III. LA COMMUNE DE SAINT-NOLFF : UN AGENDA 21 LOCAL
Au cours de son déplacement dans le Morbihan, votre rapporteur a également souhaité échanger avec les élus de la commune de Saint-Nolff.
Cette commune de 3 802 habitants est engagée depuis longue date dans la préservation de la biodiversité. Cette action a été structurée autour d'un Agenda 21 local et d'une charte « Zéro phyto », tous deux adoptés par la commune en 2006.
Votre rapporteur a voulu mettre en lumière, à travers la commune de Saint-Nolff, un exemple d'Agenda 21 local, qui constitue un document stratégique pertinent pour définir un plan d'actions lisible et cohérent en faveur de la biodiversité, à même de mobiliser toutes les parties prenantes.
A. LES OBJECTIFS
C'est la volonté de protéger la biodiversité, tout en permettant une urbanisation maîtrisée et un développement harmonieux, qui a incité la commune de Saint-Nolff à mettre en place un Agenda 21 local.
L'enjeu, pour cette commune, était de préserver ses espaces naturels et agricoles, dans un contexte de forte croissance urbaine suscitée par la proximité immédiate avec l'agglomération de Vannes. En effet, la population de la commune a été multipliée par 4 entre 1970 et 2010. Cet essor démographique a favorisé l'étalement urbain, le centre-bourg ayant été concurrencé par des lotissements construits récemment en périphérie. En 2000, seul un tiers de la population communale y résidait encore.
Ce phénomène de périurbanisation a été identifié comme étant un facteur de risque pour la biodiversité, pourtant singulière sur ce territoire. 90% du territoire communal est en effet couvert par des espaces naturels et agricoles. Plus précisément, on dénombre 30% d'aires boisées et 7% de zones humides. En outre, la commune, qui présente un relief accidenté, est traversée de part et d'autre par la rivière du Condat.
B. LES ACTIONS
1. La préservation des espaces naturels
Dès 2006, la commune a fait le choix d'inscrire dans son projet local d'urbanisme (PLU) des orientations fortes en faveur de la biodiversité. Aussi a-t-elle souhaité recentrer l'urbanisation sur le centre-bourg et sanctuariser les espaces naturels et agricoles. Par ailleurs, la commune a entendu se doter d'instruments de maîtrise foncière afin de développer dans les zones constructibles des opérations publiques d'aménagement présentant un haut niveau d'exigence au regard de la biodiversité.
À titre d'illustration, l'Eco-cité du Pré Vert, dont la construction a été engagée en 2008, doit permettre la création de 130 logements individuels et collectifs sur un espace de 5,5 hectares, parfaitement intégrés aux milieux naturels alentour. C'est pourquoi il a été prévu sur ce site de favoriser les continuités écologiques au moyen d'un maillage bocager, d'espaces verts et de jardins familiaux. Afin d'offrir aux résidents un accès direct à la nature, la commune a par ailleurs acquis 3 hectares d'espaces naturels jouxtant l'Eco-cité, où elle a créé un sentier dit de la « la Coulée verte ».
Votre rapporteur souligne que, si la densification doit être promue afin de concilier le développement urbain et la préservation de la biodiversité, elle doit nécessairement s'accompagner d'une proximité avec des espaces verts ou naturels pour que le cadre de vie demeure agréable.
Parce que la préservation des espaces naturels ne saurait se limiter à la seule maîtrise foncière, la commune est allée plus loin en valorisant ces espaces au moyen de plans de gestion. Pour ce faire, elle a confié à un lycée d'enseignement agricole le soin de réaliser un état des lieux des espèces animales et végétales, sur la base duquel ont été proposés des « chantiers citoyens ».
Un certain nombre d'initiatives portées par des bénévoles ont ainsi été entreprises dans les zones boisées (arrachage de plantes invasives, taille de régénération, plantation d'arbres et d'arbustes) et humides (suppression d'embâcles, créations de mares, fleurissement de berges).
2. La gestion différenciée des espaces verts
En 2006, la commune s'est engagée dans une démarche « Zéro phyto » , en privilégiant une gestion naturelle au traitement chimique de ses 8,5 hectares d'espaces verts.
Cette démarche a nécessité, pour sa mise en oeuvre, un effort explicatif auprès de la population ainsi qu'une réorganisation du travail des agents communaux.
Pour atteindre l'objectif d'abandon des produits phytosanitaires sur son domaine public, la commune s'est appuyée sur une technique de la gestion différenciée , qui consiste à entretenir différemment les espaces verts selon leurs caractéristiques et leurs usages.
Dans cette perspective, il a tout d'abord fallu identifier les espaces verts dont la population juge le désherbage prioritaire, afin d'y concentrer l'essentiel du travail des agents communaux. De la sorte, certains secteurs sont dorénavant tondus régulièrement, tandis que d'autres le sont moins fréquemment. Le souci de conservation de la biodiversité a d'ailleurs conduit la commune à opter dans certaines zones pour la « fauche tardive », c'est-à-dire un fauchage annuel ou bisannuel des prairies afin de permettre à l'avifaune de s'y développer.
L'étape suivante a consisté à former les agents communaux au maniement de techniques alternatives aux produits phytosanitaires. Les agents recourent désormais à des solutions de désherbage préventives (plantation d'espèces vivaces ou de prairies fleuries, paillage végétal ou minéral, installation de couvre-sol) ou curatives (désherbage thermique, mécanique et manuel).
Enfin, il s'est agi de sensibiliser la population à cette démarche. C'est ainsi que la commune a engagé des actions d'information et de communication en installant des panneaux explicatifs et en organisant des conférences.
3. Des actions de sensibilisation auprès du jeune public
En complément de sa politique en matière de préservation des espaces naturels et de gestion différenciée des espaces verts, la commune a entrepris plusieurs actions pédagogiques, à l'attention du jeune public notamment. À cette fin, elle s'est appuyée sur le conseil municipal des enfants et des associations de naturalistes.
À titre d'exemples, un rucher et des nichoirs ont été implantés.
Votre rapporteur rappelle que ces actions pédagogiques, loin d'être anecdotiques, sont essentielles pour mettre en valeur la biodiversité, patrimoine trop souvent méconnu : par ce biais, simple et peu coûteux, les collectivités favorisent les comportements vertueux et promeuvent un rapport renouvelé à la nature.