C. LA QUESTION DÉMOGRAPHIQUE : 500 000 ÉLÈVES EN MOINS ENTRE 2022 ET 2027

Alors que l'INSEE enregistrait, entre 2005 et 2014, plus de 800 000 naissances, avec un pic de 832 000 en 2010, ce nombre est en diminution depuis une dizaine d'années. En 2021, on a constaté 727 000 naissances ; un point bas historique a été atteint en 2022 avec 723 000 naissances (683 000 pour la seule métropole).

En 2026, on devrait dénombrer :

- dans le primaire 295 775 élèves de moins qu'en 2022 ;

- dans le secondaire, 109 571 élèves de moins par rapport à 2020.

Pour le seul collège, la perte s'élèvera à 105 650 élèves95(*).

Comme l'a indiqué M. Pap Ndiaye, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, à la commission de la culture du Sénat le 8 novembre 2022, « après une baisse de 300 000 élèves ces cinq dernières années, nous prévoyons une baisse de 500 000 élèves sur la période 2022-2027 ».

Si la tendance démographique globale fait apparaître une diminution du nombre des élèves dans les prochaines années, les tensions démographiques ne sont pas uniformes selon les territoires.

À Mayotte, situation extrême, l'évolution démographique implique d'accueillir plus de 3 500 élèves supplémentaires chaque année dans le premier degré, et plus de 12 000 collégiens et 5 000 lycéens supplémentaires dans la prochaine décennie96(*). En 2021, la maternité de Mamoudzou a enregistré plus de 9 000 naissances, soit l'équivalent d'une classe de 25 élèves par jour, comme cela a été rappelé par nos collègues mahorais lors de l'audition par la rapporteure du recteur de Mayotte. Ces enfants atteindront l'âge de la scolarité obligatoire à la rentrée 2024. Or cette hausse démographique va se poursuivre, voire s'intensifier, si l'augmentation du nombre de naissances constatée en 2021 et 2022 se maintient. Le principal enjeu est donc en premier lieu de procéder à des constructions en masse pour accueillir tous ces élèves : la création de plus de 1 300 salles de classe en 1er degré, 14 collèges neufs et 4 lycées est nécessaire à court terme.

Localement, sur le reste du territoire français, des pressions démographiques peuvent être observées dans certaines communes. La mission d'information l'a constaté lors de son déplacement à Marseille.

Le directeur général de la Société publique locale d'aménagement d'Intérêt national (SPLA-IN) des écoles de Marseille a mentionné le besoin de 5 000 places supplémentaires dans les écoles marseillaises d'ici 2035, inégalement réparties sur le territoire de la ville. La mission d'information a notamment pu remarquer la forte pression de démographie scolaire s'exerçant dans plusieurs écoles des quartiers nord de Marseille qu'elle a visitées. Ainsi, l'école Les Lauriers a accueilli en quelques années dix classes en plus. Comme a pu le souligner l'un des enseignants de cette école, « tout le monde connait les écoles du quartier, et tout le monde sait qu'elles sont toutes saturées ».

Enfin, le dédoublement des classes de grande section au CE1 en REP et REP + peut créer localement des tensions sur le bâti scolaire : faute de locaux disponibles, le dédoublement a pu en réalité se traduire par la présence de deux enseignants devant une classe de 24 élèves.

Les incertitudes sur la pérennité des classes - et parfois des écoles - constituent, de manière compréhensible, un frein aux projets de rénovation du bâti scolaire : ce rapport reviendra ultérieurement sur ce point.


* 95 Voir en annexe la note relative à la démographie scolaire.

* 96 Source : réponses écrites du rectorat au questionnaire de la rapporteure.