II. LES RECOMMANDATIONS DE LA DÉLÉGATION POUR METTRE EN PLACE DES POLITIQUES PUBLIQUES SPÉCIFIQUES ET INTÉGRÉES RELATIVES À L'EMPLOI DES FEMMES DANS LES TERRITOIRES RURAUX

La question de l'emploi des femmes dans les territoires ruraux constitue aujourd'hui un enjeu majeur pour ces territoires .

En effet, ainsi que le soulignait Jacqueline Gourault, ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, en introduction du guide précité du CGET sur les outils et bonnes pratiques pour favoriser l'emploi des femmes dans les territoires ruraux, publié en mars 2019 : « les femmes de ces territoires, et singulièrement les plus jeunes (...) sont exposées à des difficultés majorées par rapport aux hommes dans l'accès à l'emploi et sont très largement concernées par le travail à temps partiel. La conjonction de plusieurs facteurs explique ce phénomène : les caractéristiques et ressources de ces territoires, leur tissu d'emploi, la prégnance de stéréotypes sexués en matière d'orientation et de mixité professionnelle, ainsi que divers freins qualifiés de périphériques (au premier rang desquels l'insuffisance et l'inadaptation de l'offre de garde d'enfants et les problèmes de mobilité). Ces différents facteurs pèsent de façon accentuée sur les femmes et obèrent leurs possibilités d'accéder à un emploi décent, durable et conforme à leurs qualifications et à leurs attentes ».

Forte de ces constats, la délégation formule six recommandations de nature, d'une part, à encourager les outils et bonnes pratiques en faveur de l'égalité et l'insertion professionnelles des femmes dans les territoires ruraux, d'autre part à favoriser l'essor des filières d'avenir pourvoyeuses d'emploi pour développer l'emploi des femmes en milieu rural.

A. DÉVELOPPER DES OUTILS ET BONNES PRATIQUES EN FAVEUR DE L'INSERTION ET DE L'ÉGALITÉ PROFESSIONNELLES

1. Développer les données genrées et indicateurs sexués relatifs à l'emploi dans les territoires ruraux

Afin d'avoir une connaissance précise de l'état de l'emploi des femmes dans les territoires ruraux et des difficultés qu'elles rencontrent, la délégation recommande de disposer de plus de données genrées et indicateurs sexués.

L'étude précitée du CGET de mars 2018, intitulée Améliorer l'accès à l'emploi des femmes dans les territoires ruraux , regrettait notamment que « peu de données sexuées permettent d'objectiver la question de l'emploi des femmes dans les territoires ruraux ».

La délégation constate néanmoins que, de ce point de vue, d'importants progrès ont été réalisés depuis la publication du CGET de mars 2018.

Elle tient en effet à souligner qu'un effort important en la matière a été réalisé par l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) qui, par le biais de son Observatoire des territoires, publie annuellement des données genrées relatives à l'accès à l'emploi des femmes dans les territoires ruraux. Ces données et indicateurs sexués permettent notamment de disposer d'un diagnostic clair et objectif de la situation professionnelle des femmes en milieu rural et, ainsi, de proposer des solutions pour lever les freins à l'emploi des femmes dans les territoires ruraux et favoriser leur insertion professionnelle.

La fiche d'analyse précitée de l'Observatoire des territoires, publiée le 8 mars 2021, sur la dimension territoriale de l'accès à l'emploi des femmes, est une excellente illustration de la meilleure prise en compte de l'égalité dans la définition des politiques de l'emploi dans les territoires ruraux. L'Observatoire des territoires met en effet à disposition des indicateurs sexués permettant d'objectiver la situation des femmes dans les territoires ruraux.

Ainsi que le précisait Sylviane Le Guyader, cheffe du pôle analyses et diagnostics de l'ANCT, lors de son audition par la délégation le 11 mars 2021 : « l'Observatoire des territoires existe depuis plus de quinze ans. Nous veillons à enrichir les données au fil des ans. Les données genrées sont de plus en plus présentes sur notre site, dont le meilleur exemple est l'application Sofie ».

