B. LES IMPACTS SCIENTIFIQUES DIRECTS
1. L'accès aux connaissances et aux données au service des valeurs de la science et de la reproductibilité
La production scientifique est de plus en plus perçue comme un bien commun dont il faudrait assurer la diffusion la plus large possible , dans des conditions qui ne doivent pas se retourner ni contre les valeurs de la science ni contre les intérêts stratégiques de la nation d'où l'assertion d'une science « aussi ouverte que possible, aussi fermée que nécessaire ». Par l'accès aux connaissances qu'elle permet, la science ouverte doit aider à sortir de la crise de la reproductibilité qui frappe le monde de la recherche et offrir aux chercheurs le partage et l'accessibilité de ressources permettant une coopération pour une science de meilleure qualité .
Depuis les années 2010, le terme crise de la reproductibilité 136 ( * ) désigne le fait que les résultats d'une expérience, alors même qu'ils sont réalisés dans les mêmes conditions par une autre équipe de recherche, ne sont pas vérifiables . Ce phénomène, qui concerne 75 % des travaux publiés, est problématique à plusieurs titres : se baser sur une hypothèse fausse peut avoir des conséquences sanitaires ou sociales importantes et faire perdre du temps à la recherche, ainsi qu'aux financeurs. La science ouverte est une solution à ces difficultés.
La science ouverte est aussi un levier puissant pour réduire les inégalités et ouvrir la voie d'une plus grande égalité à l'échelle mondiale. D'après le Comité d'éthique du CNRS 137 ( * ) (Comets) : « l'ouverture des publications scientifiques laisse entrevoir des perspectives neuves très stimulantes parce qu'elles offrent un accès universel, pour tous, depuis n'importe quel lieu, et à n'importe quel moment, à l'intégralité du savoir humain ».
Pour l'Unesco 138 ( * ) , les valeurs fondamentales de la science ouverte découlent des répercussions éthiques, épistémologiques, économiques, juridiques, politiques, sociales et technologiques de l'ouverture de la science à la société et de l'élargissement de ces principes d'ouverture à l'ensemble du cycle de la recherche scientifique. L'organisation distingue parmi ces valeurs :
- la qualité et l'intégrité : la science ouverte devrait respecter la liberté académique et les droits humains et soutenir une recherche de haute qualité en rassemblant de multiples sources de connaissances et en mettant largement à disposition les méthodes et les résultats de recherche pour garantir un examen et un contrôle rigoureux, ainsi que des processus d'évaluation transparents ;
- l'intérêt collectif : bien public mondial, la science ouverte devrait appartenir en commun à l'humanité et bénéficier à l'humanité tout entière. À cette fin, les connaissances scientifiques devraient être librement accessibles, et leurs bienfaits universellement partagés. La pratique de la science devrait être inclusive, durable et équitable, y compris en termes d'opportunités d'enseignement scientifique et de renforcement des capacités ;
- l'équité et la justice : la science ouverte devrait largement contribuer à garantir l'équité entre les chercheurs des pays développés et des pays en développement, en permettant un partage juste et réciproque des apports et des productions scientifiques et un accès égal aux connaissances scientifiques, tant pour les producteurs que pour les utilisateurs de connaissances, quel que soit leur lieu de résidence, leur nationalité, leur race, leur âge, leur genre, leur niveau de revenu, leur situation socioéconomique, le stade de leur vie professionnelle, leur discipline, leur langue, leur religion, leur handicap, leur appartenance ethnique ou leur statut migratoire ou tout autre motif ;
- la diversité et l'inclusion : la science ouverte devrait englober une diversité de savoirs, de pratiques, de flux de travail, de langues, de résultats et de sujets de recherche qui soient adaptés aux besoins et au pluralisme épistémique de la communauté scientifique dans son ensemble, de toute une variété de communautés de recherche et de chercheurs, ainsi que du grand public et des détenteurs de savoirs extérieurs à la communauté scientifique traditionnelle, notamment les peuples autochtones et les communautés locales, et les acteurs sociaux issus de différents pays et régions, le cas échéant.
