B. TROIS MISSIONS PARFOIS DIFFICILES À CONCILIER
La pluralité des missions confiées à l'Académie de France est souvent synthétisée dans le triptyque « Colbert, Malraux, Patrimoine » : elle doit à la fois accueillir des artistes et des chercheurs en résidence (c'est la mission Colbert), organiser des manifestations culturelles (mission Malraux) et protéger le patrimoine dont elle est dépositaire (mission Patrimoine).
1. Trois missions recouvrant des temporalités et des enjeux divers
a) La mission « Colbert » : l'accueil de pensionnaires
(1) La procédure de sélection
Le règlement du concours fixe, chaque année, les modalités de mise en oeuvre de la procédure de sélection des futurs candidats, sélectionnés depuis 1971 sur dossier. Depuis fin 2013, l'organisation du concours est directement confiée à l'Académie - elle relevait auparavant du ministère de la culture.
Les candidats doivent remplir des conditions d'âge, de langue, de profil et de présenter un « projet précis » . Concrètement, la participation au concours suppose la transmission d'une fiche de candidature, d'un curriculum vitae et d'une documentation artistique ou de publications.
Les candidats peuvent être artistes ou chercheurs . Le règlement intérieur du concours 2016 précise que « la sélection ne s'adresse pas à des étudiants mais à des personnes déjà engagées dans la vie professionnelle , qui cherchent à Rome un complément d'expérience ou de formation, ou qui désirent poursuivre leurs recherches dans le cadre d'un dialogue franco-italien ».
Avant 2016, les disciplines admises au concours étaient définies en amont mais, lors du dernier concours, le filtre disciplinaire préalable a été supprimé et tous les candidats de toutes les disciplines de la création, de l'histoire des arts et des métiers d'art étaient admis à déposer un dossier.
La procédure est dématérialisée, ce qui a conduit à une augmentation du nombre de candidats. Si cette hausse est positive en ce qu'elle permet potentiellement une plus grande diversification des profils de candidats, elle appelle à une certaine vigilance dans la mesure où la poursuite d'une croissance du nombre de candidats pourrait conduire à un phénomène d'engorgement du jury.
Le jury est constitué du directeur ou de la directrice de l'Académie de France à Rome, du président du conseil d'administration de l'Académie de France à Rome, du directeur adjoint responsable pour les arts visuels auprès du ministère de la culture et de la communication (direction générale de la création artistique) et de quatre personnalités du monde artistique nommées par le ministère de la culture.
Le concours de sélection est lancé chaque année au mois de janvier et se déroule en trois phases : les dossiers déposés par les candidats sont examinés par les rapporteurs désignés par arrêté du ministère chargé de la culture pour chaque discipline. Puis, à l'issue d'une discussion avec les rapporteurs, le jury présélectionne un nombre restreint de candidats, afin de les entendre en audition et de déterminer les candidats finalement retenus.
C'est ensuite le ministre chargé de la culture qui, sur proposition du jury, arrête la liste des candidats sélectionnés. L'arrêté est en général publié en mai.
(2) Les conditions d'accueil
Les pensionnaires arrivent en septembre de l'année au cours de laquelle leur sélection a été décidée. Bien que la durée du séjour soit, d'un point de vue réglementaire, laissée au libre-choix du jury entre quatre options (six mois, un an, dix-huit mois, deux ans), les séjours d'un an paraissent constituer la norme depuis le concours 2016.
Les pensionnaires ne sont tenus à aucune obligation réglementaire de production durant leur séjour.
Ils reçoivent un traitement et des indemnités dont les règles de calcul sont calquées sur celles s'appliquant aux fonctionnaires français en poste à l'étranger 8 ( * ) .
Ils se voient attribuer un logement et un atelier ou un logement-atelier, selon des conditions précisées dans le règlement intérieur (en annexe) et qui tiennent notamment au nombre de personnes (conjoint et enfants) qui accompagnent ou non le pensionnaire et aux contraintes techniques de création ou de recherche.
