux sociétés
de tunnels : la société du Mont-Blanc et la
société du tunnel de Fréjus.
La situation financière de ces sociétés d'autoroutes
dépend de quatre grands paramètres. Elle dépend du niveau
de trafic et de la situation économique du pays ou de l'Europe. Elle
dépend également du niveau de péage, des charges et des
taxes qui leur sont imposées, et enfin, du rythme d'investissement
puisque plus le rythme d'investissement est important, plus l'endettement
progresse.
Sur cette courbe, les études les plus récentes montrent
l'endettement de ces six sociétés publiques, entre 1996 et 2020.
L'endettement qui était d'un peu plus de 100 milliards en 1996 va
évidemment croître de manière importante pour atteindre,
vers l'horizon 2005, près de 180 milliards de francs, et
décroître ensuite. Ceci prend comme hypothèse le
schéma directeur actuel et non sa future version révisée.
Le diagramme suivant montre la sensibilité très importante des
divers prélèvements de l'Etat sur l'endettement du secteur public
autoroutier. La deuxième courbe correspond à la décision
du gouvernement en 1994, liée à l'accélération du
programme autoroutier. Voilà la courbe d'endettement que nous avions. La
courbe jaune montre l'impact sur l'endettement des sociétés de
l'instauration de la taxe d'aménagement du territoire de deux centimes
par kilomètre, décidée par la loi de janvier 1995, qui
n'avait pas fait l'objet d'une compensation tarifaire, mais simplement d'un
allongement de la durée de concession. Cette taxe s'est traduite,
à la période de pointe maximale, c'est-à-dire vers 2004,
par un endettement supplémentaire que l'on peut chiffrer à 30 ou
40 milliards. Cette taxe a été doublée en 1996.
La courbe bleue montre l'évolution de l'endettement. Le Gouvernement a
décidé une compensation tarifaire qui s'étale sur quatre
années et qui permet de rejoindre la courbe verte, c'est-à-dire
la situation dans laquelle nous sommes aujourd'hui. Les hausses de
péages différentielles que le Gouvernement a accordées aux
sociétés autoroutières pour compenser le doublement de la
taxe permet de réduire de manière significative l'endettement des
6 sociétés d'autoroutes.
Concernant les impôts, taxes et prélèvements sur les
sociétés d'autoroutes, j'ai parlé de la taxe
autoroutière. Il y a évidemment la TVA, mais c'est une
particularité qui soulève quelques problèmes au niveau
européen, puisque les sociétés ne peuvent pas
récupérer la TVA sur les investissements autoroutiers. Sur ce
diagramme, vous voyez, depuis 1993, la part des impôts et les fonds de
concours divers. Les sociétés autoroutières payent un
fonds de concours à la gendarmerie, de l'ordre de 600 MF. Il a
d'ailleurs été annulé par le Conseil d'Etat et le
Gouvernement essaye de voir quelle solution trouver pour maintenir cette
ressource acquise depuis cinq ans. Vous voyez les remboursements des avances de
l'Etat. Dans les années 1960-1975, pour démarrer le programme
autoroutier, l'Etat avait fait des avances au secteur autoroutier, à peu
près de l'ordre de 11 milliards de francs. Progressivement, l'Etat a
demandé aux sociétés autoroutières de rembourser
par anticipation ces différentes avances.
Entre 1993 et 1996, le secteur autoroutier a remboursé à l'Etat,
sous des formes diverses de taxes ou de prélèvements, à
peu près 27 milliards de francs, c'est-à-dire le chiffre
d'affaires d'une année.
Il est évident que chaque fois que l'Etat prélève plus sur
les sociétés d'autoroutes, c'est une capacité
d'autofinancement en moins, et donc de l'endettement supplémentaire.
Depuis un certain nombre de mois, dans bon nombre d'articles, on indique que le
secteur autoroutier est en pleine dérive et que l'on va avoir un
endettement qui va prochainement dépasser celui de la SNCF. Vous
connaissez bien les deux dossiers, la situation est très
différente. Il est cependant vrai qu'on ne peut sans doute pas, compte
tenu du niveau de trafic constaté depuis quelques temps, augmenter
à l'infini l'endettement du secteur autoroutier et les
prélèvements qui lui sont imposés.
Sur les problèmes des tarifs de péage, vous avez une courbe qui
part de 1980 à 1997. Vous avez la courbe de l'indice des prix et
l'évolution des prix de péage en moyenne. Pendant longtemps, les
hausses de tarifs de péage étaient inférieures à
l'inflation. On constate, depuis 1995, que les éléments se
croisent et les hausses de tarifs sont aujourd'hui plus fortes que l'inflation.
Ceci tient pour l'essentiel à la compensation tarifaire liée au
doublement de la taxe d'aménagement du territoire, puisque cette
compensation se traduit par 1 % de plus, chaque année, jusqu'en
1999. Le 1er février 1997, nous avons eu une hausse moyenne d'un peu
plus de 3 % pour les véhicules légers et de 4 % pour
les véhicules lourds. Ces hausses sont différenciées selon
les axes et les sociétés.
Sur certaines autoroutes, on commence à percevoir l'impact des hausses
de tarifs des péages sur la fréquentation des autoroutes.
L'utilisation des autoroutes, c'est la sécurité. Par exemple,
depuis 3 ans, on a une hausse, sur le réseau de Cofiroute, de 5 %
par an. Cela commence à poser des problèmes de
fréquentation.
Nous avons effectué une enquête auprès de l'ensemble des
Français pour voir comment évoluaient les déplacements
afin de mieux connaître les comportements de mobilité des
Français. C'était entre 1984 et aujourd'hui. On constate que le
nombre de déplacements à plus de 100 kilomètres a beaucoup
progressé, puisqu'il est passé de 5,5 % à 9 %
par an. Cette évolution a principalement porté sur la voiture
individuelle, beaucoup plus que sur les autres modes de transport.
L'accroissement des déplacements profite essentiellement au
véhicule particulier.
J'en viens à la dernière partie de mon intervention qui concerne
la révision du schéma directeur routier national. Avant de parler
du schéma directeur routier, je voudrais dire que dans le cadre de
l'élaboration du schéma national, un travail tout à fait
nouveau a été réalisé par l'ensemble des directions
du ministère de l'équipement afin d'avoir une perspective
cohérente, pour l'ensemble des modes de transport, de l'évolution
de la mobilité, à partir d'un certain nombre de critères.
