N° 642 |
N° 170 |
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ASSEMBLÉE NATIONALE |
SÉNAT |
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CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958 DIX-SEPTIÈME LÉGISLATURE |
SESSION ORDINAIRE 2024 - 2025 |
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Enregistré à la présidence de l'Assemblée nationale |
Enregistré à la présidence du Sénat |
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le 29 novembre 2024 |
le 28 novembre 2024 |
RAPPORT
au nom de
L'OFFICE PARLEMENTAIRE D'ÉVALUATION
DES CHOIX SCIENTIFIQUES ET TECHNOLOGIQUES
sur
les nouveaux développements de l'intelligence artificielle
par
M. Alexandre Sabatou, député, M. Patrick
Chaize et Mme Corinne Narassiguin, sénateur et sénatrice
Déposé sur le Bureau de l'Assemblée nationale par M. Pierre HENRIET, Premier vice-président de l'Office |
Déposé sur le Bureau du Sénat par M. Stéphane PIEDNOIR, Président de l'Office |
ChatGPT, et après ?
Bilan et
perspectives de l'intelligence artificielle
« Le
progrès n'est plus dans l'homme, il est dans la technique,
dans le
perfectionnement des méthodes capables de permettre
chaque jour une
utilisation plus efficace du matériel humain »
Georges Bernanos, La France et les
Robots,
Éditions de la France libre, 1946, page 11.
SYNTHÈSE
ChatGPT, et
après ?
Bilan et perspectives de l'intelligence
artificielle
Un spectre hante le monde, le spectre de l'intelligence artificielle. Il alimente des angoisses irrationnelles autant que des attentes démesurées. Les technologies d'IA semblent à la fois omniprésentes et insaisissables, pourtant leur diffusion reste encore toute relative et leurs contours sont assez connus des spécialistes. L'IA devient un phénomène de plus en plus politique qui appelle une maîtrise démocratique. Le futur président des États-Unis, Donald Trump, a même déclaré le 28 novembre 2024 qu'il comptait nommer un « tsar de l'intelligence artificielle » qui siègerait à ses côtés à la Maison-Blanche. Aussi, faire le point sur ces technologies et leurs enjeux apparaît aujourd'hui indispensable.
Saisi en juillet 2023 par les bureaux de l'Assemblée nationale et du Sénat pour étudier les nouveaux développements de l'intelligence artificielle dans le contexte de la révolution de l'IA générative, l'Office présente un rapport qui tente, à la fois, de dresser un bilan des technologies d'intelligence artificielle et d'anticiper les tendances qui se dégagent. Ce rapport retrace les développements technologiques des différents modèles d'IA et le détail de leur fonctionnement, identifie leurs enjeux politiques, économiques, sociétaux, culturels et scientifiques, et aborde les questions de régulation, comparant la stratégie nationale française en IA à près de 20 autres, six dans l'Union européenne et onze dans le reste du monde, et en analysant une dizaine de projets de gouvernance mondiale de l'intelligence artificielle. Il propose en conclusion 18 recommandations, dont cinq à soutenir dans le cadre du Sommet pour l'action sur l'IA qui se tiendra à Paris les 10 et 11 février 2025.
I. COMPRENDRE LES TECHNOLOGIES D'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
A. UNE BRÈVE HISTOIRE DE L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
Dans le prolongement du rapport de l'Office de mars 2017, ce nouveau rapport revient sur l'histoire et même la préhistoire de l'intelligence artificielle ainsi que sur sa présence forte dans la science-fiction, qui explique pourquoi l'IA suscite à la fois des espoirs excessifs et des craintes pas toujours justifiées.
L'IA n'est pas nouvelle. Elle est liée à la naissance de l'informatique, il s'agit d'ailleurs d'un domaine de l'informatique, une sorte d'informatique avancée dont la frontière fluctue avec le temps. Sa naissance officielle a lieu en 1956 lors d'une école d'été du Dartmouth College.
John McCarthy y introduit le concept d'intelligence artificielle et la définit comme une science visant à simuler les fonctions cognitives humaines. Marvin Minsky précise qu'il s'agit de construire des programmes capables d'accomplir des tâches relevant habituellement de l'intelligence humaine. Depuis, l'IA a connu des périodes de grands espoirs, comme les premières découvertes des années 1960 ou les systèmes experts des années 1980, chacune de ces périodes étant suivie de phases de désillusions, les « hivers de l'IA ».
On distingue deux grandes approches : l'IA symbolique, caractérisée par l'utilisation de règles logiques pour résoudre des problèmes, simulant un raisonnement déductif, et l'IA connexionniste, qui se fonde sur une analyse probabiliste de données, simulant un raisonnement inductif.