D. LEUR COMBATIVITÉ EST PARFOIS FAIBLE

Force est de constater également l'hétérogénéité de ces forces composites qui comprennent des contingents nationaux d'importance variable de la section au bataillon, très majoritairement d'infanterie, équipés de façon disparate, ayant des modes opératoires et des niveaux de préparation opérationnelle différents, s'exprimant dans des langues différentes et maîtrisant moyennement la langue de travail de la force, ni celle du pays hôte ce qui ne facilite pas leur intégration, ni le travail de renseignement de terrain. L'interopérabilité si nécessaire pour mener des actions complexes impliquant par exemple des appuis feux est difficile parfois impossible quand s'ajoutent des problèmes techniques liés aux matériels de transmission.

Il est de notoriété que les forces des Nations unies intègrent des contingents de nombreux pays, notamment du sous-continent indien qui ont des niveaux de préparation opérationnelle médiocre. La combativité de ces forces est faible et elles doivent être accompagnées au combat par les unités françaises dans les situations les plus difficiles.

De fait, la faiblesse de la préparation opérationnelle, l'absence d'entraînement commun préalablement à la mission, les lacunes capacitaires y compris en matière d'évacuation sanitaire liées par exemple à l'indisponibilité « administrative » d'hélicoptères de transport interdit de vol de nuit pendant une certaine période en RCA, ne garantissent pas aux soldats engagés un niveau de protection comparable aux standards français alors que nos forces sont engagées dans les phases les plus dures. Face à des groupes terroristes armés, les forces des Nations unies sont considérées comme des cibles « molles » et donc plus vulnérables 180 ( * ) . En RCA, la MINUSCA a perdu 28 soldats quand Sangaris en a perdu 3. Au Mali, la MINUSMA a perdu une soixantaine de soldats quand Serval/Barkhane en a perdu 17 depuis le 11 janvier 2013.

MINUSCA : Le conseil de sécurité a mis en place la Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies en République centrafricaine (MINUSCA) par la résolution 2149 du 10 avril 2014. Son mandat a été prorogé jusqu'au 31 juillet 2016 en autorisant le déploiement d'un effectif de 10 750 militaires, dont 480 observateurs militaires et officiers d'état-major, et 2 080 policiers.

La montée en puissance de la force compte 11 846 membres du personnel en uniforme dont 9 939 militaires, 1 896 policiers et 147 observateurs militaires 181 ( * ) . Parmi les militaires, hors état-major, 18 États ont fournis des unités constituées : Bangladesh, Burundi, Cambodge, Cameroun, RD Congo, Congo, Gabon, Indonésie, Maroc, Népal, Niger, Pakistan, Serbie, Sri Lanka, Rwanda, Zambie, rejoints par des hélicoptères armés fournis par le Sénégal et un bataillon d'infanterie fourni par l'Égypte, à l'été 2015.

MINUSMA : Le conseil de sécurité a mis en place la Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies au Mali (MINUSMA) par la résolution 2100 du 25 avril 2013. Son mandat a été redéfini par la résolution 2295 du 29 juin 2016 182 ( * ) prorogé jusqu'au 30 juin 2017 en autorisant le déploiement d'un effectif de 13 289 militaires, et 1 920 policiers 183 ( * ) .

Cette résolution devrait en outre permettre le déploiement de contingents européens très spécialisés comme des forces spéciales ou des capacités de renseignement.

Au 30 avril 2016, 40 États contribuaient de façon significative 184 ( * ) à cette force qui comportait 10 641 militaires : Allemagne (129), Bangladesh (1 445), Bénin (258), , Burkina Faso (1 720), Cambodge (205), Chine (402), Égypte (68), El Salvador (102), Ghana (219), Guinée (853), Indonésie (144), Libéria (49), Népal (150), Niger (862), Nigéria (78), Norvège (81), Pays-Bas (471), Sénégal (666), Suède (234), Tchad (1443)et Togo (936). En outre, elle comptait dans ses rangs 1109 policiers 185 ( * ) .

