B. LE COMMERCE EXTÉRIEUR : LA CHANCE DE LA FINLANDE
Le commerce extérieur se traduit par un solde positif de la balance commerciale. Ce solde atteignait, en décembre 1994, 6,46 milliards de dollars (33,6 milliards de markkas). Pour 1995, un solde positif de 7,6 milliards de dollars (35 à 40 milliards de markkas) de la balance commerciale et un solde positif de 3,2 milliards de dollars de la balance des opérations courantes, sont espérés.
1. Les importations
Les importations ont représenté 94,9 milliards de markkas en 1992. Elles ont diminué de 1 % en 1993. Au sein de ce total, les divers secteurs se répartissent comme suit :
- construction mécanique et électrique 34,7 % - biens de consommation 14,2 % - énergie 13,3 % - industrie chimique 11,6 % - agro-alimentaire 5,1 % |
Les principaux fournisseurs de la Finlande sont les pays suivants :
- Allemagne 16,9 % - Suède 12,3 % - Russie-Ex URSS - 8.5 % - États-Unis 6,9 % - Japon 6,0 % - France 4,2 % |
2. Les exportations : à l'origine du redémarrage économique
La dévaluation du markka finlandais a favorisé les exportations qui ont cru de 13 % de 1993 à 1994.
Le taux de change très favorable du markka. joint à des gains de productivité a permis une croissance exceptionnelle des exportations, qui ont produit un excédent-record de la balance commerciale (45 milliards de markkas en 1994 contre 31,8 en 1993 et 12,5 en 1992, Aussi, la balance des opérations courantes, dont le déficit s'était fortement contracté en 1993 a-t-elle affiché en 1994 un excédent de 10 milliards de markkas et dégagerait-elle 17 milliards de markkas en 1995.
Les secteurs les plus favorisés par cette expansion ont été la métallurgie et la transformation du bois.
Par ailleurs, la Finlande croit aux éco-exportations, c'est-à-dire concernant des produits à contenu écologique. Elle exporte chaque année pour quelque 25 milliards de markkas d'éco-produits.
Un comité mis en place par le Ministère du Commerce et de l'Industrie a évalué les possibilités futures des écoproduits. Selon lui, ils devront utiliser les produits naturels plus durablement ou occasionner moins de charge sur l'environnement que les produits classiques qui répondent au même besoin. Ils devront, en outre, être compétitifs sur le plan international et leur compétitivité ne devra pas reposer sur les subventions publiques.
La Finlande dispose d'un savoir-faire écologique compétitif sur le plan international ? en particulier dans la fabrication des installations de production d'énergie ainsi que dans la technique de production des pâtes à papier et du papier, de même que dans les domaines de la métallurgie. de la chimie et des techniques de traitement des eaux résiduaires. C'est le domaine agroalimentaire qui a, semble-t-il, les meilleures possibilités de se développer du fait de la qualité de l'environnement et des produits agricoles finlandais.
La Finlande s'affirme comme particulièrement compétitive pour ce qui concerne l'économie d'énergie, les produits liés au planning familial, le tourisme naturel, la radiotéléphonie, l'exploitation de l'informatique dans les transports et la technique portuaire.
Pour 1995, une croissance de l'ordre de 10 % des exportations est attendue.
3. Le marasme provoqué par l'évanouissement du partenariat économique avec l'ex-URSS
La Finlande a toujours contesté le terme de « finlandisation » en ce qu'il comportait des insinuations qu'elle n'avait, jugeait-elle, pas méritées.
Les relations de la Finlande avec le voisin russe ou soviétique n'ont jamais été simples. La tentation de l'opposer, dans un souci d'équilibre, à l'autre grand voisin -le Suédois, dont une importante minorité parle la langue en Finlande- est présente, dans l'histoire et jusque dans l'urbanisme. À Helsinki, la statue du tsar Alexandre II, qui accorda l'autonomie au grand duché de Finlande, règne encore sur la place la plus prestigieuse.
