II. TROIS CHANTIERS DE TRAVAIL IDENTIFIÉS : COMBATTRE LES STÉRÉOTYPES, DONNER LEUR PLACE AUX « CRÉATRICES » ET PROMOUVOIR LA PLACE DES FEMMES DANS LES POSTES DE DIRECTION

A. LES STÉRÉOTYPES VÉHICULÉS DANS LES CONTENUS CULTURELS

Dans les médias, « les femmes sont toutes des prototypes » , pour reprendre l'expression de Frédéric Taddeï, membre de la Commission de réflexion sur l'image des femmes dans les médias.

Au fil des auditions, nous avons interrogé les professionnels de chacune des disciplines artistiques (théâtre, danse, musique, cinéma, bande dessinée...) sur les « clichés » véhiculés par les supports respectifs de leur expression artistique.

Beaucoup d'entre nous ne mesuraient pas le caractère persistant de certaines pratiques qu'on aurait dites d'un autre siècle. Ainsi Karine Saporta nous a-t-elle appris qu'existaient encore des « protecteurs » bienfaiteurs des « danseuses » dans certains corps de ballet ; Reine Prat a déploré que des « mentors » fassent la loi sur des générations de « Lolitas » dans les écoles d'art. Pour la délégation, ces pratiques reposent sur les mêmes archaïsmes que les « clichés » stéréotypés qu'on retrouve dans les représentations de la femme dans les médias (l'idiote, l'hystérique, la « blonde », la courtisane...), car tous deux tendent à dévaloriser l'image de la femme.

Quand on sait que 90 % des femmes regardent la télévision sur un jour moyen de semaine, 78,4 % lisent la presse, 78,3 % écoutent la radio, 52 % sont connectées à internet, 47 % des internautes sont des femmes, 54 % des blogueurs sont des femmes et que les publics dans les théâtres et les cinémas sont majoritairement féminins 17 ( * ) , on ne peut que s'inquiéter de la puissance de ces « verrous intérieurs de nos comportements » , qui fonctionnent comme des normes, venant de la reproduction inconsciente de clichés intériorisés.

1. La définition du stéréotype

« Caractérisations symboliques et schématiques d'un groupe, qui s'appuient sur des attentes et des jugements de routine » , les stéréotypes constituent des images qui bloquent, qui figent à un instant donné, qui empêchent d'avancer et qui portent atteinte à l'estime de soi. Comme le rappelait le rapport de la Commission de réflexion sur l'image des femmes dans les médias, ils fonctionnent, à longueur de temps, comme des messages subliminaux qui confortent les rôles sociaux traditionnels et les pérennisent.

Une résolution du Parlement européen de 2008 18 ( * ) rappelait également que « les stéréotypes peuvent contribuer à des comportements qui constituent autant de vecteurs d'identification » et que « la publicité véhiculant des stéréotypes de genre confine et enferme les femmes et les hommes dans des rôles prédéfinis, artificiels et souvent dégradants, humiliants et abêtissants pour les deux sexes » .

Pour la délégation, ces stéréotypes participent à une discrimination fondée sur le genre, d'autant qu'ils sont l'écho d'un rapport de force inégal.


* 17 Chiffres issus du rapport sur l'image des femmes dans les médias, 25 septembre 2008.

* 18 Parlement européen, Rapport sur l'impact du marketing et de la publicité sur l'égalité des genres, 2008.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page