4. Les actions possibles pour lutter contre les stéréotypes des contenus culturels
Comme le rappelait Reine Prat dans son rapport de 2009, il est très délicat de prétendre agir sur les représentations.
En effet, sous couvert de l'effort légitime de déconstruction des représentations sexuées nommées, on peut vite dériver jusqu'à faire injonction aux artistes de prendre en charge la représentation du « féminin », représentations qui indiqueraient aux filles le chemin pour se construire en tant que femmes.
Sylvie Cromer a ainsi analysé ce risque : « Sous prétexte de déficit de féminin et de stéréotypes sexistes, les artistes (et les femmes plus que les hommes) auraient à produire de « nouvelles » représentations de la féminité.
C'est oublier que la féminité - l'ensemble des qualités et compétences convenables pour une femme -, comme la masculinité - l'ensemble des qualités et compétences convenables pour un homme -, ne sont pas un ensemble de qualités et de compétences innées, mais le résultat d'un apprentissage des comportements socialement attendus pour une femme ou pour un homme. »
Pour la délégation, la lutte contre les stéréotypes doit surtout prendre la forme d'une politique de prévention et de sensibilisation, menée en particulier en direction des jeunes générations.
Ainsi, deux sortes d'actions doivent être menées parallèlement :
- d'une part des actions de sensibilisation et de prévention : la délégation propose ainsi d'inscrire, dans le cadre de l'éducation aux médias menée par l'Éducation nationale, une analyse des stéréotypes féminins et de généraliser dans tous les conservatoires des apprentissages à la critique littéraire qui permettraient aux étudiants d'analyser les grands textes sous l'angle de la théorie du genre ;
- d'autre part, une réflexion permanente sur les contenus culturels : comme le rappelait le rapport sur l'image des femmes dans les médias, une démarche intégrée de l'égalité, ce qu'on appelle le « gender mainstreaming » dans l'Union européenne suppose, pour être efficace, le respect de trois principes de base : une implication de la hiérarchie au plus haut niveau, des objectifs chiffrés de progrès assortis d'indicateurs et portés par des structures de vigilance, enfin une formation ou une sensibilisation des personnels.
Ainsi, trois sortes d'actions pourraient être développées visant à :
l'élaboration, dans chaque média, d'une charte sur l'image des femmes, qui pourrait également être intégrée dans les cahiers des charges des établissements culturels subventionnés ;
la définition d'une stratégie d'action sur des objectifs chiffrés de progression portant notamment sur :
- le nombre de femmes dans les émissions repérées comme donnant insuffisamment leur place aux femmes : débats, plateaux divers recourant à des experts (le chiffre de 30 % est généralement donné comme le seuil nécessaire pour que la personne qui s'exprime soit perçue en fonction de sa compétence et non en fonction de son sexe) ;
- un décompte propre à chaque entreprise des points noirs de l'invisibilité des femmes ou de leur instrumentalisation (émissions de téléréalité, de variétés...) ;
le développement des modalités de remontée des avis des consommateurs sur les images perçues dans les médias.
Il est en effet indispensable d'associer pleinement la société civile - sujet de toutes les manipulations - au repérage et à la lutte contre toutes les représentations stéréotypées.
Chacune de ces propositions fera l'objet d'une recommandation de la délégation.