Sofie (Système d'observation sur les femmes et d'information sur l'emploi) est en effet une application interactive développée en 2019. Elle propose un découpage très fin du territoire - à l'échelle des intercommunalités et des ETP de la métropole du Grand-Paris (pour la nouvelle version) - avec un certain nombre d'indicateurs sur un territoire observé. L'outil présente les caractéristiques de l'accès à l'emploi des femmes - taux d'inactivité, chômage, temps partiel, contrats précaires et insertion des jeunes - et des freins à l'accès à l'emploi des femmes selon les territoires. Il permet notamment de faire apparaître des écarts genrés ; de comparer les territoires et d'aborder le thème des freins indépendamment des composantes liées à la formation et à l'emploi. Il propose des indicateurs relatifs à la composition de la famille - part des familles monoparentales ou nombreuses - à la non-mixité de l'offre d'emploi et de l'offre de formation, à l'accueil des jeunes enfants, à l'éloignement des écoles et au trajet domicile-travail.

La délégation recommande donc une généralisation à l'ensemble des territoires ruraux de l'utilisation de cette application par les intercommunalités afin de disposer d'un diagnostic complet de l'emploi des femmes en zones rurales .

En outre, dans le cadre du suivi de la mise en oeuvre des 181 mesures de l'Agenda rural en faveur des zones rurales, la délégation recommande le développement, à chaque fois que nécessaire, d'un suivi genré de l'application des mesures pouvant avoir un impact sur l'égalité femmes-hommes dans les territoires et notamment sur l'insertion professionnelle des femmes.

Ainsi que le soulignait Géraldine Derozier, cheffe du projet ruralité au sein du programme Ruralité-Montagne de l'ANCT, lors de son audition par la délégation le 11 mars 2021, si aucune mesure de l'Agenda rural « ne concerne spécifiquement l'égalité femmes-hommes, (...) plusieurs contribuent à favoriser un meilleur équilibre et à répondre à des enjeux d'égalité des chances. Je pense notamment aux dispositifs de mobilité, car la mobilité, en particulier au moyen de la voiture, représente un enjeu essentiel en milieu rural ».

L'ANCT a ainsi soutenu un appel à projets des missions locales, visant à aider les jeunes ruraux qui rencontrent des difficultés à accéder au permis de conduire en leur permettant de s'entraîner sur des simulateurs de conduite en complément des heures de conduite dispensées dans les auto-écoles, afin de mieux les préparer et de les mettre en confiance tout en limitant le nombre d'heures de conduite. L'application de cette mesure sera suivie selon un filtre genré qui donnera accès à des données femmes-hommes sur les bénéficiaires de ces dispositifs. L'ANCT estime qu'environ soixante-dix missions locales de milieu rural mettront en place ces simulateurs de conduite.

L'ANCT travaille également avec l'Agence du service civique afin de développer ce dernier dans les zones rurales : les résultats de ce dispositif seront également genrés.

Enfin, la mise en oeuvre du nouveau dispositif « volontariat territorial en administration » qui vise à proposer un premier emploi aux jeunes diplômés de master en ingénierie dans les communes rurales, dans le cadre d'un contrat allant de un an à 18 mois et soutenu financièrement par l'ANCT à hauteur de 15 000 euros, devrait également faire l'objet d'un suivi sexué.

Recommandation n° 14 : Généraliser à l'ensemble des territoires ruraux le développement de données genrées et indicateurs sexués relatifs à l'emploi des femmes afin de disposer d'un diagnostic, à l'échelle de chaque territoire, du degré d'insertion et de la situation professionnelle des femmes.

2. Lever les freins directs et périphériques à l'emploi des femmes dans les territoires ruraux

Les freins directs et périphériques à l'emploi des femmes en milieu rural sont connus et ont déjà été évoqués par la délégation dans le cadre du présent rapport :

- la persistance de stéréotypes sexués en matière d'orientation scolaire et la faible mixité dans l'apprentissage ;

- les conditions de mobilité qui restreignent le bassin d'emploi potentiel des femmes en milieu rural ;

- les solutions de garde d'enfants qui font parfois défaut dans ces territoires.

Agir sur ces freins en mobilisant les outils pertinents est donc indispensable ainsi que l'a souligné l'Agence nationale de la cohésion des territoires lors de son audition par la délégation le 11 mars 2021.

La mobilité, notamment, constitue un frein périphérique majeur à l'accès à l'emploi et à la formation, en particulier pour les femmes en milieu rural .