(3) Au-delà des pensionnaires, une récente diversification des résidents
Les pensionnaires ne sont pas les seuls artistes et chercheurs à résider au sein de la Villa Médicis : sont également accueillis des hôtes en résidence et des lauréats.
D'après les éléments transmis à votre rapporteur spécial, les hôtes en résidence sont « généralement des artistes reconnus et sélectionnés à ce titre par la direction de l'établissement pour réaliser un projet particulier ».
Les lauréats sont des étudiants recrutés par le biais de partenariats noués entre l'Académie de France à Rome et certains établissements d'enseignement supérieur (cf. ci-dessous) et accueillis par la Villa pour une durée comprise entre quatre semaines et trois mois .
La catégorie des lauréats recouvre deux types de résidents .
D'une part, les historiens de l'art titulaires d'une bourse Daniel Arasse ou André Chastel se voient verser leur bourse respectivement par l'école partenaire (respectivement l'École française de Rome et l'Institut national d'histoire de l'art).
D'autre part, les lauréats sélectionnés en partenariat entre l'Académie de France à Rome et les établissements d'enseignement supérieur sous tutelle du ministère de la culture et de la communication (Conservatoire national supérieur de Musique et de Danse de Paris, écoles des beaux-arts réunies au sein de l'ANdEA - Association nationale des écoles d'art, École nationale supérieure des métiers de l'image et du son - Fémis) perçoivent une bourse de 900 euros net par mois versée par l'Académie .
Tous les lauréats contribuent aux frais de logement , au profit de la Villa Médicis, à hauteur de 10 euros par jour et par personne.
L'accueil de ces lauréats satisfait une recommandation exprimée par notre collègue sénateur Yann Gaillard , qui proposait à la suite de sa mission de contrôle 9 ( * ) de « diversifier, sur le modèle de ce qu'on trouve dans certaines fondations américaines, le statut (et donc le mode de rémunération) des personnes en résidence à la Villa , qui pourraient aller de l'étudiant préparant sa thèse à des professionnels confirmés voire de haute notoriété ».
Tableau récapitulatif des différents
programmes d'accueil de lauréats
par la Villa
Médicis
Discipline |
École partenaire |
Date de création du programme |
Nombre d'étudiants reçus |
Montant de la bourse |
Durée du séjour |
Histoire de l'art |
École française de Rome |
2001 |
8 |
Bourse de 900 euros net versée par l'école partenaire, contribution du boursier aux frais d'entretien de 10 euros par personne et par jour, versée à la Villa Médicis |
4 semaines |
Institut national d'histoire de l'art |
2010 |
3 |
Bourse de 1 500 euros net versée par l'école partenaire, contribution du boursier aux frais d'entretien de 10 euros par personne et par jour, versée à la Villa Médicis |
4 à 6 semaines |
|
Cinéma |
Fémis |
2015 |
3 |
900 euros net par mois et par boursier, dont doit être déduite une contribution du boursier aux frais d'entretien de 10 euros par personne et par jour, versée à la Villa Médicis |
3 mois |
Composition musicale |
Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris |
2 |
|||
Arts visuels et design |
ANdEA - Association nationale des écoles supérieures d'art |
3 |
|||
Total |
19 |
Source : commission des finances du Sénat
b) La mission « Malraux » : l'organisation de manifestations culturelles
Depuis 1971, les statuts de l'Académie prévoient qu'elle « participe aux échanges culturels et artistiques » et « organise des expositions, des projections cinématographiques, des concerts, des colloques ou séminaires sur des sujets relevant des arts, des lettres et de leur histoire ».
(1) Un champ d'action culturelle très étendu qui pose la question de sa cohérence
La Villa respecte les attributions qui lui sont confiées par le décret de 1971 et organise expositions, concerts, projections cinématographiques, colloques et même des activités pédagogiques qui s'adressent au public des écoles romaines et des écoles françaises de Rome.
La diversité des manifestations organisées et leur fréquence très rapprochée ne peuvent qu'être saluées au regard du budget somme toute limité dont dispose la Villa.
