B. MAIS ELLE EST EXPOSÉE, COMME D'AUTRES PAYS EUROPÉENS, À UNE ÉROSION DE SON POTENTIEL PRODUCTIF
La production agricole française repose, avant tout, sur les terres et les hommes. Or l'évolution de ces deux indicateurs est très préoccupante .
D'une part, l'agriculture et l'alimentation représentaient près de 12 % de l'emploi total en 1980 contre 5,5 % aujourd'hui 2 ( * ) , la chute étant expliquée essentiellement par le recul de l'emploi agricole, qui pourrait se poursuivre en raison des nombreux départs à la retraite à venir. En effet, environ un tiers des exploitants ont 55 ans ou plus 3 ( * ) .
Se pose ainsi l'enjeu du renouvellement des générations en agriculture , sujet majeur qui devra être traité prioritairement dans le cadre de la loi foncière.
D'autre part, la surface agricole dédiée à l'agriculture a chuté en France de - 17 % depuis 1961 4 ( * ) , soit près de - 60 000 km², c'est-à-dire l'équivalent de la région Grand-Est.
Ce mouvement concerne toute l'Union européenne (particulièrement l'Italie) alors que d'autres grands États augmentent considérablement leur surface agricole utile (Brésil, Chine, Argentine) ou parviennent à la maintenir (États-Unis, Russie).
Source : Banque mondiale
Si ce mouvement se poursuit, l'agriculture ne couvrira plus l'ensemble du territoire français . Ce serait un drame pour de nombreuses régions en matière d'aménagement du territoire. Les zones les plus exposées sont celles où la rentabilité de l'activité agricole est la moins assurée, c'est-à-dire celles où les pratiques agricoles sont les plus difficiles.
C'est pourquoi il est essentiel de maintenir à court terme une politique volontariste d'aides à l'installation et au maintien des agriculteurs, en particulier à destination des zones les plus fragiles par le biais des indemnités compensatoires de handicaps naturels (ICHN). Or les dernières négociations européennes tant sur le budget de la PAC que sur la cartographie des ICHN ne vont pas dans ce sens.
C. SA PRODUCTION STAGNE DEPUIS LA FIN DES ANNÉES 1990
Après avoir fortement progressé entre 1960 et 2000, la production agricole française stagne depuis la fin des années 1990 dans les principaux secteurs :
i. la production française de viandes bovines baisse depuis 20 ans , de manière concomitante à un recul de la consommation individuelle (au rythme de - 0,5 kg de viandes par habitant et par an depuis 1990 5 ( * ) ) ;
ii. la production nationale de lait est actuellement proche de celle qui prévalait au moment de la mise en oeuvre des quotas en 1984 , mais avec un effectif de vaches laitières qui a été divisé par deux, ce qui traduit de considérables gains de productivité obtenus par les éleveurs ;
iii. la production de céréales plafonne depuis de nombreuses années déjà, en raison de la stabilité tant de ses surfaces que de ses rendements.
Source : Vincent Chatelier, INRA, SMART-LERECO, d'après Douanes françaises
* 2 Agreste France - Mémento 2017.
* 3 Agreste - GraphAgri2018.
* 4 Banque mondiale.
* 5 FranceAgrimer, Données et bilans, Consommation des produits carnés.