Le cadre des principes directeurs de la science ouverte doit permettre d'instaurer les conditions et les pratiques favorables au respect de ces valeurs et à la réalisation des idéaux de la science ouverte. C'est pourquoi l'Unesco énonce ces principes :
- la transparence, le contrôle, la critique et la reproductibilité : une ouverture accrue devrait être encouragée à toutes les étapes du travail scientifique afin de renforcer la solidité et la rigueur des résultats, d'accentuer l'impact de la science sur la société et de renforcer l'aptitude de la société dans son ensemble à résoudre des problèmes complexes. Cette plus grande ouverture aboutit à une transparence et à une confiance accrues dans l'information scientifique et renforce la caractéristique fondamentale de la science, qui est une forme de savoir particulière fondée sur la preuve et vérifiée à l'aune de la réalité, de la logique et du contrôle par des pairs scientifiques ;
- l'égalité des chances : tous les scientifiques et les autres acteurs et parties prenantes de la science ouverte, quel que soit leur lieu de résidence, leur nationalité, leur race, leur âge, leur genre, leur niveau de revenu, leur situation socioéconomique, le stade de leur vie professionnelle, leur discipline, leur langue, leur religion, leur handicap, leur appartenance ethnique ou leur statut migratoire, ou tout autre motif, ont les mêmes possibilités d'accéder à la science ouverte, d'y contribuer et d'en tirer avantage ;
- la responsabilité, le respect et l'obligation redditionnelle : une plus grande ouverture s'accompagne d'une responsabilité accrue de tous les acteurs de la science ouverte, responsabilité qui, avec les obligations à l'égard de la collectivité, la prise en compte des conflits d'intérêts, la vigilance quant aux éventuelles conséquences sociales et écologiques des activités de recherche, l'intégrité intellectuelle et le respect des principes et des implications éthiques liés à la recherche, devrait former le fondement de la bonne gouvernance de la science ouverte ;
- la collaboration, la participation et l'inclusion : les collaborations à tous les niveaux du processus scientifique - dépassant les frontières géographiques, les barrières linguistiques et les clivages entre les générations et les ressources - devraient devenir la norme et la collaboration entre les disciplines devrait être promue, de même que la participation pleine et effective des acteurs de la société et la prise en compte des savoirs des communautés marginalisées dans la résolution de problèmes d'importance pour la société ;
- la flexibilité : en raison de la diversité des systèmes, des acteurs et des capacités scientifiques dans le monde, ainsi que de la constante évolution des technologies de l'information et de la communication sur lesquelles ils s'appuient, il n'existe pas de méthode universelle pour pratiquer la science ouverte. Il convient d'encourager différentes voies de transition vers la science ouverte et différents moyens de la pratiquer, dans le respect des valeurs fondamentales citées plus haut et en favorisant le plus possible l'adhésion aux autres principes présentés ici ;
- la durabilité : pour être la plus efficiente et la plus efficace possible, la science ouverte devrait s'inspirer de pratiques, de services, d'infrastructures et de modèles de financement à long terme, qui garantissent la participation équitable des producteurs scientifiques issus d'institutions ou de pays moins favorisés. Les infrastructures de la science ouverte devraient être organisées et financées sur la base d'une vision durable et à but non lucratif essentiellement, permettant d'améliorer les pratiques de la science ouverte et de garantir à tous un accès permanent et sans restriction dans toute la mesure possible.
Ces valeurs et ces principes directeurs peuvent être résumés de la manière suivante :
Les valeurs et les principes de la science ouverte
Source : Unesco
La science ouverte pourra aussi aider à lutter contre les biais de publication, qui sont présents dans les revues et sont aggravés par les dynamiques propres aux médias 139 ( * ) .
2. Les relations entre la science ouverte, l'évaluation et la bibliométrie
L'évaluation par les pairs, qualitative par essence, longtemps dominante d'un point de vue historique s'est enrichie d'une évaluation de plus en plus quantitative dont la bibliométrie est l'exemple le plus connu 140 ( * ) . Ces méthodes simples fondées sur des données factuelles et objectives (quantité de travaux publiés et prestige de la revue où l'on publie) peuvent paraître séduisantes mais elles soulèvent plusieurs difficultés 141 ( * ) .
La valeur intrinsèque d'une recherche, son originalité, ce qu'elle apporte en termes d'innovation disparaissent au profit de la quantité de publications dans des revues, le plus souvent des revues à facteur d'impact (FI) élevé 142 ( * ) et sur la quantité de citations 143 ( * ) , considérées comme des approximations de la qualité et de l'impact. Cette évaluation quantitative affecte la reproductibilité des travaux de recherche et freine l'inclinaison des chercheurs à la collaboration, à l'ouverture et au partage. La « pression à la publication » crée de plus un cercle vicieux autour du prestige de certaines revues dont le « facteur d'impact » attire les chercheurs, les rendant de plus en plus onéreuses à travers le temps. Cette dérive qui consiste à accorder plus de valeur au contenant qu'au contenu doit être combattue : l'évaluation doit se faire sur des critères qualitatifs et non quantitatifs, afin de sortir de la course à la publication. La science ouverte avec l'initiative DORA ou l'appel de Paris peut aller dans ce sens 144 ( * ) . L'une des pistes permettant de calmer la course à la publication et de lutter contre la fraude scientifique pourrait aussi être de publier les résultats négatifs .
