C. POUR ATOS, L'ÉTAT DOIT MONTRER L'EXEMPLE

1. Ne pas dénoncer les contrats en cours

Aujourd'hui, comme cela a été rappelé précédemment, une grande partie des activités d'Atos en France sont à destination des secteurs publics et parapublics. Partenaire et fournisseur de différentes administrations - comme le ministère de l'Intérieur, le ministère des armées ou les services de renseignement -, de collectivités territoriales - par exemple pour le développement de plateformes de données ouvertes à destination des villes connectées et intelligentes -, d'établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC) - avec la mise en place et la maintenance du système de vidéosurveillance des lignes de métro du Grand Paris Express -, d'entreprises publiques - comme EDF pour le compte de laquelle Atos gère des systèmes de gestion d'énergie et des systèmes de commande-contrôle pour les centrales nucléaires -, ou encore d'autre organismes publics ou privés exerçant des missions d'intérêt général - comme la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) ou les caisses de retraites complémentaires (AGIRC-ARRCO) -, les services d'Atos sont présents « partout et tout le temps ».

C'est pourquoi les rapporteurs considèrent qu'Atos, bien qu'étant relativement méconnue du grand public, est une entreprise « omniprésente » dans notre quotidien. C'est aussi pourquoi ils estiment que le rôle de l'État doit être exemplaire en soutenant une entreprise aussi stratégique qu'Atos.

Il ressort pourtant des auditions menées par les rapporteurs que les partenaires publics et parapublics d'Atos sont parmi les premiers à être inquiets de la situation actuelle, au risque que certains contrats en cours soient interrompus ou non renouvelés. Par ailleurs, Atos ne sera plus partenaire du Comité international olympique (CIO) à compter des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) d'hiver 2026.

Au regard de la situation financière difficile dans laquelle se trouve Atos aujourd'hui, qui conduit indéniablement à une hausse de la pression exercée par les clients et par les fournisseurs de l'entreprise, les rapporteurs appellent l'ensemble des partenaires publics et parapublics d'Atos à ne pas dénoncer les contrats en cours et à continuer de soutenir un groupe dont la capacité à contractualiser avec l'État a un effet d'entraînement sur sa capacité à conclure des contrats commerciaux auprès d'acteurs privés.

Recommandation n° 8 : maintenir l'ensemble des contrats et des missions du groupe Atos auprès de ses partenaires publics et parapublics actuels.

2. Soutenir davantage les efforts de recherche et développement dans les activités de calcul à haute performance, à l'instar de ce que font nos compétiteurs

De la situation financière d'Atos dépend la bonne capacité de l'entreprise à investir suffisamment dans ses activités de calcul à haute performance (HPC) issues du rachat de la société Bull en 2014. Comme cela a été rappelé supra, grâce à la mise en place d'une stratégie nationale de calcul à haute performance, d'un soutien appuyé de la direction des applications militaires (DAM) du ministère des Armées et du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies renouvelables (CEA), une véritable filière nationale s'est développée permettant aujourd'hui à Atos d'être considéré comme le troisième fabricant mondial de supercalculateurs, et le dernier d'Europe, en termes de puissance de calcul installée.

La mise en place d'une telle filière était indispensable et continuera de l'être dans les prochaines années, d'autant plus que les besoins en matière de capacité de calcul ne cessent de croître au fur et à mesure que l'informatique en nuage (cloud) et l'intelligence artificielle se développent et se généralisent. Sans puissance de calcul, et donc sans une certaine autonomie dans la fabrication et l'approvisionnement de supercalculateurs, ni la France ni l'Union européenne ne peuvent espérer devenir des acteurs majeurs de l'intelligence artificielle. Par conséquent, il est indispensable de continuer d'investir dans l'activité HPC d'Atos, qui est une activité relativement intense en recherche et développement (R&D).

Si la part du financement octroyé par l'État a progressivement diminué ces dernières années, notamment au gré du développement économique de l'entreprise, la situation financière difficile dans laquelle Atos se trouve aujourd'hui, ainsi que l'absence de perspective claire quant à l'avenir du groupe et de son activité HPC, justifient un soutien renouvelé de l'État pour maintenir la production, l'augmenter dans les prochaines années et développer de nouvelles générations de machines capables de répondre aux besoins toujours plus grands de puissance de calcul, les supercalculateurs étant en moyenne renouvelés tous les cinq ans.

Les rapporteurs considèrent qu'il serait inadmissible, injustifiable et inacceptable de « revenir vingt ans en arrière » en achetant des supercalculateurs à des concurrents américains ou chinois par manque de soutien à une filière nationale qui repose en grande partie sur les activités de calcul à haute performance d'Atos. Ils rappellent ainsi que le soutien de l'État dans le projet de modernisation du site de production d'Angers est largement insuffisant et tiennent une nouvelle fois à saluer l'engagement des collectivités territoriales dont la mobilisation est primordiale à la conduite de ce projet. Un engagement supplémentaire de l'État est d'autant plus indispensable que ni les États-Unis ni la Chine ne se privent de soutenir financièrement et par la commande publique leurs fabricants nationaux de supercalculateurs.

Recommandation n° 9 : augmenter la part du financement octroyé par l'État pour maintenir et soutenir la R&D dans les activités de calcul à haute performance afin de préserver une filière nationale récemment constituée qui permettra à la France et à l'Europe de saisir pleinement les nouvelles révolutions technologiques.

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