2. La force vient de l'union

104. En matière militaire, les avantages de l'Union tombent sous le sens. Encore faut-il les avoir bien présents à l'esprit. Le principal est l'effet de masse qui résulte de l'addition des moyens. En matière militaire, la qualité des équipements ne suffit pas toujours à fonder la supériorité des armées. La quantité compte aussi.

105. Or, les pays européens, en dépit de la diminution de leur effort budgétaire, consacrent encore environ 175 milliards d'euros par an pour la défense et ont 1,5 millions d'hommes sous les drapeaux. Malheureusement, l'efficacité de ces dépenses est fortement amoindrie par les duplications et la dispersion des forces et des équipements entre les vingt-huit pays membres.

106. A rebours, le fait de disposer des mêmes équipements favoriserait l'interopérabilité et donc l'efficacité des armées. La mise en commun des moyens permet également d'éviter de constituer des unités sous-dimensionnées à des prix exorbitants. C'est par exemple le choix fait par les pays du Benelux ou les pays nordiques.

107. Il y a ensuite l'effet sur le prix des équipements militaires. Les séries longues permettent de réduire les prix des équipements militaires grâce au partage des coûts non récurrents.

108. Cet effet prix joue non seulement sur l'acquisition des équipements, mais aussi et surtout sur leur maintien en condition opérationnelle, en matière de logistique et de soutien, en matière de démantèlement et encore en matière de formation et d'entraînement des personnels. Cela est particulièrement vrai en matière aéronautique, où ces aspects représentent environ deux tiers du coût d'un programme. D'où l'importance du partage et à défaut de la mutualisation de ces aspects.

109. La mise en commun des moyens permet également de préserver les compétences sur l'ensemble du spectre des capacités, alors qu'avec des budgets réduits, les nations sont obligées d'abandonner des capacités.

110. En matière de recherche et développement, au lieu de disperser ses moyens sur des études identiques, l'Union permet de concentrer les moyens et de mener plus d'études. L'effet de taille permet également de faire vivre plusieurs groupes industriels, ce qui favorise la compétition et émule l'innovation, alors que la diminution des moyens oblige à se concentrer sur des champions nationaux qui deviennent vite des monopoleurs avec tous les effets négatifs que cela comporte et, en particulier, l'assurance d'une rente de monopoleur sur le marché intérieur et la réduction des possibilités d'exportation.

111. Il y a enfin, et ce n'est pas le moindre, l'effet diplomatique qui est celui que confère l'assurance que sa voix porte quand elle émane d'un corps puissant.

112. Tous ces avantages s'imposent avec la force de l'évidence, mais supposent que les dirigeants nationaux acceptent de ne plus décider seuls, que les Etats renoncent pour partie à leur indépendance, que les peuples consentent à des transferts de souveraineté. Confrontés à ce choix, les esprits les mieux trempés détournent le regard, tant le mot « fédéral » est devenu tabou et la « souveraineté » un totem omniprésent. Il n'est pas sûr que les opinions publiques y consentiraient tant, depuis des décennies, l'Europe est devenue le bouc émissaire de tous leurs malheurs.

113. Alors que faire, entre un impossible retour en arrière national et un improbable saut fédéral ?

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