Dans tous les cas, il est urgent de lever la pression sur les chercheurs surtout que l'adage « publish or perish » qui désigne la nécessité de publier en quantité tend à se redoubler d'un nouvel adage « visible or vanish » pour souligner l'importance d'être visible, partagé et discuté sur les réseaux académiques et sociaux : en plus des indicateurs traditionnels sont pris en compte la visibilité sur Internet (appelée aussi « taux d'attention »), au travers des réseaux sociaux (notamment les partages sur Twitter et Facebook, le référencement sur des blogs, etc.), de la presse, du nombre de marque-pages sur la base Mendeley, ou encore le nombre de téléchargements sur les plateformes en accès ouvert comme ArXiv ou GitHub. De là sont nés de nouveaux outils de bibliométrie, appelés mesures d'impact alternatives , comme Altmetric 145 ( * ) ou Impacstory devenu OurResearch 146 ( * ) .
Le Haut Conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (Hcéres) aura un défi de premier plan à relever à ce niveau , surtout que le Peer review , dans un contexte de science ouverte laisse planer le doute sur l'identité et les modalités de la relecture : où, quand, comment et avec qui relire ? Sont-ce les comités de lecture au moment de l'édition, les chercheurs ou les organismes d'évaluation qui vont se charger d'évaluer la valeur intrinsèque d'une recherche ?
L'intégrité scientifique, dont les relations avec la science ouverte sont traitées plus loin, figure bien dans les critères d'évaluation du Hcéres mais de nouveaux critères devront être identifiés, en distinguant les STM des SHS .
La politique d'évaluation des chercheurs devra faire à nouveau prévaloir la qualité sur la quantité et parmi ces nouveaux critères la valorisation de la recherche, l'administration ou encore le travail réalisé en tant que relecteur pourraient être reconnus .
Les indicateurs retenus par le Hcéres, utilisés aussi pour le suivi de la performance budgétaire 147 ( * ) , ne permettent pas de bien évaluer les productions des SHS, car ils laissent le livre de côté. Or en SHS ce dernier est un produit scientifique particulier qui peut être lu à la fois par des scientifiques, mais aussi par des lecteurs éclairés. L'existence de ce lectorat « grand public » n'est pas prise en compte . Or, il donne une valeur supplémentaire au livre. En prenant d'autres critères, par exemple la contribution des SHS au débat public, cet apport sociétal pourrait être davantage pris en compte . Pour l'heure, une partie importante des productions des SHS est donc ignorée des évaluations, notamment de celles du Hcéres. Cela n'est pas sans conséquence pour le statut du livre, déjà largement oublié par la science ouverte.
3. Le livre, angle mort de la science ouverte
Le livre ne fait pas l'objet d'une prise en charge satisfaisante dans les initiatives de science ouverte , la promotion de publications en accès ouvert ayant surtout porté jusqu'à présent sur les articles scientifiques ou les communications de congrès. Si son rôle est souvent réduit en STM (dans certains cas il a même disparu), les SHS continuent d'avoir besoin de monographies (livre ou traité non périodique). Or la science ouverte, dans son premier volet historique relatif aux publications, est d'abord une initiative visant, en particulier, les articles de revues de STM .
Cette situation hors champ des monographies fait du livre un angle mort de la science ouverte , un impensé qui pourrait avoir de graves répercussions sur le savoir scientifique en SHS , surtout dans certaines disciplines où il est nécessaire d'en revenir régulièrement à quelques grands ouvrages mais aussi à des petits livres, publiés par de petits éditeurs, nombreux en France. La forme imprimée est dans ce cas la seule qui garantisse de passer à travers les épreuves du temps .
Sur le plan économique, et singulièrement pour les éditeurs français dans l'édition universitaire et scolaire, l'enjeu est encore plus considérable puisqu'il en va de leur survie. Ce qui vaut pour les livres individuels est encore plus vrai pour les livres collectifs, issus de projets de recherche collectifs, d'un colloque ou d'une rencontre scientifique, dont les tirages et la valeur marchande sont faibles dès l'origine, d'où un marché de niche essentiellement occupé par les éditeurs universitaires, qu'il ne faut pas abandonner.
