Les présidents
d'associations des maires
de Guadeloupe, de Mayotte et de la
Polynésie française
Jocelyn Sapotille,
maire du Lamantin,
président de l'association des maires de Guadeloupe
Monsieur le président,
Messieurs et mesdames les sénateurs,
Chers collègues maires,
Cher Stéphane Artano,
Permettez-moi de saluer le travail que nous avons initié ensemble avec l'AMF et le Sénat grâce à la constitution et à la mise en place de notre Délégation outre-mer, lors d'une réunion au Sénat le 28 juin dernier. Nous avons bénéficié de votre expérience pour pouvoir créer cette délégation qui commence déjà à donner des résultats, dont le premier qui est l'organisation de cette journée outre-mer.
Nos territoires dans l'Atlantique, et principalement le territoire de la Guadeloupe, souffrent d'un certain nombre de difficultés, on pourrait dire handicaps, mais je n'aime pas trop ce mot, disons plutôt des problèmes de « mal développement » car nous n'avons pas pu nous développer avec les bons outils. Nous avons des ressources mais nous n'avons pas su mettre en place les bons outils pour valoriser nos ressources. Nous pouvons faire mieux. Je n'ai pas envie de présenter nos territoires uniquement par leurs difficultés. Aujourd'hui, nos territoires souffrent principalement d'une problématique d'insécurité. Si nous ne résolvons pas les problèmes de sécurité, nous ne pourrons pas créer un climat de confiance pour la population, les administrés, les citoyens et ceux qui exercent le pouvoir. Dans les sociétés primitives, celui qui avait la capacité d'assurer la sécurité du groupe en était le chef. S'il n'en avait pas la capacité, il n'était pas digne d'être le chef.
Nous rencontrons cette problématique qui génère la montée des extrêmes. La population n'a plus confiance dans ses dirigeants puisqu'elle estime qu'ils ne sont même pas capables d'assurer sa sécurité. Les besoins primaires tels que le logement ou l'accès à l'eau représentent une deuxième problématique. Beaucoup de personnes n'ont pas accès à l'eau. Les territoires ont des potentiels énormes et souffrent de besoins primaires qui ne sont pas satisfaits. Cela révèle un échec des politiques publiques. Avant de parler d'évolution institutionnelle, nous devons d'abord faire preuve d'un certain pragmatisme, d'un certain réalisme.
Commençons par mettre en place, avec le principe de subsidiarité, une organisation territoriale, administrative et politique qui permettra aux politiques publiques de donner des résultats et d'être efficientes.
Madi Madi Souf,
maire de Pamandzi,
président de l'association des maires de Mayotte
Monsieur le président Larcher,
Monsieur le président Artano,
Mesdames et messieurs,
Chers collègues,
Tout d'abord je souhaite vous remercier pour l'organisation de cette journée, vous remercier aussi de l'accueil que vous nous avez réservé au Sénat lors de la formation de notre propre délégation des outre-mer, mais aussi lors du déplacement de tous les maires de Mayotte à Paris suite à la situation difficile que traverse actuellement Mayotte.
Avant de continuer, j'aimerais citer trois dates. En 1841, Mayotte est devenue française, avant Nice et la Savoie comme j'aime à le répéter. En 1974, Mayotte s'est séparée des autres îles des Comores, car nous voulions être Français pour être libres. Cette liberté de circulation se trouve aujourd'hui entravée, tous les médias en parlent. En 2011, Mayotte est devenue un département. Mayotte est le plus jeune département de France, le 101 e , et connaît des difficultés de rattrapage, d'égalité, de sécurité et de moyens. Mayotte compte 374 km² et 400 000 habitants, bientôt 500 000. Certaines populations consomment, mais ne payent rien. En matière de déchets, peu de personnes paient des impôts, tandis que les autres consomment et produisent des déchets sans aucune compensation.
Notre délégation des outre-mer nous a permis ces échanges dans les ministères, et nous attendons beaucoup de la métropole et des deux institutions, que sont le Sénat et l'Assemblée nationale. Nous attendons beaucoup de la solidarité nationale, mais aussi de nos collègues d'outre-mer dont nous avons beaucoup à apprendre. Nous venons de passer en Martinique une semaine très riche en échanges. Nous avons visité certaines installations, ainsi qu'à La Réunion où nous avons tenu notre congrès l'année dernière. Ces échanges sont très enrichissants.
Cyril Tetuanui,
maire de Tumaraa,
président du syndicat pour la promotion des communes en Polynésie
française (SPCPF)
Monsieur le président du Sénat,
Monsieur le président Artano,
Messieurs les sénateurs,
Chers collègues,
Merci pour votre accueil. Je veux parler du logement en Polynésie qui n'est pas une compétence propre aux communes. La collectivité du pays est compétente en matière de logement, mais certains maires interviennent quand même pour aider un peu les familles à se reloger. Les communes ne maîtrisent pas non plus le développement de leur territoire car cette compétence est également détenue par le pays. Nous discutons beaucoup actuellement pour voir comment nous pouvons assumer certaines compétences surtout au niveau du logement ou au niveau social. En Polynésie française, nous avons également d'autres problématiques concernant le traitement des déchets dont la compétence a été transférée aux communes en 2004 mais sans nous donner les moyens.
J'ai été auditionné par la Délégation sénatoriale aux outre-mer à ce sujet. Les maires ne peuvent pas assumer cette compétence, en raison des frais que cela représente. Nous pouvons assumer le ramassage mais le traitement des déchets est compliqué. Par exemple, dans nos communes des îles Sous-le-Vent nous avons une problématique de centres d'enfouissement, sans compter les associations qui s'opposent toujours à ces projets.
Ces associations représentent un souci pour les maires qui ne peuvent plus rien faire en matière de traitements des déchets. Le changement climatique représente également un défi en Polynésie française, surtout dans les îles Tuamotu concernées par la montée des eaux. En tant que président du SPCPF, j'essaie de faire avancer les choses dans le cadre de discussions avec l'État notamment en matière de sécurité. La Polynésie française, grande comme l'Europe, doit affronter des trafics de drogue organisés par bateaux. Nous aimerions donc que l'État nous aide également en matière de surveillance de l'océan Pacifique qui s'étend sur 5 millions de kilomètres carrés.