Pour agir sur les conditions de mobilité des femmes en milieu rural, l'ANCT a indiqué à la délégation qu'un levier d'action existe, notamment à l'échelle de l'intercommunalité, et précisé qu'« un travail plus précis mettra en évidence les fragilités d'un territoire donné et les actions spécifiques à mener. La mobilité nécessite notamment une analyse fine des distances, à la dizaine de kilomètres près. Nous savons qu'il est vain de proposer à des femmes de travailler à cinquante kilomètres de leur domicile, car cette distance créera des difficultés pour elles. Pour identifier les besoins des territoires sur ces questions, toutes les politiques de droit commun de tous les ministères méritent d'être déclinées à l'échelle territoriale fine proposée au travers des [nouveaux] CRTE (Contrats de relance et de transition écologique) ».

En outre, Géraldine Derozier, cheffe de projet ruralité au sein du programme Ruralité-Montagne de l'ANCT, a mis en avant, au cours de son audition par la délégation le 11 mars 2021, plusieurs projets territoriaux, soutenus par l'ANCT, destinés à améliorer les conditions de mobilité des femmes dans les territoires ruraux et dont la délégation estime nécessaire de s'inspirer pour améliorer l'emploi des femmes en zones rurales :

- le projet Tressons vise à analyser et à renforcer l'impact de l'économie sociale et solidaire (ESS) sur les territoires ruraux et à permettre aux femmes de prendre toute leur place dans de nombreux domaines. Il propose notamment des solutions pour développer leur mobilité ;

- des initiatives de « pays » ou d'intercommunalités émergent pour proposer des solutions de covoiturage et de prêt de véhicules en collaboration avec le tissu associatif local, tels que les réseaux de covoiturage gratuits, comme Rezo Pouce , ou des réseaux sécurisés pour les mineurs ;

- certaines solutions de garde d'enfants encouragent également la mobilité des femmes en leur permettant d'accepter des horaires décalés. Il existe des micro-crèches et des crèches parentales à horaires décalés.

La délégation recommande donc de soutenir davantage de projets territoriaux destinés à lever les freins périphériques à l'emploi des femmes dans les territoires ruraux, notamment ceux permettant d'améliorer les conditions de mobilité des femmes et ceux développant des solutions adaptées de garde d'enfants (voir supra partie mobilité et articulation des temps de vie).

3. S'inspirer des nombreuses bonnes pratiques locales pour définir les grandes lignes d'une approche territorialisée de l'emploi des femmes en milieu rural

Dans son guide des outils et bonnes pratiques pour favoriser l'accès à l'emploi des femmes dans les territoires ruraux, publié en mars 2019, le CGET proposait notamment, dans le prolongement de son étude réalisée en mars 2018, le recensement d'un certain nombre de bonnes pratiques locales destinées à favoriser l'insertion professionnelle des femmes dans les territoires ruraux à travers le témoignage de différents acteurs locaux impliqués dans la politique de l'emploi en milieu rural.

L'étude de mars 2018 avait en effet mis en exergue l'existence de plusieurs initiatives remarquables émanant des territoires et de leviers pour favoriser l'emploi des femmes dans les zones rurales.

Dans cet esprit, le guide publié par le CGET en mars 2019 a pour but d'objectiver les inégalités sexuées et territoriales afin de mieux les combattre et soutenir le développement de multiples actions au sein des politiques contractuelles et partenariales.

Il insiste notamment sur la nécessité de mettre en place une logique partenariale et intégrée pour lever les différents freins à l'emploi des femmes dans les territoires ruraux qui doit englober tous les acteurs locaux de cette politique publique : les collectivités territoriales (régions, départements, intercommunalités, communes), les services déconcentrés de l'État, le tissu associatif et économique local (diagnostic territorialisé), mais aussi les fonds européens mobilisables dans ce domaine.

S'agissant de la mise en place d'une approche territoriale intégrée permettant de lever les freins à l'emploi des femmes dans les territoires ruraux , Sylviane Le Guyader, cheffe du pôle analyses et diagnostics de l'ANCT a notamment insisté devant la délégation sur l'importance de la contractualisation comme niveau d'intervention : « les nouveaux contrats de relance et de transition écologique, ou CRTE, seront proposés au niveau de l'intercommunalité sur tout le territoire national, y compris en outre-mer. Ils s'adosseront aux contractualisations habituelles que sont les contrats de plan État-Région ou les programmes européens. Ils permettront ainsi de travailler plus finement au niveau local. Dans ce cadre, les élus locaux auront l'opportunité de mieux prendre en compte la problématique des femmes. Ces périmètres de contrat ont été proposés par les acteurs locaux et sont coordonnés par les préfets de département ».