Cependant, et sans que cela ne provienne d'une carence des personnels impliqués dans la mise en oeuvre de ces missions, force est de constater que l'action culturelle de la Villa se heurte à plusieurs difficultés structurelles. D'une part, le public pour certaines formes d'art, en particulier l'art et la musique contemporains, n'est peut-être numériquement pas très important à Rome. D'autre part, l'Académie est surtout connue d'un public francophone et son intégration au sein de la vie romaine n'est pas encore pleinement achevée. Enfin, le champ très étendu que doit couvrir sa programmation culturelle pose à la fois des questions de soutenabilité budgétaire 10 ( * ) et de cohérence des différentes manifestations entre elles : peuvent se succéder, comme ce fut le cas en 2016, une exposition, un festival de cinéma...
La situation n'appelle pas de réponse radicale, dans la mesure où la profusion d'évènements culturels différents est directement liée au respect, par la Villa, de ses obligations statutaires. Elle n'en exige pas moins une réflexion sur l'articulation des diverses manifestations entre elles et sur leur éventuelle redondance avec la programmation mise en oeuvre par les autres institutions culturelles françaises à Rome.
(2) Une coordination avec les autres institutions culturelles françaises à Rome à maintenir et renforcer
Comme l'ont souligné tous les observateurs du fonctionnement de la Villa, la coordination de l'Académie de France à Rome avec les autres établissements qui portent la présence culturelle française à Rome n'est pas facilitée par l'absence de liens institutionnels : l'Institut français-Centre Saint-Louis et l'École française de Rome dépendent tous deux du ministère des affaires étrangères 11 ( * ) quand l'Académie de France à Rome est bien sûr sous la tutelle du ministère de la culture.
Cependant, des liens semblent avoir été construits, en particulier à travers la mise en place d'une bourse d'études avec l'École française de Rome et l'organisation de colloques. La présence régulière de l'ambassadeur de France en Italie aux séances du conseil d'administration de l'Académie témoigne d'un souci de coordination, de même que les échanges réguliers qui se tiennent entre le conseiller culturel de l'ambassade et la direction de la Villa.
Le renforcement des liens entre l'Académie et les autres institutions culturelles françaises à l'étranger doit être considéré comme un axe prioritaire des prochaines années. Il est d'autant plus nécessaire que le contexte budgétaire est celui d'une stabilisation voire d'une réduction des moyens alloués à la diffusion de la culture française à l'étranger, comme en témoignent la vente récente du bâtiment abritant l'Institut français de Vienne et la fermeture le 30 juin 2016 de l'Institut français des Pays-Bas.
(3) La récente refonte de la programmation culturelle
À son arrivée fin 2015, la directrice Muriel Mayette a réorganisé l'offre culturelle de l'Académie autour des « Jeudis de la Villa ». Il s'agit de programmer chaque semaine un évènement culturel de plus ou moins grande ampleur. En principe, ces jeudis sont gratuits, bien que la possibilité d'un droit d'entrée soit envisagée (et ait été effectivement mise en oeuvre) pour certains évènements exceptionnels ou particulièrement lourds d'un point de vue logistique.
Ces « Jeudis de la Villa » rompent nettement avec la programmation culturelle antérieure de l'Académie et en élargissent encore davantage les horizons, puisque des profils très divers peuvent y intervenir, non d'ailleurs sans créer quelques frictions sur le choix des invités.
S'il est trop tôt pour se prononcer sur la réussite d'une telle réorientation, elle présente l'intérêt de prendre acte du foisonnement de manifestations imposé à l'Académie par son statut réglementaire et de faire vivre la Villa sur la base d'évènements de taille sans doute plus réduite que ceux qui lui préexistaient, mais aussi plus fréquents, ce qui pourrait conduire à mieux l'ancrer dans le paysage culturel romain et à y faire venir des publics nouveaux.
