? Les positions stratégiques françaises à l'épreuve des ingérences étrangères en Afrique australe et dans l'Océan indien
Les ingérences étrangères ne concernent pas que le territoire national ; elles ciblent également les intérêts français à l'étranger. En Afrique Australe et dans l'océan indien, la France à des intérêts majeurs à défendre et notre appareil de renseignement joue un rôle essentiel pour révéler les stratégies, mesurer les enjeux et préparer l'avenir.
En Afrique, la réalité d'États faillis a laissé le champ libre à des puissances étrangères. Mais d'autres facteurs peuvent constituer un terreau favorable aux ingérences, à commencer par l'existence de liens historiques de certains pays avec des puissances étrangères. La dette morale de l'Afrique du Sud envers la Russie, très forte au vu de soutien que l'Union soviétique a apporté à la lutte contre l'Apartheid, explique aujourd'hui la proximité qui existe entre les deux pays. Les relations actuelles entre Madagascar et la Russie sont aussi pour le moins complexes. Il est notamment établi que la Russie a tenté d'interférer dans le cours de l'élection présidentielle malgache de 2018.
Les ingérences étrangères sont essentiellement le fait de deux pays, la Russie et la Chine, avec des modes opératoires bien distincts.
En ce qui concerne la Russie, il s'agit de la propagande, de la vente d'armes, de la conclusion d'accords de coopération militaire et d'investissements dans le secteur minier.
S'agissant de la Chine, ce sont des investissements dans les infrastructures et les ressources naturelles, le soft power (institut Confucius) et la conclusion d'accords de coopération militaire.
La contestation des intérêts français dans cette région du monde s'inscrit dans une stratégie délibérée de francophobie et prend des formes multiples telles que des opérations de manipulation de l'information visant à porter atteinte à l'image et à la réputation de la France, procès politiques, actions hostiles aux entreprises françaises et à nos intérêts économiques.
Au-delà des intérêts français, c'est aussi la souveraineté de la France dans cette région du monde qui est remise en cause. Notre présence dans l'océan indien constitue 93% de la zone économique exclusive (ZEE) de la France. Certains territoires, habités ou non, font l'objet de contentieux anciens entre la France et plusieurs États que sont notamment Maurice (Tromelin) et Madagascar (îles Eparses). La situation à Mayotte est également un sujet de tension majeur entre la France et les Comores comme l'a illustré l'opération Wuambushu lancée en mai 2023. Ces contentieux et ces tensions sont régulièrement instrumentalisés par des puissances étrangères qui les utilisent pour nuire à nos intérêts fondamentaux. La Russie, ne manquent jamais une occasion de rappeler son soutien à la revendication de Madagascar sur les îles
Éparses tandis qu'aux Comores, Moscou joue des tensions liées à la situation à Mayotte, allant même jusqu'à se prononcer en faveur d'une « Mayotte comorienne ».
Dans ce contexte, nos services de renseignement sont orientés dans une stratégie de riposte fondée sur l'exploitation des faiblesses de nos adversaires et le développement de partenariats avec des pays qui ne font pas partie de notre sphère historique d'influence.
Derrière les apparences, la Russie et la Chine sont loin d'être en terrain conquis dans les pays qu'ils investissent. Tout en accusant l'occident de néocolonialisme, la Russie et la Chine se comportent en réalité comme des prédateurs, pillant les ressources naturelles des pays qu'ils exploitent, peu scrupuleux du respect de l'environnement exerçant leur mainmise sur la souveraineté même de ces États.
Ces puissances étrangères ne contribuent en rien à dynamiser l'économie des pays concernés ; au contraire, la violence à l'égard des populations locales est de mise, assortie de racisme et qui s'accompagne d'un sentiment d'abandon des populations locales. Wagner subit des échecs, notamment au Mozambique, où la milice paramilitaire a dû reculer au bout de deux mois face au groupe armé État islamique (EI). L'enjeu n'est pas seulement de détecter les faiblesses et de fournir du renseignement, mais bien d'exploiter ce renseignement de façon appropriée et réactive. Le renseignement devient une arme à part entière pour exploiter au mieux les failles de ceux que l'on combat.
Parce que la nature a horreur du vide, il est aussi nécessaire de mieux valoriser et d'amplifier l'action de la France dans les pays où nous sommes présents. En d'autres termes, il s'agit de rendre la marche plus haute pour ceux qui voudraient nuire à nos intérêts.
Il existe en Afrique Australe un certain nombre de pays qui sont en demande de coopérer davantage avec la France. Il importe ainsi d'identifier les États avec lesquels nous pourrions développer des coopérations en matière de sécurité et de renseignement. *****.
Enfin, même s'il ne s'agit pas de renseignement à proprement parler, il serait judicieux de repenser notre dispositif de coopération. Le nombre de coopérants français n'a cessé de diminuer au cours des dernières années, marqueur de la volonté politique de tourner la page de la françafrique. Pour autant, dans le contexte d'intensification des ingérences étrangères, les coopérants sont des relais privilégiés qui contribuent utilement à une stratégie d'influence.
CHAPITRE IV :
Ce chapitre traite des conditions d'emploi des fonds spéciaux au cours de l'exercice 2021. Ceux-ci ont représenté un montant de ***** en 2021, ***** par rapport à 2020 *****. Les dépenses en fonds spéciaux ont représenté *****. Les observations de la CVFS, communes à l'ensemble des services de renseignement, sont les suivantes :
-La nécessité d'une application stricte de la doctrine d'emploi des fonds spéciaux.
- Le poids parfois disproportionné des frais bancaires supportés par les services.
- La levée d'angles morts au contrôle de la CVFS *****.
RAPPORT GÉNÉRAL DE LA COMMISSION DE VÉRIFICATION DES FONDS SPÉCIAUX (EXERCICE 2021)