2. Entretien avec M. Nabil Shaath, ministre de la planification et de la coopération internationale
M. Nabil Shaath s'est d'abord félicité des
progrès remarquables des négociations pour la signature d'un
accord d'association intérimaire entre l'Union européenne et
l'OLP. Il a relevé que l'Europe, et la France en particulier,
constituait le meilleur soutien des Palestiniens dans le processus de paix. Il
a souligné que la visite du président Chirac avait tout à
la fois soulevé des espérances et suscité la patience
nécessaire pour poursuivre dans les voies de la paix.
M. Nabil Shaath a craint que l'accord sur Hébron, lorsqu'il sera
signé, demeure sans lendemain. Il a ajouté que M. Arafat avait
rencontré des colons juifs installés à Hébron, et
qu'il s'apprêtait à recevoir des membres du Likoud,
témoignant ainsi d'une volonté d'ouverture vers la paix,
d'ailleurs partagée par les Israéliens.
M. Nabil Shaath a toutefois souligné l'importance des blocages qui
demeuraient. Il a attiré l'attention sur l'aéroport de Gaza qui
attend les autorisations nécessaires pour fonctionner et le port, pour
lequel les financements sont déjà trouvés mais qui demeure
à l'état de projet, faute d'un aval israélien.
M. Nabil Shaath a relevé que les positions européennes
présentaient des nuances : l'Allemagne et, dans une moindre mesure, les
Pays-Bas, paraissent les plus réticents à exercer une pression
sur Israël. Le Royaume-Uni, comme l'a d'ailleurs laissé entendre
son ministre des affaires étrangères, M. Malcolm Rifkind, lors
d'une récente visite en Israël et dans les territoires
palestiniens, a exprimé sa réprobation sur la politique de
développement des colonies et évoqué la perspective d'un
Etat palestinien. Ainsi les Britanniques se rapprochaient des positions
françaises, tout en marquant leur souci de ne pas se trouver en
opposition avec les Etats-Unis.
3. Entretien avec M. Hassan Tahboub, ministre des cultes
Après avoir rappelé que la présence des
Palestiniens à Jérusalem pouvait se prévaloir de
près de 5 000 ans d'ancienneté, M. Hassan Tahboub a
rappelé la dimension religieuse que revêtait Jérusalem pour
les musulmans. Il a souhaité que Jérusalem puisse être une
ville ouverte et que les Palestiniens puissent exercer la souveraineté
sur la partie de la ville qui leur revient, même s'il ne doit pas y avoir
de séparation entre la ville juive et la ville arabe.
M. Hassan Tahboub a précisé qu'il était le seul ministre
de l'Autorité palestinienne à résider à
Jérusalem et qu'il se voyait à ce titre dénier toute
reconnaissance de la part d'Israël, qui toutefois ne prendrait pas le
risque d'une expulsion.
Le ministre des cultes a souligné que l'accès aux lieux saints
était rendu extrêmement difficile par la fermeture des
territoires, et que seuls les résidents à Jérusalem
pouvaient accéder librement aux lieux de culte, sous réserve
toutefois des mesures de sécurité prises par les autorités
israéliennes. Il a précisé à cet égard que
les doubles nationaux pouvaient être contraints de choisir entre
l'accès à Jérusalem et la remise de leur passeport aux
autorités israéliennes.
M. Hassan Tahboub a indiqué que Jérusalem, selon lui, ne devait
pas être divisée même si elle devenait la capitale de deux
Etats. La cohabitation entre populations demeurait possible dans une ville qui
pourrait être régie sous un régime inspiré par un
statut de " copropriété ".
Le ministre des cultes a évoqué les difficultés de la vie
quotidienne des Palestiniens et le besoin d'un soutien européen et en
particulier d'une aide de la France -notre pays demeurant, d'après lui,
le meilleur défenseur des intérêts palestiniens. Il a
rappelé, pour conclure, que les Palestiniens nourrissaient trois
aspirations fondamentales : vivre en paix, en justice, et en tant que nation.
Il a souhaité enfin que les partenaires d'Israël puissent appeler
l'Etat hébreu au seul respect de ses engagements.