E. MESURES PRISES CONTRE LA CANICULE
1. Une préoccupation partagée
La plupart des réponses témoignent d'une véritable préoccupation pour cette question271(*), notamment en raison d'inquiétudes pour la santé des élèves : « Les températures extrêmes sont ingérables. Un de nos bâtiments est une vraie passoire thermique, au point que certains élèves saignent du nez ou font des malaises lors des pics de canicules ».
Parmi les mesures couramment citées contre les fortes chaleurs : isolation des combles, pose de rideaux opaques, de stores, de volets, de filtres anti UV, « films anti-chaleur sur les vitres », installation de « casquettes solaires » en aplomb des ouvertures, pompe à chaleur réversible.
D'autres réponses évoquent la ventilation (« VMC double flux ») avec système de free cooling, « pour essayer de rafraîchir les locaux de manière naturelle », l'achat de solutions telles que ventilateurs et brumisateurs, parfois même la climatisation d'une salle, plus particulièrement pour les maternelles.
De nombreux témoignages confirment l'importance attachée aux aménagements extérieurs, fréquemment cités par les élus : plantation d'arbres, pergolas, tonnelles végétalisées, végétalisation des toits, désartificialisation des sols, aménagement d'une classe en plein air...
S'agissant de la climatisation, un répondant s'interroge : « Qui ne prendra pas la climatisation lors de l'achat de son prochain véhicule ? Est-ce pour se donner bonne conscience qu'on prive nos enfants de ce "confort moderne" ? N'oublie-t-on pas que nous parlons bien souvent de classes surchargées, d'équipements ayant pour la plupart plus d'une dizaine, pour ne pas dire plusieurs dizaines d'années. Il devient délicat de pouvoir répondre à l'attente des parents d'élèves ».
2. L'obstacle du coût de ces investissements et un questionnement sur leur maintenance
Sans surprise, ici encore, le coût des dépenses à engager semble à certains hors de portée : « Il nous faudrait installer des stores sur nos baies vitrées, mais c'est trop coûteux. Alors on ouvrira les portes de secours, sachant que ces dernières donnent sur l'espace public et que nous ne serons pas dans les recommandations du plan Vigipirate » ; « Par le passé, il est arrivé au maire de fermer l'école élémentaire quelques jours en fin juin, faute de pouvoir abaisser les températures ».
Un élu témoigne : ne pouvant financer la pose d'une protection sur la baie vitrée du restaurant scolaire, où l'été il est insupportable de se tenir tant pour le personnel que pour les élèves, « Nous organisons le plus souvent possible la prise de repas en pique-nique dans le parc arboré qui est à proximité de l'école ».
Enfin, une réponse alerte sur la difficulté d'entretenir les espaces végétalisés pendant l'été : « Il n'y a pas d'élèves en juillet et août, mais de la végétation à entretenir et à faire survivre: problème de consommation d'eau ».
3. Le cas de Mayotte
« La Ville de Mamoudzou a mis en place un certain nombre d'actions qui visent à réduire la consommation énergétique des bâtiments. Il s'agit des travaux d'isolation des sous-toitures des bâtiments et des travaux de confort thermiques dans certains sites, réalisé par des sociétés rémunérés par des primes CEE, ce qui a amélioré confortablement la qualité hygrothermique et la satisfaction des occupants (équipe pédagogique) de certains établissements. »
Les auteurs de la réponse regrettent que la réglementation RTAA DOM ne soit pas applicable à Mayotte à ce jour ; ils demandent un bilan et un retour d'expérience de la charte « Mayénergie plus » de 2013 afin d'évaluer les bâtiments construits selon cette charte, et aspirent à « une règlementation à la hauteur des enjeux contemporains dans ce domaine, avec les aides et financement qui vont avec ».
* 271 Certains élus se déclarent toutefois peu motivés par la lutte contre la canicule en raison du climat local (breton, normand ou montagnard), d'autres font état de constructions aux murs épais protégeant naturellement contre la chaleur excessive, d'autres encore évoquent des solutions telles que l'ouverture des fenêtres tôt le matin « pour faire entrer la fraîcheur » et la proximité de salles climatisées (cantine, salle des fêtes...) où les enfants peuvent trouver refuge en cas de forte chaleur, voire la nécessité de laisser les enfants « s'habituer aux chaleurs » sans qu'il paraisse souhaitable d'investir dans ce domaine.