L'analyse des bonnes pratiques locales mises en avant par le guide du CGET de mars 2019 a notamment permis de dégager plusieurs « principes et orientations [qui] doivent constituer le fil rouge des politiques locales dans ce domaine :

- la nécessité de décloisonner les politiques publiques pour traiter de façon coordonnée les inégalités sexuées, sociales et territoriales ;

- l'importance d'agir dans une approche territorialisée en tenant compte de la situation (géographique, démographique, socio-économique...), des besoins et des ressources souvent spécifiques à chaque territoire ;

- la plus-value de la démarche de projet à partir d'un diagnostic territorialisé et partagé , s'inscrivant dans des politiques partenariales (du contrat de plan État-Région au contrat de ruralité) prenant en compte la dimension systémique des inégalités sexuées et mobilisant des partenaires pluriels (État, collectivités territoriales, acteurs économiques et sociaux...) ;

- l'exigence d'une augmentation et d'une adaptation de l'offre de garde d'enfants aux besoins des familles mais également des entreprises des territoires ruraux de façon à tenir compte en particulier des horaires de travail atypiques et/ou des contraintes de mobilité ;

- l'importance de prendre en compte la diversité des situations des femmes (jeunes femmes, seniors, personnes en situation de précarité, femmes peu ou au contraire diplômées...) en mobilisant les dispositifs appropriés (par exemple, le nouveau plan de lutte contre la pauvreté) et en offrant à toutes les femmes, quel que soit leur niveau de diplôme des perspectives d'emploi durable et valorisant ;

- faire progresser l'égalité professionnelle nécessite d'avancer dans la mixité professionnelle alors qu'en France seuls 17 % des métiers sont mixtes, et de favoriser la conciliation de la vie personnelle et de la vie professionnelle ».

Recommandation n° 15 : Mettre en place une logique partenariale et intégrée pour lever les freins à l'emploi des femmes dans les territoires ruraux qui doit englober tous les acteurs locaux de cette politique publique : collectivités territoriales (régions, départements, intercommunalités, communes), services déconcentrés de l'État, tissu associatif et économique local (diagnostic territorialisé), fonds européens mobilisables dans ce domaine.

Recommandation n° 16 : Mettre à disposition des territoires ruraux une base de données commune recensant les expérimentations et bonnes pratiques locales développées par certaines collectivités pour améliorer l'accès à l'emploi des femmes en milieu rural.

4. Promouvoir un accompagnement global des femmes dans l'accès à l'emploi en milieu rural en s'inspirant de l'action des centres d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF)

Les CIDFF exercent une mission d'intérêt général qui leur est confiée par l'État. Ils ont pour objectif de promouvoir l'égalité entre les femmes et les hommes ainsi que l'autonomie sociale et professionnelle des femmes en leur permettant l'accès aux droits, en luttant contre les violences sexistes et sexuelles, en les accompagnant vers l'emploi, en intervenant sur les thématiques de la conjugalité, de la parentalité, de la santé ou de l'éducation. Les domaines d'intervention sont très vastes et varient selon les territoires.

La FNCIDFF, Fédération nationale des Centres d'information sur les droits des femmes et des familles, assure la direction stratégique de 104 CIDFF répartis sur tout le territoire métropolitain et ultramarin.

Pour être au plus près du public, les CIDFF animent des permanences. En 2020, on dénombrait plus de 2 000 lieux de permanence, dont 403 sont installés dans des territoires ruraux , dans des mairies, des centres communaux d'action sociale ou des maisons de service au public. Dans le cadre de ces permanences, le nombre de femmes au chômage sollicitant les CIDFF est nettement supérieur en milieu rural à celui des permanences en zone urbaine.