L'équilibre budgétaire du modèle, au regard de la gratuité de principe de la plupart des manifestations, devra cependant faire l'objet d'un suivi vigilant afin d'en examiner la soutenabilité et, le cas échéant, de réviser la politique tarifaire.
c) La mission « Patrimoine » : la protection du monument et des oeuvres dont l'établissement est dépositaire et leur valorisation auprès du public
(1) La conservation du bâtiment et des oeuvres qu'il abrite
Dans les faits, la préservation de la Villa et de ses jardins a toujours été une des missions de l'établissement , fût-elle implicite, et d'importantes rénovations, en particulier sous le mandat du directeur Balthus 12 ( * ) , ont largement précédé l'inscription de la mission « Patrimoine » dans les statuts en 2012.
Aujourd'hui, l'enjeu ne réside plus dans le fait de « sauver » la Villa ou ses jardins , comme cela a pu être le cas dans l'après-guerre : la programmation et la réalisation de travaux de restauration semblent désormais organisées de façon efficace et le dialogue avec la tutelle paraît être structuré de façon satisfaisante, à la fois par la présentation du programme d'investissement au conseil d'administration et par la tenue d'une réunion de programmation pluriannuelle des travaux, pilotée par la direction générale des patrimoines, en présence de l'architecte en chef des monuments historiques, des inspections générales et de la direction générale de la création artistique.
La mise en oeuvre de travaux se heurte cependant à des lourdeurs administratives liées à l'existence de contraintes réglementaires à fois du côté français et du côté italien, qui se répercutent sur la capacité de l'établissement à anticiper avec justesse le calendrier de décaissement des dépenses d'investissement 13 ( * ) .
Si les travaux de restauration constituent la forme la plus visible d'entretien patrimonial, la mission « Patrimoine » recouvre également la gestion des fonds de la bibliothèque et des oeuvres disposées sur les lieux.
Ainsi, un lourd travail d'inventaire est mené sur les oeuvres que contient la Villa et sur les fonds de la bibliothèque. Doit en particulier être signalé un partenariat avec le Louvre prévoyant le partage des compétences en matière d'orientation et de préparation des décisions pour la conservation et la restauration des plâtres conservés à la Villa Médicis, dans la perspective d'une fusion de la base de données recensant les plâtres de l'Académie de France avec celle du Louvre.
L'Académie de France à Rome conserve également d'importantes archives depuis 1798 14 ( * ) . À la suite d'un audit de la politique d'archivage réalisé en 2014 à la demande de la Villa, un poste de référente pour la politique d'archivage a été officiellement établi en janvier 2015 et a permis la création d'un plan de classement.
Deux principaux problèmes demeurent : celui du lieu de conservation , les archives étant pour l'heure conservées dans trois locaux dont l'aménagement n'est pas nécessairement adapté, et celui de la valorisation : en 2015, seules 29 personnes ont demandé à avoir accès aux archives de la Villa.
(2) Une valorisation du patrimoine par le biais de visites qui ont trouvé leur public
Depuis mars 2009, la Villa et ses jardins sont ouverts à des visites guidées tous les jours , et non plus seulement trois jours par semaine comme c'était le cas auparavant. Ces visites, qui se situent au croisement des missions patrimoniale et culturelle, ont été diversifiées selon plusieurs parcours. Leur succès va croissant, avec une multiplication par dix des entrées à ce titre entre 2003 et 2013 .
Au total, les visites des appartements de la Villa et de ses jardins ont totalisé 37 000 visiteurs en 2015 , contre 20 000 en 2014.
D'après les éléments transmis à votre rapporteur, « une vaste révision des tarifs a été engagée fin 2013, dans le sens d'une simplification de la grille avec deux tarifs principaux (entier, réduit) et une vaste gamme de réduction voire de gratuités accordées ». L'enjeu réside désormais dans le fait de parvenir à élargir les publics visés , notamment en direction des visiteurs non francophones qui ne représentent aujourd'hui qu'un quart des entrées.