Cet oubli du livre concerne aussi les pratiques d'évaluation , puisqu'il ne semble pas être un vecteur scientifique pleinement reconnu. Ainsi, le suivi bibliométrique effectué par le Hcéres ignore ce support 148 ( * ) , alors même qu'en 2018 l'Observatoire des sciences et techniques, paradoxalement placé sous sa houlette a réalisé une analyse bibliométrique de la production de l'université Bordeaux Montaigne montrant la part majoritaire des ouvrages dans la production scientifique des unités : « plus des deux tiers des publications majeures par l'ensemble des unités SHS sont des ouvrages ayant une audience régionale ou nationale ». La conclusion de l'étude est claire : « si l'objectif est de répertorier les productions d'un établissement plutôt SHS de la manière la plus exhaustive possible, le WoS (la base Web of Science) n'est pas le corpus approprié car il n'est pas suffisamment représentatif ». Les indicateurs retenus ne permettent pas de bien évaluer la production en SHS. Il y a donc une sorte de raisonnement circulaire qui enferme le livre et les SHS dans la marginalité. Le président du Haut Conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (Hcéres), Thierry Coulhon, a, lors de son audition, fait part de son projet d'engager une réflexion sur les moyens de divulgation de la science par champ disciplinaire en vue de reconnaître les spécificités de certains d'entre eux et de reconnaître au cas par cas la place du livre .
Le mouvement de la science ouverte ne peut qu'avoir des répercussions sur la politique du livre . La frontière est en effet ténue entre la publication d'articles scientifiques et la parution d'ouvrages. Cela ne concerne pas seulement les recueils d'articles. Quelle valeur marchande peuvent-ils encore avoir s'ils sont en tout ou partie déjà téléchargeables gratuitement ? Le travail de l'éditeur est alors mis au même niveau que celui de l'imprimeur : l'acquisition d'un ouvrage par un chercheur ne se justifie plus que par des raisons de maniabilité ou de moindre coût, si l'impression individuelle revient trop chère.
Le numérique et l'accès ouvert ne sauraient suffire à la conservation d'ouvrages pourtant précieux et il faut en la matière bien distinguer entre le caractère périssable des publications en STM et la valeur durable de nombreux textes de SHS. L'obsolescence rapide d'un article de physique ou de mathématique ne vaut pas pour une étude historique, sociologique ou archéologique.
Il a été vu que le Plan S est - pour le moment - limité aux revues et aux données de recherche, mais l'association Science Europe entend peser pour que les monographies soient disponibles gratuitement et immédiatement sous forme numérique 149 ( * ) . Jean-Yves Mérindol rappelle que le développement de l'accès ouvert pour les monographies nécessite des concertations, pas encore engagées en France, avec les éditeurs scientifiques et les libraires : « des décisions unilatérales, même si elles étaient financées - et rien de tel n'est en place aujourd'hui en France - affecteraient les éditeurs privés et les éditeurs publics. Les modèles économiques des presses universitaires, déjà désorganisés par l'incapacité de la Fondation de la Maison des sciences de l'homme de rétablir un système de diffusion digne de ce nom, pourraient se trouver très ébranlés, sauf à imaginer que les universités et écoles qui les soutiennent augmentent très nettement leurs subventions ».
* 136 Un rapport de trois Académies américaines, « Reproducibility and Replicability in Science », publié en 2019, distingue les termes de reproductibilité de celui de réplicabilité. Le premier désigne le fait d'obtenir des résultats persistants quand sont utilisés les mêmes données, étapes de calcul, méthodes, codes et conditions d'analyse. Le second consiste à obtenir les mêmes résultats dans plusieurs études destinées à répondre à la même interrogation scientifique, chacune utilisant des données différentes, mais parvenant au même résultat. Cf. Alexandre Hocquet, « Reproduire un résultat scientifique : plus facile à dire qu'à faire », The Conversation, mars 2020, https://theconversation.com/reproduire-un-resultat-scientifique-plus-facile-a-dire-qua-faire-129848
* 137 Cf. l'avis n°2019-40 du Comets « Les publications à l'heure de la science ouverte », paru en 2020 : https://www.ouvrirlascience.fr/wp-content/uploads/2020/02/COMETS_Les-publications-a-lheure-de-la-science-ouverte_Avis-2019-40-1.pdf
* 138 Cf. sa recommandation de novembre 2021 pour la science ouverte : https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000379949_fre
* 139 Comme le montre la méta-analyse de François Gonon, Estelle Dumas-Mallet et Sébastien Ponnou sur « La couverture médiatique des observations scientifiques concernant les troubles mentaux », le choix des sujets traités par les médias accentue gravement les distorsions déjà présentes dans la littérature scientifique, à savoir les biais de publication privilégiant les observations initiales et celles qui rapportent un effet positif. Il en résulte que les médias informent rarement le public du caractère incertain des études initiales et négligent les études rapportant une absence d'effet, surtout les observations rapportées par les médias sont souvent contredites par les recherches ultérieures sans que le public en soit informé. Cf. https://cahiersdujournalisme.org/V2N3/CaJ-2.3-R045.html ainsi que les nombreux travaux de l'Institut des systèmes complexes (ISC-PIF) et de son directeur David Chavalarias sur les relations entre les réseaux sociaux et les dynamiques de la connaissance https://iscpif.fr/chavalarias/?page_id=34
* 140 Cf. Yves Gingras, Les Dérives de l'évaluation de la recherche. Du bon usage de la bibliométrie , Raisons d'agir, 2014.
