III. DES PROGRÈS À ENCOURAGER POUR ALLER « DE L'ÉGALITÉ JURIDIQUE À L'ÉGALITÉ PROFESSIONNELLE »15 ( * )
A. UNE ATTENTION PARTICULIÈRE À APPORTER À LA RECONVERSION
Françoise Gaudin a fait observer au cours des tables rondes que les femmes sous-officiers, qui servent jusqu'à la limite supérieure de leur grade, n'envisagent pourtant généralement pas de reconversion à l'issue de leur carrière militaire.
Ce constate s'appuie sur un suivi sexué des aides à la reconversion des militaires quittant les armées, effectué pour la première fois au titre de l'année 2013 dans le cadre de la feuille de route du haut fonctionnaire à l'égalité du ministère de la Défense.
Françoise Gaudin a également noté que des femmes, qui pourtant bénéficient des mêmes dispositifs d'aide à la reconversion , éprouvaient plus de difficulté que les hommes à se reclasser dans le civil. 59 % des femmes retrouvent ainsi un emploi, mais la proportion est moins défavorable pour les hommes : 69 % ; la durée de recherche d'emploi semble également plus longue pour les femmes et le salaire obtenu, moins élevé. Pourtant la brièveté relative des carrières militaires (les limites d'âge sont en effet fonction du grade) rend nécessaire pour la plupart la recherche d'une « seconde carrière ».
B. UN PROGRÈS IMPORTANT MALGRÉ SON APPARENCE SYMBOLIQUE : AMÉLIORER LA VISIBILITÉ DES GRADES SUR LES UNIFORMES FÉMININS
Dans un registre apparemment symbolique, on relève la persistance de certaines inégalités entre hommes et femmes dans la tenue vestimentaire , qui pourraient être aisément supprimées , d'autant plus que ces différences ne sont pas sans incidence dans un univers aussi hiérarchisé que le milieu militaire.
Le médecin-chef de service Maryline Genero a insisté sur les conséquences de l'absence de tenue militaire adaptée à la grossesse . Les femmes enceintes sont en effet autorisées à porter une tenue civile quand cela devient nécessaire. Selon le médecin-chef de service Maryline Genero, « Le fait de devoir renoncer à l'uniforme pendant sa grossesse est très frustrant pour une militaire » , et de surcroît « n'aide pas à améliorer la manière dont sont considérées les femmes dans l'institution » .
Le point suivant n'a pas été évoqué par les témoins : dans l'armée de Terre, les coiffes des femmes, très spécifiques par rapport aux couvre-chefs des hommes qui comportent des signes différents en fonction du grade et de l'arme d'appartenance, ne portent pas de galons ; elles sont « anonymes » 16 ( * ) et ne permettent pas de distinguer les grades.
Par-delà les exigences d'égalité , ces inégalités semblent poser un problème de dignité . Il devrait être simple d'y apporter des solutions.
* 15 Rapport du Haut comité d'évaluation de la condition militaire, juin 2013.
* 16 Katia Sorin, Femmes en armes, une place introuvable ? , L'Harmattan, 2012, p. 126.