IV. CETTE SITUATION SE TRADUIT PAR UNE RÉDUCTION ANNONCÉE DES CRÉDITS DE LA DÉFENSE
" Debt is the biggest threat to U.S. national security» ,
« La dette est la principale menace pour la sécurité des États-Unis »
Navy Adm. Mike Mullen, chairman of the Joint Chiefs of Staff 2011 22 ( * )
A. LES CRÉDITS DE LA DÉFENSE NE SONT PLUS SANCTUARISÉS
Comme le remarque Aude-Emmanuelle Fleurant 23 ( * ) « la crise économique qui frappe le pays de plein fouet depuis 2008 et qui a contribué à l'explosion du déficit fédéral a fait émerger un débat national sur la question du choix entre « beurre ou canon ». Plusieurs personnalités du secteur de la défense considèrent que la crise financière et ses effets sur l'économie américaine incarnent la principale menace à la sécurité du pays, par l'instabilité qu'elle crée à l'échelle mondiale et par l'affaiblissement progressif de la capacité des États-Unis à y répondre. L'enjeu de la santé économique nationale devenu prégnant, les projecteurs ont été braqués sur la croissance impressionnante du budget de la défense pendant les années 2000 et laissant envisager des compressions significatives de cette catégorie de dépenses.
En règle générale, la meilleure garantie contre toute atteinte au budget de la défense se trouve au Congrès chez les nombreux parlementaires directement intéressés par les installations et/ou les programmes militaires dans leur district et auprès de leurs électeurs. Parmi eux, les Républicains sont prépondérants, par idéologie, mais aussi parce qu'ils sont majoritaires dans les districts et les États du Sud des États-Unis où les industries de défense représentent souvent une part significative de l'économie locale.
Depuis 2010, les Républicains, majoritaires à la Chambre, ont réussi à imposer un agenda politique centré sur les questions budgétaires. Les démocrates ont alors exigé et obtenu (négociation de l'été 2011) que la défense soit mise à contribution au même titre que les autres postes budgétaires, avec une parité entre économies à réaliser sur les dépenses militaires et sur les autres dépenses publiques. Chez les Républicains, de plus en plus de conservateurs fiscaux semblent se résigner à des coupes sur la défense, faute de mieux, pour lutter contre l'augmentation des dépenses de l'État ; y compris et jusqu'au leadership républicain, puisque le speaker John Boehner multiplie les prises de position en ce sens, secondé par le président de la commission budgétaire de la Chambre, Paul Ryan.
* 22 http://www.defense.gov/news/newsarticle.aspx?id=65432
* 23 Aude-Emmanuelle Fleurant « Le Pentagone face à la séquestration et aux sorties de guerres : l'art du brouillard budgétaire » - Policy Brief The German Marshall Fund of the United States - Institut français des relations internationales - août 2013.