C. LA MONOPOLISATION PAR LES HOMMES DES POSTES DE DIRECTION DES INSTITUTIONS ET INDUSTRIES CULTURELLES

Auditionnée dès le début de nos travaux, Reine Prat, inspectrice générale de la création, des enseignements artistiques et de l'action culturelle, rappelait que son premier rapport remis en 2006, qui mesurait les inégalités entre les femmes et les hommes aux postes de direction des institutions culturelles du spectacle vivant, mettait en lumière la persistance dans le secteur culturel du phénomène du « plafond de verre ».

Il ressortait de ce rapport les constats suivants :

- la parité entre hommes et femmes était à peu près atteinte pour les postes d'administration des grandes institutions, les femmes y étant même un peu plus nombreuses ;

- en revanche, pour les postes de direction - qu'ils soient confiés à des directeurs administratifs ou à des artistes - entre 75 et 98 % étaient occupés par des hommes, cette situation étant pire dans le cas des artistes.

Sept ans plus tard, comme elle le constatait elle-même, rien n'a changé.

1. La sous-représentation des femmes aux postes « stratégiques » du spectacle vivant continue de susciter colère et débat, notamment de la part des collectifs « H/F »

Le sujet est au coeur de la brochure largement diffusée par la SACD en 2012 pour interpeller la profession sur la place des femmes dans les saisons 2012-2013 des principales institutions subventionnées.

L'étude 36 ( * ) réalisée en 2011 et publiée en février 2012 par Laurence Equilbey dresse un paysage éclairant de la place des femmes dans les institutions publiques du spectacle vivant, dans les postes de responsabilité en 2011.

Il ressort de cette étude que 81,58 % des postes à responsabilité de l'administration culturelle sont occupés par des hommes, selon la répartition dressée dans le tableau ci-après :

Si cette répartition est plus favorable aux femmes à la Direction des centres et théâtres nationaux en 2011 - puisqu'elles occupent 29 % des postes -, cette situation s'explique en partie par l'effort de féminisation engagé par le ministère depuis la publication des deux rapports de Reine Prat - Muriel Mayette a été nommée en 2006 à la tête de la Comédie française et Julie Brochen en 2008 au Théâtre national de Strasbourg - et par le fait que sont également comptabilisés dans cette répartition les postes de directeur de la production, directeur des costumes, directeur de la programmation, directeur de l'École de danse et directeur de l'Atelier lyrique, comme à l'Opéra de Paris.

En revanche, quand c'est un artiste qui dirige un établissement, comme c'est le cas dans les centres dramatiques nationaux (CDN), la direction reste majoritairement masculine : seulement 5 femmes à la tête des 34 centres dramatiques nationaux, soit à peine 15 %.

A cet égard, la place des femmes à la tête des centres chorégraphiques nationaux (CCN) - dirigés par un/une chorégraphe - suscite aujourd'hui l'inquiétude. Les femmes y étaient traditionnellement bien représentées - elles occupaient 40 % des directions de CCN en 2008 -. Elles ne sont plus que 30 % en 2011 (26 % selon Reine Prat), prouvant une régression préoccupante de la place des femmes dans la danse, sous l'impulsion du renouvellement des esthétiques et l'émergence de la « non-danse ».

Le secteur de la musique, enfin, apparaît comme le plus masculino-centré : une seule femme directrice d'opéra (Caroline Sonrier à Lille), comme le montre le schéma ci-dessous :


* 36 Cette étude est jointe en annexe du présent rapport.

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