C. LEURS CAPACITÉS INSUFFISANTES PEINENT À PRENDRE EN CHARGE TOUT LE SPECTRE DES OPÉRATIONS

La Force africaine en attente est encore sur la voie de l'opérationnalisation. Nombre de lacunes opérationnelles persistent dans des domaines tels que la planification, le commandement et le contrôle, le soutien logistique, les communications, ou encore le financement des opérations menées sous l'égide de l'UA. Lorsque des forces africaines sont déployées sur un théâtre, elles doivent être soutenues dans leur manoeuvre logistique et dans la conduite de leurs opérations, ce qui suppose le renforcement en moyens et en effectifs de leurs états-majors surtout si elles doivent agir de conserve avec nos forces armées.

Il en va de même des forces des Nations unies, qui certes sont plus autonomes dans leur manoeuvre logistique à condition de pouvoir se déployer sur des zones préalablement sécurisées, mais qu'il est utile de renforcer dans leurs états-majors ou dans leurs capacités. La présence d'unités appartenant à des armées dotées de capacités d'intervention robustes est indispensable : la présence de forces spéciales ou de commandos de pays disposant de moyens aéroterrestres est souvent la bienvenue pour leur permettre de mener des actions offensives.

Reste, comme le fait remarquer le général Thomann 177 ( * ) que « ces forces sont souvent dépourvues de la capacité d'entrée en premier, de la puissance de moyens aéroterrestres pour créer un rapport de forces favorable et de la réactivité nécessaire pour limiter le développement d'une crise et éviter la création de situations dommageables irréversibles . »

Le renforcement des moyens pourrait s'appuyer sur une prise de conscience au niveau international du changement de nature des OMP, qui deviennent de plus en plus des opérations de stabilisation dans des contextes durcis à la fois par l'effondrement de structures étatiques locales et par le niveau de violence mis en oeuvre par des groupes armés de plus en plus lourdement et recourant au terrorisme 178 ( * ) . En témoigne l'engagement en septembre 2105 de 46 pays 179 ( * ) à fournir au département des opérations de maintien de la paix des effectifs de plus de 40 000 policiers et militaires, ainsi que des hélicoptères, des unités de transport et logistiques, des hôpitaux et du personnel spécialisé. Un groupe de travail a préconisé une meilleure planification des OMP afin de les rendre plus efficaces et plus rapides. Face aux groupes armés qui prolifèrent, aux acteurs non étatiques peu disposés à s'engager dans un processus politique et à des États souvent perçus comme partiaux ou faibles, la vocation des OMP consiste toujours à apporter une aide aux acteurs principaux pour progresser vers une solution politique, a rappelé M. Hervé Ladsous secrétaire général adjoint en charge des OMP. Le succès passe par un personnel qualifié et bien formé et la mise à disposition de moyens techniques et logistiques adaptés à la réalité du terrain.

Proposition : Inviter les Nations unies à identifier dès avant les conférences de génération de forces, les unités des forces armées nationales susceptibles d'apporter de la puissance aux forces des Nations unies et intégrer certaines d'entre-elles à la force d'action rapide à constituer, et à se donner les moyens de refuser certains contingents ne disposant pas des capacités ou du niveau opérationnels requis.


* 177 Général Jean-Claude Thomann - Défense et opérations extérieures - Cercle de réflexion G2S n° 10 -avril 2014.

* 178 Selon le Secrétaire général adjoint à l'appui aux missions, son Département (DAM) se heurte aux problèmes les plus complexes en termes de logistique et d'administration, 60 % des populations soutenues étant situées dans des zones difficiles d'accès et 42 % dans des zones très dangereuses.

* 179 De ces 46 pays, 14 n'ont pas encore tenu leur promesse neuf mois après le sommet du 28 septembre 2014.

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