Bien entendu, nous avons pris en compte les résultats des travaux de
votre commission, Monsieur le Président, sur les quatre priorités
géographiques que vous aviez mentionnées : renforcer l'axe
nord-sud, contribuer à l'émergence d'un axe sud européen
de la Catalogne à la partie sud de la France au Piémont et
à la Lombardie, relier la péninsule ibérique au territoire
national, et relier la façade atlantique à l'axe nord sud et au
centre de l'Europe par la réalisation des liaisons est-ouest.
A partir de ces données, nous avons réfléchi, depuis 2
ans, dans une approche totalement multimodale, pour essayer de définir
un cadrage macro-économique commun à tous les transports. Il faut
réfléchir à des scénarios de politique du transport
présentant des alternatives très contrastées avec un
volontarisme plus ou moins fort pour protéger l'environnement, reporter
le transport de marchandises sur le fer au détriment de la route,
prévoir des demandes de transport global, à la fois pour les
voyageurs et les marchandises, et prendre en compte les contraintes
financières globales, ce qui est une nécessité. Nous avons
travaillé avec des organismes de prévision, sur le plan
économique, afin de prévoir la sensibilité aux
différentes hypothèses à long terme.
Vous voyez apparaître ces évaluations globales. Vous voyez les
résultats auxquels on arrive sur l'évolution des trafics
interurbains de voyageurs, depuis 1970, pour le transport routier, le mode
ferroviaire et le mode aérien. Vous voyez apparaître la
fourchette, d'ici 2015, liée à la croissance économique et
l'impact sur les marges d'une politique de transport plus ou moins
volontariste. Ces résultats montrent que pour le transport interurbain
de voyageurs, même dans l'hypothèse où l'on aurait une
politique très volontariste pour reporter les trafics sur le fer, et
dans les hypothèses les plus pessimistes, on constate une croissance du
trafic.
C'est la même chose en ce qui concerne les trafics interurbains de
marchandises. On peut penser que le volontarisme politique peut être plus
fort. Vous voyez d'ailleurs que pour les franges que j'évoquais tout
à l'heure, l'impact est un peu plus fort. Néanmoins, compte tenu
de sa souplesse et des nombreux avantages que recouvre le transport routier par
rapport aux transports combinés ou ferroviaire, il est évident
que le mode routier va continuer à se développer.
En ce qui concerne la révision du schéma directeur routier
national, depuis un peu plus d'un an, nous avons lancé un certain nombre
d'études sur des compléments qu'il paraîtrait souhaitable
d'ajouter au schéma directeur routier national. On peut regrouper ces
thèmes en cinq grandes familles.
Le premier thème concerne les zones enclavées. Nous avons
lancé des études pour citer l'exemple le plus significatif du
désenclavement du Cantal ou du bassin Aurillac-Figeac. Cette zone est au
centre d'un quadrilatère avec l'autoroute A75, l'autoroute A20,
l'autoroute A 89, et, plus au sud, la liaison entre Toulouse et Lyon. La
problématique des études que nous avons menées n'est pas
une problématique de tracé, mais d'intérêt
socio-économique. Qu'est-ce qui est plus intéressant pour le
bassin d'Aurillac-Figeac ? Est-ce de se raccorder vers Clermont-Ferrand ou
vers Toulouse ? Il existe d'autres études de ce type.
Le deuxième thème est la desserte de ports ou d'aéroports
à renforcer. Je prendrai l'exemple de la perspective de
l'aéroport de Beauvilliers. Quelles sont les infrastructures nouvelles
que l'on peut envisager ?
Ensuite, il faut apporter des compléments au maillage autoroutier. On
peut prendre pour exemple la liaison Limoges-Tarbes, ou Nantes-Limoges,
où il existe des risques de saturation à traiter. Comment traiter
de façon plus complète la vallée du Rhône, avec
l'éventualité d'une nouvelle liaison à travers
l'Ardèche ?
Enfin, les relations internationales sont à renforcer, notamment entre
Nice et Cunéo.
Toutes ces études sont relativement avancées et pourront, selon
un calendrier qui reste à définir, faire l'objet d'un
débat public, avant même que la procédure officielle de
révision du schéma directeur ne soit amorcée. Le ministre
avait indiqué à plusieurs reprises qu'avant que ces
procédures soient engagées, il paraissait souhaitable de lancer
des débats à l'échelle régionale afin de
connaître le sentiment de l'ensemble des acteurs et éclairer le
Gouvernement.
M. le Président
. -
Merci de vos indications. Je suis
persuadé qu'il va y avoir énormément de questions, puisque
vous avez ici à la fois les membres de la commission des affaires
économiques, mais aussi un certain nombre de sénateurs membres
d'autres commissions et qui ont tenu à assister à notre
réunion.
Je voudrais vous poser une question de méthode. Quel est le rapport
entre le réseau trans-européen adopté l'année
dernière et le nouveau schéma directeur que vous
préparez ? Est-ce que tout ce que vous préparez est dans le
schéma trans-européen ? Y a-t-il des choses que l'on ne
retrouvera pas dans le schéma national ?
Deuxième question. Vous mesurez bien qu'au moment où le
schéma national va venir devant le Parlement, la sensibilité que
vous allez rencontrer est celle de l'aménagement du territoire. Un
certain nombre d'axes ont pour raison d'être d'alléger, de
soulager certaines autoroutes existantes mais saturées et qui tournent
autour de grandes agglomérations plus ou moins bien desservies. Puis,
vous avez des autoroutes d'aménagement du territoire, qui ne sont pas
celles que les comptages de trafic désignent à l'attention des
pouvoirs publics. Vous vous souvenez que dans la loi Pasqua, un membre de
phrase prévoit que le prochain schéma directeur devra comporter
un certain nombre d'axes qui ne se justifient pas seulement par le trafic
constaté, mais par des considérations de développement
économique.
Cela conduit à se poser la question suivante. Est-ce que il n'y a pas la
possibilité d'imaginer une deux fois deux voies simplifiée avec
moins de contraintes, moins de luxe, allons jusqu'à dire "au rabais",
et
la possibilité, si le trafic suit, de prévoir des
améliorations, des élargissements ultérieurs ?
Dans bien des cas, des régions enclavées ou insuffisamment
désenclavées opteraient pour ce type de route. Tout le monde ne
demande pas d'avoir la plus luxueuse des autoroutes. A quel type
d'économie peut-on espérer aboutir ? Dans la commission
thématique aux travaux de laquelle vous faisiez allusion, des personnes
qui paraissaient compétentes ont avancé la possibilité
d'avoir des autoroutes avec 25 % de coût en moins. Est-ce
excessif ? Ne peut-on pas imaginer que dans le schéma national, on
établisse une distinction entre les autoroutes de catégorie A et
les autoroutes de catégorie B ?
