CONCLUSION
Après s'être interrogés, de manière prioritaire, pendant plusieurs mois sur le risque numérique avec l'aide de la centaine de personnes entendues, qui, toutes, ont tenu à faire partager avec patience le meilleur de leurs connaissances, vos rapporteurs reviennent devant l'OPECST, qui leur a fait l'honneur de les désigner, avec une moisson de recommandations.
« Trop », diront certains ? « Trop précises », selon d'autres ? « Utopiques » ou « Excessivement techniques », d'après des lecteurs aux avis opposés mais également critiques.
Face à ces appréciations, vos rapporteurs avouent qu'ils ignoraient totalement le type et le nombre de recommandations qu'ils formaliseraient au terme de leurs investigations. Tout comme, au début de leurs travaux, ils auraient également été bien en peine d'entrer dans la technicité de certaines de leurs actuelles propositions.
Mais, aujourd'hui, face à l'ampleur et la complexité du risque numérique, vos rapporteurs regrettent de mettre un terme à ce rapport alors que tant d'autres idées leur viennent.
Et d'abord celle-ci : le risque numérique, une fois analysé, peut constituer une opportunité pour des démarches créatives aux retombées non négligeables .
C'est à cette condition que le risque peut éviter de se muer en danger. Mais cette condition préalable de compréhension, seule à même de permettre de se saisir à bon escient de l'outil numérique, exige de nouvelles attitudes de la part de chacun, dans sa vie privée comme dans sa vie sociale, dont la vie professionnelle, au sein, éventuellement, d'entreprises, en particulier celles jugées d'importance vitale.
À la commission des affaires économiques du Sénat, auteur de la saisine à l'origine de ce rapport, vos rapporteurs répondent aujourd'hui, avec encore plus de certitudes qu'au moment de l'étude de faisabilité, que l'exploration du risque numérique est pleinement justifiée et que cette démarche trouve sa justification dans les actions vitales à en déduire.
L'humanité a cru, jusqu'à présent, mettre le numérique à son service. Aujourd'hui, les développements du numérique sont tels qu'un basculement a commencé à s'opérer : le numérique façonne une humanité différente, hyperconnectée mais encore plus fragile , s'en remettant à des protections dont l'apparente puissance risque de décevoir.
C'est pour cela que vos rapporteurs ont souhaité tester le potentiel théorique de solidité, de résistance et de résilience de rouages particulièrement sensibles des sociétés modernes , à savoir les entreprises bien particulières que constituent les opérateurs d'importance vitale , et en se focalisant d'abord sur deux secteurs, celui des télécommunications et celui de l' énergie .
Cet examen a révélé l'extrême imbrication de ces opérateurs dans le tissu social, l'impossibilité de conforter la sécurité numérique seulement autour d'eux alors qu'ils innervent la société dont ils n'illustrent que la fragilité la plus évidente.
Il a été constaté aussi qu'une sécurité numérique n'est pas simplement à attendre de matériels, de logiciels, d'antivirus ou de pare-feu divers face à d'autres matériels, logiciels, etc., car les vulnérabilités majeures résident en l'homme .
Les attaques numériques les plus abouties sont fondées sur la faiblesse de ce maillon technologique.
Dès lors, pour réduire le risque numérique, il s'agit d'éducation, de sensibilisation, d'acquisition de réflexes, d'un savoir se comporter face au numérique plutôt que d'une science ou d'une technologie numérique imposant leur logique binaire.
Pour être maître de lui-même, l'homme numérique, tout à la fois augmenté et diminué, 1 puis 0 tour à tour, doit s'interroger sur son rapport au monde, sur la souveraineté numérique dont il peut attendre protection et initiatives à un rythme accéléré par rapport aux évolutions sociétales antérieures.
Ces questions doivent être pensées à partir d'analyses provenant d'horizons multiples et filtrées par des forums de discussion nouveaux, originaux, multidisciplinaires. Certains sont déjà en place.
Un tel dialogue a été modestement esquissé lors des trois auditions publiques organisées par vos rapporteurs tant à l'Assemblée nationale qu'au Sénat. Il doit maintenant se poursuivre activement dans les mondes de l'éducation ou de l'entreprise notamment.
Puissent les recommandations adoptées par l'OPECST favoriser et nourrir ces mutations.