Pour autant, les limitations imposées par l'Union soviétique à l'autonomie de la Finlande n'ont-elles été qu'illusion ? La géographie humaine fournit deux réponses à cette question. La première tient à la longueur de la frontière commune de la Finlande avec la Russie : 1.269 kilomètres. La seconde réside dans le fait que la Finlande importe 69 % de son énergie et 89 % de son pétrole ; or, ce dernier vient pour 43 % de Russie, la politique de neutralité menée par la Finlande a, en outre, constitué, en elle-même, une réponse.
Enfin, la Finlande constituait, depuis la seconde guerre mondiale, la « vitrine de l'Occident », où venaient, notamment, s'approvisionner les nomenklaturistes.
L'évanouissement du rideau de fer puis la partition de l'ex-Union soviétique ont mis fin de façon presque brutale à cette situation de relative dépendance de fait s'agissant de l'économie. Le commerce avec la Russie est ainsi passé de 22 % du commerce extérieur total de la Finlande en 1985 à 3 % en 1991.
Les échanges commerciaux de la Finlande avec la Russie, sans retrouver leur niveau d'origine, ont, en revanche, connu, au cours des derniers mois, une certaine reprise (ils représentaient en 1994 7,1 % du commerce extérieur finlandais et avaient progressé de 100 % de 1992 à 1993. En 1995, la Finlande devrait effectuer environ 8 % de son commerce extérieur avec la Russie où elle jouit des relations privilégiées avec la région de Saint-Pétersbourg.
Les statistiques montrent, au demeurant, qu'une partie des importations ne fait que transiter par la Finlande avant d'être réexpédiées vers la Russie. Celle-ci a, par ailleurs, fait connaître son intention de payer sa dette d'environ 6 milliards de markkas dus par l'ex-URSS à la Finlande. Un demi-milliard sera réglé par la fourniture d'armes.
Mais, pour la Finlande, la confusion de la situation politique en Russie -particulièrement dans la conjoncture pré-électorale actuelle- laisse planer des incertitudes économiques qui justifient la recherche de garanties en Europe occidentale.
4. Le commerce avec la France mériterait d'être développé
• Depuis douze ans, nos échanges
commerciaux avec la Finlande demeurent structurellement déficitaires.
Ils représentaient, en 1993, notre 10
ème
déficit bilatéral, ce dernier s'étant toutefois
réduit (3.988 millions de francs contre 6.188 en 1992). Cette
amélioration relative tient toutefois plus à une forte
contraction de nos achats qu'à une augmentation de nos ventes.
Traditionnellement faible, notre taux de couverture a connu toutefois une
progression au cours des dernières années : 39 % en
1992, 47 % en 1993 hors matériels militaires. 1994 a
confirmé l'existence du solde déficitaire de nos échanges
(- 4,2 milliards de francs) et montré même une
détérioration de nos positions, qui laisse penser que nos
entreprises ne bénéficient pas des effets positifs de la reprise
attendue de l'adhésion de la Finlande à l'Union
européenne.
Les raisons de ce déficit commercial tiennent, en grande partie, à la structure de nos relations : l'appareil productif finlandais est bien positionné en France, qui est son cinquième client (derrière l'Allemagne, la Suède, le Royaume-Uni et les États-Unis), alors que notre pays n'est que le huitième fournisseur de la Finlande (7 ème en 1993).
Grâce à la libéralisation, en janvier 1993, de la législation sur les investissements étrangers, les investissements français se sont sensiblement accrus, avec 137 millions de markkas en 1994 contre 42 millions en 1992.
Notre pays figure au troisième rang des membres de l'Union européenne, à quasi égalité avec les Pays-Bas et le Danemark, derrière le Royaume-Uni et l'Allemagne. Avec l'ouverture par TRANSPAC SA (groupe France Télécom) d'un bureau de représentation en novembre 1994, on dénombre aujourd'hui 48 implantations françaises en Finlande (dont neuf ont une activité de production), représentant 2.350 salariés. À l'inverse, on compte 140 sociétés finlandaises en France, dont près de la moitié est engagée dans des activités de production. Le montant total des investissements finlandais en France est évalué à plus de 6 milliards de francs, dont l'essentiel a été réalisé au cours des années quatre-vingt.).