M. Fernand Tardy
. -
En même temps, on pourrait
répondre sur la question des GLAT.
M. le Président
. -
Comment va-t-on financer les
GLAT ? Est-il imaginable d'avoir des GLAT à péage ? Ma
question sous-entend qu'on ne peut pas avoir des GLAT à péage,
mais qu'on pourrait avoir des autoroutes simplifiées à
péage. Nos questions sont liées.
M. Christian Leyrit
. -
Concernant votre première question
sur le réseau trans-européen, il reprend pour l'essentiel,
actuellement, le schéma directeur routier national actuel. Il n'y a
pratiquement pas de différence entre le schéma directeur actuel
et le réseau trans-européen. En effet, il y a quelques nuances,
mais pour l'essentiel, c'est celui-là. Dans le réseau
trans-européen pour la France, il y a des autoroutes gratuites ou
à péage et la plupart des grandes liaisons d'aménagement
du territoire, à une ou deux exceptions près.
Concernant votre deuxième question, il est vrai qu'il y a un
problème de financement des routes et des autoroutes. On peut d'ailleurs
se demander s'il ne serait pas bon de réfléchir à la
meilleure utilisation de l'argent, de manière globale, quelles que
soient les différentes sources de financement. En réalité,
aujourd'hui, on a trois sources de financement du réseau routier et
autoroutier : le budget de l'Etat, plus les fonds de concours des
collectivités locales, les emprunts, et le fonds d'investissement des
transports terrestres et des voies navigables.
Sur la mise à péage de liaisons, aujourd'hui gratuites, on a un
certain nombre de demandes. Par exemple, sur la route centre Europe atlantique,
une première partie est financée sur le crédit
budgétaire à deux voies, et beaucoup de responsables politiques
nous disent : est-ce qu'on ne pourrait pas financer le doublement plus
tard en le mettant à péage ?
Entre les intentions et la réalisation concrète, il y a tout de
même un pas assez important. Nous avons une ou deux expériences en
cours et dont je puis vous dire quelles sont extraordinairement difficiles. Il
y a l'exemple de la nationale 10, dans les Landes, à deux fois deux
voies, mais pas du tout aux normes autoroutières, et dont le coût
de transformation en véritable autoroute est de l'ordre de 1,5 milliard.
Comme au contrat de plan précédent et actuel, nous n'avons pas
réussi à inscrire cette opération de 1,5 milliard,
nous avons pris la décision de la transformer en autoroute à
péage.
J'ai demandé un avis officiel au Conseil d'Etat pour tenir compte de
cette spécificité. Il a bien voulu accepter notre proposition qui
consiste simplement à mettre deux barrières de péage
pleine voie et à laisser tous les échangeurs gratuits pour
éviter d'avoir une nouvelle route parallèle gratuite dans la
forêt des Landes. On a apporté des démonstrations selon
lesquelles il y avait des itinéraires parallèles gratuits.
Nous avons lancé une enquête publique sur cette hypothèse.
L'avis de la commission d'enquête était favorable sur le principe
de l'autoroute mais défavorable au péage. Il y a des mouvements
d'opinion très hostiles. Quand vous avez des gens qui utilisent une
infrastructure, même mal aménagée depuis 30 ans, et que
l'on met un péage au moment de son aménagement, ceci n'est pas
simple.
A Toulouse, on a demandé à une société
concessionnaire de financer 600 MF pour aménager un tronçon au
sud de Toulouse. Depuis que le péage est instauré, il y a des
manifestations d'une coordination qui lève les barrières de
péage. Depuis un an, on a d'énormes difficultés pour faire
accepter que l'on doive payer 3 francs pour aller de
l'agglomération sud de Toulouse à Toulouse.
Je pense qu'il est tout de même politiquement difficile de mettre
à péage des infrastructures existantes, même si on fait des
aménagements.
Sur le coût, je considère qu'aujourd'hui, existent des
infrastructures dont le trafic est relativement limité et qui sont un
peu trop luxueuses. Avec M. le Ministre, nous avons écrit aux
sociétés d'autoroutes pour dire qu'il était
nécessaire de faire des économies. Il est vrai que pour
l'environnement, les demandes de l'opinion publique sont de plus en plus
fortes, ce qui est légitime, et il y a donc des surcoûts
importants. Le Ministre me dit souvent que l'on fait les autoroutes les plus
luxueuses du monde.
Par exemple, sur l'autoroute A29, entre Amiens et Saint-Quentin, nous avons
décidé de faire des économies en réduisant le type
de bande d'arrêt d'urgence, en regroupant les aires de repos avec les
échangeurs, en réduisant les terre-pleins centraux. Bref, tout
une série de mesures nous permet de faire de l'ordre de 10 à
15 % d'économie. Nous y sommes tout à fait favorables.
Faut-il aller jusqu'à avoir une catégorie A et une
catégorie B, c'est un peu délicat. En effet, à partir du
moment où l'autoroute est payante, je ne suis pas certain que cette
notion d'autoroute "au rabais" soit bien perçue par l'opinion
publique.
J'ai plutôt tendance à dire qu'il faut adapter l'objet autoroutier
au type de trafic qui existe.
M. le Président
. -
Je disais " autoroute au
rabais ", mais je n'imagine pas une seconde que l'on va utiliser ce
vocabulaire. Il s'agit en effet d'adapter l'autoroute aux besoins. Il s'agit de
demander aux zones concernées : combien d'années voulez-vous
encore attendre ? Allez-vous encore attendre 25 ou 30 ans ou peut-on
imaginer une liaison moins coûteuse mais qui viendra plus
rapidement ?
De plus, si on leur dit que si le trafic augmente, des acquisitions de terrains
suffisantes ont été faites pour élargir, à mon
avis, cela ne pose aucun problème.
M. Gérard César
. -
Je ferai une remarque par
rapport à votre première carte sur laquelle on ne voit pas les
autres pays. Or, il serait intéressant d'avoir une vue par rapport
à notre pays afin de voir si on communique avec d'autres pays.
Concernant les ports, je regardais celui de Bordeaux et je voyais que pour
aller de Bordeaux au Havre, il fallait 9 heures. Le problème se pose du
désenclavement de certains ports. Je pense au port du Verdon où
la nationale 215 est complètement hors normes. Aujourd'hui, le trafic du
port de Bordeaux est en partie tourné vers le port du Havre, ce qui est
aberrant.
Mon autre question concerne la route de Bordeaux-Pau. Quand la
verra-t-on ?
