B. LES BIOCABURANTS PRÉSENTENT DES BÉNÉFICES POUR LES PRODUCTEURS ET LES CONSOMMATEURS D'ÉNERGIE

S'ils contribuent à diversifier le mix énergétique et à renforcer l'indépendance énergétique, les biocarburants présentent d'autres bénéfices pour le marché de l'énergie puisqu'ils permettent :

- de soutenir la production domestique d'énergie, en créant des entreprises et des emplois dans les secteurs agricoles et industriels, souvent peu délocalisables ;

- de limiter la facture d'énergie pour les ménages , en proposant des hydrocarbures à un « prix à la pompe » inférieur à celui des carburants d'origine fossile.

1. La dynamisation du marché de l'énergie

Les biocarburants représentent un enjeu économique important en termes de projets industriels et agricoles et d'emplois.

En premier lieu, les emplois directs et indirects induits par la production de biocarburants sont non négligeables : aussi s'élèvent-ils actuellement à 20 000 emplois dans la filière du biogazole et à 9 000 dans celle du bioéthanol, selon la direction générale de l'énergie et du climat (DGEC) 144 ( * ),145 ( * ) .

Plus encore, la production de biocarburants mobilise des sites industriels performants , évalués à une trentaine par l'IFPEN, dont on a déjà indiqué que la taille moyenne - de 2 Mhl pour le bioéthanol et 230 kt pour le biogazole 146 ( * ) - offre à la France un avantage compétitif.

Les débouchés internationaux pour la production française sont élevés, la production mondiale de bioéthanol ayant d'ailleurs crû de 311 à 989 Mhl et celle de biogazole de 3 344 à 28 026 kt entre 2005 et 2017 147 ( * ) .

Au total, le potentiel de production en France des biocarburants est réel, s'élevant à 3 M de tonnes équivalent pétrole (TEP) par an pour les biocarburants de première génération et à 0,13 M pour ceux dits « avancés », selon la DGEC ; c'est dans le secteur aérien que cette dernière identifie une perspective de développement tout à fait prometteuse, avec la nécessité de produire 0,43 mégatonne (Mt) de biocarburants d'ici 2030.

2. La limitation du coût de l'énergie pour les ménages

Les biocarburants permettent utilement de réduire le coût de l'énergie , alors même que le poste budgétaire consacré aux transports est particulièrement élevé pour les ménages.

Pour preuve, selon l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), ce poste budgétaire concentrait 18 % des dépenses des ménages en 2017 148 ( * ) .

S'agissant plus spécifiquement des carburants, le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) a récemment évalué leur coût moyen à 2 060 € pour les ménages ruraux et 1 040 € pour les ménages urbains 149 ( * ) .

Or, les « prix à la pompe » sont plus faibles pour les hydrocarbures contenant une proportion élevée de biocarburants.

À titre d'exemple, selon la DGEC 150 ( * ) , l'E10 , qui contient 10 % d'éthanol, était proposé à un prix de vente TTC mensuel de 145,50 € en octobre 2019, contre 149,21 € pour l'E5, qui en comprend 5 %.

Ce prix attractif explique sans doute pour partie pourquoi l'E10 représentait 43 % des ventes de supercarburants en 2018 , cette proportion étant en hausse de 10 points par rapport à 2016 151 ( * ) .

Toutefois, deux précisions doivent être apportées.

Tout d'abord, le « prix à la pompe » compétitif des biocarburants est rendu possible grâce à une fiscalité incitative.

Ainsi que l'a rappelé la DGEC, la production de biocarburants routiers affiche un surcoût de 0,5 à 3 centimes par litre.

Ces surcoûts n'ont pas pour effet de rendre les biocarburants moins attractifs par rapport aux carburants d'origine fossile, puisque le plus faible niveau de TICPE qui leur est appliqué permet de maintenir un prix TTC tout à fait abordable pour le consommateur.

Plus encore, les biocarburants ont un « pouvoir calorifique inférieur » (PCI) 152 ( * ) moindre que les carburants d'origine fossile.

Aussi la Cour des comptes estimait-elle en 2016 que le PCI de l'éthanol était inférieur de 34 % à celui de l'essence et le PCI du biogazole de 8 % à celui du gazole 153 ( * ) .

Dès lors, pour reprendre les propos de la Cour, « pour un même volume consommé, les biocarburants ne permettent pas de se déplacer aussi loin que les carburants fossiles ».

Le tableau suivant compare les PCI de l'essence et du gazole avec ceux des principaux biocarburants.

Comparaison du pouvoir calorifique inférieur (PCI)
des carburants et biocarburants 154 ( * )

Carburant

PCI en mégajoules par litre (MJ/l)

Gazole

36

Essence

32

Ethanol

27

ETBE

21

EMAG

33

HVHTE

30

HVHTG

34


* 144 Dans une estimation antérieure, FranceAgriMer indiquait que la filière biogazole concentrait 12 000 emplois directs et 4 000 emplois indirects, et la filière bioéthanol 4 500 emplois directs et 1 500 indirects ; dans l'ensemble du secteur des biocarburants, le nombre total des emplois directs était ainsi de 16 500 et celui des emplois indirects de 5 500 (FranceAgriMer, « Fiche filière Bioéthanol » et « Fiche filière Biogazole », janvier 2019, p. 1).

* 145 Plus spécifiquement, la DGPE estime que la filière biogazole représente 12 000 emplois directs (sur 20 000 au total) et la filière bioéthanol 4 000 emplois directs (sur 9 000 au total).

* 146 FranceAgriMer, « Fiche filière Bioéthanol » et « Fiche filière Biogazole », janvier 2019, p. 1.

* 147 FranceAgriMer, « Facteurs de compétitivité sur le marché mondial des biocarburants. Veille concurrentielle 2018 », 2018, p. 2 et 4.

* 148 Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), INSEE Première, n° 1749, avril 2019, p. 4.

* 149 Conseil des prélèvements obligatoires (CPO), La fiscalité environnementale au défi de l'urgence climatique, septembre 2019, p. 95.

* 150 Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC), Rapport Cours, prix et marges des produits pétroliers dans l'Union européenne, octobre 2019, p. 7.

* 151 Commissariat général au développement durable (CGDD), Chiffres clés de l'énergie, Édition 2019, p. 50.

* 152 C'est-à-dire une quantité d'énergie thermique libérée pour un litre de carburant consommé.

* 153 Cour des comptes, Rapport public annuel, Les biocarburants : des résultats en progrès, des adaptations nécessaires, février 2016, p. 207.

* 154 Source : direction générale de l'énergie et du climat (DGEC).

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