b) La forte diffusion de la radio par câble
D'une manière générale, le secteur de la
radio est organisé comme celui de la télévision. Sa
diffusion se fait en ondes moyennes (AM, 11 chaînes) et en modulation de
fréquence (FM, 47 stations).
La radio publique (NHK) dispose d'un réseau national en FM et de deux
réseaux en AM, ainsi que d'un programme international en ondes courtes
(radio Japon).
La radio privée est organisée en réseaux de chaînes
locales FM et AM. Certaines d'entre elles dépendent du même groupe
de communication. Quelques stations régionales sont indépendantes
comme les deux grandes stations FM de la capitale : J-WAVE ou
FM Tokyo. Les fréquences sont fortement
réglementées : en plus de la NHK, deux à trois
stations FM privées sont autorisées par région.
Exceptionnellement, en 1995 et 1996, le ministère des Postes et des
Télécommunications a octroyé trois nouvelles
fréquences FM pour des stations japonaises en langues
étrangères (principalement l'anglais) : radio Cocolo
à Osaka, Inter FM à Tokyo, ainsi qu'une station à
Sapporo.
La radio bénéficie au Japon de réseaux importants de
diffusion par câble sur l'ensemble du territoire, de programmes
numériques diffusés par satellites et de programmes
multi-chaînes diffusés en compression numérique (depuis
1996).
c) Le câble face au développement des bouquets numériques
A l'aube du lancement de bouquets pouvant offrir plusieurs
centaines de programmes, le Japon dispose d'ores et déjà de
chaînes thématiques (sport, news, cinéma, musique).
Certaines sont l'adaptation de programmes étrangers (BBC, CNN, MTV)
produits localement ou depuis le pays d'origine. Jusqu'en 1993, la loi
interdisait cependant la reprise directe des programmes diffusés par des
satellites de communication. Mais, depuis lors, les chaînes
diffusées par ces satellite et reprises sur les réseaux
câblés sont actuellement proposées en abonnement par deux
services de réception directe,
Skyport TV et CS Ban
. Le
taux d'abonnement reste faible.
Ces chaînes sont reprises par les satellites Superbird A & B,
gérés par SCC (Space Communication Satellite), filiale du groupe
Mitsubishi, et les satellites JC-SAT 1 & 2, gérés
par la société J-SAT (Japan Satellite System). La
réception directe de leurs programmes nécessite une antenne
parabolique de 60 à 75 cm. Ces deux sociétés sont
aussi en concurrence sur le marché des nouveaux bouquets
numériques.
La plupart des réseaux reprennent les chaînes hertziennes, par
ailleurs, proposées par les satellites, pour un coût bien moindre.
Au Japon, c'est donc le satellite qui paraît en mesure de gagner en se
développant en même temps que le câble et en proposant des
services comparables à des prix inférieurs.
L'opérateur local que votre rapporteur a rencontré, CTT-JCTA,
disposait d'un réseau de 75 000 foyers (140 000 personnes) dans le
quartier d'affaires de Minato-ku. Il présentait la particularité
de disposer d'un tiers d'abonnés étrangers, couvrant le secteur
où sont installées certaines ambassades. Particulièrement
inquiétant pour une société fondée à la fin
des années quatre-vingt (dont le capital est réparti entre des
maisons de commerce, des agences de voyage et...la NHK) et qui espère
être rentable prochainement est
l'échec de
l'expérimentation de la diffusion du téléphone sur le
câble
: alors que le seuil de rentabilité était
fixé à 80 %, seulement 30 % de demandes ont été
enregistrées.
Pour autant, les câblo-opérateurs ne s'avouent pas vaincus. Ils
considèrent irréalistes les perspectives d'abonnements
annoncées par les opérateurs de bouquets numériques,
compte tenu de la faiblesse du nombre d'abonnés aux bouquets
analogiques. Par ailleurs, les opérateurs qui diffusent sur satellite en
mode analogique devront gérer une phase délicate de transition et
convaincre leurs abonnés de changer de satellite, donc de
matériel de réception. Pour la NHK, il faudra choisir quelles
chaînes hertziennes seront diffusées sur le futur satellite
numérique. Enfin, le câble se numérise avec empressement
afin d'offrir dans les prochaines années plus de 300 chaînes.
La partie n'est donc pas encore jouée. En effet, alors qu'aux
États-Unis les satellites numériques reprennent des programmes
câblés, au Japon des programmes différents seront
présents sur le câble et sur le satellite. Cette configuration
inédite (l'Europe, et particulièrement la France semblant
s'orienter vers un troisième modèle, à mi-chemin, avec la
reprise des programmes hertziens et câblés, mais également
avec des chaînes spécifiques au satellite) rend difficile toute
prédiction sur la composition du paysage audiovisuel japonais au
début du siècle prochain...
Pour leur part, les autorités publiques se montrent toutefois
particulièrement optimistes en estimant que 60 % des foyers, soit 30
millions de personnes, seront abonnés d'ici à l'an 2010...
Pays parmi les plus développés, bénéficiant d'une
riche culture et d'une avance technologique incontestable, le Japon entretient,
avec l'Occident, des relations ambiguës où se mêlent
xénophobie latente et fascination pour l'étranger. L'audiovisuel
japonais, reflet de ces contradictions, n'est donc pas facile à
appréhender, donc à pénétrer...