Une route qui nous importe est celle de la route Bordeaux-Bergerac-Sarlat.
Pourquoi ne pas essayer de faire une autoroute "allégée" ?
Etant donné qu'il y aurait un parcours autoroutier très court,
pourquoi ne pas faire des études ?
M. Bernard Hugo
. -
Ma question complète celle que j'ai
posée tout à l'heure. Quel est le poids des critères
d'aménagement du territoire et de saturation sur certains
itinéraires ?
Je suis un représentant de l'Ardèche. Vous avez pour la
première fois, dans cette enceinte, prononcé le mot
Ardèche. L'année dernière, vous avez reçu
l'ensemble des parlementaires avec M. le Ministre. J'imaginais que cela irait
beaucoup plus vite et on m'a dit : "attention, une autoroute, c'est 10
ans, et si elle n'est pas concédée, c'est beaucoup plus long".
Or, on en parle déjà depuis 10 ans. Il est certain que la
saturation de l'A7 est considérable puisqu'elle est admise à
60.000 véhicules/jour et qu'en l'an 2010, il en passera en moyenne
76.000.
En Ardèche, bon nombre de lieux sont à plus de 50
kilomètres et à plus de 45 minutes de l'accès à
l'échangeur. Quel est le poids de vos critères ? Certes, la
décision est prise en commun, mais on a l'impression que dans vos
services, vous avez déjà beaucoup travaillé et que nous
sommes toujours à la recherche d'informations.
Ceci dit, Monsieur le Directeur, félicitations pour la qualité
pédagogique de votre exposé.
M. Jacques de Menou
.-
Votre exposé m'a fait
découvrir que le transport marchandises route va continuer à se
développer.
Vous avez bien voulu rappeler les priorités que la commission avait
annoncées. Vous avez conclu en disant "enfin, la liaison est-ouest".
J'ai envie de vous dire "surtout la liaison est-ouest" car le grand
ouest est
très enclavé. Nous avons une association qui s'appelle
" autoroute atlantique Rhin-Rhône " et nos projets qui sont
fortement défendus devraient se faire entendre. Je pense surtout
à ces liaisons Le Mans-Orléans et Troyes qui vont permettre de
déboucher plus directement sur les liaisons avec le grand marché
allemand. Nous considérons actuellement que la liaison sur Nantes-Niort
sera réglée : elle est prioritaire car plus on est
excentré, plus il est important d'être proche de l'autoroute.
Je voudrais vous parler d'un autre point : le problème de la
transformation de voies expresses en autoroutes.
Concernant l'autoroute arrivant dans le Finistère, on peut
peut-être accepter que ce fleuve ait un delta et, par conséquent,
plus de ramifications que dans les grands tracés où il y a
beaucoup plus d'échangeurs. Je vois des désenclavements bien
réalisés à partir d'échangeurs existants. Si vous
les fermez, on va dépenser beaucoup d'argent et réengorger des
points déjà engorgés pour, à mon avis, une
sécurité bien faible.
M. Christian Leyrit
. -
Monsieur Gérard César, je
pourrais vous communiquer la comparaison avec les autres pays, sachant que
cette comparaison est un peu fragile. Nous avons une comparaison pour tous les
pays d'Europe : par exemple, le nombre de kilomètres d'autoroutes
par rapport à la superficie ou à la population. Quand on compare
les Pays-Bas ou la France, ce n'est pas tout à fait pertinent. On peut
dire que la densité autoroutière française, de
manière générale, est encore plus faible que celle de
beaucoup de pays. En d'autres termes, on n'est pas suréquipé.
M. Gérard César
. -
Ma question concernait les
raccordements des autoroutes d'autres pays qui se trouvent en face des
nôtres.
M. Christian Leyrit
. -
La coordination existe. Pour un certain
nombre de projets, nous avons eu quelques difficultés. Je pense à
la nouvelle liaison sur le doublement de Metz Nancy où, en Allemagne,
pour des raisons d'environnement, il y a un blocage total. Ce sont des
contraintes à prendre en compte.
Vous avez évoqué le problème du Verdon et la nationale
215. Bordeaux-Pau, cette opération n'est pas encore inscrite au
schéma directeur, mais la décision est prise. Au-delà du
schéma directeur actuel, depuis trois ou quatre ans, des
décisions ont été prises et concernent
1.000 kilomètres d'autoroutes supplémentaires, dont
Bordeaux-Pau. La bande de 1.000 mètres a été
arrêtée, et l'on peut s'attendre à lancer une enquête
publique en 1998.
Concernant Bordeaux-Bergerac, vous parliez d'autoroutes allégées.
De manière plus générale, et pour des raisons de
sécurité ou de lisibilité, nous avons dit qu'il ne devait
y avoir en France que quatre objets routiers. Ils sont les suivants :
l'objet autoroute, qu'il soit à péage ou en route expresse, les
artères interurbaines à deux fois deux voies, la route ordinaire,
et la route expresse à deux voies, où l'on pourrait,
parallèlement à la route nationale existante, avoir une route
totalement en tracé neuf avec des carrefours dénivelés,
des déviations en agglomération, et des créneaux bien
placés qui permettraient de résoudre beaucoup de questions. On
pourrait d'ailleurs imaginer qu'elle puisse être concédée.
C'est quelque chose que j'essaie de promouvoir.
M. Gérard César
. -
Il y a quand même beaucoup
d'accidents.
M. Christian Leyrit
. -
En France, les seuls exemples sont de
mauvais exemples. Cela existe dans d'autres pays. Les exemples que l'on a sont
des contre-exemples parce qu'il n'y a pas de créneaux. Si on avait une
infrastructure de ce type, bien adaptée, avec des créneaux bien
placés, il y aurait un niveau de confort et de service presque du
même niveau qu'une autoroute.
M. le Président
. -
Comment est-ce qu'elle peut être
à péage ? Combien de sorties avez-vous ?
M. Christian Leyrit
. -
Pour l'instant, elle n'existe pas avec un
péage. Ceci impliquerait certaines modifications. Mais je pense qu'il
faut innover.
M. le Président
. -
Je vous pose la question parce que ces
problèmes vont se poser au moment du schéma et cela vaudrait la
peine que vous fassiez progresser vos études et vos réflexions
sur ce point. Si, par exemple, vous disiez : "nous allons faire une
deux
voies avec des créneaux, à péage", et que vous ouvrez la
possibilité, par les acquisitions de terrains que vous avez faites, de
la développer ultérieurement à deux fois deux voies, vous
pourriez trouver, dans certaines régions, des candidats.
M. Jacques de Menou
.-
C'est très dangereux.