* 141 Ces indicateurs bibliométriques sont utilisés pour évaluer la production et, implicitement, la valeur d'un chercheur mais ne peuvent ni ne doivent se substituer à l'évaluation qualitative par les pairs. On désigne par bibliométrie « l'ensemble des procédures qui contribuent à l'évaluation de la production scientifique d'un chercheur (ou d'un ensemble de chercheurs) à partir du nombre de ses publications, du prestige des revues dans lesquelles elles ont été faites, et des citations auxquelles elles ont donné lieu », comme le précise l'Académie des sciences, dans son avis de 2011 « Du bon usage de la bibliométrie pour l'évaluation individuelle des chercheurs ». Elle y souligne aussi qu'il est « indispensable de rappeler qu'aucun indicateur ni aucun ensemble d'indicateurs ne peuvent résumer à eux seuls la qualité de la production scientifique d'un chercheur ». Cf. https://www.academie-sciences.fr/pdf/rapport/avis170111.pdf
* 142 Le « facteur d'impact » (FI), calculé à partir du nombre d'articles cités dans une revue sur une période donnée, a été mis au point à l'origine en 2005 par Thomson Reuters afin d'aider les bibliothécaires à identifier les revues scientifiques à acheter, mais n'a jamais été destiné à mesure la qualité d'un chercheur ou de son travail. Aujourd'hui, il est détourné de son usage premier par les jurys de recrutement et évaluateurs afin d'estimer la qualité du travail d'un chercheur, en prenant en compte à la fois le nombre d'articles publiés par un chercheur et le nombre de citations reçues. Une enquête de l'INSERM de 2018 a révélé que les deux critères présidant parmi les sondés au choix de la revue de publication était basés sur la bibliométrie : à 93% sur l'argument du facteur d'impact et à 96% sur la renommée que détient la revue dans le champ disciplinaire. Cf. Nathalie Duchange, Aïda Karniguian et Michel Pohl, « Résultats de l'enquête sur l'accès aux revues scientifiques et l'Open Access », INSERM, 2018.
* 143 Le nombre total de citations peut accuser un biais, car la qualité d'un article ne se juge pas nécessairement à l'aune de ces citations (un article polémique ou pseudoscientifique peut être cité un grand nombre de fois) et la position de l'auteur dans la signature n'est pas prise en compte, si bien qu'il peut avoir contribué de manière minimale à un article extrêmement bien cité par ses pairs.
* 144 Ils mettent en avant le fait que ces facteurs d'impact sont inopérants et biaisés (notamment parce que d'une revue à l'autre les distributions de citations sont asymétriques, qu'ils peuvent être aisément manipulés), présente d'autres indicateurs centrés sur l'article et non sur la revue, et insiste sur l'importance de se tourner vers des modes de publication ouverts.
* 145 Altmetric une société de science des données lancée en 2011 qui repère où la recherche publiée est mentionnée en ligne et fournit des outils et des services aux institutions, éditeurs, chercheurs, bailleurs de fonds et autres organisations pour surveiller cette activité, communément appelée altmetrics .
* 146 Il s'agit d'un outil en ligne gratuit qui permet de créer un profil de chercheur et de déposer tout type de documents auxquels sont attribués des altmetrics .
* 147 Cf. https://www.hceres.fr/fr/indicateurs-pour-la-loi-organique-relative-aux-lois-de-finances-lolf
* 148 La veille bibliométrique qu'il réalise utilise les articles de revues et de publications de colloques. Cf. https://www.hceres.fr/fr/base-ost-wos
* 149 Elle a publié en 2019 une communication qui recommande un effort pour inclure les livres dans les plans de transition vers l' Open Access et défini une vingtaine de principes à respecter pour mener ces transitions, cf. https://www.scienceeurope.org/our-resources/briefing-paper-on-open-access-to-academic-books/