C. SAISIR LES OPPORTUNITÉS
1. Saisir les opportunités du numérique au Japon
Quelques opportunités ponctuelles pourraient être
saisies, afin d'améliorer notre présence audiovisuelle en Asie.
Elles se situent dans le domaine d'amélioration de la diffusion de
programmes audiovisuels, davantage que dans la vente de programmes.
A cet égard, le marché japonais demeure encore fermé, en
raison des goûts du grand public : les chaînes japonaises ne
diffusent que 5 % de programmes étrangers et, sur les 200 millions de
dollars environ par an qu'elles dépensent pour leurs importations de
programmes, 80 % vont vers les productions américaines...
a) Développer la diffusion de programmes télévisés
Jusqu'en 1996, et hormis la reprise quotidienne du journal
télévisé de France 2 sur BS 1, dans le cadre
d'un accord commercial entre France Télévision et la
NHK
14(
*
)
, les chaînes de
télévision françaises étaient absentes du Japon.
NHK3 et la chaîne éducative Hosodaigaku diffusent cependant
quotidiennement des cours de français coproduits par France 3.
Contrairement à l'Allemagne (ZDF), ou à la Grande-Bretagne (BBC),
elles ne disposent même plus de bureaux de correspondants. Certains
opérateurs privés étudient néanmoins
l'opportunité d'investir sur ce marché.
Les nouveaux développements du paysage audiovisuel japonais offrent
des opportunités aux opérateurs tant publics que
privés.
Après autorisation du ministère des Postes et
Télécommunications (août 1996), les programmes de TV5 et de
MCM sont désormais disponibles au Japon en réception directe
(diffusion en compression numérique (MPEG2) depuis le satellite
Asiasat 2). La réception nécessite une antenne parabolique
(1,20 m à 1,80 m) ainsi qu'un boîtier de
décompression. Des importateurs de matériels et des installateurs
assurent déjà la promotion de cette réception (Moubic,
Mitsubishi Electric).
TV5 peut profiter de l'intérêt d'une grande partie du public pour
la culture française et viser en particulier les Japonais francophones
(500 000 à un million de Japonais étudient ou ont
étudié le français). MCM, fortement concurrencée
par des chaînes japonaises et anglo-saxonnes de même format, peut
intéresser le public consommateur de musiques européennes.
L'offensive commerciale du groupe Murdoch pour atteindre les réseaux
câblés (fourniture " gratuite " du matériel
d'Asiasat 2) peut servir les deux opérateurs français
disponibles sur le même satellite. Un effort commun similaire est d'ores
et déjà nécessaire (offre du décompresseur) pour
convaincre les câblo-distributeurs dont la capacité de diffusion
reste limitée à 27 chaînes en moyenne.
Parallèlement, les deux chaînes doivent étudier la
possibilité
d'une participation aux nouveaux bouquets
numériques japonais
. Ces deux démarches doivent être
poursuivies afin que les programmes ne se limitent pas à une simple
réception directe.
Loin de porter préjudice à l'activité d'exportation de
programmes au Japon, TV5 et MCM, diffusées en français, peuvent
constituer une vitrine pour la production française.
Une reprise du signal d'opérateurs français (publics et
privés) par un satellite local, dans le cadre d'un bouquet
multi-chaînes japonais correspond à une demande facilitée
par la spécialisation accrue des programmes, et l'attirance de plusieurs
publics pour notre culture. De plus, le rôle que semble jouer aujourd'hui
PerfecTV ! pour l'approvisionnement des réseaux câblés
laisse penser que l'accès à ces derniers se fera en
priorité par l'intermédiaire d'un satellite japonais.
Sans être un opérateur direct, il est aussi possible de se placer
sur ce nouveau marché comme fournisseur régulier de programmes,
si on dispose de catalogues suffisamment attrayants pour le public japonais.
Ainsi le géant allemand de la communication Bertelsmann a-t-il
annoncé, en novembre 1996, un partenariat avec la société
de commerce Mitsui qui participe au capital de très nombreuses
sociétés audiovisuelles japonaises et notamment celui de
PerfecTV ! En contrepartie d'une participation de Mitsui aux
intérêts de Bertelsmann en Europe, cet accord permettra au groupe
allemand de diffuser ses programmes au Japon sans pour autant y investir.
D'autres opérateurs japonais comme JIC, Nissho Iwai, Dainichi,
souhaitent collaborer avec des fournisseurs de programmes français pour
le satellite.
Les deux types de développement, opérateur direct (comme
Murdoch), fournisseur de programmes dans le cadre d'un accord de partenariat
plus général (Bertelsmann), sont des exemples à suivre
d'urgence pour des opérateurs français. Des partenariats sont
alors nécessaires avec des investisseurs japonais actionnaires des
nouveaux bouquets.
Le choix de Mitsui par Bertelsmann est judicieux pour deux raisons : comme
société de commerce, elle participe activement au capital des
nouveaux opérateurs numériques tout en recherchant des catalogues
de programmes et un savoir-faire dans le domaine de la diffusion.
Ce sont autant d'atouts qu'un groupe de communication français
d'envergure internationale devrait exploiter rapidement.
Cette association souligne aussi l'urgence d'un accord entre un
opérateur français et une société japonaise pour
une coopération croisée, avant que les places ne soient
complètement occupées.