M. Hilaire Flandre
. -
A partir du moment où l'on fait une
deuxième route parallèle à une première route
existante, pourquoi ne pas mettre chacune des routes en sens unique, dont l'une
passera par des agglomérations ?
M. Louis Althapé
. -
Je suis un peu sceptique concernant le
niveau de sécurité. Selon moi, une route moderne est une deux
fois deux voies. C'est la seule réponse au problème de
sécurité et de fluidité. Lorsqu'il y a un trafic routier
important, surtout de poids lourds, vous roulez à la vitesse du poids
lourd.
M. Jean Pépin
. -
Je voudrais saluer la prestation de M. le
Directeur. Il peut se trouver des cas de figure où la proposition est
intéressante. Il s'agirait tout d'abord d'avoir un itinéraire de
réseau national préexistant et qui aurait ses usages de
commodité locale. Ce réseau serait donc doublé par une
deux fois une voie avec quelques zones de dépassement, si possible, mais
il aurait pour mission de faire une transmission rapide de qui ne serait pas
concerné pas la desserte de première proximité.
Personnellement, je serais assez preneur pour un cas de figure auquel je suis
très attaché, à savoir le désenclavement du pays de
Gex. Je serais volontiers le cobaye expérimental d'un tel dossier.
M. Jacques de Menou
.-
Nous avons une grande expérience de
ce problème en Bretagne. Il est évident qu'une route à
deux voies dans les deux sens, sur un trafic autoroutier, est très
dangereuse parce que les gens, la nuit, se croient sur autoroute : ils
doublent et se tuent.
Le trafic sur Quimper et Brest a été très meurtrier
pendant des années.
M. Christian Leyrit
. -
Il s'agit, dans mon esprit, de voies tout
à fait nouvelles. Ce ne sont pas des voies anciennes et elles ont un
séparateur central pour éviter les collisions.
Pour l'instant, ce que nous suggérons est sous forme gratuite.
En revanche, quant à l'idée de mettre chacune des routes en sens
unique, effectivement, les expériences sont très mauvaises. Dans
un sens comme dans l'autre, il est nécessaire d'avoir le même type
de conduite.
La question de M. Bernard Hugo est celle du poids des différents
critères d'aménagement du territoire. Tout est une question de
pondération. Nous pensons qu'il faut un certain nombre d'études
et de prévisions en termes d'impact socio-économique, d'impact
sur l'environnement, de rôle de l'infrastructure pour le
développement économique régional. Il y a également
des évaluations financières. Ensuite, il doit y avoir un
débat. Enfin, il y a une décision politique. Cette notion
d'aménagement du territoire a progressé dans les esprits depuis
un certain nombre d'années. La question qui se pose toujours est de
savoir, entre le souhaitable et le possible, comment fixer les
priorités. Cette question se pose dans tous les domaines.
La dernière question de M. Jacques de Menou concerne les
problèmes de marchandises. Vous avez été surpris du faible
impact du transport combiné. Le Gouvernement souhaite le
développer au maximum. En réalité, l'impact à moyen
terme est relativement limité. Quant à l'idée parfois
avancée d'autoroutes ferroviaires, nous avons fait des études
poussées entre Dijon et Avignon. On constate un coût
d'investissement de 23 milliards de francs pour enlever 5.000 poids lourds par
jour, dans la vallée du Rhône. C'est important, mais il en
resterait encore 10.000, parce que les poids lourds assurent la desserte de
proximité. Il faut savoir que la distance moyenne des poids lourds est
d'environ 60 kilomètres.
Enfin, sur les transformations en routes express, en Bretagne, il est vrai que
notre objectif est de ne pas maintenir des routes à deux fois deux voies
où l'usager a la perception qu'il est sur une autoroute, alors qu'il y a
des carrefours à niveau ou des accès riverains. Les
impératifs de sécurité imposent que de plus en plus,
l'usager perçoive immédiatement sur quel type d'infrastructure il
se trouve. S'il est sur une deux fois deux voies, il ne doit pas s'attendre
à trouver un véhicule sur la voie de gauche pour tourner à
gauche, au carrefour suivant. En Bretagne, c'est à peu près
terminé.
M. Jacques de Menou
.-
On ferme des échangeurs.
M. Christian Leyrit
. -
Il est effectivement très difficile
de fermer ce qui existe. Notre objectif n'est pas de fermer pour le plaisir de
règles ou d'une vision parisienne des choses. Simplement, on n'envisage
de fermer que lorsqu'on a le sentiment que ceci est incompatible avec des
conditions de sécurité suffisantes. Si vous avez des exemples,
venez me voir. Ce sont des problèmes de sécurité.
M. Marcel Bony
. -
Je proposerai maintenant de changer de
région et de partir en Auvergne. Vous savez mieux que moi que
l'autoroute A89, tant attendue, est enfin une réalité puisque les
travaux ont commencé à l'ouest et également à
l'est. A partir de Saint-Julien, ce tracé va obliquer sur Cambron.
Il reste donc le tronçon RN 89 de Saint-Julien à Clermont-Ferrand
qui cause beaucoup d'inquiétudes. Cette route nationale 89 constitue un
axe vital. La première estimation de trafic sur ce tronçon est de
11.000 véhicules/jour pour les jours les plus bas et de
20.000 véhicules/jour pour les mois de juillet et août. Sur
une petite route comme celle-là, c'est très embêtant. Vous
savez qu'il existe un trop grand nombre d'accidents souvent mortels.
Par ailleurs, il y a une forte probabilité qu'un grand nombre de poids
lourds et de véhicules sortent de Saint-Julien pour emprunter cette
nationale, une fois que l'autoroute sera réalisée. Des
engagements ont été pris par l'Etat, en 1994. Ils
prévoyaient une mise à deux fois deux voies ou à quatre
voies, entre Saint-Julien et Clermont-Ferrand. Or, j'ai appris
dernièrement que cette décision serait remise en question. Cela
suscite encore de fortes inquiétudes de la part des élus.
J'aimerais que vous me rassuriez sur ce point.
M. Fernand Tardy
. -
Je ferai simplement une réflexion
générale. Depuis ce matin, nous parlons de sujets
intéressants, mais ce sont toujours des sujets autoroutiers. Or,
l'aménagement du territoire, ce n'est pas uniquement
l'aménagement autoroutier. J'ai à l'esprit un sujet qui me
préoccupe beaucoup : par exemple, la liaison par GLAT de l'A51 sur
Nice. Si on va à Nice par l'A51, par Manosque, et par le barreau du Var,
cela veut dire que tout le trafic va encombrer la rive de la
Méditerranée, alors que si on coupe par la nationale 85, on va
directement à Nice et cela désengorge énormément.