2. Une difficulté réelle à faire marcher Malraux et Colbert du même pas
La diversité de missions confiées à l'Académie de France à Rome n'est pas censée, en principe, constituer un obstacle à son bon fonctionnement dans la mesure où la programmation culturelle devrait se nourrir de la présence des pensionnaires, qui eux-mêmes bénéficieraient des échanges culturels auxquels l a Villa prend part.
La réalité est plus nuancée : depuis la réforme de 1971, des tensions récurrentes se font jour entre l'accueil des pensionnaires, qui viennent chercher calme et concentration à la Villa, et l'ouverture toujours plus large de l'Académie au public. La conception et la mise en oeuvre de la programmation de l'Académie de France à Rome, outre qu'elles peuvent induire un certain nombre de contraintes pratiques pour les résidents (présence de visiteurs, bruit...), réclament des ressources importantes qui ne peuvent pas être consacrées au suivi des pensionnaires. Ainsi, notre ancien collègue Yann Gaillard a-t-il pu écrire en 2001 que « la réforme de 1971 n'a pas amélioré les relations entre les pensionnaires et l'administration, qui, historiquement, n'ont jamais été faciles ».
Aujourd'hui, votre rapporteur spécial a pu constater, au regard de l'examen des comptes rendus de séances du conseil d'administration et lors de son déplacement, que la situation n'est pas ou plus celle d'une opposition frontale entre mission Colbert et mission Malraux , aucun pensionnaire rencontré n'ayant fait allusion à des difficultés directement liées à l'action culturelle de la Villa. Prédomine plutôt une forme d'ignorance mutuelle , les liens entre les pensionnaires et la programmation culturelle restant ténus.
Au demeurant, l'équilibre qui doit être trouvé est délicat : exiger des pensionnaires des contributions trop fréquentes à l'action culturelle de l'Académie risquerait de vider le séjour à la Villa de ce qui fait sa spécificité, un temps de recherche et de création.
3. Le projet de « Villa Médicis » à Clichy-Montfermeil : des modalités de fonctionnement et de coopération avec l'Académie de France encore floues
a) Un projet à l'étude depuis 2011
La création d'un équipement culturel à Clichy-sous-Bois, sur le site de la tour Utrillo, a été plusieurs fois évoquée puis repoussée .
Construite en 1976, la tour dite Utrillo était destinée à accueillir des bureaux mais n'a jamais eu le succès escompté. Vide, le bâtiment s'est rapidement dégradé. Sa réhabilitation, annoncée en 1991, ne fut jamais véritablement entreprise et l'État prévit sa démolition à partir de 2003.
Le projet d'un grand équipement culturel sur l'emplacement de la tour Utrillo a d'abord émergé au niveau local en 2008 avant d'être repris à son compte par l'État qui rachète la tour Utrillo en 2011 dans la perspective de la réaménager, pour un coût estimé à 30 millions d'euros, et de l'ouvrir en 2016. En juillet 2012, l'opérateur des projets immobiliers de la culture (Oppic) a présenté au ministère de la culture et de la communication les préconisations issues d'études techniques et d'un premier diagnostic mené en 2011.
L'alternance politique conduit à repenser le projet . Un rapport est demandé en 2013 au conseiller d'État Philippe Tuot, président du conseil d'administration de la villa Médicis, et les principales orientations en sont validées par la ministre de la culture Fleur Pellerin lors d'un comité de pilotage à la fin de l'année 2014.
Votre rapporteur spécial regrette d'ailleurs que malgré plusieurs demandes, le rapport présentant les analyses et les conclusions du président de l'Académie ne lui ait pas été transmis. Il s'en tiendra donc aux éléments contenus dans la présentation du projet aux membres du conseil d'administration de l'Académie de France à Rome le 25 novembre 2014.