Ce déséquilibre important, en comparaison avec l'Allemagne, laisse penser que nous n'avons pas pu, ou pas su jusqu'ici conquérir, dans ce pays « des parts de marché proportionnelles à notre place dans le commerce mondial. Le faible participation française à la mission organisée en mai 1994 par le CNPF à Helsinki est révélatrice de la trop faible attraction qu'exerce jusqu'à présent ce pays sur nos entreprises. En 1994, la part de marché de notre pays en Finlande stagnait encore autour de 4,1 %.
•
Les contentieux commerciaux sont
apurés
L'année 1994 aura vu une normalisation des relations commerciales entre la France et la Finlande.
- La filière bois-papier
60 % des exportations finlandaises vers la France concernaient, en 1993, la filière bois-papier. L'importation en France à bas prix de bois et de papier finlandais a donné lieu à une crise sérieuse du secteur français du bois et du papier, marquée par des faillites en série en 1993. Le Premier ministre français avait décidé, en décembre 1993, l'adoption d'une mesure de surveillance nationale au titre du règlement communautaire 288/82. Les autorités françaises ont levé partiellement cette mesure le 15 juin 1994 (pour certaines catégories de papier dont les objectifs de hausse de prix étaient atteints), et en totalité à la fin de juillet 1994. Les contacts techniques entre administrations se sont depuis lors poursuivis afin d'observer l'évolution du marché, permettant d'aplanir ce contentieux.
- Les chantiers navals
En tirant parti des avantages de compétitivité offerts, notamment par la chute du markka, les chantiers navals finlandais avaient, dès la fin de 1992, pratiqué des prix sans relation avec ceux des autres chantiers européens, arrachant ainsi des commandes record. Celles-ci s'élevaient en août à 17 milliards de markkas représentant 1 million TJB, dont 2,7 milliards pour FINNYARDS et plus de 14 milliards pour KVAERNER MASA-YARDS, qui se classait ainsi au second rang mondial.
Depuis quelques mois cependant, la compétition s'est faite moins âpre entre notamment KVAERNER MASA-YARDS et les CHANTIERS DE L'ATLANTIQUE, le Président de K.M.Y., Martin SAARIKANGAS. s'étant publiquement plaint de la remontée du markka, qui a gagné treize points sur le franc entre le taux de change moyen de 1993 et celui de 1994.
L'accord au sein de l'OCDE sur les aides à la construction navale, qui vient d'être confirmé par la Commission de l'Union européenne, et qui entrera en vigueur au 1er janvier 1996, devrait permettre d'envisager un retour à des pratiques concurrentielles normales.
• Si, jusqu'à ces derniers mois, la
gravité de la crise économique n'était guère
favorable aux grands contrats en Finlande, les secteurs de l'énergie et
des transports restent porteurs, à l'avenir, de projets plus modestes
où les chances de l'industrie française sont réelles, mis
à part les projets dans le domaine militaire, dont l'examen ne
relève pas de notre Commission.
L'abandon du projet de construction de la cinquième centrale nucléaire laisse la voie à plusieurs projets de centrales à gaz ou hydrauliques pour lesquels le groupe Gec-Alsthom pourrait être bien placé.
Dans le secteur des transports, la société nationale des chemins de fer prévoit 10 milliards de markkas d'investissements, d'ici 2005, pour la remise à niveau des matériels fixes et roulants. Le projet est actuellement suivi par plusieurs entreprises françaises : Gec-Alsthom, CFD industrie, Cogifer, le Matériel des Voies...
Pour le renouvellement de la flotte de Finnair. à terme, Airbus conserve des chances considérées comme réelles par nos experts.
Enfin, une coopération scientifique et technologique existe par le biais de l'Association franco-finlandaise pour la recherche scientifique, créée en 1973 et dont le budget est supporté, à parts égales, par le ministère français des affaires étrangères et le gouvernement finlandais.
Au total, il faut souligner combien les industriels et les commerçants français auraient intérêt à se tourner vers le marché finlandais où ils sont encore insuffisamment présents.
Ainsi que l'indiquait, en novembre 1993, notre collègue M. Maurice BLIN « ce pays solide, courageux, industrieux, mérite qu on lui porte une attention particulière » .