LES QUESTIONS ECONOMIQUES ET FINANCIERES
En mai et juin 1996, la délégation a abordé plusieurs problèmes d'ordre économique et financier : la lutte contre la fraude au budget communautaire, la mise en place du marché intérieur de l'électricité, la politique de cohésion menée par le biais des fonds structurels.
I. COMMUNICATION DE MM. JACQUES OUDIN ET PAUL LORIDANT SUR LA CONFERENCE INTERPARLEMENTAIRE SUR " LA LUTTE CONTRE LA FRAUDE AU BUDGET COMMUNAUTAIRE " ORGANISEE PAR LE PARLEMENT EUROPEEN A BRUXELLES, LES 23 ET 24 AVRIL 1996
Le mardi 28 mai 1996, MM. Jacques Oudin et Paul Loridant
ont présenté une communication au sujet de la conférence
interparlementaire sur " la lutte contre la fraude au budget
communautaire " organisée par le Parlement européen,
à Bruxelles, les 23 et 24 avril 1996.
M. Jacques Oudin
a indiqué que la conférence avait
réuni une centaine de participants, dont 32 parlementaires nationaux et
51 parlementaires européens. Le président en exercice du
Conseil, le président de la Commission européenne, le commissaire
chargé de la lutte contre la fraude et le président de la Cour
des Comptes européenne participaient également à cette
conférence.
Après avoir rappelé le contenu de l'article 209 A du
traité qui fait obligation aux Etats membres de prendre les mêmes
mesures pour combattre la fraude portant atteinte aux intérêts
financiers de la Communauté que celles qu'ils prennent pour combattre la
fraude portant atteinte à leurs propres intérêts
financiers, M. Jacques Oudin a souligné que le président du
Parlement européen, M. Klaus Hänsch, avait proposé les
mesures suivantes :
- vote à la majorité au Conseil dans le cadre de l'application de
l'article 209 A avec procédure de codécision pour le Parlement
européen ;
- création d'un statut juridique pour l'unité de lutte contre la
fraude de la Commission (UCLAF) afin de lui permettre " d'entrer en
contact avec les ministères publics nationaux et de participer
officiellement aux enquêtes pénales " ;
- création auprès des institutions européennes d'un
ministère public général qui serait chargé du
contrôle et de la coordination des procédures de caractère
pénal liées aux recettes et aux dépenses de la
Communauté ;
- mise en place sous l'égide de la Communauté d'un programme
commun de formation et d'échanges pour les fonctionnaires des douanes,
les agents de la répression des fraudes, les juges et les avocats ;
- possibilité pour la Commission de cesser le versement de subventions
s'il y a présomption de détournement de fonds ;
- création d'un service spécifique de la Commission chargé
du recouvrement et de la récupération des sommes
détournées ou subtilisées, ainsi que du contrôle des
procédures prévues à cet effet dans les Etats membres.
Le Président italien du Conseil en exercice, M. Caleffi, a, de son
côté, rappelé l'existence des deux documents qui permettent
désormais une meilleure lutte contre la fraude communautaire :
- le règlement 2988/95 sur la protection des intérêts
financiers de la Communauté ;
- la convention de juillet 1995, relative à la définition des
comportements frauduleux et à des sanctions pénales effectives,
proportionnées et dissuasives, qui est en cours de ratification par les
Parlements nationaux.
M. Jacques Oudin a indiqué que le Conseil examine actuellement une
proposition de règlement et deux projets de protocoles visant à
compléter la Convention. Le Sénat a été saisi dans
le cadre de l'article 88-4 de la proposition de règlement sous le
numéro E-586. Une première lecture de ce document a eu lieu le 10
mai dernier par le groupe de travail du Conseil ; dans la mesure où les
négociations ont permis d'écarter de la proposition de
règlement la plupart des dispositions qui auraient été
préjudiciables aux droits des Etats, M. Jacques Oudin a
suggéré que la délégation adopte des conclusions et
non une proposition de résolution.
M. Jacques Oudin a insisté sur le fait que la ratification de la
convention relative à la protection pénale des
intérêts financiers de la Communauté,
élaborée dans le cadre du troisième pilier de l'Union
européenne, était un pas utile ; elle n'exclut pas cependant
l'existence de conventions bilatérales d'assistance judiciaire plus
précises permettant la mise en place de réseaux de magistrats et
de procureurs spécialisés dans la grande délinquance
financière et les fraudes aux fonds publics nationaux ou
européens. Enfin, la coordination européenne ne doit pas
signifier la centralisation de la lutte anti-fraude. De son point de vue, il
faut d'abord renforcer les administrations nationales de contrôle,
développer les sanctions communautaires quand elles existent, encourager
la Commission à exercer ces sanctions auprès des Etats qui
tolèrent la fraude, et renforcer la coopération
intergouvernementale, en particulier dans le cadre du troisième pilier
de l'Union européenne, en dotant le secrétariat du Conseil des
moyens nécessaires.
M. Paul Loridant
a constaté que les parlementaires
français étaient peu nombreux à cette conférence
alors que les parlementaires anglais et allemands avaient été
très présents. Il a souligné que l'objet de la
conférence était la fraude au budget communautaire, mais que
d'autres fraudes, comme les fraudes à la TVA intra-communautaire ou au
transit international routier, étaient au moins aussi importantes. Il a
enfin indiqué qu'il souscrivait totalement aux conclusions de M. Jacques
Oudin.