Cette voie qui n'est pas autoroutière est extrêmement importante
pour l'aménagement du territoire qui intéresse cette
région.
A partir du moment où l'on est axé sur les autoroutes et que l'on
connaît les prix, on se demande comment on va pouvoir mener cela de
front. A quel moment va-t-on faire un choix et dire que deux tiers de l'argent
reviennent aux autoroute et un tiers aux routes, par exemple ? C'est un
peu comme pour le TGV : on fonce sur le TGV et on laisse tomber tout le
reste.
Comment va-t-on faire pour organiser des routes qui ne sont pas des autoroutes
et qui sont indispensables pour l'aménagement du territoire ?
M. Hilaire Flandre
. -
Nous sommes tous soucieux de
l'aménagement du territoire, mais nous nous heurtons très vite
à la difficulté financière.
Je ferai deux suggestions. Premièrement, dans un souci
d'aménagement du territoire, pourquoi ne pas mettre un péage, non
pas sur les autoroutes de province mais aux portes de Paris, et d'un montant
suffisamment dissuasif pour que les gens laissent leur voiture à la
maison ou sur des parkings aménagés ?
Deuxièmement, quand des collectivités territoriales sont d'accord
pour prendre en charge les investissements nécessaires pour
améliorer les routes, comment se fait-il que l'on se voie proposer une
fin de non-recevoir ? Le conseil général des Ardennes avait
suggéré l'idée d'emprunter 500 MF pour terminer l'A34,
qu'il s'est vue refuser par le Gouvernement. Le conseil général
de la Marne suggère de faire une seconde voie parallèle à
la nationale 4 qui pourrait faire par la suite l'objet d'une deux fois deux
voies. Or, le conseil général connaît la même
réticence de la part de l'Etat.
M. Christian Leyrit
. -
La route nationale 89 est un sujet assez
délicat. En effet, ce projet a suscité beaucoup de débats
dans la traversée du parc des volcans. Il a été
nécessaire, pour éviter cette zone sensible et symbolique, de
passer beaucoup plus au nord. Le trafic est alors plus faible et on dessert
moins bien Clermont-Ferrand. La commission d'enquête a donné un
avis défavorable sur l'autoroute, arguant de la façon
suivante : "Ce projet est incohérent parce que vous faites une
autoroute à péage au nord et vous envisagez d'aménager la
nationale 89 à deux fois deux voies. N'est-ce pas surabondant ?"
Toutes les délibérations disant que l'une est aussi
nécessaire que l'autre vont nous conduire à des
difficultés non négligeables, au Conseil d'Etat. Or, il est
difficile d'arrêter la grande transversale est-ouest
Bordeaux-Genève, à Saint-Julien. Il est nécessaire de
boucler l'autoroute A89.
M. Marcel Bony
. -
La logique voulait que cette autoroute passe
par dessus. Ce n'est plus l'autoroute Bordeaux-Clermont-Ferrand, mais
l'autoroute Bordeaux-Combronde. Il faut se mettre à la place des gens de
Clermont-Ferrand.
M. Christian Leyrit
. -
Je ne pas pense pas que ce soit
l'autoroute Bordeaux-Saint-Julien.
Sur votre question, Monsieur Fernand Tardy, vous avez tout à fait
raison, personne n'envisage d'abandonner les grandes liaisons de
l'aménagement du territoire. Ceci doit être financé dans le
cadre des contrats Etat-région. Cela implique de financer de
manière progressive.
M. Fernand Tardy
. -
Quand il s'agit de crédits d'Etat, on
attend longtemps. C'est cela, le problème. Les concessions vont plus
vite.
M. Christian Leyrit
. -
Il est vrai que dans la région
PACA, on a eu de grosses difficultés parce qu'il y a des projets
très coûteux dans les agglomérations de Marseille, Toulon,
et autres. En effet, il n'y a sans doute pas suffisamment de crédits
pour ce type d'infrastructures très importantes pour le tissu local.
La question de M. Hilaire Flandre concerne le péage en Ile-de-France.
Nous avons réussi à mettre en service la première
autoroute à péage en Ile-de-France, l'A14. Cela marche
très bien, le péage est cher puisqu'il est de 30 F pour 15
kilomètres. Mais, nous avons mis en place des abonnements qui divisent
le prix de base par trois. Nous avons proposé que l'on fasse du
covoiturage (pas de péage si l'on est trois dans le véhicule). Il
y a une grande sensibilité au développement d'un péage
Ile-de-France.
Il existe aujourd'hui six projets à péage en Ile-de-France. Le
premier était absolument capital. Cela va montrer que pour gagner une
demi-heure ou trois quarts d'heure, matin et soir, et économiser de
l'essence, dépenser 30 francs ou 10 francs, c'est
intéressant pour beaucoup. Pour tous les projets en Ile-de-France, il
existe une opposition au péage extrêmement forte.
M. Hilaire Flandre
. -
Quand vous prenez n'importe quelle
autoroute, le dernier péage payant est à 30 ou 40
kilomètres de Paris. Il devrait être aux portes de Paris avec un
parking à côté.
M. Christian Leyrit
. -
Mettre à péage l'autoroute
entre Fontainebleau et l'A86, et l'autoroute A4 jusqu'à l'A86, est
très difficile. Aujourd'hui, il y a des demandes très fortes pour
repousser le péage de Coutevroult sur l'autoroute A4. Des études
sont menées pour reculer le péage.
M. le Président
. -
Ce qu'a dit M. Christian Leyrit, le
Sénat en a fait l'expérience à ses dépens. Je vous
signale que dans le projet de loi sur l'aménagement du territoire, nous
avions fait inscrire une disposition avec d'ailleurs le sénateur
Gérard Larcher, ce qui, pour un sénateur de la région
parisienne vaut un coup de chapeau. Nous l'avions fait voter par le
Sénat pour les autoroutes nouvelles. Nous n'avions pas du tout
imaginé qu'il était politiquement possible de mettre un
péage sur une autoroute, où il n'y en a pas. En commission mixte
paritaire, nous avons été obligés de faire sauter cette
disposition, sinon nous n'avions pas d'accord. Ne sous-estimez pas le poids du
lobby parlementaire de la région parisienne. En l'espèce, c'est
le Parlement qui n'a pas voulu. Il y a beaucoup de sénateurs et de
députés parisiens.
