C. DES RELATIONS TRANFRONTALIÈRES QU'IL CONVIENDRAIT DE RENFORCER, EN PARTICULIER DANS LE DOMAINE DE LA SÉCURITÉ

À l'occasion d'un entretien avec des parlementaires surinamais, le député Melvin Bouva a fait part d'une expression néerlandaise selon laquelle il vaut « mieux un bon voisin qu'un ami lointain », ajoutant que la France était ce bon voisin avec qui il fallait renforcer la coopération. La mission ne peut que faire sienne cette analyse. Au moins quatre axes de développement pourraient être envisagés

1. Un différend frontalier qu'il convient de solder rapidement

Au cours de la rencontre avec des parlementaires surinamais, la mission a interrogé les élus sur le calendrier de ratification du protocole d'accord pour la reconnaissance de la frontière sur le Maroni-Lawa du 15 mars 2021, qui doit mettre un terme à l'essentiel du contentieux frontalier entre la France et le Suriname.

En effet, si celui-ci a déjà été ratifié par le France, cela n'est pas encore le cas côté surinamais.

Les parlementaires surinamais rencontrés, en particulier Obed Kanape, président du groupe majoritaire, ont manifesté leur volonté que ce texte soit rapidement adopté par l'Assemblée nationale.

Une fois cet accord ratifié par la partie surinamaise, il conviendra d'aboutir rapidement à un accord sur la 4e section de la frontière, la France estimant que la frontière est constituée par le fleuve Litani, alors que le Suriname considère que celle-ci est matérialisée par le Marouini, afin de clore définitivement ce chapitre.

Recommandation : encourager les autorités surinamaises à procéder à la ratification du protocole d'accord pour la reconnaissance de la frontière Maroni-Lava. Engager rapidement des travaux sur la 4e et dernière section de la frontière afin de solder définitivement ce contentieux avec le Suriname.

2. Des échanges commerciaux qui pourraient être intensifiés

Dans ses réponses au questionnaire vos rapporteurs, la direction générale du Trésor a rappelé que la valeur des échanges franco-surinamais de 2022 ne représentaient que 30 % de ceux de 2015 (147 millions d'euros).

Des marges importantes existent donc dans ce domaine. À cet égard, il a été indiqué à la mission que le Gouvernement surinamais envisagerait des investissements dans son outil de défense, ce qui pourrait constituer des opportunités pour notre industrie de défense.

En second lieu, devant les parlementaires rencontrés, la mission a mis en avant la nécessité de débuter les travaux de construction d'une cale-sèche à Albina, ville sur le fleuve Maroni située en face Saint-Laurent-du-Maroni, afin de permettre la circulation du bac « Malani ».

Elle constate avec satisfaction que les travaux de la cale-sèche côté surinamais ont débuté le 23 juin dernier, ce qui devrait permettre une augmentation significative du volume des échanges entre le Suriname et la Guyane.

3. Une coopération en matière de lutte contre les activités illicites qui doit être approfondie

Lors de son déplacement en Guyane et à Paramaribo, la mission a constaté que la question de la lutte contre les activités illicites à la frontière entre le Suriname et le département de la Guyane constituait un sujet de préoccupation.

À titre d'exemple, si la vente de mercure, qui sert à l'orpaillage illégal, est théoriquement interdite au Suriname, force est de constater qu'une certaine tolérance était de mise au cours des dernières années. Le nouveau gouvernement semble avoir décidé de s'emparer de ce sujet, en procédant à la destruction d'une vingtaine de barges sur le Maroni à l'automne 2022. Cette action constitué un signal important vis-à-vis de la France, l'activité de ces barges constituant une source de pollution majeure du fleuve. Par ailleurs, comme il a été rappelé précédemment, le 27 mars dernier, le Parlement surinamais a invité 7 experts français pour évoquer les conséquences de l'orpaillage illégal en matière de santé, de sécurité, etc. et envisager les pistes de renforcement de la coopération policière.

Dans ce domaine, la mission se félicite que l'accord de coopération policière signé en 2006 soit entré en vigueur. Elle estime en outre indispensable que l'accord de coopération judiciaire signé il y a deux ans soit rapidement appliqué.

Au cours des entretiens, plusieurs pistes ont été évoquées, telles que la conclusion d'une convention de transfèrement de personnes condamnées entre la France et le Suriname, l'augmentation du nombre de patrouilles communes sur le Maroni afin de lutter contre l'immigration et les activités illégales, ou encore le renforcement de la coopération opérationnelles entre les forces de sécurité passant notamment par des échanges de renseignements entre polices et forces armées.

Recommandation : maintenir un très haut niveau de coopération en matière policière et oeuvrer activement pour la mise en oeuvre de l'accord de coopération judiciaire.

4. Un soutien de la France attendu dans le domaine militaire et de la sécurité intérieure

Au cours des entretiens, les autorités surinamaises ont mis en avant l'insuffisance des moyens des armées et des forces de sécurité intérieure pour lutter efficacement contre les activités illicites.

La restructuration de la dette surinamaise rend plus difficiles des investissements importants dans ces domaines. La France pourrait ainsi apporter un soutien logistique aux forces surinamaises, en envisageant par exemple des cessions de matériels, qu'il s'agisse de véhicules, de moyens de communication, ou encore d'équipements individuels.

Recommandation : étudier les possibilités de cessions de matériels et d'équipements au profit des forces de sécurité surinamaises.