Les CIDFF mènent, dans les territoires ruraux, plusieurs actions de nature à aider les femmes dans leur insertion professionnelle, telles que :

- l'accompagnement des femmes vers l'emploi ou la formation sur des territoires ruraux ou périurbains ;

- des ateliers parentalité-emploi qui abordent le frein à l'insertion lié au mode de garde des enfants ;

- des diagnostics de territoire : les CIDFF peuvent, à travers leurs statistiques locales, repérer les besoins sur une commune précise, analyser ces besoins (information juridique et/ou information sur l'emploi) et les confronter ensuite par des échanges avec les acteurs locaux (partenaires sociaux, élus...) ;

- des actions de sensibilisation et de formation à l'égalité femmes-hommes et à l'élargissement des choix professionnels des femmes.

Plus concrètement, la FNCIDFF a développé plusieurs projets dans les territoires ruraux en lien avec l'insertion socioprofessionnelle des femmes, tels que :

- le projet Fais ! ( Femmes Actrices de leur Insertion dans les Territoires Ruraux ), financé par le CGET et la Caisse nationale d'allocations familiales, a pu être expérimenté dans deux territoires, l'Aisne et le Cantal.

Il visait à rendre les femmes actrices de l'insertion sociale et professionnelle dans les territoires ruraux, en dressant un diagnostic de l'offre existante en matière d'accompagnement vers l'emploi ou vers la formation. Il listait également tous les moyens permettant d'accéder aux centres de formation ou aux dispositifs d'accompagnement vers l'emploi, avant d'émettre des préconisations sur des dispositifs à mettre en place au niveau de la commune pour les élus.

Cette action expérimentale, pilotée par la FNCIDFF et soutenue par le CGET, rappelle l'importance de placer les bénéficiaires elles-mêmes au coeur des politiques publiques en partant de leurs besoins et de leurs propositions.

- le projet TouteSport , mis en place en 2018 dans les territoires ruraux, auquel ont participé une vingtaine de CIDFF, a pour objectif de développer une nouvelle méthodologie d'accompagnement pour les femmes informées dans les CIDFF : lever les freins à l'insertion sociale et professionnelle par le biais de la pratique physique, collective et régulière.

Recommandation n° 17 : Conforter l'action des CIDFF au sein des territoires ruraux en faveur d'un accompagnement global des femmes dans l'accès à l'emploi en milieu rural.

INSERTION SOCIOPROFESSIONNELLE ET RETOUR À L'EMPLOI PAR LE SPORT

Focus sur le programme TouteSport ! de la FNCIDFF

LA GENÈSE DU PROJET

Le projet TouteSport ! s'inscrit dans un contexte où les inégalités femmes-hommes face à l'accès à la pratique du sport, en particulier dans les zones prioritaires, sont encore trop importantes.

La FNCIDFF avait pour objectif de développer une nouvelle méthodologie d'accompagnement pour les femmes informées dans les CIDFF : à savoir lever les freins à l'insertion sociale et professionnelle par le biais de la pratique physique, collective et régulière.

En 2016, la première édition TouteSport ! était centrée sur les habitantes des quartiers prioritaires de la ville (QPV). En 2018, à la demande des CIDFF et à la vue des résultats encourageants de la première édition, le deuxième volet TouteSport ! s'est également tourné vers les milieux ruraux. Les freins travaillés étaient similaires : mobilité, mode de garde mais avec des particularismes liés au milieu rural (absence de moyens de transport en commun par exemple).

LE FINANCEMENT DU PROJET

Le projet a été financé au niveau national par le ministère des sports et AG2R LA MONDIALE. Les fonds propres mis à disposition du projet par la FNCIDFF proviennent des fonds alloués annuellement par le ministère chargé de l'égalité entre les femmes et les hommes, l'égalité des chances et la diversité. Au niveau local, les CIDFF ont obtenu des financements ponctuels de la part des collectivités territoriales (communes et départements) mais aussi d'autres partenaires tels que la Fondation de France.

LES LEVIERS D'ACTION DU PROJET

1. Une action « emploi » dans la durée

À travers le projet TouteSport ! , le sport est considéré comme un outil au service du parcours d'insertion sociale et professionnelle car il apporte des compétences organisationnelles transférables dans la sphère professionnelle. Les femmes sont ainsi accompagnées pendant près de deux ans avec des entretiens individuels.

2. Un accompagnement transversal et global

L'innovation du projet réside dans le fait de prendre en compte la personne dans sa globalité : santé, mobilité, articulation des temps de vie, confiance en soi, connaissance de son tissu local. L'ensemble de ces thématiques sont abordées et travaillées avec les femmes (séances d'informations collectives, diagnostic des freins, plan d'action).

