C. LE RENSEIGNEMENT HUMAIN
Le développement des techniques de renseignement et la massification de fait de la collecte de données ont eu pour conséquence aux yeux de nombreux commentateurs, à charge ou à décharge, de réduire la place du renseignement humain.
Or, s'ils reposent sur des approches différentes, la performance des services se mesure dans leurs capacités à articuler efficacement l'ensemble des techniques dont ils disposent et à développer un niveau suffisant d'expertise.
Il est donc vain comme on le lit souvent dans la presse d'opposer le renseignement technique et le renseignement humain . L'État doit cependant veiller dans l'affectation des moyens à ce que les efforts soient réalisés pour permettre la combinaison la plus efficiente pour assurer la valeur ajoutée la plus grande en fonction des besoins exprimés.
La DPR demande, en conséquence, que les efforts pour conforter les moyens du renseignement humain soient amplifiés ( Proposition n°17 ). |
1. La DRM
a) Les capacités propres de la DRM
Les capacités propres de la DRM sont regroupées au sein du centre interarmées de recueil et de recherche du renseignement d'origine humaine. Elles sont complétées par celles des armées. Ce centre référent pour les Armées est en phase de montée en puissance.
b) L'administration de l'ensemble des sources humaines des armées
Ses missions consistent en l'administration de l'ensemble des sources humaines des armées, leur exploitation, la relation avec les entreprises et le monde civil, la coordination de la recherche humaine sur les théâtres d'opérations et dans les zones de crise.
La DRM a vocation à solliciter le réseau des attachés de défense (une centaine dans le monde).
Elle s'appuie également sur le 13 ème RDP qu'elle emploie sur les théâtres d'opération mais aussi au titre de l'anticipation en renfort des missions militaires.
Elle peut également s'appuyer sur les moyens du 2 ème RH, régiment de recherche profonde, spécialisé notamment dans la conduite des interrogations des personnes capturées et ponctuellement sur les unités du Commandement des opérations spéciales pour des missions particulières.
Les effectifs de la DRM et des armées dédiés au renseignement d'origine humaine sont de *** dont *** engagés en OPEX.
c) La centralisation et l'enrichissement du renseignement
L'enjeu actuel dans le domaine du renseignement réside dans les capacités à intégrer, enrichir et diffuser les masses d'information qui parviennent des différents capteurs pour en faire une information utile soit à la décision politique soit à l'action opérationnelle.
S'agissant du renseignement d'intérêt militaire, une fois le renseignement recueilli et exploité par les capteurs placés sous le contrôle opérationnel du bureau renseignement de l'état-major interarmées de théâtre par exemple, l'ensemble des données est transféré par liaison satellite dans chacun des centres de la DRM où il sera valorisé, archivé et exploité, puis transmis au centre de renseignement géospatial interarmées (CRGI) où il sera fusionné sur un support cartographique. Les données ainsi produites seront acheminées vers le plateau spécialisé qui regroupe les spécialistes de la recherche et les analystes compétents, qui les analysera et les enrichira de renseignements recueillis ailleurs pour produire les notes et les cartes demandées par les autorités politiques et militaires ou la force engagée sur le théâtre.
Le centre de renseignement géospatial des armées Le CRGI est un outil de fusion multicapteurs destiné à répondre à de nouveaux enjeux en projetant toutes les couches du renseignement sur une interface géographique. Il a pour but d'agréger l'ensemble du renseignement recueillis par les capteurs et de fournir aux forces un renseignement directement utilisable. Créé en janvier 2015, le CRGI se compose de *** personnes réparties à Creil et à Paris. Il disposera de *** experts en 2018. |
2. La DGSE
Les autorités françaises ont consenti d'importants efforts dans le domaine du renseignement technique, essentiellement auprès de la DGSE. Pour autant, « il faut éviter une excessive dépendance à l'égard du renseignement technique » qui ne peut à lui seul donner les clés. « Le renseignement humain est tout à fait indispensable » 58 ( * ) . La DGSE a relancé de façon systématique la recherche humaine et l'analyse de façon à maintenir un équilibre satisfaisant entre ces deux pôles grâce à un double mouvement de redéploiement interne et de recrutement. Une partie importante des renforcements en effectifs *** concerneront la direction du renseignement.
a) Mission de la direction du renseignement
La direction du renseignement a pour missions le contre-espionnage, le contre-terrorisme, le renseignement politique, la contre-prolifération ***.
Elle assure l'exploitation de l'ensemble des sources techniques, humaines, opérationnelles et partenariales qui convergent vers elle. Elle met en oeuvre la recherche humaine.
b) Moyens de la direction du renseignement
Elle dispose *** de ETPT 59 ( * ) , dont *** sont déployés dans les postes et *** sont chargés du suivi des postes.
*** % sont des emplois de catégorie A.
Sa montée en puissance sur la durée de la loi de programmation militaire (2014-2019) devrait permettre l'affectation de 50 % des ressources nouvelles sur la zone Irak-Syrie, sans dégarnir les autres secteurs.
c) Organisation
***
* 58 Bernard Bajolet - intervention lors des 13 ème Université de la défense Strasbourg 15 septembre 2015
* 59 ***