Est prévue la démolition de la tour et la mise en place d'un « équipement culturel majeur structurant au niveau national et même international » 15 ( * ) , en lien avec le projet du Grand Paris et l'arrivée du métro à Clichy-sous-Bois programmée en 2023. Un projet « à trois étages » est esquissé, avec un système académique, « dans lequel la Villa Médicis va jouer un rôle central », un échelon territorial et social soutenu par le ministère de la ville et qui impliquera l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), la Société du Grand Paris (SGP) et l'ensemble des collectivités territoriales intéressées et, enfin, une société d'exploitation à capitaux privés liée par contrat à l'État et qui aura pour charge de gérer et d'exploiter le centre dans le but d'alléger la charge budgétaire pesant in fine sur l'État.
Le ministère de la culture et de la communication a créé en 2015 l'établissement public de coopération culturelle « Médicis Clichy-Montfermeil », présidé par le président du conseil d'administration de la Villa Médicis. L'établissement public de coopération culturelle associe aujourd'hui l'État, les villes de Clichy-sous-Bois et Montfermeil ainsi que l'établissement public territorial « Grand Paris - Grand Est ». La Société du Grand Paris, qui ne fait pas partie de l'établissement de coopération culturelle, est également associée à la conception du projet.
b) Une ouverture prévue en 2023 avec une programmation « avant-les-murs » en place dès la fin de l'année 2016
L'ouverture du centre artistique est prévue à l'horizon 2023.
Cependant, le projet annuel de performances de la mission « Culture » joint au projet de loi de finances pour 2016 indiquait qu'un million d'euros était prévu pour le « démarrage du projet de la Tour Médicis à Montfermeil ». En effet, un projet de centre « avant-les-murs » devrait voir une programmation mise en oeuvre dès la fin de l'année 2016.
c) Des modalités de coopération avec la Villa Médicis qui restent floues
Le projet n'est pas dénué de similitudes avec l'Académie de France à Rome, en particulier du point de vue de la pluralité de missions qui seront confiées au centre, constituant à la fois une résidence d'artistes, un espace d'action culturelle et un lieu de formation. Ce centre devrait en effet, en l'état actuel du projet, mener à bien trois grandes missions : il s'agirait à la fois d'un lieu d'étude et de résidence pour des artistes de toutes les disciplines, venus de la région, du pays et de l'étranger, d'un espace d'échanges et de programmation culturelle et enfin d'un lieu de formation, à travers un cursus préparatoire aux métiers de l'art et de la culture mais aussi un module d'école de la deuxième chance.
Si le projet est souvent présenté par les médias comme celui d'une « Villa Médicis de banlieue », pour l'heure, il semble qu'aucune décision n'ait été prise concernant les modalités concrètes d'association de la Villa Médicis au projet de Clichy-Montfermeil.
D'après les informations transmises à votre rapporteur spécial, ont seulement été évoquées jusqu'ici des « pistes de coopération opérationnelles, dans le but de contribuer à l'animation du projet pendant la démolition et la construction de l'infrastructure (proposition d'itinérance du Théâtre des expositions, par exemple) ».
L'association du projet de Clichy à l'Académie de France à Rome, prévue dès le lancement du projet, doit être préparée dans la mesure où elle permettra d'asseoir la légitimité du nouveau centre en lui associant un nom prestigieux et bien identifié tout en donnant à la Villa Médicis l'opportunité de s'ancrer dans un territoire urbain et une réalité multiculturelle, donc de sortir du « splendide isolement » qui lui est parfois reproché.
* 8 Cf. III de la première partie du présent rapport.
* 9 Rapport d'information n° 274 (2000-2001) de M. Yann Gaillard, fait au nom de la commission des finances, déposé le 18 avril 2001.
* 10 Cf. II de la première partie du présent rapport.
* 11 L'Institut français-Centre Saint-Louis est rattaché à l'ambassade près le Saint-Siège, l'École française de Rome à l'ambassade de France en Italie.
* 12 Directeur de 1961 à 1977.
* 13 Cf. II de la première partie du présent rapport.
* 14 Le fonds antérieur est conservé par les Archives nationales.
* 15 Présentation du projet aux membres du conseil d'administration de l'Académie de France à Rome le 25 novembre 2014.