M. Christian Leyrit
. -
La deuxième question concerne les
Ardennes. Le Premier Ministre vient d'autoriser les collectivités
territoriales qui le souhaitent à préfinancer les crédits
dans le cadre contrat Etat-région, jusqu'à une enveloppe de 800
MF.
(M. Jean Huchon, Vice-Président, remplace M. Jean
François-Poncet à la présidence).
M. Louis Althapé
. -
vous connaissez le problème des
liaisons entre la France et l'Espagne. A l'est et à l'ouest, il y a un
passage autoroutier et, au milieu, un tunnel. Ce tunnel va être
bientôt terminé. Par contre, la RN134 n'a pas les crédits
suffisants pour que cette voie soit aménagée en même temps
que l'ouverture du tunnel. Pourriez-vous me dire si l'Etat à l'intention
d'accélérer les choses ?
Je voudrais savoir si vous aviez réfléchi sur un autre type
d'aménagement dans la traversée des Pyrénées. Quand
on sait que la péninsule ibérique est un marché aussi
important que le marché italien, n'y avait-il pas la place, dans les
Pyrénées, pour un passage autoroutier ?
M. Jean Boyer
. -
Monsieur le Directeur, je voudrais vous poser
deux séries de questions. La première concerne la A51. J'aimerais
que vous puissiez faire le point.
On a évoqué pendant de nombreuses années le doublement de
la A7. On se pose toujours la question de savoir si ce doublement se
réalisera ou s'il est resté dans les limbes.
La deuxième série de questions est d'ordre général.
Suggérez-vous de concevoir, de modifier le système de financement
du réseau routier ? Concernant le comité du FDES, vous
paraît-il remplir sa mission ? Peut-on améliorer le
fonctionnement de ce comité ?
M. Christian Leyrit
. -
En ce qui concerne le tunnel, les travaux
avancent bien. Les Espagnols sont un peu en retard, il ne sera pas en service
avant 1999. Sur la route d'accès, il s'agit d'aménagements de la
route actuelle avec des déviations. Des travaux sont déjà
faits et d'autres sont en cours. Notre objectif est de les poursuivre. Il est
évident qu'il doit y avoir une cohérence entre l'ouverture du
tunnel et une route d'accès qui dessert les petites
agglomérations se trouvant sur son parcours. Nous sommes tout à
fait d'accord pour que cela se poursuive normalement.
Est-il nécessaire d'y avoir d'autres passages ? Il y a les deux
traversées autoroutières côtières. D'ici l'an 2000,
il y aura une autoroute continue entre Paris et Pamiers vers le Puymorens. Il y
a un autre accès routier, une liaison transfrontalière importante
entre Toulouse et Lerida qui sera aménagée avec une antenne
autoroutière à Montréjeau.
Il existe de nombreux autres projets mais dont on ne pense pas, avec nos
collègues espagnols, qu'ils doivent faire l'objet d'une liaison de type
autoroutier.
Concernant l'Isère, pour l'A51, l'enquête publique, entre Grenoble
et Sisteron, doit être lancée vers le mois d'avril. Toutes les
dispositions sont prises pour que ce dossier soit prêt.
M. Marcel Lesbros
. -
Est-ce que vous autorisez le préfet
à lancer l'enquête publique prochainement ?
M. Christian Leyrit
. -
Absolument. Je lui ai écrit en lui
indiquant de prendre toutes les dispositions pour saisir le tribunal
administratif et désigner la commission d'enquête. Je lui ai
indiqué que l'enquête publique pourrait être lancée
à compter du 28 mars 1997.
Concernant le doublement de l'autoroute A7 jusqu'à Orange, ce n'est pas
du tout envisagé. Tout montre d'ailleurs que ce doublement serait
irréaliste. On a vu, déjà, le passage du TGV qui n'a pas
été simple. Il y aurait une concentration inacceptable de
problèmes sans que cela apporte quoi que ce soit, en terme de
développement.
C'est la raison pour laquelle notre objectif était de délester la
vallée du Rhône par des itinéraires éloignés,
mais qui désenclavent de nouvelles régions.
En revanche, pour rejoindre la question posée par M. Bernard Hugo, il
est vrai que dans les études que nous menons d'une nouvelle liaison,
à long terme, qui passerait par l'Ardèche, nous avons une
réflexion entre Lyon et un contournement ouest de Lyon. C'est la
question du raccordement ouest de Lyon avec cette autoroute. Pour l'instant, ce
sont des études.
Sur l'aspect du financement du réseau routier, c'est un sujet
évidemment complexe. Nous avons dit tout à l'heure qu'il y avait
peut-être des autoroutes à péage un peu coûteuses
parfois. Par ailleurs, on constate que les crédits budgétaires de
l'Etat sont souvent insuffisants. Je n'ai pas de solution toute faite dans ce
domaine, mais je pense que c'est un sujet de préoccupation que l'on peut
avoir.
Sur le fonctionnement du FDES, des réflexions importantes ont
été menées et correspondent à certains de nos
objectifs. Pour les grands investissements, il faut des programmations
pluriannuelles. Pour de grandes infrastructures, nous sommes favorables au
contrat de plan entre l'Etat et le secteur autoroutier. La vision annuelle est
insuffisante.
M. Jean Pépin
. -
Je voudrais évoquer deux
questions.
Il existe un maillon qui n'est pas satisfaisant entre les deux Savoie et la
région parisienne : le maillon de la 504, dans le
département de l'Ain, est de plus en plus saturé de camions. Nous
sommes plusieurs départements à poser la question de
l'itinéraire de la A48 dans l'Isère : est-il possible de
tirer la A48 qui va vers le sud, le plus possible à l'est, afin de faire
une sorte de double emploi avec la 504, ou du moins un itinéraire
relativement parallèle qui pourrait, sous certaines conditions,
délester cette nationale 504 ?
Toute la difficulté est que les deux départements sont
extérieurs au tracé proprement dit. Par contre, nous sommes sur
le flux de l'itinéraire.
Ma deuxième question est de savoir si, pour le dossier du
désenclavement du pays de Gex, il est nécessaire de l'inscrire
dans le schéma directeur ou si c'est un dossier dont le
kilométrage est inférieur à de telles exigences.
Je reviens sur l'intervention que j'ai faite tout à l'heure pour
répondre à la proposition de M. Francois-Poncet qui souhaitait
que nous intervenions sur les fameux itinéraires. Je reprends ce dossier
en vous disant, Monsieur le Directeur, que si vous cherchez quelqu'un pour
l'expérimenter, le département de l'Ain répond
présent.
M. François Gerbaud
. -
Je voudrais vous poser deux
questions.