3. Une sensibilisation à l'égalité femme-homme et à la mixité

Le projet TouteSport ! s'appuie sur un travail de sensibilisation à la mixité dans le sport et dans l'espace public. Les CIDFF organisent des ateliers de sensibilisation, tout au long du programme, avec les femmes bénéficiaires du programme afin de leur permettre de prendre conscience des inégalités de genre existantes et de travailler à déconstruire les stéréotypes dans le champ du sport et plus largement dans l'espace public.

4. Un dispositif citoyen ancré dans le territoire

Il s'agit d'inscrire l'action au plus près du territoire et de promouvoir la citoyenneté active des femmes bénéficiaires du programme. Les femmes, accompagnées dans le cadre de ce programme, vont au cours du projet apprendre à connaître leur territoire (atelier de cartographie et de repérage) et s'investir sur leur territoire (diagnostic de territoire, marches exploratoires). Par ailleurs, elles vont s'impliquer dans leur commune en participant et/ou en organisant des événements sportifs et solidaires sur leur territoire. Enfin, le projet TouteSport ! implique un véritable maillage associatif et partenarial et de faire travailler ensemble plusieurs acteurs (associatifs, sportifs, collectivités) afin de favoriser la pratique physique des femmes.

5. Les femmes, actrices du projet

Les femmes bénéficiaires de l'action sont impliquées à tous les stades du projet. À titre d'exemple, ce sont les femmes elles-mêmes qui vont réaliser le diagnostic sur les freins à la pratique sportive, préalable à leur engagement dans une activité physique ou sportive. Elles vont également choisir l'activité sportive qu'elles souhaitent pratiquer.

LE BILAN DU PROJET

25 territoires ont déployé ce projet : 300 femmes accompagnées - 90 % des femmes sont rentrées dans une démarche d'insertion professionnelle - 18 projets professionnels formalisés - plus de 25 activités physiques et/ou sportives découvertes.

La majorité des femmes accompagnées ont continué à pratiquer après le projet et après avoir retrouvé un emploi (en groupe ou a minima en individuel).

La pratique régulière du sport a modifié le rapport au corps et à l'estime de soi des femmes.

TouteSport ! a permis à des femmes isolées de développer un lien social et de rompre avec une forme d'enfermement dans leur foyer. En effet, le projet implique un groupe d'une dizaine de femmes. Sur l'ensemble des CIDFF, elles ont créé des groupes WhatsApp , des initiatives de solidarité (covoiturage) afin de conserver le lien social suite au projet.

Le projet a participé à l'autonomisation des participantes impliquées dans les décisions du projet notamment à travers l'outil « plan d'action » et le diagnostic de territoire.

TouteSport ! facilite la projection des femmes dans une trajectoire professionnelle future en rendant possible la conciliation de différents temps de vie. 90 % des femmes sont rentrées dans une démarche d'insertion professionnelle grâce au projet TouteSport ! (formation, CDD ou CDI).

LES PERSPECTIVES DE DÉVELOPPEMENT DU PROJET

Les perspectives de développement du projet sont nombreuses et notamment en milieu rural. Cet essaimage sera renforcé par la FNCIDFF avec des formations à la méthodologie du projet prévu chaque année pour que de nouveaux CIDFF développe le projet TouteSport ! sur leur territoire.

TouteSport ! est d'ores et déjà déployé dans les territoires ruraux suivants : Seine-Maritime, Gers, Charente, Ardèche, Haute-Saône, Oise, Cantal. En 2021, les perspectives de déploiement sont les suivantes : Somme, Loir-et-Cher, Lozère, Alpes de-Haute-Provence, Alpes maritimes, Morbihan, Finistère, etc.

Les perspectives de développement sont grandissantes notamment vers de nouveaux publics cibles, comme par exemple en Haute-Saône avec la déclinaison de TouteSport ! pour des femmes en situation de monoparentalité en zone rurale ou dans le Gers, avec des femmes demandeuses d'asile résidant en zone rurale (avec un travail particulier sur le frein linguistique et la connaissance des modes de garde existants sur le territoire).

Le développement du projet TouteSport ! au niveau national passe également par le renforcement des partenariats existants, notamment avec l'UFOLEP.

Source : FNCIDFF

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