D. ENSEIGNEMENT N° 4 - LES CIRCUITS DE DISTRIBUTION POURRAIENT NON PAS SE DIVERSIFIER MAIS SE CONCENTRER
La grande distribution a répondu à la très grande majorité de la consommation des ménages durant la crise. Malgré le recul de leurs ventes de produits non alimentaires (- 3,9 %) et plus nettement encore de carburants (- 8,7 %) 110 ( * ) compte tenu des effets du confinement, la hausse des ventes de + 5,1 % de denrées alimentaires dans ces lieux a été très bénéfique au secteur de la distribution en France au mois de mars. Toutefois, la chute plus prononcée des ventes de carburants en avril (- 55 %) a fortement pénalisé leur activité. Sur les mois de février, mars et avril 2020, le chiffre d'affaires de la grande distribution est en recul de 1,3 % par rapport à 2019 111 ( * ) . Il faut toutefois signaler la hausse du chiffre d'affaires du rayon alimentaire, estimée à + 6,2 %.
En revanche, la situation est plus négative pour les spécialistes alimentaires et les épiceries 112 ( * ) . Globalement, ces commerces ont été moins fréquentés durant la crise, surtout dans les poissonneries (- 31 %), les fromageries (- 18,2 %) ou les boulangeries et pâtisseries (- 27 %). Certains commerces traditionnels ont en revanche tiré leur épingle du jeu comme les boucheries (+ 12 %) ou les primeurs (+ 25 %). Les spécialistes du surgelé ont plutôt bien performé avec une recrudescence des ventes de 42 % au mois de mars.
Le circuit de distribution ayant été plébiscité par les consommateurs est le e-commerce, qui se réalise essentiellement par le biais des « drives » en France. Près de la moitié des gains de chiffre d'affaires des grandes surfaces durant le confinement est due aux seuls drives . Le e-commerce atteint désormais une part de marché significative de près de 10 % 113 ( * ) .
Or le drive est, en pratique, l'apanage des principaux groupes de distribution. Comme le confirme UFC-Que Choisir 114 ( * ) , ces derniers y valorisent d'ailleurs davantage les produits sous marque de distributeur qu'en rayon, ce qui réduit mécaniquement le poids des marques pour les PME et ETI de l'agroalimentaires et, partant, la profitabilité de l'industrie agroalimentaire dans son ensemble.
Dès lors, la crise a, temporairement au moins, renforcé le poids de la grande distribution dans le commerce alimentaire en France.
* 110 INSEE, Informations rapides n° 2020-114, 30 avril 2020, Chiffre d'affaires des grandes surfaces alimentaires - mars 2020.
* 111 INSEE, Informations rapides n° 2020-141, 29 mai 2020, Chiffre d'affaires des grandes surfaces alimentaires, avril 2020.
* 112 IRI, Vision le Mensuel : Données arrêtées au 26 avril 2020 - Edition P4 2020.
* 113 Selon l'IRI.
* 114 https://www.quechoisir.org/actualite-produits-de-premiere-necessite-les-penuries-se-tassent-pas-les-prix-n79155/