2. Le rééquilibrage au sein de l'exécutif : le déclin de la fonction présidentielle
Le Président de la République perd un grand
nombre de ses prérogatives au profit du Président du Conseil et
du Gouvernement.
Ainsi le pouvoir exécutif n'est plus confié au Président
de la République qui l'exerçait avec l'assistance des ministres,
mais au Conseil des Ministres.
Le Président de la République peut présider le Conseil des
Ministres lorsqu'il le désire, mais sans prendre part au vote. Il nomme
toujours le Chef du Gouvernement mais après consultation du
Président de l'Assemblée et sur la base de consultations
parlementaires impératives. Il ne peut plus révoquer le Premier
ministre ou les Ministres.
Le Premier ministre devient le véritable centre de décision.
Comme chef du Gouvernement, il représente celui-ci et s'exprime en son
nom. Il préside en principe le Conseil des Ministres et assure de droit
la vice-présidence du Conseil Supérieur de la Défense.
3. L'accroissement des attributions de la présidence de la Chambre des Députés
Le Gouvernement, pour exercer ses prérogatives, doit
obtenir la confiance de la Chambre dans un délai de trente jours.
Parallèlement, le Président de la Chambre, M. Nabib Berry, par
ailleurs chef du mouvement Amal, voit son rôle renforcé. Elu pour
quatre ans (au lieu d'un an), il intervient lors de l'élection du
Président de la République et au moment du choix du Premier
ministre. Il a la maîtrise de l'ordre du jour de l'assemblée, ce
qui lui permet de s'opposer à la discussion d'un texte d'origine
gouvernementale.
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Au total, la révision constitutionnelle issue de
l'accord de Taëf entérine sur le plan juridique
la moindre
influence des chrétiens et la plus grande place des musulmans
,
notamment des sunnites qui détiennent la fonction constitutionnelle la
plus importante, à savoir la présidence du Conseil.
Il reste que les pouvoirs respectifs des trois présidents sont
susceptibles de se neutraliser et de conduire à la paralysie. Le Liban
est en fait dirigé par une "
troïka
" ou un
triumvirat
dont le bon fonctionnement suppose une entente constante
entre les Présidents de la République, du Conseil des Ministres
et de la Chambre des Députés. A défaut, les
désaccords ou les conflits, lorsqu'ils surgissent, nécessitent
l'arbitrage de Damas et entraînent un renforcement de la tutelle syrienne
sur les affaires intérieures du Liban.
Les rapports de force au sein de ce triumvirat reflètent, en tout cas,
la nouvelle répartition des responsabilités entre les
chrétiens, les sunnites et les chiites.
Une fois de plus, les druzes sont écartés du partage des
fonctions essentielles de l'Etat, d'où peut-être l'idée de
confier à un druze la présidence d'un Sénat à
mettre en place après la fin du confessionnalisme politique.