Dans l'approche prospective du réseau, il y a apparemment trois
variables. La première est le volume du budget que l'on consacre chaque
année. La deuxième est le partenariat par les contrats de plan au
niveau des régions. La troisième est l'intermodalité.
Quelles préoccupations d'intermodalité inscrivez-vous dans le
futur prospectif, à partir du moment où les régions vont
probablement avoir à faire des choix qui vont conduire à des
modifications de moyens de transport, en particulier des possibilités de
passer sur la route beaucoup de transports ? Quel sera le
côté variable de la politique du schéma directeur
routier ? Quel rendez-vous lui donnez-vous, à chaque moment, pour
l'adapter aux réalités ?
Deuxième question. A l'heure actuelle, nous assistons à la
naissance d'une chimère, celle du troisième aéroport de
Paris. Le second est un luxueux aéroport coûteux qui est
l'aéroport de Vatry. Qui va payer les liaisons routières ?
S'il est exact que Vatry va nécessiter une liaison très
particulière entre l'aéroport éventuellement en fonction
et Roissy, qui va payer cette route qui n'est apparemment pas née d'une
conception de l'aménagement du territoire ?
Enfin, comment allez-vous harmoniser la liaison avec Roissy, où la
circulation est chaque jour plus intense ?
M. le Président
. -
Deux autoroutes de section seraient
terminées : Nantes-Niort, et Angers-Tours. Mais pour des raisons
procédurières, rien n'est terminé et on ne peut toujours
pas passer. Quand cela va-t-il s'arrêter ?
M. Christian Leyrit
. -
Monsieur Jean Pépin, concernant
l'A48 et la nationale 504, c'est un sujet assez délicat qui va
d'ailleurs réunir demain M. Millon et M. Pons. Un tracé a
été arrêté. C'est un tracé relativement
direct. La question se pose de savoir si l'on peut le remettre en cause,
après un débat qui a duré pas mal d'années. Si on
le remet en cause, on va arrêter tout cela pendant 3 ans, et les
mêmes causes produisant les mêmes effets, dans 3 ou 4 ans, je
crains que l'on ne revienne à la situation actuelle.
Je ne vois pas ce qui peut conduire le ministère de l'environnement
à changer sa position. La question véritable est de savoir si
l'on peut faire quelque chose pour la nationale 504.
J'ajoute que pour le délestage des poids lourds, l'écart n'est
pas si important que cela. Si cette autoroute A48 se fait, on peut imaginer de
prendre des mesures réglementaires dures pour limiter la circulation des
poids lourds sur la RN 504 et réglementer le trafic de transit. On peut
envisager des solutions qui permettent de traiter ce cas-là.
C'est un point de vue personnel, je ne veux pas préjuger de ce que dira
le M. le Ministre à M. Millon, demain.
La desserte du pays de Gex est l'une des études que nous menons
actuellement. La règle est que doivent être inscrits au
schéma directeur routier les projets de plus de 25 kilomètres
d'autoroute et de plus de 560 MF à peu près. Je ne sais pas
si cela impliquera une inscription au schéma directeur. Y seriez-vous
favorable ?
M. Jean Pépin
. -
Je suis favorable à une deux fois
deux voies, à terme, puisque le département construit une deux
fois deux voies sur toute la longueur du pays de Gex, mais c'est le
problème qui consiste à relier le pays de Gex par le nord de
Bellegarde, sur le réseau autoroutier de l'A40.
Nous serions très satisfaits d'un premier temps qui serait simplement la
moitié. Vous avez la A406 qui dessert Bellegarde par le sud dans d'assez
mauvaises conditions, mais qui jouerait tout de même le rôle d'une
desserte de proximité, dans cette hypothèse.
M. Christian Leyrit
. -
Nous aurons tous les
éléments d'ici quelques semaines.
Concernant les questions de M. François Gerbaud, sur le schéma
directeur routier national, nous nous sommes toujours efforcés de faire
des cartes qui correspondent aux perspectives financières raisonnables.
Notre souhait est de faire en sorte, notamment sur la partie
concédée, qu'il y ait un réalisme de capacité
financière du secteur autoroutier à financer un schéma tel
qu'il est projeté. Ceci pose des problèmes car cela nous conduit
à avoir une attitude jugée restrictive, ici ou là, par
rapport aux demandes locales tout à fait justifiées.
Concernant le non concédé, Il existe des volumes financiers
très importants. Au 11ème plan, ceux-ci représentent plus
de 60 milliards de francs contractualisés entre l'Etat et les
collectivités. En 1993-1994, beaucoup de régions voulaient faire
plus. Ceci peut évoluer au plan suivant, compte tenu des charges
nouvelles ou différentes que les régions auront. Là aussi,
il faudra adapter les ambitions aux réalités concrètes,
aux capacités financières de l'Etat et des collectivités.
Il y a encore, dans certaines régions, des capacités
financières non négligeables. En revanche, on voit bien que ce
sont souvent les départements qui se trouvent dans des situations plus
difficiles.
Vous avez ensuite évoqué le problème des aéroports.
Pour l'aéroport de Vatry, il n'y a pas de projet autoroutier
spécifique prévu. Il y a simplement des projets
d'aménagement de la route nationale 4.
Concernant l'aéroport de Beauvilliers, des réflexions sont
menées. Concernant la liaison entre Paris et Roissy, c'est un
problème très important. Il y a tout une série d'actions.
Avec un milliard de francs, on pourrait améliorer de manière
importante les choses sur le plan routier. Malheureusement, ce milliard de
francs n'est pas financé au plan actuel.
Par ailleurs, des réflexions sont menées sur différents
projets de liaisons souterraines réservées aux véhicules
légers. Un projet nouveau présente un certain
intérêt. Personnellement, je pense qu'il faut envisager des
liaisons à péage entre Paris et Roissy, même si le tarif
est élevé car on sait que la valeur du temps est
différente, pour un même individu, en fonction des circonstances.
La fiabilité du temps de parcours est à mon avis un
élément encore plus important que le gain de temps moyen.
Sur Nantes-Niort, on va s'en sortir, après bien des
péripéties. L'autoroute va arriver jusqu'à Oulmes. Ce sera
totalement achevée vers 2001.
M. le Président
. -
C'est-à-dire avec cinq ans de
retard.
M. Christian Leyrit
. -
Quant à Angers-Tours, l'autoroute a
été mise en service en Maine-et-Loire, il y a quelques semaines,
et va être prolongée assez rapidement.
La déviation sur Angers, compte tenu du retard, ne sera pas mise en
service avant 2001.
M. le Président
. -
Avec également cinq ans de
retard. Monsieur le Directeur, merci.