Depuis plusieurs années, la France contribue par des actions de conseils et d'assistance à la montée en puissance de l'Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA) et à la formation d'une force africaine en attente (FAA).

L'appui de la France à l'Union africaine et aux organisations sous-régionales

Ce domaine d'action constitue l'une des priorités de la direction de la coopération de sécurité et de défense (DCSD). En appui direct à la montée en puissance de l'APSA, la DCSD affecte des coopérants auprès des autorités de l'APSA et de la FAA, en vue de les conseiller sur la montée en puissance de l'outil militaire. Une autre forme d'appui consiste à développer et soutenir le réseau des écoles nationales à vocation régionale (ENVR) qui favorisent l'interopérabilité et la connaissance mutuelle des acteurs africains Enfin, l'enseignement du français en milieu militaire qui facilite l'interopérabilité de contingents francophones, anglophones et lusophones dans les opérations de maintien de la paix africaines est une priorité.

Symétriquement, dans le cadre de son programme de Renforcement des capacités africaines de maintien de la paix (RECAMP), l'EMA contribue à l'opérationnalisation de l'architecture continentale, par le soutien des forces prépositionnées aux exercices militaires régionaux et continentaux, la préparation opérationnelle et la contribution à l'équipement de contingents avant leur projection en OMP.

Toutefois, les offres de conseil de haut niveau pourtant promus par les chefs d'Etats lors du Sommet de l'Elysée de décembre 2013 se sont heurtés à de fortes réticences au sein des organisations régionales et de l'Union africaine.

Dans le domaine de l'action de l'Etat en mer, en étroite collaboration avec la Côte d'Ivoire, un Institut de sécurité maritime interrégional (ISMI a été mis en place. De même, l'action et l'influence de la France au Sahel ont été renforcées par le programme d'Appui à la coopération transfrontalière au Sahel (ACTS) et par la mise en place d'un conseiller spécial auprès du Secrétaire permanent du G5 Sahel. Cette coopération sera renforcée à l'été 2016 pour accompagner l'organisation régionale dans son projet de Collège de défense.

Par ailleurs, la DCSD soutient, par l'envoi de coopérants, 14 écoles nationales à vocation régionale, met en oeuvre des projets de coopération avec les Etats du Sahel et d'Afrique du Nord dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et les trafics frontaliers, fait un effort particulier d'enseignement du français aux personnels militaires, ce qui permet de faciliter le travail des contingents dans les OMP en milieu francophone et permet la constitution d'un vivier d'officiers francophones capables de suivre des formations en France et dans les écoles nationales à vocation régionale (ENVR), voire à terme d'encadrer des OMP en milieu francophone. Enfin, elle soutient la préparation des contingents pour les opérations de maintien de la paix par la mise en place de coopérants dans des centres de formation spécialisés.

Propositions :

Inviter les Nations unies à renforcer la préparation opérationnelle de leurs forces en instaurant des cycles de formation par les forces armées des États disposant de capacités opérationnelles reconnues. Créer un fond spécifique des Nations unies pour financer ces formations.

Renforcer la coopération structurelle et opérationnelle avec les États contributeurs aux opérations de maintien de la paix sur les théâtres d'opérations où la France conduit une OPEX.


* 180 Selon le Secrétaire général adjoint chargé des OMP, « s'il est vrai que le nombre total de décès de Casques bleus rapporté à l'ensemble des effectifs a baissé au cours des 15 dernières années, il faut garder à l'esprit que le nombre de décès résultant d'actes d'hostilité qui visent les Casques bleus a considérablement augmenté.  Ces actes ont plus que doublé chaque année au cours des trois dernières et, au cours des derniers 12 mois, leur nombre a augmenté de plus de 50 %, alors que celui des blessés a plus que triplé. »

* 181 Au 13 mai 2016.

* 182 http://minusma.unmissions.org/sites/default/files/160629_scr_2295_french.pdf

* 183 Au lieu de 11 240 et 1440 dans le précédent mandat

* 184 Plus de 50 militaires

* 185 Rapport du Secrétaire général :
http://minusma.unmissions.org/sites/default/files/160629_scr_2295_french.pdf

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